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Ltt Eugène Rousset

Eugène Etienne Rousset est né le 25 mai 1891 au 7, avenue de la gare à Grenoble (Isère). Il est le fils de Marie Jules Henri Rousset, qui exerce la profession de greffier à la justice de paix et de Marie Marthe Cauvin. Ils étaient domiciliés au 2, rue Vaucanson à Grenoble (Isère) en 1911. Avant de répondre à ses obligations militaires, Eugène est étudiant en droit.

Vue de l'avenue de la gare et d'Alsace-Lorraine à Grenoble - Eugène Rousset est né au n° 7 de cette avenue, le 25 mai 1891 - Cliquez sur l'image pour l'agrandir - Carte postale d'époque.

Le comité de l'association des étudiants pour 1912 - A premier rang, assis, de gauche à droite : Mrs Sédaillan (Sciences), Guillot (Droit), Mayoly, président (Médecine), Bernard, vice-Président (Droit), Faure, trésorier (Médecine). Au deuxième rang, debouts, de gauche à droite : Mrs Dodo, secrétaire général (Droit), Tournier (Sciences), Schmutz (Médecone), Rousset (Droit), Simon (Lettres), Roustan, vice-président (Droit), Pellous-Prayer , secrétaire-assesseur (Droit), Ferrand (Droit), Allegret, trésorier (Médecine), Champon (Médecine) - Cliquez sur l'image pour l'agrandir - Photo Eugène Rousset transmise par Pierre Bureau, son petit-fils, que je remercie pour son aide.

Service militaire au 97ème régiment d'infanterie :

Né en 1891, il appartient à la classe 1911 (année de naissance + 20 ans). Etant domicilié dans l'Isère, le moment venu d'effectuer son service militaire, c'est le bureau de Grenoble (Isère) qui a assuré son recensement militaire sous le matricule n° 897. Il est donc appelé sous les drapeaux pour effectuer son service militaire, au titre du 97ème régiment d'infanterie caserné à Chambéry (Savoie), le 1er novembre 1912. Il a rejoint le régiment, auquel il était affecté, après deux sursis d'arrivée, d'abord de 15 jours, prolongé de 8 jours. Il est nommé soldat de 1ère classe, le 17 août 1913 puis sous-lieutenant de réserve.

Le Sol Eugène Rousset du 97ème régiment d'infanterie alpine caserné à Chambéry (Savoie) - Il a été affecté à cette unité du 1er novembre 1912 au 1er août 1914 - Cliquez sur l'image pour l'agrandir - Photo Eugène Rousset transmise par Pierre Bureau, son petit-fils, que je remercie pour son aide.

Le Sol Eugène Rousset, soldat du 97ème régiment d'infanterie du 1er novembre 1912 au 1er août 1914, pose en compagnie de ses camarades du régiment - Eugène Rousset est marqué d'un astérisque - Cliquez sur l'image pour l'agrandir - Photo Eugène Rousset transmise par Pierre Bureau, son petit-fils, que je remercie pour son aide.

Sous-lieutenant au 99ème régiment d'infanterie :

En passant officier de réserve, il est affecté à la 8ème compagnie du 2ème bataillon du 99ème régiment d'infanterie, caserné à Vienne (Isère), le 1er août 1914. Cette compagnie est sous les ordres du Cne Muret, secondé par les Ltt de Travernay et Slts Kléber et Rousset. Le régiment est commandé par le Lcl Martinet. Les 3 bataillons sont respectivement sous les ordres du Cdt Gaulier (1er), Cdt Arbey (2ème) et Cdt Soubeyrand (3ème). Outre ses 58 officiers, le régiment compte 3.234 sous-officiers, hommes de troupe et 213 chevaux. Cette grande unité est rattachée à la 28ème division d'infanterie, sous les ordres du 14ème corps d'armée.

Slt Eugène Rousset du 99ème régiment d'infanterie alpine - Dans ce régiment, il a été affecté à la 8ème compagnie du 2ème bataillon du 1er au 27 août 1914 - Photo Eugène Rousset transmise par Pierre Bureau, son petit-fils, que je remercie pour son aide.

Le 99ème RI est envoyé dans les Vosges :

Le 6 et 7 août 1914, les trois bataillons du régiment quittent Vienne par chemin de fer pour gagner leur zone de concentration, à l'Est d'Epinal. Le 8, les unités établissent des cantonnements à Cheniménil, La Baffe et Mossoux. Très vite, les cantonnements vont changer, dès le 8, le 3ème bataillon part pour Docelles, relever le 11ème bataillon de chasseurs, suivi du 1er bataillon qui envoie son état-major et 3 compagnies sur Bruyères, en protection du quartier général du corps d'armée. Le 11 août, les nouvelles ne sont pas bonnes. Les troupes allemandes ont tenté de déboucher en forces de la trouée de Saales sur le front du 21ème corps d'armée. Les éléments du 14ème bataillon de chasseurs, qui tiennent les cols de Sainte-Marie et du Bonhomme sont au contact avec l'ennemi. A leur droite, c'est le 7ème bataillon de chasseurs qui tient le col de la Schlucht, ainsi que les cols plus au Sud. Le 12 août, le régiment fait étape sur St-Léonard et y cantonne. Le soir, le commandant du régiment annonce que le 99ème RI va se mettre en marche vers Saulcy-sur-Meurthe. Le 13, le 1er bataillon stationne à Lusse, le 2ème et l'état-major à Cobray-Lubine et le 3ème à Lesseux. Le 14, une reconnaissance est envoyée pour déterminer un emplacement pour positionner des canons de 75 sur les hauteurs frontières de la Bouille afin de bombarder le Renclos des Vaches. Le chef de la reconnaissance, le Ltt Fourquet enmène un sous-lieutenant, 2 sergents, 4 caporaux et 50 soldats. La reconnaissance est une réussite et l'emplacement reconnu.

Offensive sur la crête des Vosges :

Le 15 août, la 55ème brigade d'infanterie tient les cols d'Urbeiss, de Raleine et de la Hingrie. La 56ème brigade d'infanterie va la soutenir sur la crête des Vosges. L'opération va se faire en deux colonnes. La première, à droite, est placée sous le commandement direct du général de brigade et la seconde, à gauche, est placée sous les commandement du Lcl Martinet, commandant du 99ème RI, avec 2 bataillons du 99ème RI de Lusse et de Lesseux, une compagnie du Génie et trois batteries montées. Le combat commence à 17h30 avec des échanges de tirs jusqu'à la nuit. Les trois bataillons bivouaquent dans les bois. Le 16, le 1er bataillon attaque les hauteurs Ouest de Saint-Croix-aux-Mines et s'y maintient. Le 3ème bataillon se porte au Renclos des Vaches et le 2ème bataillon à la Croix de Surmély. A 16h30, les Allemands battent en retraite. Le 1er bataillon et l'état-major pénétrent à Sainte-Croix-aux-Mines, à 18h30. Le 3ème bataillon occupe Sainte-Marie-aux-Mines. Le 2ème bataillon reste en place sur les hauteurs de la Croix de Surmély.

Le 17, à 6 heures, le régiment quitte ses cantonnements de Sainte-Marie-aux-Mines et de Sainte-Croix-aux-Mines pour se porter à Cobroy-la-Roche (1er bat), Saulxures (2ème et EM) et le Col d'Urbeiss (3ème). Le 18, petite étape pour gagner Blancherupt. A 22 heures, mise en alerte. Le 1er bataillon part pour Bellefosse, le 2ème sur les hauteurs de Saint-Blaise et le 3ème sur Fouday.

Nombreuses pertes :

Le 19 août, l'ordre de marcher sur Schirmeck par la col de Perreux. Arrivé au champ du Feu, les soldats du 1er bataillon sont pris à partie par de l'infanterie et de l'artillerie adverses. Avec des pertes importantes, ils sont contraints de se replier sur les croupes à l'Est de Fouday et de Rothau. Les deux autres bataillons ne voient pas l'ennemi. Les pertes du 1er bataillon sont sévères avec 2 officiers, 2 sous-officiers, 88 soldats au champ du Feu et 10 sous-officiers et 176 hommes à Waldersbach et le bois de Rothau.

Le 20 août, le 1er bataillon envoie deux reconnaissances dans les bois de Plaine, le 2ème combat dans les bois autour de Fouday. Le régiment a perdu 5 officiers, 8 sous-officiers et 168 soldats. Le lendemain, le général, commandant la 28ème division d'infanterie ordonne de maintenir la troupe sur la Boucherie et Bellefosse et de rester en liaison avec les unités positionnées sur le mont St-Jean.

Mort du commandant du régiment :

Le 22 août, le régiment, moins le 1er bataillon toujours engagé sur Rothau, se déploie à la lisière Nord du bois du Sapinet. Le 99ème RI est engagé par l'infanterie allemande, à une distance de 900 mètres. Le lendemain, le régiment commence une retraite vers Saales par Saint-Blaise et Saulxures. Le 2ème bataillon combat à Plaine. Le 24, le régiment combat dans le brouillard dans les environs de Saulxures. Il est pris entre les tirs allemands et ceux du 256ème régiment d'infanterie français, installé dans des tranchées et trompé par la brume. Le commandant du régiment, le Lcl Martinet et 15 officiers ont été tués ou blessés, auxquels il faut ajouter le chiffre effarant de 40 sous-officiers et 960 hommes.

Le 25 août, après la mort du Lcl Martinet et de nombreux officiers, on réorganise rapidement le régiment. Le Cdt Arbey, commandant du 2ème bataillon, passe commandant du 99ème régiment d'infanterie. A 8 heures, il part avec les 2ème et 3ème bataillons pour Ménil. Le 1er bataillon est engagé sur la route de la Grande Fosse. Après avoir refoulé quelques éléments ennemis, le bataillon prend position sur une crête dominante à 2 km de Launois et arrête l'infanterie ennemie qui cherchait à glisser par les ravins. Pour ce seul jour, le 99ème RI perd 3 officiers et 220 sous-officiers et soldats.

Violente attaque allemande :

Le 26, l'ennemi est en force devant Launois. Le 1er bataillon se replis sur Denipaire où il se heurte à deux compagnies du 62ème bataillon de chasseurs en retraite. Il se porte sur les crêtes de Robache où il subit un feu d'artillerie très meurtrier. Les deux autres bataillons occupaient une position dominante entre St-Jean-D'Ormont et le col de la Culotte. L'ennemi en force, soutenu par une puissante artillerie, contraint les trois bataillons à évacuer leurs position et à se replier en arrière du col de la Culotte. A cet instant, un détachement de renfort pour le 99ème RI, sous les ordres du Slt Pillot, arrive. Il est aussitôt engagé dans les combats. Le col de la Culotte a pu être repris et occupé après une charge à la baïonnette. Bilan de la journée trois officiers blessés et 180 soldats tués ou blessés.

Grièvement blessé par une balle :

Le 27 août, une violente attaque allemande, appuyée par un feu violent d'artillerie, rejette tous les éléments français engagés, les 99ème RI, 75ème RI, 30ème RI et 62ème bataillon de chasseurs, sur Saint-Dié. Une arrière-garde de 100 hommes, sous les ordres du Cne Gay, tient jusqu'à 10 heures entre Robache et Saint-Dié, puis se replie. Le régiment traverse Saint-Dié, passe le pont de la Meurthe sous un feu violent. C'est pendant la traversée de , que la Slt Auguste Rousset est grièvement blessé par une balle de fusil qui le touche au genou de la jambe droite. Vingt-cinq soldats sont mis hors de combat, tués ou blessés. Il est évacué sur un hôpital de campagne avant d'être transféré sur un hôpital de l'intérieur.

Evacué sur un hôpital de l'intérieur :

Remis de ses blessures, il est affecté provisoirement au dépôt des prisonniers de guerre de la 14ème région puis réaffecté au 99ème régiment d'infanterie, où il restera jusqu'au 5 février 1917. Il est décoré de la Croix de Guerre avec citation n° 25 à l'ordre de la brigade, le 29 juin 1916. Il est nommé lieutenant, à titre définitif, le 2 octobre 1916.

* Croix de Guerre avec citation n° 25 à l'ordre de la 55ème brigade du Slt Eugène Rousset du 99ème régiment d'infanterie, du cadre du dépôt de prisonniers de guerre, le 29 juin 1916 : "Officier ayant toujours fait preuve du plus grand courage. A fréquemment conduit des reconnaissances avec décision et sang-froid. Le 28 août 1914, est tombé grièvement blessé en entrainant sa section en avant".

Passage dans l'aéronautique militaire :

Il passe à l'aéronautique militaire comme observateur, le 5 février 1917. Il suit la formation d'observateur au GDE du 5 février au 6 mars 1917. Il est logé, avec tous ses camarades, officiers observateurs au château de Vallière, proprièté du Duc de Gramont. Sur une carte postale qu'il envoie à sa mère, le 9 février, il précise qu'il a fait un vol de seulement 10 mn et qu'il est dans l'apprentissage de la TSF.

Le 7 février 1917, il écrit : "Arrivé hier à midi à la boîte après une interminable après-midi, nous étions près de 100, en démarches et formalités. Un tracteur nous a conduit au château de Vallières à la nuit. Figure toi un immense pays plat, un parc gigantesque rempli d'arbres torturés et au fond, un très beau château de syle néo Louis XIII. Les lieutenants ont des chambres seules. Je suis donc logé seul dans une petite chambre avec un petit lit, une petite chaise et une petite armoire. Jamais même dans les contes de fée, je n'ai eu aussi froid. Il fait bien plus froid qu'à Grenoble, c'est effrayant. Dans la chambre, une fois couché, bien se garder de mettre les cheveux dehors, ils se glacent tout seuls. Nous suivons ici un cours d'un mois sans vol ou presque. on a la prétention de m'apprendre à télégraphier sans fil, à régler un tir d'artillerie, à faire des photos en l'air. Je demeure sceptique!.. Après on irait une semaine près d'Arcachon faire de la mitrailleuse, puis... aux escadrilles !".

Le château de Vallière où étaient logés les officiers élèves observateurs du GDE - Il se situe sur le territoire de la commune de Mortefontaine (Oise) - Il a été construit dans le style néogothique pour le Duc de Gramont en 1894 - Le parc du château a fait l'objet d'un combat d'infanterie entre le 354ème RI, le 29ème bataillon de chasseurs à pied et quatre bataillons de la 3ème division d'infanterie allemande, le 2 septembre 1914 - Il s'agit du point extrême de l'avance allemande en 1914 - Cliquez sur l'image pour l'agrandir - Carte postale d'époque annotée par Eugène Rousset, transmise par Pierre Bureau, son petit-fils, que je remercie pour son aide.

Dans une lettre du 10 février, il précise : "Comme je te l'ai annoncé, j'ai volé l'autre jour sur un biplan à deux places. Ca m'a fait un drôle d'effet en montant, mais après j'étais comme chez moi. Je mords à la TSF, j'y suis déjà bon. Ce matin à la mitrailleuse, j'ai logé 10 balles sur 20 dans la cible (mitrailleuse américaine Lewis). Ca va mieux mais je t'avoue que dans les premiers temps, j'avais le cafard. On est très mal logé, pas chauffé du tout et on travaille de 6 heures du matin à 5 heures du soir. Dans une vingtaine de jours ou plus, avant que j'aille en escadrille, préparez vous à venir me voir à Paris. Nous sommes 120 ici, le vie est un peu dure mais enfin c'est la guerre."

Le 15 février 1917, il écrit : "Hier après-midi, j'ai fait 30 mn de télégraphie sans fil, à bord d'un avion. Je m'en suis bien tiré mais il y a un copain qui est venu au-dessus de moi faire la même opération et il y a eu un cafouillage. Ce matin, je suis allé faire une reconnaissance. Je devais inscrire sur la carte les tranchées d'un patelin. Ca a marché mais j'ai pris un petit bois coupé pour un réseau de fils de fer. A part ça ! On était monté à 3.000 mètres ce matin. C'était extraordinaire de voir la ligne verte de l'horizon. Ca marche très bien maintenant. On travaille beaucoup mais la vie est intéressante."

Exemple de carte postale de correspondance militaire utilisée par le Ltt Eugène Rousset pour donner des nouvelles brêves à sa mère - Elles étaient soumises à la censure - Cliquez sur l'image pour l'agrandir - Photo Eugène Rousset transmise par Pierre Bureau, son petit-fils, que je remercie pour son aide.

Le 16 février, il donne à sa mère ces nouvelles : "Le matin, un officier pilote m'a emmené dans une reconnaissance de deux heures sur biplan. J'au pu me guider par la carte mais je devais prendre des photos avec un énorme appareil et j'ai boussillé les plaques. Je les ai cassées ! A part ça tout va bien.On travaille mais on dort avec enthousiasme".

Dessin réalisé par le Ltt Eugène Rousset pour illustrer son travail d'observateur au sein du GDE en février 1917 - L'observateur est en place avant et le pilote en place arrière - Dessin d'Eugène Rousset transmis par Pierre Bureau, son petit-fils, que je remercie pour son aide.

Autre carte postale de correspondance des armées de la République utilisé par le Ltt Eugène Rousset - Elles étaient également soumises à la censure - Cliquez sur l'image pour l'agrandir - Photo Eugène Rousset transmise par Pierre Bureau, son petit-fils, que je remercie pour son aide. Cliquez sur l'image pour l'agrandir

Le 21 février 1917, il écrit : "Je fais bien attention à ne pas me perdre car à cette vitesse, on est perdu de suite et alors le pilote vous demande la direction. Pour ne pas paraître tourte vous montrez n'importe quelle direction et alors vous vous perdez et c'est ça la tuile. Mes premières impressions sont à la 2ème sortie je faisais de la TSF en l'air. Je mets le nez hors de la carlingue. J'aperçois la barre d'horizon qui de droite était devenue à 45° j'en étais baba. Le pilote faisait un fort virage sur l'aile tout simplement. Car en l'air on n'a ni l'impression de vertige ni notion de l'équilibre. Une fois aussi en reconnaissance pour mieux voir un village je dis au pilote, à 2.500 m, de descendre. Il se met à me faire descendre en spirale, une aile très inclinée engagée dans le même pas de vis de l'aéro descendant en tournant comme sur un pas de vis, j'étais abruti. Une autre fois, j'ai fait un virage presque à la verticale, mais maintenant je ne m'étonne plus. Mais quelle sécurité. Je n'ai vu encore qu'un accident amusant, un pilote novice en roulant sur le sol est rentré dans un fossé, sans mal d'ailleurs. Et voilà, c'est simple, je vais bien. Il pleut beaucoup."

Observateur de l'escadrille PS 125 :

Il est affecté, comme observateur, à l'escadrille PS 125 / V 125 du 6 mars au 1er mai 1917. Cette unité a été créée à partir des éléments de l'escadrille Paul Schmitt 1 sur le terrain d'aviation d'Ochey (Meurthe-et-Moselle), le 20 février 1917. Elle est placée sous les ordres du Ltt Jean Rozier et est équipée de quinze avions Paul Schmitt PS 6 et 7. Elle compte deux officiers et 77 sous-officiers et hommes du rang. La PS 125 est intégrée au GB 5 en compagnie des escadrilles Breguet-Michelin BM 117, BM 118, BM 119, BM 121, BM 120 et Paul Schmitt PS 125.

Avion Paul Schmitt PS 7 de l'escadrille PS 125 en 1917 - Cliquez sur l'image pour l'agrandir - Photo Eugène Rousset transmise par Pierre Bureau, son petit-fils, que je remercie pour son aide.

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Pendant son absence, l'escadrille déménage sur le terrain de Pierrefonds (Oise), le 22 mars 1917, puis sur ceux de Palesne, le 1er avril, Ravenelle / Plessier-sous-St-Just, le 2 avril. En avril 1917, la PS 125 passe sous le commandement du GB 3. Le GB 3 est composé des escadrilles VB 107, VB 108, VB 109, VB 113, PS 125, PS 126, PS 127. Les escadrilles sont réparties dans l'Oise. Au début avril 1917, les escadrilles équipées d'avions Paul Schmitt se regroupent sur le terrain de Ravenel / Le-Plessier-sur-Saint-Just (Oise).

Démontage et chargement sur un plateau d'aviation d'un Paul Schmitt 6 ou 7 accidenté ou en panne - Cliquez sur l'image pour l'agrandir - Photo Eugène Rousset transmise par Pierre Bureau, son petit-fils, que je remercie pour son aide.

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Stage de tir à l'école de tir aérien de Cazaux :

Il est envoyé en stage de tir à l'école de tir aérien de Cazaux du 20 mars au 13 avril 1917.

Séance de tir à la mitrailleuse Hotchkiss de 8 mm à l'école de Cazaux en 1917. Chaque stagiaire passait par différents ateliers, en commencant par des tirs au sol avec armes individuelles, puis par des tirs au sol avec armes collectives, pour finir par des tirs réels sur armes embarquées dans les différents hydravions de l'école. Photo Paul Andrillon transmise par M. Benoit Henriet que je remercie pour son aide.

Affecté à l'escadrille BM 119 :

Le 10 avril 1917, il est affecté à l'escadrille BM 119.

L'insigne de l'escadrille VR 119 était une chauve-souris, l'animal emblématique du bombardement de nuit - L'animal était associé à un croissant de lune, orné de 5 étoiles, un rappel du GB 5 auquel l'escadrille était rattachée, l'ensemble pour rappeler l'activité aérienne nocturne de l'unité - Dessin Albin Denis.

Dans une lettre du 10 avril 1917 : "Je suis passé définitivement à l'escadrille 119 où je suis d'ailleurs très bien. J'ai mon pilote à très bonne réputation (sergent) et est très sympathique. On va commencer tous deux un entrainement intensif."

Il écrit le 22 avril 1917 : "La première lettre était allé s'égarer à mon ancienne escadrille ce qui explique le retard. L'apprentissage de pilote est dangereux. C'est une fois les débuts passés qu'on ne craint plus rien. Il faut que tu m'envoies d'urgence deux paires de draps, on monte coucher au terrain en baraquement et on ne fournit pas les draps. Ces temps-ci, j'ai un peu de vague à l'âme. Je lis trop. La continuelle présence du canon emplit l'espace. C'est très sourd mais continu et c'est l'âme même du paysage que cette rumeur de massacres. A cette heure même, des milliers de gens meurent. Que Dieu puisse tolérer de telles choses !".

Premier bombardement sur un champ de tir :

Nouvelle lettre du 25 avril 1917 : "Dimanche matin j'ai fait mon mremier bombardement (dans nos lignes) je suis parti sur un champ de tir spécialement aménagé et j'ai laché mes 4 bombes (obus) de 115 à 1200 m. J'avais une trouille terrible de flanquer ça sur les villages à côté surtout que la cible n'est pas très visible. Il faut se livrer à un tas de calculs. Pour la première fois, j'ai bien réussi et ai fait un des meilleurs tirs. La cible est un cercle de 200 m de diamètre avec 3 plus petits cercles à l'intérieur. C'est extraordinaire de voir descendre les bombes à travers la lucarne. Elles semblent ne jamais arriver. Puis on voit au sol des éclatements noirs et on a la satisfaction d'avoir tué du monde. Après nous sommes partis faire une reconnaissance d'une heure de demie mais la pluie est venue et ces jours-ci, on ne fait plus rien". Cliquez sur l'image pour l'agrandir

 

 

 

 

 

Je fais pipi à 3.000 mètres sur tous les embusqués :

Lettre du 27 avril 1917 : "Pour moi, j'adore Dieu en toute franchise. Chaque fois que le virage pris au sol l'appareil s'élance dans une tempête de son moteur pour décoller, je fais un signe de croix. J'assure au Bon Dieu que si j'ai péché, c'est pas par méchanceté et je pars la conscience aussi pure que si j'avais deux ans. Et puis en l'air quand un bon coup de pompe nous aspire de 100 mètres ce qui m'est arrivé ce soir, je souris intérieurement parce que je me sens plus près de Dieu que les gens qui le jérémient à l'abri paisible de leurs quatre murs. Cette tirade pour te dire que j'ai fait ce soir un bombardement à 2.500 m et que j'ai transpercé la cible de 400 mètres de long. Mon pilote est très bon, nous commençons nous connaître, nous ferons du bon travail. J'ai plusieurs photos que je tire en plein vol, avec mon pilote. Je vous les enverrai. Reçu un papier du quartier général me demandant des tuyaux sur le caractère de ma blessure. Certificat de visite du docteur du BMS; voir légion d'honneur !! Eh eh !! Tout va bien . J'aime mon métier et je fais pipi à 3.000 mètres sur tous les embusqués'.

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Meilleur bombardement de l'escadrille :

Le 29 avril 1917, dans une lettre très brève, il précise : "Rien de nouveau. J'ai fait le meilleur bombardement de l'escadrille et je devais partir hier en vrai bombardement de nuit. Je jubilais mais le temps l'a pas permis. Rien à part ça".

Affecté 2 semaines à l'escadrille PS 129 :

Le 1er mai 1917, il est affecté à l'escadrille PS 129 jusqu'au 19 mai 1917. Il est rayé des comptes de l'escadrille BM 119, le 5 mai 1917. Après cette date, il est ré-affecté à l'escadrille PS 125 jusqu'au 12 novembre 1917.

Insigne de l'escadrille 129, version du lapin trimardeur, portant un baluchon, sur un cercle rouge - Dessin d'après photo Albin Denis.

Observateur de la PS 125 : :

Comme nous l'avons vu précédemment, il a réintégré la PS 125, le 19 mai 1917. La lettre suivante, en deux parties, contient beaucoup plus d'informations sur ses sensations et son travail au sein de l'escadrille.

La spirale faite à Ravenel :

Il décrit la spirale qu'il a fait avec le Sgt Paul Honnorat, son pilote, le 23 mai 1917 : "On marche en ligne de vol à 1.600 mètres. La campagne sous les ailes semble une carte à une échelle fantastique. Enfoncé sous ma carlingue, je regarde de temps en temps l'horizon barréde brume grise. L'appareil glisse dans l'air, il semble, très lentement. Je regarde le raccord supérieur de l'aile gauche à l'aile droite, il me paraît guère solide. J'ai une seconde la pensée brusque de la chute en pierre. Tout à coup, je sens qu'on s'embarque sur la gauche. Ah! voilà, c'est la spirale ! Je vois le dos de mon pilote suivre le mouvement et moi-même cramponné à deux montants de fer. Je subis l'impression toujours étrange de cet espèce d'enfoncement au pas de vis. D'abord une sensation de décentrement. On sent son corps attiré par une force venant de l'axe mobile de la spirale. Puis l'horizon semble se déplacer et braver le ciel à 45°, je contemple alors l'aile pivotante. Vraiment c'est extraordinaire. Les mâts fuient presque à la verticale et il paraît à chaque seconde que l'avion va tomber l'aile première dans le trou. Il semble et c'était le cas, cette fois que l'inclinaison devienne de plus en plus forte, surtout si on regarde alors l'aile marchante qui se relève d'une façon inquiétante ! Et toujours cette impression de descendre l'aile gauche pivotante passée au bout dans un axe rigide et suivant un pas de vis. Alors des souffles grandissants passent en trombe dans les mâts qui vibrent. L'air s'écrase sur le visage et cramponné, le corps incliné, et bu en quelque sorte par ce maelstrom aérien, on descend on descend à une allure fantastique. L'altimètre en 5 ou 6 tours tombe de 1.600 à 1.400 à 1.200 à 1.000. L'horizon tourne autour de vous vraiment, c'est inoui dans une vie ordinaire, cette aventure là. Hop, la spirale se desserre lentement, l'avion se remet en ligne de vol, d'ailleurs ce jour là, Honnorat le pilote, repique. On sortait d'une spirale à gauche, il la réengage à droite. Ce qui est extraordinaire c'est cette sensation, d'occuper en l'air dans un milieu qui paraît inexistant ces positions extravagantes. On pense être dans un élément inconnu. Eh là , l'altimètre est à 800 m, il ferait bien d'arrêter. il redresse d'ailleurs, Hop on est droit. Pffff ! ça va mieux ! Compliments mon vieux ! On ne craignait d'ailleurs rien étant assez haut ! Ca ne fait rien j'aime mieux que ce soit fin !".

Dans sa lettre du 26 mai 1917, il témoigne : "Nous ne faisons pas encore de bombardement et c'est une vie tranquille coupée assez rarement par des sorties car je n'ai pas encore de pilote. Je. suis allé avec un pilote survoler l'ancienne région occupée par les Boches avant l'avance ou leur recul. J'ai vu les anciennes tranchées. Ce labourage reste stérile, cette floraison de trous qui ressemblent à des plaies lepreuses, ce n'est vraiment pas drôle. Un endroit particulièrement battu n'était qu'un écorchement continu de la pauvre terre si belle ici et si destinée à autre chose. Nous sommes revenus dans un ciel nuageux par l'exrême crépuscule, neuf heures du soir. A l'horizon derrière des barres de nuages sombres s'ouvraient à quelques endroits les blessures rouges du soleil. C'était vraiment une impression dantesque. En atterrissant, nous sommes rentrés dans un poteau qui servait à indiquer un trou et nous avons démoli le bout de l'aile droite. Nous étions encore en l'air quand c'est arrivé mais le pilote a pu ré-attérrir normalement. Je t'envoie un bout de toile de l'appareil et un récit de Spirale".

Baptème du feu :

Lettre du 27 mai 1917 : "A 4h départ pour le premier bombardement de jour
que tu verras au communiqué, durée 3 heures, altitude de route 4.700 m. Le Mont-Blanc ! fantastique ! ça s'est très bien passé, route dure à trouver mais trouvée on était d'ailleurs en groupe quand j'ai passé les lignes nous avons immédiatement entendu rrra ! rrra ! rrra ! et on a vu près de nous des petits globes de fumée jaune, verte, noire et on a vu que ces messieurs nous recevaient mal. A un moment notre avion a été soulevé en l'air comme si quelqu'un le poussait par dessous, le pilote l'a rattrapé. Un obus venait d'éclater comme une tourte sous nos fesses et nous avait envoyé 4 éclats dans les ailes, ci joint un bout de notre toile trouée par l'éclat, le bout fripé. Au but, on a laché des bombes et retour. On recevait des obus admirablement réglé à 4.700 m, nous n'étions plus que deux tout seuls sur l'objectif. A ce moment et comme je guettais le ciel je vois un Boche à 1.000 m en dessous. Je ne le voyais pas quand un rayon de soleil est venu taper dans sa queue en virgule, j'ai saisi ma mitrailleuse mais il a disparu et jugé dangereux d'attaquer. Nous sommes très bien rentrés sans encombre. Mais j'ai fait ouf quand les lignes ont été passées ! D'ailleurs par suite de cette altitude, j'avais un peu mal au coeur. Les bombes en tombant dégagent un acide infect. Je sentais mon déjeuner compromis, mais non, voilà maman, ton fils a reçu le baptême du feu aérien puisque nous avons été touchés. Au retour, nous nous sommes extasiés devant les trous de l'aile. Onétait exhubérants ! Demain on repart, mais je n'ai pas de pilote fixe et je ne partirai pas."

Prière des aviateurs :

La prière des aviateurs qui circulait alors : "Ô Sainte Vierge qui êtes toute puissante dans le ciel, ayez pitié des aviateurs qui sont à terre. Quant à ceux qui sont en l'air, ce sont des poires, qu'ils se débrouillent ! ".

Lettre du 9 juin 1917 : "Ce matin, trois heures de vol sur les lignes. A 8 avions voyage aller et retour plusieurs fois sur un même secteur pour empêcher les Boches de passer. J'étais sur un chemin rendu fameux par les dames et qui a paru dans le communiqué à la dernière offensive. Nous dominions la bataille et les deux côtés nous étaient visibles. Un des villages dans les lignes ennemies flambait, dressant au ciel livide les bras desespérés de ses colonnes de fumée. Parfois sous nous, passaient de petits villages dont toutes les maisons étaient sans toit c'était pareil à des ossements de maisons, à un cimetière de ruines. De temps à autres, des éclatements dans les tranchées nous apprenaient que la mort vivait sous nous. Au dessus de nous des avions boches ont tournoyé mais nous étions groupés, ils n'ont pas osé... Enfin après deux heures de ronde qui nous ont paru interminables de retour heureux. Dans un mois ou deux je demanderai Aix car ma jambe durant ces heures de travail pénible à 4.000 mètres me fatigue parfois"

Commandant de l'escadrille PS 125, par intérim :

Le 21 juin 1917, le Ltt Rozier quittant l'escadrille pour le 108ème régiment d'artillerie, le Ltt Eugène Rousset est nommé commandant, par intérim, de l'escadrille PS 125. Il sera remplacé par le Ltt Lionel Glandaz, le 30 juin 1917. Cet officier sera nommé capitaine, le 12 juillet 1917.

Note émise par le Ltt Eugène Rousset lors de sa nomination de commandant, par intérim, de l'escadrille PS 125, le 21 juin 1917 - Il remplace le Ltt Jean Rozier, affecté au 108ème régiment d'artillerie, le 16 juin 1917 - Cliquez sur l'image pour l'agrandir - Document Eugène Rousset transmis par Pierre Bureau, son petit-fils, que je remercie pour son aide.

Nouvelle lettre du 13 juin 1917 : "Rien de nouveau, je suis actuellement chef d'escadrille, Rozier se marie.Très sérieusement, j'aurais besoin de me marier le plus tôt possible, même pendant la guerre, avec une gentille et assez jolie petite fille. Il faudrait voir, je n'ai absolument rien en vue, mais réellement, ça me manque et j'en ai assez d'être sage ou réduit à une marraine avec laquelle d'ailleurs la correspondance diminue à vue d'oeil. J'ai enfin mon pilote à moi, mon appareil à moi et mon fanion peint sur le fuselage. Mon pilote est un sous-officier charmant garçon et bien élevé".

Lettre du 15 juin 1917 : "Un nouveau capitaine organise, je suis chargé d'un tas de choses, instruction des observateurs de tout le groupe, popote des officiers. Suis toujours chef d'escadrille et me porte très bien, sauf qu'hier à la suite d'une partie de Zanzibar de mon escadrille j'ai absoré trop de Portos et que j'ai été bien malade cette nuit. Je suis encore vaseux".

Lettre du 22 juin 1917 : "Tu as dû recevoir deux cartes d'Amiens où je suis allé faire le marché pour l'ordinaire de mes hommes, tu aurais ri de me voir discuter avec les marchandes qui apportent les légumes dans des bateaux et obtenir des prix épatants. Dix sous les 24 pièces de salade non montées et superbes. J'ai acheté des camenberts à 17 sous.25kilogr de maquereaux etc. Au surplus, une ville superbe bourrée de maqnifiques anglais d'une cathédrale épatante et de jolies petites femmes."

Le Ltt Rozier radié de l'aéronautique militaire :

"Il y a comme une révolution à notre groupe. Le capitaine dont je t'avais parlé, un sale personnage a si bien difamé et calomnié Rozier et un autre chef d'escadrille que tous les deux viennent aujourd'hui d'être radiés de l'aviation. Rozier est en permission et va être navré et indigné. Pour ma part cette conduite est ignoble. C'est de la dénonciation calomnieuse. On ne les a pas appelés à se justifier, on les a vidés. C'est nos moeurs dans l'armée. C'est ignoble. Moi j'attends, toujours chef d'escadrille qui va remplacer Rozier ? Quand j'aurai bombardé un peu plus je m'en irai car ça me dégoûte."

Arrivée du Ltt Lionel Glandaz et deux sous-officiers radiés :

Dans une lettre du 26 juin 1917, il précise : "Comme je te l'ai dit Rozier est radié et un nouveau chef d'escadrille m'est arrivé ce matin. L'Adj Marc Dupuy (pilote) et le MdL Georges Archinard (observateur), tous deux très très bons viennent d'être saqués sans qu'on sache pourquoi ni comment. On leur impute à tort et sans pouvoir le prouver un bombardement raté (bombes tombées sur nos lignes). On les renvoie dans la ligne sans leur donner les moyens de se justifier et sans les interrogner. C'est infâme. Ce matin, deux députés commissaires sont venus. Je leur ai demandé une audience et j'ai protesté pour mes hommes. Ils m'ont écouté et agiront de leur côté. J'écris à Rivet pour qu'il défende l'honneur de ces deux types. La pagaye continue."

* PS : Les deux personnels navigants radiés étaient :

L'Adj Marc Charles Henry Dupuy, né le 27 mars 1896 à Paris - Classe 1914 engagement) / 1916 (normale) - Affecté au 6ème Dragons - Passé à l'aéronautique militaire en novembre 1914 - Brevet de pilote militaire n° 1013 obtenu à l'école militaire d'aviation de Pau, le 31 mai 1915 - Pilote de l'escadrille VB 103 / N 103 - Pilote de la PS 125 - A été radié de personnel navigant, le 23 juin 1917 - A été affecté au 4ème régiment de cuirassiers - Réintégré dans le personnel navigant, le 18 septembre 1917 - Pilote de l'escadrille SOP 5 - Pilote de l'escadrille BR 131.

Le MdL Georges Archinard - Classe 1909 - Mitrailleur bombardier de l'escadrille PS 125 - A été radié de personnel navigant, le 23 juin 1917 - A été affecté au 3ème régiment de Hussards - Passé dans l'artillerie, le 4 décembre 1917 - Nommé élève aspirant, envoyé à l'école militaire de l'artillerie à Fontainebleau et affecté au 32ème régiment d'artilerie, le 4 décembre 1917.

Panne moteur au décollage :

Lettre du 4 juillet 1917 : "Je suis en effet chef de la popote et c'est une fonction qui, si elle m'occupe, me donnera des occasions de balade. Hier soir vol de nuit. Le moteur nous plante au départ. Horrible sensation de l'appareil en perte de vitesse constante à 100 m. Nous rentrons au camp, éclairé par les phares en rasant un Bessonneau où tout le monde nous a cru foutus. J'ai pas eu la moindre trouille mais je rigolais intérieurement à penser à la buche. Rien de tout cela. Un assistant nous a avoué que nous leur avions "foutu les foies !" . Tu vois que les dangers de l'aviation sont exagérés. Je n'étais pas tenu de monter avec mon pilote. C'était son premier vol de nuit. Je l'avais fait pour donner l'exemple. Je pilote maintenant en double commande et je ne m'émotionne pas. Je deviens de plus en plus calé comme observateur, ça va".

Escadrille de bombardement de nuit :

Le 12 juillet 1917, il écrit : "Nous faisons du vol de nuit de plus en plus car nous sommes passés escadrille de nuit complètement".

Mission avec le Ltt Orcel :

Le 16 juillet, nouvelle lettre à sa mère : "J'ai fait le 11 une reconnaissance de nuit, une brume épaisse à 1.000 m, je ne voyais rien ou presque, nous avons même perdu les feux du terrain. Je la trouvais saumâtre mais tout a bien fini. Je les ai retrouvés et nous sommes rentrés. Vendredi 13, nous avons à 3 escadrilles bombardé une gare chez les Boches. Etant escadrille de nuit, je ne savais pas y aller mais Orcel un de mes camarades, officier pilote, m'ayant demandé d'y aller avec lui comme un service personnel. J'y suis allé après autorisation du capitaine Adrian. Nous sommes partis à 4h50 du matin, temps un peu brumeux mais superbe. Dès les lignes passées, crapouillage, j'étais avec Orcel à 3.800 m, nous étions les plus bas. Nous avons été bien encadrés à un moment et nous avons entendu -raaa - rraaa ! rudement près, mais pas d'émotions, on voyait s'arrondir dans tous les coins du ciel de petits nuages noirs qui ne semblaient pas méchants du tout. En vue de la gare, je dirige Orcel sur le but et lance 10 bombes (obus) de 120 sur la figure des gens de dessous. Sitôt fait, je crie à Orcel "Allez vieux, grouille toi et pique à l'Ouest". Ca n'a pas traîné, on a foutu le camp à toute allure et on est rentré au camp à 7 heures. L'air était très calme. J'ai piloté un peu mais je faisais tellement de montagnes russes qu'Orcel a énergiquement protesté alors il a repris le manche et on est revenus en chantant comme des bienheureux. J'ai demandé et lui aussi à faire équipage ensemble. Il a un cran raisonné, il est très adroit et excessivement prudent. On va nous l'accorder. C'est un phénomène dans mon genre aussi en l'air, quand le travail est fini, on s'embrasse et on s'insulte vigoureusement. Une balle de schrapnell était venue ricocher sur le phare supérieur où elle avait laissé son petit trou. J'ai reçu mon insigne qui est le même que celui d'élève pilote mais avec l'aile dorée. Appris au GBV, la mort d'un chic camarade de 20 ans d'Estaintôt avec qui je suis souvent monté".

* Cne Marius Louis Orcel - Né le 20 septembre 1887 à Lyon (Rhône) - Fils de Joseph Orcel et de Marie Louise Girondon - Classe 1907 - Recrutement du bureau de Lyon Sud sous le matricule n° 757 - Passé à l'aéronautique militaire comme élève pilote, le 10 décembre 1915 - Brevet de pilote militaire n° 3391 obtenu à l'école militaire d'aviation de Chartres, le 12 mai 1916 - Pilote de la PS 128 du 23 juin au 17 juillet 1917 - En subsistance à l'escadrille PS 128 du 23 juillet au 28 août 1917 - Pilote de la PS 125 / V 125 du 11 septembre 1917 au 24 février 1918 - Nommé Capitaine à titre définitif, le 12 septembre 1917 - Nommé Officier adjoint du GB 7, le 24 février 1918 - Démobilisé, le 9 juillet 1919.

Retour de mission perdu dans la nuit :

Le 20 août 1917, il écrit une longue lettre pour raconter ses exploits à sa mère : "Tu as un fils qui est devenu célèbre ! Voui ! Lis plutôt des extraits que tu coonserveras pieusement. Vendredi 17, nous sommes partis, le seul équipage Schmitt, par nuit noire, bombarder Cambrai. Nous sommes restés une heure sur l'objectif bombardant par trois fois et tirant des coups de mitrailleuses sur les terrains d'aviation. J'ai vu mes bombes éclater en plein dans les lumières. Ce fut très digne. Retour vers minuit aux lignes qui n'arrivaient plus car nous avions un fort vent debout. Quelques émotions ! Mon pilote se plaint heureusement à tort d'avoir un commande coincée. Bien canardés à coups de
canon sur les lignes. On arrive vers deux heures du matin à un pays que je reconnais à 35 km des feux à peu près. je pense piquer à la boussole et revoir les feux bientôt. Plus de feux ou plutôt trop de feux. Je galope de feux et feux sans trouver les nôtres. Vlan ! nous sommes perdus et tournons de feux en feux. Bientôt je sens que nous avons dépassé les nôtres, l'essence s'épuise, tous les feux que nous voyons et sur qui nous allons, pour qu'on nous éclaire l'atterrissage, s'éteignent à notre approche. Charmant ! Nous décidons d'atterrir autour d'un projecteur lequel nous aveugle jusqu'au sol. Nous nous posons comme une fleur. Un kilomètre dans la nuit et les betteraves. Nous étions à Mitry 30km de Paris à 60 km de notre terrain ! Fameux ! Nous étions tombés sur un poste de défense aérienne qui allait nous tirer dessus si nous n'avions pas fait de signaux. A peine au sol nous entendons dans le lointain des ronrons. Tout le Bourget sortait à la rencontre des Boches supposés. Nous ! Paris s'éteignait, l'alerte retentissait partout... Nous avions fait tout ce travail à nous deux. Le journal raconte un horrible blague en disant que nous étions cernés. Comment peut-on l'être la nuit à 3 h du matin. Il y a longtemps que nous étions au sol quand ils sont sortis. Nous avons fait les signaux, mais ils se sont affolés ! Tout s'est bien passé. On nous a fêté quand on a su d'où nous venions. On nous a hébergé le lendemain et le samedi à 6 heures du soir nous avons rejoint le camp où tout le monde était aux cents coups. Tu vois que je suis célèbre. J'ai dû payer une tournée monstre pour avoir réveillé 5.000.000 de types".

Bombardement de la gare de Guise :

Une nouvelle lettre très détaillée, le 9 septembre 1917 : "Voici parmi mes quatre bombardements, celui de Guise que je détaille pour servir à mon édification future. Départ à 22h30 nuit du 4 au 5, Glandaz, chef d'escadrille part le premier, comme il fait pas mal de brume et que le chef de la BR 113 est revnu parce qu'on n'y voyait pas. Glandaz annonce qu'il va faire un tour. S'il lance une fusée, c'est le départ. D'ailleurs avant de décoller, il précise que par cette brume, chaque équipage pourra s'il n'y voit pas, faire demi-tour. Je dois partir après lui. Nous sommes, Fouquet et moi dans l'appareil près des hangars. Le moteur a été essayé. J'ai vérifié ma mitrrailleuse. J'emporte un rouleau de 120 et deux de 97 cartouches, 100 tracts (Francurter Zeitung) à lancer, 10 obus de 120 et deux de 155. On étouffe dans la combinaison. Malgré moi, appuyé à mon siège, je somnole. Tout à coup, Langerotte le sergent mécanicien crie : "Tu peux partir. Le capitaine a lancé sa fusée !". Fouquet se retourne : "Prêt ? oui". On part du fond du terrain, l'avion roule durement sur le terrain inégal, se met face au vent, la course accrue sans cesse, devient plus douce, on a décollé. J'attends qu'on soit à 100 m, je me détache et m'accoude au balcon. Oui il y a pas mal de brume, je téléphone au pilote "On va toujours essayer". Tour de piste, on prend la route de Noyon et c'est le voyage monotone en suivant la route rectiligne. A l'horizonr des bancs de nuages blanchâtres. Pour le moment, on ne voit qu'à la verticale, mais on voit. A Noyon un projecteur nous demande le mot. Je tire ma boîte à petis pois (immense fusée de 50 cm de long sur 30 de large renfermée dans une boîte de fer blanc). Je tire le rugueux et je lance. Elle dégringole des secondes longues sans éclater puis tout à coup un éblouissement, un bouquet de feu d'artifice. Nous sommes illuminés. C'est rouge couleur du jour. Sur la Fère, aux lignes, les fusées de tranchée éclatent, très rares. On tourne à gauche. On ira à Guise. On devait aller à Marle mais la vallée de la Serre semble trop brumeuse. Avant d'arriver à Mont-d'Origny, Fouquet se tient trop à gauche du canal. Il s'y obstine, je l'enguele vivement au telephone. Les lignes ont été passées sans qu'on les voit bien par cette nuit floue. A Mont-d'Origny, on prend la route à droite de Guise. Les deux projecteurs Boches de Fougueuse me cherchent. Mon Dieu, quels idiots ! Je suis à 1.300 mètres, je vois le sol admirablement et leur gros oeil borne et son rayon inquiet me cherche vainement. Ils s'obstinent loin de moi, se rapprochent. Je crois qu'ils me tiennent, non ils repartent et fouillent, patients. Je tire le bouton d'armement. Je vise le projecteur de gauche et je me mets à lui tirer dessus avec une joie intense. Tac.tac, tac... Une centaine de cartouches et je ris tout seul en voyant soudain le projecteur basculer, s'immobiliser à la verticale et rester là immobile son rayon dardé droit dans l'infini. Les types ont eu la frousse en entendant siffler les balles, ils ont décampé en laissant là l'appareil. Nous continuons sur Guise en voyant toujours, derrière nous le jet de lumière immobile. Voilà Guise, tout est éteint, mais on le reconnaît et à gauche, ses voies ferrées élargies en pause. On dépasse la ville de quelques kilomètres, comme si on allait ailleurs, et on revient. Je guide Fouquet pour qu'il se dirige bien sur la gare et les voies, je ne me soucie pas de tuer des français. Là, un peu à droite, un peu à gauche, tout droit maintenant. Et je lance mes bombes toutes les douzes, puis je regarde à mon balcon. Un long silence dans la nuit pale, des siècles, des secondes ! Tout à coup une lueur jaune, une sourde détonnation, bien la première éclate au bord des voies et de la gare, seconde lueur formidable et éclatement qui fait trembler l'air. C'est le 155, toutes les bombes éclatent dans le milieu du but. C'est très bien. Je le dis à Fouquet et on part, je me retourne, une lueur rouge d'incendie, tremble et vivote, Fouquet vire pour la voir. Elle vacille et s'éteint. Qu'était-ce ? Peut-être des munitions ! Bon voilà que Fouquet s'engage sur la route de Marle. Je le lui dis, il secoue la tête et me montre sa boussole. Cet animal n'avait pas attendu qu'elle ait tourné sur elle-même. Je lui parle un peu sec et je lui indique le canal. C'est presque un ordre. Il y va sans bien y croire. Tout d'un coup devant nous au sol, une lueur formidable. Qu'est-ce que c'est ? C'est vers Mont-d'Origny. On va voir. Nous arrivons dessus. C'est un incendie formidable, immense. Un carré de batiments noirs flambent comme un feu de paille. Ce doit être du fourrage. Qui a allumé ça. Pas nous puisqu'à l'aller il n'y avait rien. Ce doit être un camarade. En tous cas, c'est beau. La flamme ondoie et deux colonnes de fumée s'élèvent rigides comme deux bras. Il doit y avoir du monde occupé à sauver le matériel. Allons y de quelques cartouches. Je tire encore 100 cartouches sur l'incendie. Les projecteurs s'affolent et cherchent. En vain, nous fuyons après que j'ai eu lancé mes tracts qui s'envolent dans la nuit comme une nuée de mouettes. On continue sur le canal que je montre à Fouquet enfin persuadé. On tourne la Fère. On rentre dans nos lignes. Vers Charny, on nous redemande la fusée. puis les feux du terrain, palpitent dans le lointain. Allons, vite à l'écurie, derrière nous le feu de Mont-d'Origny pâlit dans la brume. On arrive au terrain, nous donnons notre indicatif. Atterrissage. J'irai à Aix à la fin du mois, vers le 4 ou le 5. Je voudrais avoir mes 15 bombardements dès maintenant je pourrais avoir une citation avec un clou. J'attends pour avoir la palme qui est mieux. Fouquet est mon pilote définitif. Voilà".

Querelle avec son commandant d'escadrille :

Le 5 octobre 1917, il écrit : "Le temps très mauvais depuis le 2 octobre ne nous permet plus de rien faire. J'attends des nouvelles pour Aix et je filerai. Ce soir, à la popote, mes comptes de trois mois rendus, j'ai eu une querelle assez violente avec Glandaz, mon capitaine chef d'escadrille. Commencée sur un ton badin, la conversation est vite devenue acerbe tellement qu'au milieu du silencegénéral, je lui ai dit quelques dures vérités. "Si cela ne vous convient pas", m'a-t-il dit, "ne mangez pas à la popote". Ce n'est pas vous qui m'en ferez sortir. J'ai deux galons ici qui me donnent le droit de parler. Taisez-vous. Je me tairai quand le capitaine Adrian (chef de table) me fera remarquer que je parle à un capitaine et non à un camarade ! C'était très chic, je sentais le silence favorable et j'avais une éloquence de répartie qui ne laisse pas de place à l'esprit d'escalier. Glandaz a appris que je ne me laisse pas faire. Je vais me tenir avec lui sur le pied du service et je verrai venir. En tout cas, ma citation est en route et quand elle arrivera nous verrons. Voilà, tu vois que l'armée est toujours la même. Sous prétexte qu'un type a un galon de plus que vous il peut essayer de vous vexer. Je lui ai montré qu'il était mal tombé. D'ailleurs, Adrian, chef du groupe, m'a implicitement donné raison."

Ils se réconcilient :

Le 13 octobre, il précise : "Un mot pour te rassurer au sujet de l'incident avec mon chef d'escadrille. Nous avions toujours été très bien. Je marquais avec soin les distances car ce n'est pas un camarade quoiqu'il aie mon âge et sorte comme moi des E.O.R. Mais fils d'un gros banquier parisien, il est d'une suffisance et d'une hauteur que rien n'égale. Toutefois très intelligent très instruit, il avait été très chic avec moi en me montrant une particulière estime. La dispute est venue à table de mots en mots et sans préméditation. Je lui ai rivé son clou avec une sobre éloquance. Depuis nous nous sommes rabibochés. Il a fait un pas vers moi en me disant qu'il m'estimait beaucoup pour mon cran et je lui ai présenté alors puisqu'il m'avait tendu la main, non des excuses mais des regrets. Depuis nos rapports sont cordiaux sans plus. C'est lui qui m'a cité très chicment et s'il ne pouvait faire autrement il est cependant vrai qu'il l'a fait avec grâce. Donc estime réciproque, aucune familiarité. Il ne m'ennuie jamais pour le service, c'est très bien, d'ailleurs n'ayant rien à perdre je suis très à l'aise et quand je le voudrai, je partirai. Aix va se décider cette semaine dans 10 jours je serai là-bas. J'aurai ma palme dans 25 jours, C'est sûr. Tout va bien."

Cliquez sur l'image pour l'agrandir Citation à l'ordre de la division :

Il est récompensé par une citation à l'ordre de la division, en date du 18 octobre 1917.

* Citation n° 194 à l'ordre de la 67ème division du Ltt Eugène Rousset, observateur à l'escadrille PS 125, en date du 18 octobre 1917 : "Bien que grièvement blessé dans l'infanterie, a tenu malgré son inaptitude, à reprendre du service au front dans une arme combattante. Effectuant des bombardements à basse altitude pour augmenter l'efficacité de son tir , donne à tous les plus bel exemple de courage. S'est particulièrement distingué le 4 septembre en allumant un incendie dans l'objectif qui lui avait été assigné et les 21 et 30 septembre en exécutant plusieurs bombardements dans le même nuit, malgré des conditions atmosphériques difficiles".

Hospitalisé à Aix-les-Bains :

Souffrant de séquelles de sa blessure du 27 août 1914, il est envoyé en traitement à l'hôpital-dépôt des convalescents à Aix-les-Bains (Savoie) du 31 octobre 1917 au 22 janvier 1918. Guéri, il est ré-affecté à la même unité. Il restera observateur de l'escadrille PS 125 / V 125 du 22 janvier au 4 mai 1918.

L'escadrille PS 125 passe sur Voisin LAS, complétement dépassé, le 24 janvier 1918 - Heureusement, très vite, elle reçoit des Voisin 8 et 10 destiné exclusivement au bombardement de nuit - En effet, ces avions n'étaient pas de taille à affronter les avions de chasse allemands - Cliquez sur l'image pour l'agrandir - Photo Eugène Rousset transmise par Pierre Bureau, son petit-fils, que je remercie pour son aide.

Entièrement équipée d'avions Voisin :

Le 22 janvier 1918, il écrit : "Mes chers parents, je suis arrivé à l'escadrille à l'heure prévue sans incidents autres que mon départ dimanche à 8h35 et non à 7h34 ma place étant retenue dans le premier. A mon arrivée trouvé le tout dans un cafouillage extraordinaire. Vous ai dit que nous repassions sur Voisin les 4/4 des pilotes s'insurgent et ne veulent pas monter ce zinc. D'où désaccord grave avec le chef d'escadrille qui n'est pas bien avec le commandant nouveau qui n'est pas bien  au GQG etc... Mic mac général .Assez difficile de me faire réintégrer ici. Mon chef fait tout pour me garder et réussira mais assez difficile. Réinstallé dans ma cagna avec joie malgré tout. Temps exécrable. Kowa, abrutie par le voyage, a cependant reconnu le camp. Pris le thé ce soir chez les Anglais qui ont pris tout notre secteur. Bruits de départ prochain. Voilà vanné, vous embrasse Kowa aussi. Vais me coucher Eugéne".

Le 24 janvier 1918, l'escadrille PS 125 est entièrement équipée d'avions Voisin LAS qui sont obsolètes à l'époque et prend l'appelation de V 125. Très vite, elle est dotée d'avions Voisin 8 et 10, quand même plus adaptés à la mission de bombardement de nuit. Elle occupait le terrain d'aviation de Champien depuis le 23 juillet 1917. Le 15 février 1918, elle s'installe sur le terrain de la ferme de Grèves, près de Château-Thierry dans l'Aisne. Il est envoyé en mission, dont la nature n'est pas précisée, du 15 février au 4 mai 1918. Déclaré en position d'absence depuis le 14 février 1918 et rayé des effectifs de l'escadrille V 125, le 4 mai 1918. Je n'ai pas retrouvé l'affection suivante jusqu'à la fin de la Grande Guerre.

Le tête de Pierrot telle qu'elle était peinte sur le fuselage des Voisin de l'escadrille V 125 - Elle a été adoptée pour rappeler la mission nocturne de l'unité - La couleur de la colerette variait selon les équipages - Dessin Albin Denis.

Son mariage et la fin de la guerre :

Il se marie avec Mlle Juliette Clémentine Frantier à St-Gaudens (Haute-Garonne), le 29 juillet 1918. Il est déclaré inapte définitivement et proposé à une pension définitive de 65 % pour ankylose osseuse du genou droit par la commission de réforme de Besançon (Doubs), le 23 août 1919. Il est démobilisé suite à cette décision, le même jour.

Le Ltt Eugène Rousset, en tenue avec sa Croix de Guerre, pose en compagnie de ses camarades - Bientôt, il sera démobilisé, le 23 août 1919 - Cliquez sur l'image pour l'agrandir - Photo Eugène Rousset transmise par Pierre Bureau, son petit-fils, que je remercie pour son aide.

Rayé des cadres de réserve :

Il est rayé des cadres de réserve et placé dans la position d'officier honoraire, le 3 mai 1921. Il est finalement proposé pour une pension permanente de 65 % pour ankylose complète du genou droit par la 2ème commission de réforme de la Seine, le 26 juin 1923.

Affecté à l'inspection des services judiciaires à Beyrouth :

Au Liban, où il est arrivé en 1921, comme directeur de la justice. Il était en charge des services judiciaires de Syrie et du Liban, en doublure des ministres respectifs à ce poste dans les gouvernements libanais et syriens, mis en place par les français dans le cadre du protectorat au Levant..

Il est affecté à l'inspection des services judiciaires à Beyrouth (Liban) en 1930. Cette institution est née suite à un décret du 28 février 1910. Elle a été suspendue au cours de la Grande Guerre. Le garde des Sceaux, M. Léon Bérard a remis en application ce décret. Les conseillers à la Cour de Cassation sont chargés de se rendre, inopinément dans les cours d'appel. Ils inspectent les juridictions de tous les dégrés, assisteront aux audiences, visiteront les parquets, les greffes, les services annexes. Ils étendent leur mission à tout ce qui concerne l'administration de la justice civile et criminelle.

Eugène Rousset alors qu'il était affecté à l'inspection des services judiciaires à Beyrouth (Liban) - Cliquez sur l'image pour l'agrandir - Photo Eugène Rousset transmise par Pierre Bureau, son petit-fils, que je remercie pour son aide.

Eugène Rousset est fait grand-officier de la Légion d'Honneur par Georges Pompidou, président de la République, dans la cour des Invalides en 1971 - Il avait 80 ans - La Colonelle Valérie André a été faite Officier de la Légion d'Honneur, le même jour - Promue au grade en 1970, elle était alors médecin-chef de la base aérienne 107 de Villacoublay - Photo Eugène Rousset transmise par Pierre Bureau, son petit-fils, que je remercie pour son aide.

Eugène Rousset est décédé à Muret (Haute-Garonne), le 17 décembre 1982.

Sources :

Registre d'état-civil (acte n° 562) de la ville de Grenoble (Isère) - Pam - Fiche matricule conservée aux archives départementales de l'Isère - CCC de l'escadrille PS 125 / V 125 - CCC de l'escadrille BM 119 - CCC de l'escadrille PS 129 - Journal "L'Express du Midi".

Dernière mise à jour :

Le 17 mars 2025.

 

Remerciements à :

- M Pierre Bureau pour la communication des archives d'Eugène Rousset, son arrière-grand-père.

Bibliographie :

- "Les escadrilles de l'aéronautique militaire française - Symbolique et histoire - 1912-1920"
- Ouvrage collectif publié par le SHAA de Vincennes en 2003.
- "The French Air Service War Chronology 1914-1918" par Frank W.Bailey et Christophe Cony publié par les éditions Grub Street en 2001.
- Le Journal Officiel de la République Française (JORF) mis en ligne sur le site "Gallica" de la Grande Bibliothèque de France.
- Carnets de Comptabilité en Campagne des escadrilles mis en ligne par le Site "Mémoire des Hommes."
- "Les "As" français de la Grande Guerre" en deux tomes par Daniel Porret publié par le SHAA en 1983.
- "Les Armées françaises dans la Grande Guerre" publié à partir de 1922 par le Ministère de la Guerre.
- Carnets de campagne écrits par Louis Dauphin - Carnet n° 1 pour la France, Carnet n° 2 pour la Russie.
- Site Internet "Mémoires des Hommes" du Ministère de la Défense - Voir le lien
- Site Internet " Pages 14-18 " de Joël Huret.

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Etienne Cournault Grands combattants

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