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Le Slt Benoit Bellet
par son petit-fils

Notre grand-père, Benoît Bellet, né le 25 décembre 1890, avait conservé des documents, des photos et des objets concernant sa participation à la 1ère guerre mondiale. Un cahier de guerre a été écrit pour la période comprise entre début juillet 1917 et le 28 juillet 1918. Il a été retranscrit ci-après. Pour la compréhension du récit, des précisions ont été apportées à partir des différents documents officiels qu’il avait rassemblés et son carnet de vol. Certaines, proviennent de sites Internet consacrés à la 1ère guerre mondiale. Ces précisions sont portées entre parenthèses dans le récit écrit en écriture cursive. Les titres des paragraphes ne font pas partie du récit de guerre.

Service militaire :

Benoît Bellet, de la classe 1910, a effectué son service militaire à l’hôpital militaire de Villemancy à Lyon et à Chambéry. Incorporé à la 14ème section d’infirmiers militaires, le 7 octobre 1911, il s’est vu délivrer le Caducée (certificat du 17 septembre 1913). Pendant son service militaire, il est nommé caporal le 1er avril 1912, puis sergent, le 26 septembre 1912. Dans le cadre de sa formation d’instituteur, il rejoint, pour trois mois, l’école Normale militaire de gymnastique de Joinville-le-Pont.

De retour à la vie civile, il prend son métier d’instituteur à Trévoux (Ain) en novembre 1913, mais il est rappelé, le 3 août 1914, à la déclaration de guerre, et rejoint la 14ème section des infirmiers militaires qu’il a quittée un an auparavant.

La guerre :

Il rejoint le front (certainement en Alsace), le 6 août 1914, pour être affecté au groupe des brancardiers divisionnaires de la 28ème division (GBD 28). De septembre 1914 à juillet 1915, il sera en Picardie puis, d’août à octobre 1915, en Champagne où il sera blessé, le 22 octobre 1915.

Il se verra décerner une citation, à l’ordre de la Direction du service de santé du 14ème corps d’armée, qu’il a certainement obtenu au Trou Bricot, lors de la seconde attaque sur le front champenois : "Très belle attitude au feu, pendant les combats du 27 au 29 septembre 1915. A assuré l’évacuation d’un poste de secours soumis à un violent bombardement, avec le plus grand sang-froid". (Ordre n° 15 du 22 octobre 1915)

De novembre 1915 à janvier 1916, il retrouvera le front alsacien puis, de février à septembre 1916, le front de Verdun. Il est nommé adjudant, le 21 septembre 1916, dans le cadre des sections d’infirmiers de la 2ème armée (Amiens). Il passe, le 1er octobre 1916, à la 17ème section d’infirmiers militaires, pour être affecté au GBD 67 (13ème régiment d’infanterie). Il restera sur le front de Verdun pour rejoindre, en décembre 1916, celui de la Somme et, en janvier-février 1917, celui de Champagne.

L'aéronautique militaire :

En janvier 1917, il faut doubler le nombre d’élèves-pilotes et l’adjudant Benoît Bellet fait acte de candidature. Il sera alors détaché du 13ème régiment d’infanterie, à l’aviation, pour suivre une formation. Comme tous les candidats, il partira comme élève au 1er Groupe d’aviation de Dijon-Longvic, le 2 mars 1917, pour y suivre des cours de mécanique d’aviation, avant d’être envoyé dans une école d’aviation proprement dite. Son séjour sera bref, puisque le 6 mars, il rejoindra l’école militaire d’aviation de Châteauroux.

A Châteauroux, il suivra une formation de 2 mois et demi et, le 22 mai 1917, il aura réussi toutes les épreuves en vol et pourra poursuivre sa formation en école de perfectionnement. Il aura effectué 221 atterrissages dont 60 h seul et 37 h de vol dont 17 h seul. Il est désormais breveté sur avion Farman. Il rejoindra, le 5 juin 1917, l’école militaire d’Avord, spécialisée dans le bombardement et le vol de nuit, pour être affecté à la division Nieuport. Du 7 au 25 juin, il volera sur Blériot "rouleur*", puis du 26 juin au 10 juillet, se perfectionnera sur avion Nieuport (59 atterrissages dont 30 seul et 10 h de vol).

* Un avion "rouleur" est incapable de décoller car on lui a coupé une partie de ses ailes ou bloqué les organes de commande. Il est utilisé pendant la formation initiale des pilotes, pour la prise en mains des commandes et pour les familiariser à la manœuvre lors des courses en lignes droites précédents le décollage ou après l’atterrissage.

Pilote de l'escadrille SOP 129 :

Le récit de l’escadrille SOP 129 qui va suivre, commence le 12 juillet 1917.

L'escadrille SOP 129 a été créée, le 2 juin 1917.

"Début juillet 1917, le Lieutenant Mézergues arrive à Avord. Un groupe d’aviation de bombardement doit être formé. Réputation déjà connue, ses hauts faits d’armes, sa modestie le rendent bien sympathiques. De nombreuses demandes sont faites par les jeunes pilotes pour le suivre. Instinctivement, on sentait en lui un chef énergique et bon. Quelques pilotes, unis déjà par de bons liens de camaraderie, insistent pour partir immédiatement, mais veulent partir tous ensemble dans la même escadrille. Ce groupe qui comprenait Istria, Coutel, Bourreau, Ruy, Cordonnier, Bellet, Rocques forma presque entièrement la (l’escadrille ) 129 et ceci explique la bonne harmonie qui régna dès le début et toujours à l’escadrille. La sympathie qui nous avait déjà réunis en école (Nieuport ) ne fit qu’augmenter en présence des mêmes dangers et se transforma bien vite en bonne amitié. Les mitrailleurs se réunirent de la même façon : Rey, Rusé, Alais, Petit, Sauvaget, Garcette formaient déjà un groupe de bons camarades. Les mécaniciens avaient été formés à Bron. Dès leur arrivée, ils se mirent à la besogne et montèrent deux Sopwith qui avaient déjà bien roulé et n’offraient peut-être pas toutes les garanties de solidité voulues. Les moteurs surtout étaient loin d’être au point. Nos mécaniciens, très jeunes en majorité, malgré toute leur bonne volonté, n’étaient pas encore les as qu’ils sont devenus par la suite.

 Nous attendions avec impatience les premiers essais. Enfin un appareil fonctionne. Le Lieutenant Mézergues (chef d’escadrille) fait sensation, le ronflement du 130 Clerget qui était encore inconnu à Avord fait lever toutes les têtes. Cependant, les bruits les plus sinistres sont arrivés, de je ne sais où, sur cet appareil et courent parmi les pilotes. On nous traite un peu d’inconscients. Les pilotes de chasse, nos anciens camarades de ( l’école ) Nieuport, nous regardent avec un petit air de pitié ; malgré cela, nous avons confiance et la présence du Lieutenant Mézergues est pour nous un grand réconfort. Le Lieutenant Humbert, comme officier, a les honneurs du premier tour de piste après le chef d’escadrille."

"Malheureusement, il le termina bien mal : l’appareil, suivi du pilote, rentre dans des ( avions ) Nieuport. Grande consternation, c’est que nous avons tous hâte de faire notre entraînement et de fuir le séjour enchanteur d’Avord. Mais nos mécaniciens en mettent un coup. Les charmes du camp sont un puissant stimulant. Le deuxième appareil sort. L’essai est concluant. L’adjudant Bellet monte et fait son tour de piste. « On… On…» le moteur ronfle, tout est parfait, il arrive à 500 m au-dessus de la piste pour atterrir dans la direction de la division Nieuport - maison du Commandant ». Il coupe, mais il sort (de la direction) de Nieuport, il pique comme un sourd, descend de plus en plus vite. Mézergues lève les bras et arpente la piste d’un air furieux: ce pauvre Sopwith était notre seule espérance. Il descend toujours à la Nieuport, le sol arrive, il redresse à un mètre du sol, traverse la piste, mais ne se pose pas. La route arrive, la voie du "tacot", heureusement le Sopwith a une grosse réserve de vitesse. Il vole toujours à un mètre du sol. Peut-être ne va-t-il pas se poser ? Si, tout de même, mais tout au bout de la piste des avions Schmitt . Tout se passe normalement, gros soupir de soulagement. Le Lieutenant Mézergues donne quelques détails complémentaires et le Sopwith n’est plus soumis à pareille épreuve. Mais tout le monde avait confiance car il avait résisté d’une façon merveilleuse. Nos sergents mécaniciens commençaient à prendre conscience de leur haute valeur. L’entraînement se poursuivit normalement. A chaque tour de piste, il fallait revoir le moteur, remettre les fils de bougie etc. mais nous étions habitués à cela. Et quelles émotions à chaque tour. Va-t-on pouvoir ? C’est que notre départ tenait à un atterrissage. Aussi, après trois tours de piste, nous étions jugés à point pour nous livrer, transformés, sur Sopwith."

Convoyage manqué de Sopwith :

"Le 20 juillet, on demande des pilotes pour aller à St-Cyr chercher des appareils neufs. Le Lieutenant Humbert, Istria, Bellet (et Queyrat ) sont désignés. Ce fut concluant.

Au départ de St-Cyr, le Lieutenant Humbert en veut au hangar à dirigeable, puis ayant réfléchi, il l’évite, oblique à droite, fait une glissade qui se termine dans un champ de pommes de terre. L’appareil en petits morceaux, le nez du «L» assez endommagé, son mécanicien avec la figure assez endolorie. Heureusement, leurs dames qui assistaient à ce départ palpitant, après avoir eu une bien vilaine impression, purent les dorloter et leur faire oublier leurs petits bobos. Istria prenait le départ et arrivait à Avord. Queyrat arrivait aussi mais trouva nécessaire de rentrer dans les décors.

(Le 22 juillet 1917 ) Bellet atterrit une première fois dans un champ d’avoine, puis sur un terrain à Gouillon, enfin à Salbris, lâché par son moteur, après avoir fait du saut de mouton sur deux haies. Il se pose dans un terrain accidenté, de vaches et de fossés d’irrigation. C’était trop, une roue se sauve, capotage assez sérieux, l’appareil neuf était devenu bien vieux subitement. Velcot, le mécanicien, avec quelques côtes qui ne fonctionnaient plus très bien. Bellet dégoûté par un bain d’essence, laisse tout et rentre par le train. Un seul appareil était arrivé (à Avord)."

Transfert de l’escadrille d’Avord à Luxeuil-les-Bains :

"Mais à ce moment (24 juillet 1917), Mézergues trouvant le séjour d’Avord pas trop gai, réussit à obtenir l’ordre de départ pour Etampes où nous devons prendre tout notre matériel et les avions. Le terrain, trop mauvais, ne nous permet pas d’essayer nos appareils avant le départ. De plus, le Lieutenant Mézergues n’a guère confiance en notre aptitude à atterrir en terrain varié. Tout est prêt.

Le vendredi 27 juillet, à 5 h, les avions prennent le départ les uns après les autres dans la direction de Luxeuil où nous devrons rejoindre le G.B.4. Mais le temps est très brumeux, il est difficile de suivre sa route, de plus c’est notre premier grand voyage avec un appareil que nous connaissions à peine. Deux avions seulement arrivèrent le matin à Luxeuil : le Lieutenant Mézergues et Istria.

Les autres, je n’ose narrer ce voyage, il n’est guère à notre honneur, enfin ! Bourreau, héroïque fantassin, blessé deux fois déjà, titulaire d’une palme et de trois clous est attiré par Verdun, cité héroïque. Il s’aperçoit de son erreur en apercevant au-dessous de lui des éclatements d’obus sur un terrain chaotique, désolé, sans aucune végétation. Il atterrit à Senoncourt et rentre le soir à Luxeuil. Coutel, plus pacifique, est attiré par les régions industrielles et plus tranquilles du Creusot. Malheureusement l’atterrissage fut mouvementé, ce qui permit à ce bon Coutel de rentrer par le train, la tête fortement empaquetée, mais ce n’était pas trop grave. Malgré cela et sans carte, il arriva à bon port.

Bellet après avoir vogué assez longtemps, se trouva brusquement près d’une malheureuse saucisse qui le regardait ironiquement avec son grand museau. Ceci le fit réfléchir. Regardant un peu en avant, il fut surpris de voir une grande plaine blanche sillonnée de tranchées encore plus blanches, parsemée de grosses fleurs plus blanches encore, d’autres grises qui ressemblent fortement à des éclatements d’obus. Ce ne devait pas être Luxeuil. Pris d’une sainte frayeur, il tourna brusquement et très impoliment le dos à la saucisse, la laissant à ses rêves solitaires. Il pique sur un terrain, atterrit après avoir failli enlever la TSF, se renseigne à la ferme St Laurent (à Houillon ). Hum, ce n’était guère la route. Il est triste un peu. Et puis, il apprend que deux pilotes des escadrilles qui sont là, se sont perdus le matin dans la brume et ne sont pas rentrés. Un autre a été descendu. Mauvaise impression. Il repart, mais atterrit de nouveau, près de St-Nizier. Plus d’essence. Il change son 130 chevaux contre une vieille haridelle et une guimbarde plus vieille encore que lui prête gracieusement un paysan, moyennant finance. Il va chercher de l’essence à St-Nizier. Après une bataille en règle contre l’administration, il rentre triomphant et repart enfin jusqu’à Luxeuil. Quel soupir de soulagement.

Total, quatre appareils sont arrivés, les autres sont en panne d’un côté, de l’autre, plusieurs brisés. Triste arrivée ! Le Lieutenant Mézergues n’est guère content de son écurie. Le Commandant Wuillermoz (chef de bataillon, commandant le G.B. 4) tape de la canne en parlant de la 129 et regarde le hangar qui nous a été donné avec des regards peu rassurants. La 123 et la 29 nous regardent un peu ironiquement, un léger sourire de pitié aux lèvres. Nous nous faisons le plus modeste possible, nous essayons de passer inaperçus mais avec un secret désir de prendre bientôt notre revanche. Nous nous installons petit à petit."

Dans une note du 7 août 1917, le commandant écrira : "…Sur ces cinq appareils, quatre ont été complètement brisés et ont dû être renvoyés à l’arrière, un a pu être réparé sur place. Ces mauvais atterrissages en cours de route, viennent de l’inexpérience des jeunes pilotes. Le fait que l’un d’eux a atterri au Creusot pour venir à Luxeuil, prouve suffisamment qu’il ne savait pas lire sa carte.
Ce transport de l’échelon volant dans ces conditions a eu pour résultat : 4 appareils brisés, 1 appareil à réparer, 5 dépannages à faire et un pilote blessé est à l’hôpital. Avec des escadrilles composées de jeunes pilotes, il y a donc intérêt à ne pas faire partir l’échelon volant par la voie des airs."

Luxeuil (27 juillet 1917-fin février 1918)

"Rey, très débrouillard, écrit un peu de tous les côtés, sollicite une aide efficace. Mme Herriot accepte d’être la marraine de Lyon et aussitôt nous envoie des jeux.
Un bar et une salle de réunion, de lecture, se montent rapidement et coquettement. Nous nous créons un petit "chez soi" où règnent la plus douce intimité et la plus cordiale camaraderie. Un superbe phono égaye la salle, Jacquet, roulette, petits chevaux, dames etc. commencent à fonctionner. Et notre brave Alais, barman, ravitaille le bar d’une façon magistrale. On commence à venir nous voir. Que de joyeuses scènes. Je revois Istria défiant tous les camarades : "Mets ta main sur mon genou". J’entends encore les claques de ses mains nerveuses sur les grosses mains potelées de Coutel. Les joyeuses querelles avec Cordonnier, ses farces continuelles. Même bonne entente à la popote. Aucune note discordante. Quelle bonne famille que cette 129. Mais on travaillait: rouleur, point fixe (le 17 août 1917), entraînement au GDE. Les appareils se mettaient au point, les équipages sont formés.

Mais le Commandant nous regardait toujours du mauvais œil et pourtant, ce brave Bourreau et les autres se mettaient en salopette, en combinaison, et retroussaient leurs manches presque au-dessus des coudes. Quand il venait dans le hangar, ceux qui par malheur n’étaient pas en tenue et n’avaient pas un peu d’huile aux mains se défilaient savamment. Ruy, les mains fraîchement gantées, la canne sous le bras, était passé maître dans cet art.

Le Lieutenant Mézergues, impatient de reprendre ses randonnées, s’était rapidement fait mettre au point un monoplace anglais. Après quelques essais, il partit un jour (le 22 août 1917 ) par bien mauvais temps à Nancy et de là, alla bombarder Francfort. Mais un gros malheur venait jeter la consternation dans l’escadrille. Un matin, il devait partir avec Lage (escadrille 123) bombarder Fribourg. Son moteur ne tirait guère. Malgré cela, brave jusqu’à la témérité, trop, car il avait charge d’âme, il voulut aller accomplir son bombardement, mais les heures passaient et rien. Aucun avion du côté des Vosges, rien. Lage rentre seul. Il raconte: un combat a eu lieu (et ) il ne connaît pas la fin. Mézergues baissait mais il n’a rien vu de définitif. Nous espérons malgré tout. Toujours rien ? Mais non, il a peut-être atterri près des lignes. On demande des renseignements de partout. Rien, toujours rien. On a aperçu un combat dans le lointain, c’est tout. A-t-il été descendu ? Non cela ne se peut. Attendons encore, mais en vain, la nuit arrive. Il faut perdre tout espoir. Est-il mort ou prisonnier ? C’est la seule question que nous pouvions nous poser. Et sa dame qui doit arriver! Personne ne veut se charger de lui apprendre l’affreuse nouvelle. Le Lieutenant Humbert qui prend le commandement de l’escadrille se dévoue.

Plus d’un pilote, d’un mitrailleur et même de ces bons vieux territoriaux qui servaient le dîner, pleurèrent ce soir-là le bon chef qu’ils avaient trop peu connu mais qu’ils admiraient et aimaient de tout leur cœur malgré parfois la vivacité de son caractère et certains, en pleurs même, jurèrent de faire payer cher aux Boches cette perte cruelle au moment où nous avions le plus besoin de lui. Mais il avait laissé un peu de lui, il était toujours un peu parmi nous."

Les premiers bombardements :

"Enfin le 12 septembre, le Capitaine Darnaud accepte d’emmener ceux dont les appareils sont prêts, encadrés par la brave 123 qui comptait des as tels que Lage, De Peyerimhoff, Préville, Dupuis etc. Pleins de confiance, et heureux de pouvoir enfin prendre notre vol avec de bonnes bombes dans l’appareil et de bonnes mitrailleuses qui rivaient le boche en flammes.

Mais non, ce n’était pas encore ce jour là que nous devions écraser le boche de nos projectiles. Trompés par le fameux trou de Luxeuil, nous arrivons bientôt sur une mer de nuages, superbes mais trop opaques. Obligés de faire demi-tour, nous rentrons non sans nous être vengés en bombardant Etterns et en mitraillant Cuters. Le mauvais temps se met de la partie. Enfin, le 16 (septembre ) nous partons, toujours avec la 123 et la 29. Le Capitaine Darnaud et deux autres pilotes, Canivet et Lhuilier, sont partis pour bombarder Stuttgart. Il faut attirer le boche ailleurs, dans une autre région.

Ce matin, nous allons bombarder la gare de Colmar. Le groupe est assez serré, l’artillerie tire très bien, pas de combat, mais les éclatements sont de plus en plus nombreux et de plus en plus près. Cependant, tout le monde rentre. Quelle joie, au retour, de constater pas mal de trous dans les toiles provoqués par les éclats. Prestement, les mécanos se précipitent sur le pot à colle, la toile, bouchent le trou et dessinent une superbe croix noire.

Le soir, on remet ça sur les usines de Logelbach. Le Commandant en personne dirige le groupe comme observateur d’Udlet. A peine le bombardement effectué, une patrouille boche nous tombe dessus. Le groupe s’est un peu égrené dans le virage. Deux des nôtres (de la Sop 131) sont descendus rapidement en flammes. C’était leur premier bombardement.

Puis, ils s’attaquent à Bellet et Béranger. Ce dernier est bien sonné. Mais les deux mitrailleurs ripostent et Sauvaget réussit à descendre le boche en flammes. Le Commandant Willermoz debout dans la carlingue d’Udlet suit flegmatiquement le combat, l’œil à la jumelle. Heureux, Sauvaget explique terriblement le coup. C’était un heureux début. Quelques balles encore dans l’appareil. Cette journée coûtait bien cher : deux appareils descendus en flammes, un descendu près de Stuttgart, un mitrailleur blessé grièvement. "

Benoît Bellet est cité à l’ordre de l’Armée : "Jeune pilote, a effectué deux bombardements dans la même journée. A abattu un avion ennemi." (Ordre n° 33 du 20 septembre 1917)

"Puis, une période de mauvais temps ne permet aucune sortie pendant le mois de septembre. On lance des tracts. Le Capitaine Danglade vient prendre le commandement de l’escadrille. Tous les pilotes ont leurs appareils. L’escadrille se remonte rapidement grâce aux coups de gueule du Capitaine, bon garçon, mais très vif, très emporté. Quelques monoplaces sont donnés à l’escadrille. Quelques bombardements. Le Capitaine excite ses gens de la voix et du geste, il lance son écurie, il surveille les départs et, du sol, suit la formation du groupe d’un œil satisfait ou furieux. Pourtant, il n’a pas très bonne vue, le Capitaine. Un jour, en monoplace, se trouvant au-dessus d’un camp, près (d’une ) ville, il croit reconnaître Chaux et Belfort. Il veut montrer sa virtuosité en serrant une spirale (sa politesse) (et ) des signes sympathiques de la main mais, oh, grave erreur, les copains du sol se précipitent sur leur "zing" et commencent une ascension rapide. Le Capitaine ne reconnaît plus notre Nieuport mais commence à apercevoir des croix: il était au-dessus d’Habsheim, près de Mulhouse. En bon cavalier, il ne tirait pas sur la gueule de son cheval, je vous prie de le croire. Certains mécaniciens facétieux m’ont assuré que le manche était légèrement cintré en avant et la cellule déréglée. Un autre jour, il monte comme observateur avec Istria. Nous prenons de la hauteur, nous tournons, nous tournons, nous nous dirigeons enfin vers les lignes. Une superbe vallée attire les regards du Capitaine, un riant village surtout le fait pâlir de joie. Quel bel objectif. Quel plaisir de rappeler à ses habitants que nous sommes en guerre, de leur causer une désagréable surprise. La main sur le levier, l’œil au sol, il fait signe à Istria de bien passer sur ce but merveilleux, là, un peu à droite, un peu à gauche. Istria inquiet, regarde un peu et apercevant le geste de son bombardier pour déclencher des bombes, il a à peine le temps de gesticuler, de hurler pour arrêter le fatal déclic. Il avait reconnu Masevaux. Et dire que Poincarré était là, peut-être, visitant son Alsace reconquise. De ce jour, la vue du Capitaine avait encore baissé.

"20 octobre (1917) : des Zeppelins, rentrant en Allemagne, sont perdus et survolent la région. "Les appareils dehors et les mitrailleuses ! Il ne faut pas qu’ils rentrent ! Partez à 2000 pieds ! "

A peine le Capitaine Danglade a-t-il prononcé ces mots que les appareils roulent, s’élèvent, foncent dans la couche de coton et se trouvent en plein ciel bleu. Où sont-ils ? Les pupilles se dilatent, on va, on vient. Là-bas! On pique, non, c’est un petit nuage. Plus d’essence, on descend, on fait le plein, on repart. Bourreau l’a aperçu et a même reçu quelques balles. Le Capitaine Darnaud en a obligé un à poser une nacelle près (de) Vesoul. Beaumont, prend des bombes incendiaires. Les avions partent, descendent. Tout le monde veut son Zeppelin. C’était un gibier superbe et assez rare. Hélas, le soir, il fallut descendre. De Kermina, de la 131, a poursuivi le sien jusqu’à Ambérieu.

Puis ce sont (entre le 1er et le 8 novembre 1917) les bombardements de Rouffach (un dépôt de munitions) etc. Quelques pilotes sont partis, le Lieutenant Humbert n’aime pas l’air vif des Vosges. Ruy, grâce à son mécanicien complaisant, n’ayant jamais pu faire fonctionner son moteur, part à l’école de…. D’autres sont arrivés. Ils sont avantageusement remplacés par Piel, très gentil, très doux, très modeste, « très gonflé ». Coquard dont l’appareil était tellement rapide, qu’il lui était impossible de tenir le groupe. Qui ne se souvient pas du Spad à Coquard, de ses atterrissages "comme sur des œufs à la p. de m.".

Puis ce sont les premiers bombardements en monoplace. Chaque matin, ce sont des départs. Il faisait nuit encore que déjà le ronflement du Clerget se faisait entendre. Puis les bombardements la nuit sur Fribourg-en-Brisgau (5 décembre 1917, bombardement de la gare ).

Le Commandant ne nous regarde plus du mauvais œil. La 129 petit à petit a su acquérir son estime. La plus étroite camaraderie la lie avec la 123. Les bombardements s’effectuent ensemble et le rapprochement continue dans le bar de mieux en mieux installé.

Arrive à l’escadrille, un grand as Gamutt, le Lieutenant Barbou, ancien mitrailleur de Lecour-Grandmaison, avec Vitalis. La croix de guerre au ruban bien long, 4 palmes, où de grands espaces semblent en appeler encore, attire des regards respectueux et envieux. C’est Bourreau qui aura l’insigne honneur de l’avoir pour mitrailleur. Il est content et voit déjà les boches descendre en flammes, sous les balles de son mitrailleur tireur d’élite. Le Lieutenant passe les premiers jours dans sa carlingue, il la modifie, change les installations, essaye de nombreuses tourelles puis apporte tous ses soins à son jumelage, à de nouvelles lignes de mire, il tourne, vise, se retourne brusquement d’un côté, en l’air, boum en bas. Quel virtuose. Un cercle respectueux de curieux et d’admirateurs se tient à distance. Les préparatifs continuent. Chaque jour, on change, on améliore. Bourreau commence à trouver le temps long. Il piaffe dans l’écurie. Il voudrait bien partir avec les camarades. Enfin tout est prêt. Le Lieutenant va faire un essai. Bourreau, heureux, monte, monte en plein ciel, tourne au-dessus de Belfort, avec le secret espoir de rencontrer son boche mais rien. L’air vif des Vosges qui ne convenait vraiment pas à tout le monde, avait fatigué le Lieutenant. Il fallut redescendre. Celui-ci constatait avec amertume qu’il ne pouvait plus faire de l’altitude et le pauvre Bourreau de prendre à droite, à gauche, un mitrailleur qui pouvait supporter l’air vif des Vosges.

Le Slt Benoit Bellet
par son petit-fils

Cependant un autre lieutenant, Pouyet, veut se couvrir de gloire et certain dimanche où le plein de porto avait été fait, il voulait absolument aller descendre du boche si bien que Rocques, son fidèle pilote, fut obligé, devant une sainte colère et un pareil esprit de sacrifice, de prendre le départ. Mais voulant conserver son mitrailleur pour des jours plus calmes, il eut recours à la manette des gaz et aux pétarades du moteur. Le Lieutenant Pouyet, convaincu, accepta de redescendre. Les "pilotaillons" du début, petit à petit, devinrent de bons pilotes. Istria même pousse l’audace jusqu’à l’imprudence : il se livre à l’acrobatie la plus audacieuse avec son Sopwith. Le Lieutenant Garret, son observateur, aime pourtant voler tranquille, surtout après l’incident arrivé sur St Sauveur, incident qui aurait pu avoir des conséquences graves. Istria rentrait de bombardement, tantôt sur une aile, tantôt sur une autre, montant, descendant. Pour terminer, il essaye un looping mais, manquant de vitesse, il reste sur le dos. Les rouleaux tombent, l’appareil est toujours sur le dos, la mitrailleuse à son tour obéissant aux lois de la pesanteur tombe sur le village. L’appareil est toujours dans la même position. Le Lieutenant Garret ne voulant pas obéir (cela se comprend assez facilement) à la loi de la pesanteur, se cramponne désespérément. Enfin, sous l’impulsion d’un violent coup de pied, l’appareil glisse sur l’aile et reprend son vol normal. Depuis, le Lieutenant Garret n’était guère tranquille. Puis ce sont de nombreux exercices de tir sur Hehems et Eiters.

Un triste accident nous enlève deux bons camarades. Cordonnier au retour d’un barrage se livre à quelques acrobaties au retour sur St Sauveur, où de gentils yeux amis suivent ses gracieuses évolutions. Tout à coup, un point brillant à l’avant, peut-être le reflet du soleil couchant sur le capot. Mais non, l’avion descend, le point brillant augmente et laisse une traînée de fumée noirâtre derrière lui. Plus de doute, le feu est au moteur. Mais Cordonnier manœuvre habilement, il descend, recherche le Breuches. Va-t-il arriver à temps ? Les flammes lèchent la cellule (et ) le fuselage. Il descend et se rapproche de terre. Les yeux anxieux suivent cette lutte héroïque contre la mort, chacun étant navré de l’impuissance à leur venir en aide. Alais est debout dans la carlingue, vraie statue du désespoir. Peut-être vont-ils être sauvés, l’avion va se poser ? Mais non, la cellule en feu ne résiste plus, l’avion s’écrase, on se précipite mais les balles crépitent. On parvient quand même à les arracher aux flammes, mais trop tard, elles ont accompli leur œuvre de mort. Pauvre Cordonnier, pauvre Alais. Quelle triste mort vous avez eue.

Quelques jours après, au cours d’un bombardement sur Rimbachzell, nous sommes attaqués par une forte patrouille boche. Pour la première fois, nous entrons en contact trop étroit avec les "Damiers" et les "Tangers" Un appareil de la 131 est descendu en flammes puis Piel, après un combat, descend, descend. Il doit être blessé. Le soir, il n’est pas rentré, aucune certitude à son sujet. Quelque temps après on apprenait que, frappé mortellement, il avait, grâce à une énergie surhumaine réussi à atterrir en Alsace. Rusé, son observateur, n’avait que quelques contusions. Piel expirait quelques instants après.

Noël et le jour de l’an furent fêtés joyeusement. Certains, au réveil le 25 décembre, furent étonnés de trouver une quantité de petits verres dans leur poche, d’autres de trouver leur bouteille d’orangeade vide, d’autres encore de se réveiller avec leur lampe allumée, de voir un rasoir grand ouvert sur le plancher près des lacets de bottes coupés.

Mais le Capitaine Danglade est de plus en plus fatigué. Il est appelé à un poste de repos. Le Lieutenant Allégret vient le remplacer. Dès le premier jour, sa simplicité (et ) sa gaieté attirent à lui tous les cœurs. Tout le monde sent en lui le chef énergique et d’une grande bonté. Comme souvenir, le Capitaine Danglade laisse un affreux bouledogue à la puissante mâchoire.

Bombardement de Ludwigshafen : Bourreau (et ) Istria partent. Le vent du midi est très fort. Bourreau revient péniblement, son essence diminue et les lignes sont encore loin. Il ménage son carburant, mais il descend lentement. Les lignes, où sont-elles exactement ? Il était difficile de les reconnaître. Les Vosges sont couvertes d’une épaisse couche de neige. Le froid est terrible. Mais elles ne doivent pas être loin. Tout à coup plus rien, le moteur est éteint. Il faut prolonger son vol. Bourreau n’a qu’une pensée: atterrir n’importe où, mais essayer d’atterrir chez nous. Il retient son appareil le plus possible, et glisse silencieux vers ces pentes abruptes couvertes de noirs sapins, il se rapproche et essaye d’aller toujours plus loin, puis confiant dans la chance, il se pose un peu brutalement au milieu des rochers, dans la neige. L’appareil est brisé mais lui est indemne. Un doute cependant persiste : est-il en France ? Il s’arrache péniblement des débris de son appareil et s’éloigne un peu pour aller se blottir dans une vieille masure. Gelé, transi, à bout de force, il attend le petit jour pour tenter de traverser les lignes s’il est encore en « bochée ». Quelle énergie dans ce corps frêle, déjà affaibli par plusieurs blessures. Il attend... Du bruit. Il se dissimule. On cherche avec des lanternes. Il va être pris. Il veut partir mais il s’arrête, écoute, mais chancelle et tombe. Il a reconnu de braves territoriaux qui, dans le plus pur accent auvergnat, se communiquent leurs réflexions. Ils le trouvent, l’emportent, le réchauffent. La joie trop forte a fait ce que la douleur n’avait pu réussir, (elle ) l’avait terrassé. Mais ce coup avait été trop dur. Pendant longtemps il fut malade, faible et ne se releva jamais complètement de cette épreuve. Même aventure arrive à Queyrat et Petit du côté de Sénones.

Le 24 janvier 1918, Bellet part sur Ludwigshafen. Roques et Istria vont sur Fribourg. Istria fait un premier voyage. Beaux résultats : la gare. Un grand incendie sert de point de détection aux camarades qui le suivent. Il fait le plein d’essence (et de ) bombes. Il repart. Ses yeux pourtant sont bien rouges car il n’est guère possible d’avoir les lunettes. Il rentre. Ses yeux sont de plus en plus injectés et les paupières enflammées. On veut qu’il se repose mais il fait le plein de nouveau et repart pour la 3ème fois, accomplissant 4 bombardements en 11h.

Donon Donon a succédé à Rouff. Puis c’est la période des barrages, les bombardements sont dangereux pour la quantité d’explosifs largués."

Benoît Bellet sera cité, une 3ème fois, à l’ordre de l’armée : "Excellent pilote, faisant preuve en toutes circonstances, d’un grand courage, prenant part comme volontaire, à toutes les missions dangereuses. A exécuté de nombreux bombardements, dont plusieurs sur des objectifs très éloignés." (Ordre n° 46 du 18 mars 1918)

"Mais le règne du Sopwith est enfin terminé. On va prendre le Bréguet (XIV) en fin février (1918) après la 29 et la 123. Nous partons au Plessis (aérodrome du Plessis-Belleville). Voyage très agréable. Allégret et Gamier offrent un bon souper copieusement arrosé dans le wagon restaurant. En arrivant à Paris, beaucoup ont la vue faible.

Istria, un journal à la main, doit être reconnu (de ) sa marraine mais, tout le monde ayant son journal, la demoiselle est fort embarrassée et Istria furieux. Hélas, il aurait été heureux, pour lui qu’il ne soit vraiment pas connu de cette trop gentille marraine. Coquart ne reconnaît pas sa dame. Les boulevards sont à peine assez larges. Il est obligé de venir se coucher dans l’hôtel le plus proche. Rocques est bien vaseux. Garnier est heureux du résultat.

Pour tuer le temps, pendant les tristes journées d’hiver, Istria et d’autres camarades écrivent à plusieurs journaux pour demander de gentilles marraines anti-cafardeuses. Chaque matin, grande réunion pour dépouiller le nombreux courrier. Un camarade fait la lecture. Puis, chacun émet son avis sur le papier, le parfum, l’écriture, le style etc. sur le physique et le moral (qu’elle ) doit avoir. Grande discussion. A qui celle-ci ? C’est une sentimentale, c’est la marraine riche. On répond, on demande les photos. Ah chère(s) petites(s) marraine(s) qui peut-être lirez ces lignes ne soyez pas offusquées.

De temps en temps, un de nous est descendu, toujours en flammes, par une autre marraine. Alors, ce sont les lettres au chef d’escadrille pour demander des nouvelles, des précisions etc. Celui-ci, harcelé, furieux, les fait afficher au bar. Sauvaget a donné des inquiétudes à de bien nombreuses marraines.

J’en connais un qui, très scrupuleux, voulant faire cesser des relations déjà un peu trop avancées, chercha longtemps le moyen de s’en tirer honnêtement, sans être descendu. Il trouva une idée géniale: la tuberculose faisait de sombres ravages dans ses poumons. Mais le résultat obtenu fut piteux. Pendant de longues semaines, il reçut presque chaque jour des traités sur la tuberculose, des prospectus, des articles de journaux et bouquet, un jour, on lui annonce qu’on s’occupait de lui au ministère, qu’il va être évacué d’office sur un sanatorium. On va l’obliger à se soigner, lui qui ne veut pas le faire. Brave petite marraine. Il eut bien des regrets et un peu de peine devant un pareil dévouement. Il se gratta fortement la tête pour pouvoir se tirer de là et ne pas être interné dans un sanatorium. Quelle horreur, car il n’avait pas l’âme bien noire d’un embusqué et ses poumons aimaient trop l’air pur du grand ciel. Enfin, après une nombreuse correspondance, il évita une évacuation, le dénouement fatal, et n’eut jamais d’autres marraines. Hélas, depuis, il fut réellement descendu.

Le séjour au Plessis est assez long, il fait mauvais, on trouve le temps bien long. Il pleut, malgré cela on tourne 3 tours de piste et on part à Matouges (aérodrome d’Epernay-Plivot ) prendre les appareils."

L’escadrille Br 129 :

"Commencement de l’offensive (de ) 1918. Nous quittons le G.B. 4 pour former le G.B. 9 et formons avec le G.B. 5 et le G.B. 6 l’escadre 12. Départ de Luxeuil (le 26 mars 1918) pour Villeneuve (les-Sablons). Chacun laisse son petit intérieur, ses habitudes.
Départ de Villeneuve ( le 27 mars 1918 ) pour le Plessis. Temps affreux, vent violent. Deux appareils seulement arrivent au Plessis. Beaucoup sont brisés à l’atterrissage. Dès l’arrivée, on fait une reconnaissance de lignes à quelques appareils.

Le 10 avril, ordre est donné de bombarder la bifurcation de Jussy. Le temps est affreux, les nuages sont bas. Le Lieutenant Allégret est en tête, toute l’escadrille le suit dont plusieurs jeunes pilotes. La couche de nuages est de plus en plus épaisse, de plus en plus basse. Le Lieutenant Allégret continue, tout le monde suit. De Peyerimhoff (Simon) vient se joindre à nous. On passe les lignes à 200 m, les mitrailleuses crépitent. On baisse toujours, on avance, mais, des paquets de brume arrivant brusquement, le groupe se disloque un peu. A chaque instant, on voit un avion vous contrepasser à toute vitesse, on risque la collision. On continue, il faut aller au but. Allégret attaque une batterie, à 100 (m) en spirale, il l’oblige à cesser son tir très précis. On lâche les bombes, mais les jeunes pilotes sont affolés et ne savent plus où ils sont. Grebel avec Carron continuent vers le Nord. Bellet les aperçoit et veut les faire tourner, les ramener. Il leur fait signe, les dépasse, mais en vain, ils piquent vers le Nord. Ils sont déjà au-dessus de St Quentin. Un obus, à ce moment, éclate au-dessous de la cellule droite de Bellet. Il glisse, il glisse, l’appareil ne répond plus. Enfin, il se redresse à 40 m au-dessus d’un bois. Bellet est inondé de sang. Sauvaget, qui lui parlait, s’est affaissé dans la carlingue sans un cri. Un éclat d’obus l’avait frappé à la nuque.

Les commandes de gauchissement ne fonctionnent plus, coincées par le corps inerte de Sauvaget. Il maintient l’appareil, de temps en temps arrête le moteur, le redresse quand il s’engage trop. Mais où sont les lignes ? La boussole anglaise est sortie de son pivot, la carte a été arrachée. Pendant une heure, il les cherche, volant à 50 m, mitraillé continuellement. La toile de la cellule s’en va, les câbles pendent lamentablement. L’appareil va-t-il résister ? Le moteur tourne toujours (à) 1500 tours. L’appareil avance péniblement, sans montre, souvent en perte de vitesse et impossible de trouver les lignes. Pourtant, voici la zone des armées, voici des tranchées. Comment sont-elles orientées ? Il va peut-être passer, mais non, l’appareil baisse, baisse il faut trouver la plus petite colline. La cellule se déforme, il faut descendre, sinon ce sera la chute. Etre prisonnier, non. Encore un peu, voici des lignes nouvelles mais il faut se poser. Bellet maintient l’appareil, commence à redresser. Une vingtaine de boches sort d’un boyau en hurlant, armés de pelles heureusement. Instinctivement, Bellet remet le contact, tire sur la manette des gaz, le moteur repart, l’appareil frôle la cîme des sapins déchiquetés, s’enfonce dans la vallée, volant sur l’aile droite et va se poser de l’autre côté, au milieu des trous d’obus. Bellet se dégage, tire son mitrailleur qui ne donne plus aucun signe de vie. Du sang, du sang de partout. L’émotion a été trop forte, il tombe évanoui. Une heure après seulement, le brouillard étant tombé, les fantassins viennent le chercher. Il était tombé dans nos lignes, au Trou-Bricot au Chemin des Dames."

L’adjudant Benoît Bellet est cité, une 4ème fois, à l’ordre de l’armée et se voit attribuer la croix de guerre avec palme : "Pilote hors pair, d’un allant et d’une énergie sans bornes. N’a cessé depuis son entrée à l’Escadrille, de susciter l’émulation de tous ses camarades par ses vols répétés de jour et de nuit exécutés dans des conditions souvent périlleuses. Au cours d’un bombardement à très faible altitude sur les lignes de communication ennemies, son mitrailleur ayant été mis hors de combat et son avion très gravement endommagé, a réussi grâce à son adresse et son courage, à ramener son appareil jusqu’à nos tranchées de première ligne. Trois citations." . (Ordre n° 7521 du 26 mai 1918).

"Rocques seul était rentré au Plessis. Tous les autres avaient atterri d’un côté, de l’autre. Aucune nouvelle de Grebel et de Carron. Deux jours après, on ramenait le corps de Sauvaget à Fermes où on lui rendit les derniers devoirs. Brave Sauvaget, tireur d’élite, presque un enfant encore, doux, cependant d’une grande volonté, d’un grand sang froid."

"L’escadre se déplace (le 3 mai 1918 ) au Fouilloy.Période de guigne. Le début est malheureux, au retour d’un bombardement de la gare de Chauny, trois avions (Bellet, Pascal et Lecomte) vont atterrir à Gisors (et ) Garnier du côté de Paris. Le Capitaine De Lavergne qui commande le G.B. 9 n’est pas content. De plus, plusieurs appareils sont brisés, et la grippe fait des ravages. Mais, entraînés par le bel exemple d’Allégret, avec ténacité on résiste à la fatalité. Les mécaniciens surtout sont au-dessus de tout éloge. Jour et nuit, aidés par l’adjudant Tèdre (et ) le sergent Lebeau, ils travaillent. Le matin, les appareils sont prêts et bientôt la 129 est une des escadrilles qui jette le plus gros poids d’explosifs (Bombardement du terrain, installation sous les tentes...).

"Mais une perte cruelle encore vient frapper l’escadrille. Le sergent Bourreau, toujours bien affaibli, veut partir. Il prend un Américain comme observateur . Au cours d’un bombardement, il disparaît. Aucun renseignement sur lui. Plus tard, on apprend qu’il a été obligé d’atterrir à la suite d’un combat. Blessé, il meurt en captivité. Tout le monde l’aimait et l’admirait. Plusieurs fois, on avait voulu l’envoyer se reposer. Il n’a jamais voulu quitter ses camarades."

"L’escadre de nouveau se déplace. Nous retournons au Plessis. Le boche attaque sur la forêt de Villers-Cotterêts. Alors la brave 129, en quelques jours, voit partir les meilleurs des siens : Allégret grièvement blessé, moins grièvement Delhomeau."

"Comme anciens pilotes, il ne restait plus que Queyrat, Rocques et Bellet. Qu’il était bien triste, le soir, de rentrer à la popote où, chaque jour, de nouvelles places restaient libres. Demain, ce sera mon tour. (Benoît Bellet a été blessé le 26 mai 1918). Plus d’un mécanicien, ne voyant pas rentrer son pilote allait pleurer dans un coin du "Bessonneau". C’est là où l’on pouvait juger les liens d’amitié qui unissaient tout le monde à l’escadrille. Les braves territoriaux pleurèrent surtout le Lieutenant Allégret "le brave petit père" comme ils l’appelaient entre eux. Chaque jour, ils s’approchaient de nous pour nous en demander des nouvelles."

"Istria voulait son boche. Au retour d’un bombardement ( le 2 juin 1918 ), le groupe est attaqué. Istria se détache et attaque un boche au-dessus de nos lignes. Le combat est dur, ils descendent petit à petit. A tout moment, les officiers d’artillerie qui ont suivi le combat du sol croient que le boche va tomber. Istria manœuvre d’une façon magistrale, les mitrailleuses crépitent, mais brusquement, une s’arrête, les rouleaux du mitrailleur Garret sont vides. Istria attaque avec sa mitrailleuse avant, le combat continue, acharné jusqu’à 100 m mais, tout à coup, son appareil s’enflamme et vient s’écraser au sol. Istria avait été blessé mortellement. Quelle belle figure ! C’était un vrai Corse, nerveux, un peu emporté, mais ne pouvant souffrir une injustice, bon et serviable sous ses allures froides. Il dort son dernier sommeil dans un petit jardin d’une ferme, près de Pierre Charvet. Ce jour, il était nommé sous-lieutenant."

La bataille de la Marne :

"Le Lieutenant Pascal prend le commandement de l’escadrille. De nouveaux pilotes arrivent, nous recevons des Américains. On se reforme, puis nous partons à Bar-le-Duc. Terrain très mauvais. Reconnaissance des lignes. Attaque des boches sur la Marne. Dès le matin (du 15 juillet 1918), nous partons. Le temps est affreusement mauvais, les nuages à 300 m. C’est le premier bombardement de beaucoup de jeunes pilotes. Ils tiennent le groupe d’une façon merveilleuse malgré de grosses difficultés. Le bombardement de la passerelle de Dormans, à 200 m, est fait d’une façon précise."

L’adjudant Benoît Bellet est cité à l’ordre de l’escadre : "Le 15 juillet 1918, au cours d’une mission de bombardement à basse altitude, a contribué à abattre un avion ennemi dans ses lignes." (Ordre n° 35 du 31 juillet 1918)

"(Le 22 juillet 1918 ), nous rentrons à Méru. Le soir, nous repartons sur le même objectif, mais le temps s’est élevé, le groupe formé au-dessus des nuages est excellent, les jeunes ont vraiment une belle tenue. Heureusement, car nous sommes attaqués de très près par une forte patrouille boche. Tout le monde se serre. Un seul est touché : Moody, le mitrailleur américain du Lieutenant Rich reçoit une balle dans la cuisse. L’artère fémorale est coupée. Rich atterrit à Villeneuve (les-Sablons ), mais trop tard, Moody qui a perdu tout son sang, meurt quelques instants après. Mais un avion boche a été descendu en flammes."

"Nous passons sur le terrain de Combles (en-Barrois ), pas de "Bessonneau", les appareils sont à la corde le long du bois. L’installation est tout à fait primaire et, malgré cela, tout le monde est plein d’entrain. Les dégâts sont nombreux. Delhomeau, mitrailleur du Lieutenant Pascal, descend un boche mais il avait l’intention de faire coup double et de se descendre lui-même. Il aurait hésité à tirer dans son fuselage pour descendre le boche qui l’attaquait sous la queue. Et, "quoique n’étant pas marseillais, il l’avait descendu".

"(Le 25 juillet 1918, déplacement de Combles à) Gourgançon. Installation sous la tente au bord du petit ruisseau, terrain très mauvais. Le 28 (juillet 1918 ), nous devons bombarder la vallée de l’Ardre. Beaucoup de nuages, le groupe conduit par le Lieutenant Pascal se disloque. Le bombardement n’est pas effectué. Le Capitaine De Lavergne fait effectuer un bombardement dans l’après midi. Trois avions partent et bombardent Rosnay (sur Vesle ?) par un temps très mauvais. Mais, un avion monté par Dolfus et le Lieutenant Landalis les a suivis. Ayant jugé cette surveillance inopportune, la 129 (Bellet) qui avait toujours exécuté les ordres, est mécontente qu’un pilote- observateur eut à guetter l’escadrille. Mais, après une conversation loyale avec le Capitaine De Lavergne, tout s’arrange."

"Méru : L’escadrille bat le record du poids lancé en 24 H et atteint le maximum lancé par escadrille dans l’escadre. Pas de pertes, les groupes sont parfaits et nombreux." 

Ici, se termine le récit de guerre de notre grand-père Benoît Bellet. Sa rédaction a certainement été interrompue par la poursuite des violents combats qui, après la libération de l’Île de France, se sont poursuivis dans le Santerre. Son carnet de vol permet de reconstituer son parcours jusqu’à sa démobilisation le 10 août 1919.

Bataille du Santerre :

L’escadrille Br 129 a certainement rejoint le terrain de Lormaison, le 28 juillet, et le lieutenant Pascal a cédé le commandement de l’escadrille au lieutenant Queyrat. Le carnet de vol de l’adjudant Benoît Bellet indique de nombreux bombardements dans un triangle compris entre Laon, Noyons et Soissons. Des combats aériens ont lieu les 29 juillet, au-dessus d’Anizy-le-Château où Clause est blessé, et le 11 août, au-dessus de Porcquericourt. Son mitrailleur est le sergent Rey.

A la date du 8 août 1918, l’adjudant Benoît Bellet est nommé sous-lieutenant.

L’escadre 12 de la 1ère brigade de bombardement, dont fait partie l’escadrille Br 129, est citée à l’ordre de l’Armée par le général Pétain, commandant en chef des Armées Françaises du Nord et du Nord-Est : "Entraînée par l’exemple magnifique de son Commandant, le chef d’escadron Vuillemin et de ses chefs de groupes, les capitaines Petit, de la Morlais, de Lavergne, constitue par son entrain et son audace une unité d’aviation redoutable. A maintes fois fait sentir à l’ennemi la valeur de son esprit offensif en le mitraillant et le bombardant près du sol. Du 27 mars au 27 mai est intervenue dans la bataille de Picardie, lançant 132 tonnes de projectiles. Du 29 mai au 9 juin, a participé aux opérations entre Aisne et Marne, lançant plus de 191 tonnes de projectiles. S’est distinguée particulièrement le 4 juin en arrêtant dans son germe une attaque allemande, par le bombardement en masse des troupes ennemies rassemblées en vue de l’action dans le ravin de la Savière. Depuis le 15 juillet, a contribué puissamment à rendre très difficile à l’ennemi le passage de la Marne, lui coupant les passerelles par ses bombes; a vigoureusement poursuivi les troupes allemandes dans leur repli, lançant 147 tonnes de projectiles. Au cours de ces diverses opérations a abattu 43 avions ennemis qui cherchaient à lui barrer la route de ses objectifs." (Ordre du 19 septembre 1918 - Journal Officiel du 3 janvier 1919)

Bataille de Champagne-Argonne :

L’escadrille Br 129 se déplace à nouveau de Lormaison à Neufchâteau. Le sous-lieutenant Bellet participe, le 12 septembre, à un bombardement, entre Verdun et Nancy, à St Benoît en Woëvre (carrefour routier important).

Par une note de félicitations, datée du 16 septembre 1918, le général Trenchard, commandant les Forces aériennes anglaises : "… s’est déclaré très impressionné de la correction de ces départs par des conditions atmosphériques particulièrement défavorables et a tenu à manifester immédiatement au commandant de la Brigade son admiration …"

L’escadrille se déplace à nouveau de Neufchâteau à Plivot. Du 26 septembre au 10 octobre 1918, des bombardements et mitraillages journaliers ont lieu : Sommepy, Montoy, Sémide, gare de Contreuve, Machault, gare de St Rémy (mission volontaire de Bellet), Damvillers, Vouziers …

Le général Pershing a vu les bombardiers dans son secteur, le 9 octobre, et décerne ses félicitations au chef d’escadron Vuillemin : "Il (général Pershing) a été favorablement impressionné par la bonne marche des Pelotons et la puissance de combat qu’ils représentent. Le général, commandant le 17 ème corps d’armée, a également signalé l’enthousiasme de ses troupes au passage des Bréguet et R.11. Le travail d’hier (9 octobre) a été considérable : plus de 21 tonnes d’explosifs lancées à basse altitude sur les objectifs fixés, 6 avions ennemis abattus certainement et 3 avions probablement descendus." (Ordre n° 58 du 10 octobre 1918)

Des combats aériens ont lieu le 26 septembre, au-dessus de Sommepy et, le 29 septembre, au-dessus de Montoy. Ce seront les derniers. A l’occasion de ces vols, Benoît Bellet réalise des prises de vues aériennes verticales à chaque sortie, par série de 12 photos.

Après deux semaines de bombardements et de combats, le sous-lieutenant Bellet obtient une permission de 20 jours (du 11 au 29 octobre 1918). Dès son retour, après deux journées de reprise, consacrées à des vols d’essai et d’entraînement, il repart au combat et participe, du 1 er au 6 novembre 1918, à des bombardements et des prises de vues sur Noirval, Le Chesne, Tamay, Besau et Rethel. Les derniers bombardements et prises de vues de Benoît Bellet seront effectués en Belgique, la veille de l’armistice (le 10 novembre 1918), à Mariembourg et Philipville.

Le sous-lieutenant Benoît Bellet sera cité à l’ordre de la division : "Officier-pilote d’une bravoure, d’un sang-froid et d’une énergie légendaire. Par la plus haute conception du devoir, s’est fait une volonté qui a su vaincre tous les obstacles. Sa présence, depuis la formation de l’escadrille, a donné à celle-ci une impulsion qui la fit immédiatement remarquer. Volontaire pour faire des missions périlleuses, de jour et de nuit, a accompli plusieurs raids lointains à l’intérieur des lignes ennemies et plus de 170 bombardements. A pris une part très active dans de nombreux combats, forçant les adversaires à abandonner la lutte et à atterrir désemparés. C’est un auxiliaire les plus précieux du commandement, par son intelligence et son esprit d’à propos" (Ordre n° 18531 du 31 décembre 1918)

 Il aura effectué, de juillet 1917 au 11 novembre 1918 : 315 heures de vol d’entraînement et 202 heures de vol de guerre.

L'après guerre :

Dès le 12 novembre 1918, l’escadrille se déplace du terrain de Plivot pour celui d’Ochey, au S.O. de Nancy. Le 28 novembre, le lieutenant de la Giraudière prend le commandement de l’escadrille BR 129 en remplacement du lieutenant Queyrat. Le 19 mars 1919, l’escadrille rejoint l’aérodrome du Bourget où elle restera jusqu’au 26 juin 1919, date de son départ pour Landau-in-der-Pfalz dans la Ruhr.

De novembre 1918 à juin 1919, notre grand-père restera mobilisé à l’escadrille Br 129, qu’il a connue depuis sa création, en juillet 1917. Il effectuera, outre des vols d’essai et d’entraînement, quelques déplacements, dits de "ravitaillement", sur Luxeuil-les-Bains, Etampes, Buzancy, Valenciennes, Martigny… Il est à signaler un vol non officiel, dit "diplomatique" à Londres, le 18 mars 1919, pour le transport d’un ami anglais désirant connaître son fils qui venait de naître. Ils atterriront à Croydon au Sud de Londres. En remerciement, ce compagnon clandestin offrira à son pilote un coffret en argent qui est toujours dans la famille.

Le dernier vol, noté le 23 juin 1919 sur son carnet de vol, est un vol de groupe, jute avant le départ de l’escadre 12 pour la Ruhr, le 26 juin 1919. Les archives indiquent qu’il a été blessé le 13 juillet 1919. Il sera décoré à l’ordre de l’armée et fait Chevallier de la Légion d’honneur, à la date du 12 juillet 1919, pour ses faits d’armes.

Démobilisé le 10 août 1919, il rejoint enfin sa famille et sa future épouse. Le mariage se déroulera, le 2 août 1919, et "l’Anglais" leur offrira un magnifique service à thé en porcelaine, avec une décoration verte sur fond blanc, toujours en service.

Epilogue :

Le sous-lieutenant Benoît Bellet a repris son métier d’instituteur, dès la rentrée d’octobre 1919, à l’école primaire de Chalamont dans le département de l’Ain. Il aurait aimé poursuivre son aventure de pilote, mais il devait un engagement de 10 ans à l’Education nationale après sa formation à l’école Normale. Le 17 janvier 1923, notre grand-père sera nommé lieutenant par Décret du 17 janvier 1923. En février 1928, il se fait établir une copie certifiée conforme de ses citations, obtenues en temps de guerre, par le Maire de St-André-de-Corcy. Ses 10 ans d’engagement, auprès de l’Education nationale, ayant été honorés, n’avait-il pas envie de retrouver le "manche à balai" ?

 

Remerciements :

- M. Alain le Breüs pour l'envoi des archives de Benoit Bellet, son grand-père.

Bibliographie :

- Les escadrilles de l'aéronautique militaire française - Symbolique et histoire - 1912-1920 - Ouvrage collectif publié par le SHAA de Vincennes en 2003.
- L'aviation française 1914-1940, ses escadrilles, ses insignes - par le Commandant E Moreau-Bérillon - publié à compte d'auteur en 1970.
- The French Air Service War Chronology 1914-1918 par Frank W.Bailey et Christophe Cony publié par les éditions Grub Street en 2001.
- Les Armées françaises dans la Grande Guerre publié à partir de 1922 par le Ministère de la Guerre.
- Les "As" français de la Grande Guerre en deux tomes par Daniel Porret publié par le SHAA en 1983.
- Site Internet "Mémoires des hommes" du Ministère de la Défense - Voir le lien

 

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Gabriel Hebert Jean Amigues

 

 

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