L'Aérostation militaire française
pendant la Grande Guerre
par le lieutenant-colonel Patard.
Les écoles et centre d'instruction d'Aérostation
A - Les écoles d'Aérostation :
Au début de la campagne, les ballons captifs n’avaient point, à proprement parler, d’observateurs. Un certain nombre d’officiers d’artillerie avaient bien fait en temps de paix des stages dans les compagnies d’aérostiers, exécutant des ascensions captives, quelques ascensions en ballons libres, et suivant les marches avec ballon gonflé. Mais leur formation d’observateur n’avait jamais fait l’objet d’une instruction méthodique. Par ailleurs, ces observateurs d’artillerie étaient des artilleurs et non des aérostiers. Même, s’ils avaient été mobilisés dans une Place forte, ils étaient restés sans liaison avec l’aérostation. Puis, ils avaient dû quitter la Place avec leur formation d’artillerie, ou bien, ils avaient été dispersés au hasard des grands besoins de leur arme. En fait, on ne les retrouva plus.
Or, dès le début de la guerre, on reconnut que chaque compagnie d’aérostiers devait disposer d’officiers ou de sous-officiers spécialisés dans l’observation et possédant les aptitudes physiques, l’instruction générale, les qualités morales et intellectuelles indispensables.
D’abord, on eut recours à des marins, presque tous officiers de la marine marchande, et dont le plus célèbre fut l’enseigne de vaisseau Regnard. Mais plusieurs n’avaient pas les aptitudes nécessaires à l’observation. Dans ces conditions, on reconnut plus pratique de recruter les observateurs en ballon parmi les volontaires de toutes armes : aérostiers, artilleurs, fantassins, et de procéder à leur formation après sélection.
Ces opérations de sélection et de formation devaient comporter :
- L’élimination des candidats non susceptibles d’atteindre le degré de perfection proposé;
- L’entraînement progressif et méthodique des candidats retenus;
- Une instruction technique spéciale et un complément d’instruction générale.
A cet effet, on décida de grouper les candidats observateurs et de leur donner sous la direction d’instructeurs qualifiés, une formation correspondant à leurs fonctions. La réalisation de cette idée fut confiée au commandant Saconney.
Ballon école de la 39ème compagnie :
Au début, les candidats et élèves-observateurs provenant de l’aérostation ou venus d’autres armes furent réunis en très petit nombre, à la 39ème compagnie (Cne Fauré) où leur sélection et leur formation étaient assurées sous la direction du commandant Saconney. En dehors de son service de guerre, le ballon de la 39ème compagnie servit donc de ballon-école, et comme le Quartier Général de la Xème armée se trouvait à Saint-Pol, on l’appela l’Ecole de Saint-Pol.
En outre des observateurs, la 39ème compagnie reçut en stage des commandants de compagnie ou officiers de manoeuvre, qui venaient s’initier ou se perfectionner dans les méthodes d’emploi du ballon, et des mécaniciens qui venaient y apprendre la manoeuvre du treuil automobile. Pour constater l’endurance physique et assurer l’entraînement des candidats observateurs, on les faisait monter en nacelle pendant les heures défavorables à l’observation.
Biographie du Cne Pierre Fauré :
Cne Pierre François Joseph Fauré - Né le 22 novembre 1884 à Toulouse (Haute-Garonne) - Fils de François Fauré et d'Emma Jeanne Baptiste Marie Pla - Domiciliés au 14, route Sainte-Marthe à Toulouse (Haute-Garonne) - Classe 1904 - Recrutement de Toulouse (Haute-Garonne) sous le matricule n° 1119 - Dispensé de service militaire comme fils ainé de parents septuagénaires - A renoncé à sa dispense de service militaire, le 4 octobre 1905 - Admis à l'école militaire spéciale de St-Cyr suite au concours de 1905 - Classé 108ème sur 275 au concours d'entrée - Arrivé à St-Cyr, le 27 octobre 1905 - Elève de la promotion "de la Dernière du Vieux Bahut" de 1905-1907 - Nommé Sous-lieutenant et affecté au 59ème régiment d'infanterie, le 1er octobre 1907 - Nommé Lieutenant, le 1er octobre 1909 - Affecté au 144ème régiment d'infanterie, caserné à Blaye (Gironde), le 10 octobre 1911 - Stagiaire au 25ème bataillon d'aérostiers en novembre 1911 - Elève pilote aviateur en 1911 - Brevet de pilote civil délivré par l'Aéroclub de France en 1911 - Affecté au 2ème groupe aéronautique comme élève pilote de dirigeable en octobre 1912 - Affecté au centre aéronautique de Verdun (Meuse) en janvier 1913 - Affecté à l'équipage des dirigeables "Adjudant Réau" et "Fleurus" - Breveté pilote de dirigeable, le 3 août 1913 - Affecté, comme observateur et officier de manœuvre, à la 32ème compagnie d'aérostiers de campagne à Epinal (Vosges) du 1er octobre 1914 au 9 mars 1915 - Commandant de la 39ème compagnie d'aérostiers, cantonnée à Olhain (Pas-de-Calais) du 9 mars au 4 août 1915 - Nommé Capitaine à titre définitif, le 22 mars 1915 - Le ballon de la 39ème compagnie servit de ballon école pour les observateurs de l'aérostation - Elle reçut en stage des commandants de compagnie ou des officiers de manœuvre qui venaient s’initier ou se perfectionner dans les méthodes d’emploi du ballon, et des mécaniciens qui venaient y apprendre la manœuvre du treuil automobile - Commandant de la 46ème compagnie d'aérostiersdu 4 août 1915 au 16 juin 1916 - Croix de guerre et citation à l'ordre de l'armée, en date du 16 août 1915 - En subsistance au quartier général de la 4ème armée, à compter du 11 mars 1916 - Nommé Adjoint aérostation au commandant de l'aéronautique de la 4ème armée, le 16 juin 1916 - Nommé Commandant du centre d'instruction d'aérostation, le 5 juin 1917 - Affecté au cabinet du sous-secrétariat d'état à l'aéronautique, le 5 octobre 1917 - Chevalier de la Légion d'Honneur, en date du 10 juillet 1918 - Nommé Adjoint aérostiers au commandant de l'aéronautique de la 4ème armée, le 22 août 1918 - Citation à l'ordre de l'aéronautique de la 4ème armée, en date du 21 novembre 1918 - Chevalier à l'ordre de Léopold (Belgique) - Croix de guerre belge - Affecté au 1er bureau de la 12ème direction du Ministère de la guerre, le 23 janvier 1919 - Nommé Chef de bataillon, le 25 septembre 1923 - Nommé Chef du 1er bureau de la direction de l'aéronautique, le 10 juin 1926 - En cure à l'hôpital militaire thermal de Vichy du 16 juin au 6 juillet 1926 - Affecté au 2ème régiment d'aérostation, le 20 septembre 1929 - Nommé Lieutenant-colonel, le 25 septembre 1929 - A suivi le cycle d'information des officiers généraux et colonels à Versailles (Yvelines) du 24 octobre au 29 novembre 1931 - Affecté à l'inspection du matériel et des installations des forces aériennes, le 24 novembre 1931 - Officier de la Légion d'Honneur, en date du 2 juillet 1932 - A suivi les cours d'officiers supérieurs du centre d'études de l'armée de l'Air du 19 février au 24 mars 1934 - Commandant de la 51ème demi-brigade d'aérostation, le 27 avril 1934 - Mis en congé du personnel navigant, le 9 avril 1935 - Nommé Colonel, le 15 juin 1935 - Classé dans le cadre navigants des officiers de l'armée de l'Air, le 22 novembre 1935 - A suivi le cours tactique à Versailles (Yvelines) du 9 au 28 mars 1936 - Commandant de la 53ème demi-brigade d'aérostation, le 19 juin 1936 - Nommé Général de brigade et placé dans la 2ème section du cadre de l'état-major général, le 22 novembre 1938 - Placé en congé du 22 novembre 1938 au 2 septembre 1939 - Commandant de l'école d'aérostation de Toulouse-Périgon du 2 septembre 1939 au 30 juillet 1940 - Placé en congé du 30 juillet 1940 au 22 novembre 1943 - En retraite, le 22 novembre 1943 - Sources : Fiche matricule conservée aux archives départementales de la Haute-Garonne - CCC de la 32ème compagnie d'aérostiers - CCC de la 39ème compagnie d'aérostiers - CCC de la 46ème compagnie d'aérostiers - JORF - L'Aérostation militaire française pendant la Grande Guerre par le Lcl Patard. Dernière mise à jour : 4 mai 2021.
*Chevalier de la Légion d'Honneur et citation à l'ordre de l'armée du Cne Pierre François Fauré au sous-secrétariat d'état à l'aéronautique, en date du 10 juillet 1918 : "Officier d'élite, qui, comme pilote de dirigeable et comme commandant de compagnie d'aérostiers, a fait preuve, dans les circonstances les plus difficiles, de brillantes qualités de courage et de sang-froid, et a rendu, dans ces différents emplois, des services exceptionnels. Une citation. A déjà reçu la Croix de guerre."
*Officier de la Légion d'Honneur du Lcl Pierre François Joseph Fauré de l'inspection du matériel et des installations des forces aériennes, en date du 2 juillet 1932 : "25 ans de services, 5 campagnes, une citation, 3 ans de bonifications pour services aériens. Chevalier du 13 juillet 1918."
Instruction préparatoire :
Une instruction préparatoire d’observateur leur était donnée à terre sur la crête de Notre-Dame de Lorette. De cet observatoire, on apercevait un vaste panorama et on y assistait au duel d’artillerie. On pouvait ainsi donner aux élèves observateurs des notions précises sur les méthodes d’observation en ballon : orientation, reconnaissance du terrain, repérages de points précis, de lueurs de départ et d’arrivée, etc. A terre encore, ils suivaient au téléphone les renseignements envoyés par l’observateur et leur transmission.
Les candidats reconnus aptes et les élèves accompagnaient en nacelle des observateurs confirmés : Tourtay, Brillaud de Laujardière..., qui les faisaient travailler sous leur direction et assuraient leur formation complète ou les contrôlaient seulement, suivant le cas. Au moment de l’offensive d’Artois, tous les efforts se portèrent à la bataille et l’instruction fut à peu près suspendue pendant toute la belle saison.
Quand, après les offensives de l’automne en Artois et en Champagne, il apparut que l’hiver allait de nouveau ralentir les opérations, le programme d’instruction fut repris. En dehors des observateurs, il convenait, en effet, d’assurer l’instruction aérostatique des officiers provenant d’autres armes qui avaient été détachés dans les compagnies d’aérostiers en vue de l’encadrement des nouvelles unités dont la formation avait été décidée.
Ecoles d'observation par Groupe d'armées :
C’est alors que le Grand Quartier Général décide d’organiser temporairement une école d’aérostation par Groupe d’Armées. Celle du Groupe d’Armées du Nord s’installa à Cramont (Somme), sous la direction du Cne Delassus ; celle du Groupe d’Armées du Centre à Aubigny-sur-Aub, sous la direction du Cdt Saconney; celle du Groupe d’Armées de l’Est à Toul (Cne Muiron).
Ces écoles furent chargées de la formation ou de l’instruction de perfectionnement d’officiers, de sous-officiers observateurs et de sous-officiers, candidats officiers provenant de l’aérostation ou d’autres armes. Les stagiaires y recevaient une instruction théorique au moyen de cours, conférences, travaux en salle, interrogations. Ils effectuaient des reconnaissances relatives à la mise en oeuvre des ballons sur le terrain et prenaient le commandement ou participaient à l’exécution des différentes manoeuvres avec ballon gonflé. Les élèves observateurs y recevaient une instruction à terre et en nacelle, sous la direction d’observateurs confirmés. A cet effet, une (ou plusieurs) compagnies au repos étaient mises à la disposition de chaque école.
Ces écoles fonctionnèrent de décembre 1915 à février 1916 et rendirent de grands services, en particulier, pour la sélection et la formation des officiers venus d’autres armes en vue de l’encadrement des unités de nouvelle formation. Leur fonctionnement fut interrompu par l’offensive sur Verdun.
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L'école d'Aubigny :
Nous décrirons ci-après l’organisation et le fonctionnement de l’école d’Aubigny, qui fut installée et dirigée par le Cdt Saconney.
L’école d’Aubigny comprenait un cours d’observation et un cours d’aérostation. Les élèves de ce dernier cours étaient destinés à constituer les "cadres" des compagnies d’aérostiers.
Le cours des observateurs comportait l’enseignement théorique de la topographie, de la perspective et de l’artillerie, des travaux pratiques en salle (topographie, perspective, photographies aériennes) et des exercices en nacelle (orientation, repérages, réglages de tir et recherches d’objectifs).
Pour les exercices en nacelle, on construisit sur le terrain des objectifs analogues à ceux du front. Autour de ces objectifs, un piquetage permettait de déterminer exactement l’emplacement des pétards dont la fumée représentait les éclatements des projectiles.
L’observaleur étant en nacelle, on lui demandait un réglage sur l’objectif désigné et le tir était conduit comme un tir réel avec le même échange de conversation que sur le front. L’observateur notait sur un croquis les résultats de ses observations et la comparaison de ce croquis avec le relevé de l’emplacement des pétards permettait d’apprécier le degré de précision des observations. On procédait d’une façon analogue pour les recherches d’objectifs qui consistaient le plus souvent en lueurs de départ de coups de canon figurées par des marrons à lueurs ou par des projecteurs. Les élèves firent aussi des observations de tir réel avec les batteries d’artillerie à l’instruction au camp de Mailly.
Au cours de trois séries de cours ou stages qui eurent lieu en décembre 1915 et en janvier et février 1916, le Cdt Saconney fit passer à l’école d’Aubigny, tous les observateurs du Groupe d’Armées du Centre, classés ou non, et un certain nombre d’élèves-observateurs.
Les cours d’aérostation organisés pour l’instruction des cadres donnèrent également lieu aux trois séries de cours suivantes : décembre 1915 : Stage des sous-officiers candidats officiers - janvier 1916 : Stage des officiers de manoeuvre - février 1916 : Stage des commandants de compagnie.
L’instruction comportait :
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Des notions sur la technique de l’observation, des travaux en salle sur la topographie, la perspective et la photographie aérienne et des exercices en nacelle.
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L’étude du matériel aérostatique, plus ou moins développée, suivant les catégories de stagiaires.
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Des conférences et exercices pratiques sur la mise en oeuvre du ballon en campagne, au point de vue technique et tactique.
Pour les exercices pratiques, les élèves effectuaient réellement la reconnaissance d’un secteur de 2 kilomètres de large dans lequel ils devaient situer un point de gonflement, un campement et un point d’ascension avec itinéraire d’approche. Ils consignaient les résultats de leur reconnaissance dans un rapport où étaient notés tous les ordres et tous les travaux d’aménagement nécessaires.
Telle fut l’organisation des cours d’Aubigny que l’offensive de Verdun suspendit brusquement le 21 février 1916.
B - Le Centre d'instruction d’Aérostation (Vadenay, Origny, Esnon) :
Dès que le péril de Verdun fut conjuré, le problème de l’instruction se posa de nouveau. En effet, si on avait pu multiplier les compagnies depuis le début de la guerre, il fallait assurer leur ravitaillement en personnel, officiers el observateurs et continuer l’instruction de perfectionnement des officiers de manoeuvre, commandants de compagnie, etc...
Mais au lieu de rétablir les écoles d’instruction de Groupe d’Armées, on jugea préférable de réunir tous les moyens d’instruction dans un seul centre dont la direction fut confiée au Cdt Saconney.
Choix de l'emplacement par le Cdt Saconnay :
Le Cdt Saconney choisit comme emplacement la ferme de Vadenay, en bordure du camp de Châlons. On trouvait là un immense terrain d’exercice, une solitude propice au travail; enfin, la proximité du front et des centres d’instruction de la IVème armée permettait d’y organiser des visites à l’artillerie, à l’infanterie, à l’aviation, etc...
Inauguration du centre d'instruction d'Aérostation (C.I.Aé) :
Le centre d’instruction d’aérostation de Vadenay fut inauguré le 1er mai 1916. Il comprenait à l’origine une école d’observateurs et une école d’aérostation. Cette dernière, destinée principalement à l’instruction de perfectionnement des officiers aérostiers, fut également chargée, par la suite, de l’instruction des mitrailleurs. Un champ de tir aérien y fut installé.
Enfin, au début de l’automne de 1917, le centre d’instruction fut chargé de constituer le dépôt mobile des spécialistes de l’aérostation : arrimeurs, mécaniciens, téléphonistes, mitrailleurs. Instruits d’abord au dépôt ou à Chalais-Meudon où furent formés un assez grand nombre de mécaniciens, ces spécialistes étaient ensuite dirigés sur le centre d’instruction d’aérostation où ils recevaient une instruction de perfectionnement en attendant leur envoi dans les unités.
Les stages d’élèves-observateurs et d’officiers ou sous-officiers des "cadres" se succédèrent sans interruption depuis le mois de mai 1916 jusqu’au mois de mars 1918. Entre temps, le Cne Mandin avait remplacé à la direction du centre le Cdt Saconney appelé à d’autres fondions. A la fin de mars 1918, l’offensive allemande sur Amiens mit en évidence l’inconvénient de laisser à proximité des lignes un organisme aussi important et qui n’avait aucun rôle à jouer dans la bataille. Le GQG décida donc de transférer le CIAé. dans la région de Romilly-sur-Seine, en attendant qu’on pût lui trouver un emplacement définitif.
Déménagements sur Origny-le-Sec, puis sur Esnon :
Le 27 mars au matin, le centre se mit en route et arriva le soir même à Origny-le-Sec, petit village au sud de Romilly. On se mit en campagne immédiatement pour tout organiser avant l’arrivée des élèves-observateurs du stage suivant. L’installation réalisée était précaire, mais tout fut prêt cependant le 8 avril pour l’arrivée des stagiaires observateurs. Par contre, l’école d’aérostation, fut provisoirement suspendue, en raison de l’activité des opérations sur le front de combat. Pendant que le centre fonctionnait à Origny-le-Sec, on s’occupa de lui trouver un emplacement définitif. Cet emplacement fut choisi à Esnon, à 6 kilomètres de la gare de Laroche, dans l’Yonne. Des constructions sommaires, rapidement édifiées, permirent l’ouverture du centre d’Esnon en août 1918.
Les méthodes de travail et d’instruction à Vadenay, à Origny, à Esnon, furent les mêmes que celles de l’école d’Aubigny. A l’Ecole d'observation, l’instruction théorique fut donnée aux observateurs au moyen de conférences sur la topographie, la perspective, les principes d’observation, la photo aérienne, le fonctionnement et la résistance du matériel d’aérostation, la météorologie, l’organisation du commandement, les règles du tir d’artillerie et du combat d’infanterie. Par des travaux en salle, les stagiaires se familiarisaient avec la topographie appliquée à la lecture des cartes (amplifications de cartes, tracés des zones défilées aux ballons). La mise en perspective d’une portion de carte les habituait aux déformations dues à la vision oblique d’un terrain accidenté. Ils avaient aussi à rechercher sur des photos aériennes et à reporter sur un croquis, toutes les organisations militaires qui s’y trouvaient. Les exercices en nacelle comportaient des séances d’orientation, de recherches d’objectifs et de réglages de tirs sur des épaulements de batterie et des éléments de tranchée. L’observation des signaux de l’infanterie et la liaison optique donnaient lieu à des exercices spéciaux.
Les nouveautés dans l'instruction :
Les seules nouveautés furent : à Vadenay, l’emploi des vues panoramiques projetées sur un écran pour faire en salle des recherches d’objectifs et des réglages de tirs puis, à Origny, l’emploi d’un grand panorama en couleurs pour les exercices d’orientation. Ces procédés permettaient de poursuivre l’instruction des observateurs, même par mauvais temps, sans pour cela diminuer en rien l’importance fondamentale conservée aux exercices en nacelle.
Tous les exercices et travaux en salle furent notés, toutes les matières enseignées firent l’objet d’interrogations. Des notes insuffisantes obtenues pour les exercices en nacelle étaient éliminatoires, même avant la fin du stage.
A l'Ecole d'aérostation où furent instruits les "cadres", l’enseignement théorique portait sur le matériel, la théorie des manoeuvres, les connaissances générales scientifiques (météorologie, physique, mécanique, etc...), les connaissances militaires et techniques (topographie, emploi du ballon, service de l’observation, photographie, artillerie, DCA, aviation, organisation du commandement, combat de l’infanterie, liaisons, etc...). Les exercices pratiques comportaient la manoeuvre du ballon, souvent et méthodiquement répétée, la mise en oeuvre du ballon en campagne, les reconnaissances d’itinéraires. Comme à l’école d’observation, toutes les matières firent l’objet d’interrogations et de notes.
Ecole de tir aérien :
L'Ecole de tir aérien fut organisée complètement à Vadenay, avec objectifs remorqués par ballon ou cerf-volant, en vue de l’instruction des mitrailleurs vigies des compagnies d’aérostiers. Elle comportait un ensemble de cours théoriques, d’exercices de démontage des pièces et de tirs réels sur cible à terre et sur objectifs aériens. C’est à l’Ecole de tir aérien du centre d’instruction d’aérostation que le Ltt Peycru réalisa le correcteur pour mitrailleuses qui porte son nom et qui est réglementaire dans l’aérostation. D’une manière générale, tout élève ayant suivi un stage dans une des écoles du centre d’instruction d’aérostation faisait l’objet d’un bulletin individuel où ses notes étaient inscrites et qui portait l’appréciation du directeur des cours. Un exemplaire de ces bulletins était adressé à la compagnie de chaque stagiaire. Tels furent les principes de l’organisation du centre d’instruction d’aérostation.
Le bilan :
Du 1er mai 1916 au 7 décembre 1918, il y eut à l’école d’observation, trente stages d’élèves-observateurs d’une durée moyenne de quatre semaines, qui amenèrent au centre 841 élèves dont 428 furent classés observateurs.
Durant la même période, il y eut à l’école d’aérostation, vingt stages qui furent suivis par 501 officiers ou sous-officiers.
Ces seuls chiffres font ressortir nettement l’importance du rôle du centre d’instruction d’aérostation au cours de la guerre. En formant des observateurs rigoureusement sélectionnés. En enseignant aux commandants de compagnie et aux officiers de manoeuvre des méthodes d’emploi susceptibles d’assurer le maximum de rendement du ballon. En formant des spécialistes compétents et dévoués, le centre d’instruction a apporté une collaboration active et un appoint précieux au développement et au fonctionnement de l’aérostation d’observation pendant la campagne 1914-1918 et, par cela même, a brillamment aidé au succès de nos armes.
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