Ltt Maurice Barbey
Ltt Maurice Christian Georges Barbey - Né le 25 janvier 1895 à Nancy (Meurthe-et-Moselle) - Fils d'Adrien Irénée Charles Barbey et d'Elisabeth Christine Collenot domiciliés au 5, rue Ste Catherine à Nancy - Elève en classe de philosophie au collège Champittet, près de Lausanne (Suisse) du 1er octobre 1912 à juillet 1913 - Classe 1915 - Recrutement de Toul sous le matricule n° 838 - Engagé volontaire comme conducteur au 44ème régiment d'artillerie, le 5 août 1914 - Nommé au grade de Brigadier, le 1er septembre 1914 - Affecté au 33ème régiment d'artillerie, le 28 avril 1915 - Nommé Maréchal des Logis, le 21 octobre 1915 - Citation n° 397 à l'ordre du 1er CAC, en date du 26 octobre 1915 - Nommé Sous-lieutenant à titre temporaire, le 3 mai 1916 - Citation n° 116 à l'ordre de la division, en date du 31 juillet 1916 - Croix de Guerre 14-18 pour une citation à l'ordre du 1er Corps d'armée colonial, le 1er novembre 1916 - Passé à l'aéronautique militaire comme élève pilote, le 17 novembre 1916 - Brevet de pilote militaire n° 5596 obtenu à l'école d'aviation militaire de Chartres, le 11 mars 1917 - Insigne de pilote militaire n° B 4196 - Stage de transformation à l'école d'aviation militaire d'Istres-Miramas du 14 mars au 4 avril 1917 - Stage de perfectionnement à l'école d'aviation militaire de Châteauroux du 4 au 15 avril 1917 - Pilote du GDE (Groupement des divisions d'entraînement) du Plessis-Belleville du 14 au 28 avril 1917 - Pilote de l'escadrille F 60 du 1er mai au 8 juin 1917 - Le Farman F 60, qu'il pilote, est touché par la DCA allemande pendant une mission, le 1er mai 1917 - Il réussit à le ramener sur le terrain de la ferme d'Alger mais l'atterrissage se termine mal et l'avion est détruit - Les deux membres d'équipage sont indemnes - Pilote de la Division Nieuport du GDE du 8 juin au 2 juillet 1917 - Pilote de l'escadrille N 23 / SPA 23 du 2 juillet 1917 au 20 août 1918 - Une blessure par balle au deltoïde gauche en combat aérien, le 20 janvier 1918 - Citation n° 1088 à l'ordre de la 2ème armée, en date du 6 février 1918 - Nommé au grade de Lieutenant à titre temporaire, le 3 mai 1918 - Citation à l'ordre du 17ème corps d'armée, en date du 4 septembre 1918 - Pilote de l'escadrille BR 243 du 20 août 1918 au 16 octobre 1919 - Mis en congé illimité de démobilisation, le 16 octobre 1919 - Nommé au grade de Lieutenant de réserve à titre temporaire, le 12 juin 1920 - Chevalier de la Légion d'Honneur, le 16 juin 1920 - Nommé au grade de Sous-lieutenant de réserve à titre définitif, le 26 février 1921 avec rang du 18 juin 1917 - Affecté, dans la réserve, au 4ème groupe d'aviation d'Afrique - Affecté, dans la réserve, au 35ème régiment d'aviation, le 25 mai 1923 - Marié avec Mlle Marie-Madeleine de Gail, à Breuches-les-Luxeuil (70), le 1er mars 1924 - Mobilisé, le 17 novembre 1939 - Démobilisé, le 7 décembre 1939 - Officier de la Légion d'Honneur, le 26 avril 1965 - Décédé à Breuches-les-Luxeuil (70), le 16 novembre 1966 - Sources : Pam - CCC F 60 - CCC N 23 / SPA 23 - JORF - LO non communicable - Pas de FM Meurthe et Moselle - Dernière mise à jour : 1er novembre 2015.
Ses citations
* Citation n° 397 à l'ordre du 1er CAC, en date du 26 octobre 1915 : "Le 27 septembre dernier, apprenant qu'un de ses camarades était enterré vivant dans un abri de massiges, est parti de son plein gré, vers 17 h, afin d'essayer de le dégager. Après cinq heures passées sous un bombardement intense d'obus lacrymogènes, a réussi à le dégager."
NB : Ceci s'est fait à l'instigation et avec l'aide du soldat Sirop. Au début de la guerre, celui-ci avait été ramené des "Bataillons d'Afrique" où il purgeait une longue peine pour avoir, pris d'une brusque colère pendant son service militaire, blessé d'un coup de couteau, un sous-officier qui le brimait. Sirop n'a fait l'objet d'aucune citation. L'enterré vivant se nommait Jameron. En 1938, il était maire d'une commune angevine.
* Citation n° 116 à l'ordre de la division, en date du 31 juillet 1916 : "Jeune officier plein d'entrain, d'un courage à toute épreuve. malgré un violent bombardement de l'artillerie ennemie, n'a cessé, du 25 juin au 1er juillet, d'observer en première ligne, avec un sang-froid remarquable, le tir de la section."
* Citation n° 1088 à l'ordre de la 2ème armée du Slt Maurice Barbey, au 33ème régiment d'artillerie, pilote à l'escadrille SPA 23, en date du 6 février 1918 : "Le 20 janvier 1918, malgré un temps particulièrement défavorable, est parti à basse altitude pour une reconnaissance photographique. Attaqué par un avion ennemi, n'a abandonné le combat que blessé et, à force d'énergie, a ramené son observateur au terrain, son appareil criblé de balles."
* Citation à l'ordre du 17ème corps d'armée du Slt Maurice Barbey, au 33ème régiment d'artillerie, pilote à l'escadrille BR 243, en date du 4 septembre 1918 : "Jeune officier plein d'allant, accomplissant toujours avec entrain des missions lointaines, malgré de nombreuses difficultés. Le ....., a rapporté à son commandement de précieux renseignements par une reconnaissance éloignée qu'il effectua malgré une grande activité de l'aviation ennemie et de la DCA.
Maurice Barbey
à l'attention de ses petits enfants
par son fils Dominique

Portrait du Ltt Maurice Barbey, pilote de l'escadrille BR 243 du 20 août 1918 au 16 octobre 1919 - Sur son uniforme d'officier d'artillerie, remarquez son képi aux couleurs du "33", les pattes de col aéronautique militaire, le chevron sur la manche droite marquant sa blessure du 20 janvier 1918 - son insigne de pilote militaire n° 4196, sa Croix de Guerre portant une palme pour une citation à l'ordre de l'armée, 3 étoiles pour deux citations à l'ordre du corps d'armée et une à l'ordre de la division, l'insigne de l'escadrille BR 243 (voir le chapitre insigne) et 6 chevrons de présence sur la manche gauche (1er chevron pour 1 an et les suivants pour 6 mois supplémentaires, soit 3 ans et demi) - Photo Maurice Barbey transmise par son fils Dominique Barbey que je remercie pour son aide.

Photo verticale de la ville de Nancy datée du 18 mars 1916 - Au centre de l'image, l'église St-Epvre, la place de la Carrière et la place Stanislas - Cliquez sur l'image pour l'agrandir - Photo Maurice Barbey transmise par son fils Dominique Barbey que je remercie pour son aide.

Photo verticale de la ville de Nancy datée du 18 mars 1916 - En bas au centre, la place de la Carrière prolongée par la place Stanislas - Cliquez sur l'image pour l'agrandir - Photo Maurice Barbey transmise par son fils Dominique Barbey que je remercie pour son aide.
Photo verticale de la ville de Nancy, datée du 18 mars 1916 - Au centre, la place de la Carrière et sur la gauche, l'église St-Evre - Cliquez sur l'image pour l'agrandir - Photo Maurice Barbey transmise par son fils Dominique Barbey que je remercie pour son aide.
L'aéronautique militaire :
Le 15 septembre 1916, mon père est détaché au Service Aéronautique. Pierre, son frère ainé qui s’y trouvait depuis environ six mois ne doit pas être étranger à cette envie de "changer d’air". Je ne sais si cette affectation était difficile à obtenir, par contre on m’a dit au Service Historique des Armées qu’il se trouvait que beaucoup de pilotes et d’observateurs avaient été gazés auparavant. Malgré des pages de consignes sur les points de santé à vérifier avant de déclarer un candidat apte au pilotage (vue, ouie, coeur et poumons, poids maximal de 85 kg, santé psychique etc.) la science médicale de l’époque considérait probablement que l’altitude serait une bonne thérapie contre les déficiences respiratoires, un peu comme pour la coqueluche, alors qu’il s’est avéré qu’à 6000 m d’altitude celles-çi pouvaient être mortelles, y compris par contre-coup pour l’observateur. Quoiqu’il en soit, que ce redoutable avantage l’ait favorisé ou pas, le voici à l’école de Chartres. Il a 21 ans, déjà vingt cinq mois de guerre derrière lui, deux citations et la Croix de guerre qui lui a été décernée le 1er novembre 1916.
Il a dû apprécier cette période. En dehors du fait qu’il ne se trouvait plus sous le feu permanent des armes ennemies et que les conditions de cantonnement étaient certainement moins rustiques que dans les tranchées, le recrutement très éclectique allant du simple soldat au capitaine, du roturier de base au descendant d’Hugues Capet, devait également lui plaire.
En plus, des exercices pratiques de pilotage d’aéronefs aux caprices redoutables, ses manuels d’aviation, que j’ai hérités, balayent un vaste programme. Des notions théoriques sur l’aéro-dynamique bien évidemment mais également sur les moteurs, les hélices, l’armement, la reconnaissance, les appareils ennemis, les éléments d’une automobile. Il a dû se régaler et je comprends mieux maintenant d’où lui venaient ses très vastes connaissances en mécanique. Il ne faut pas croire que ce temps d’école ait été une sinécure.
Brevet de pilote militaire :
L’aéronautique était un sport dangereux et nombre d’élèves ont trouvé la mort pendant leur apprentissage. L’EV André de Gail, un cousin germain de sa future femme, s’est tué devant lui dans un accident le 2 février 1917. Il avait vingt et un ans. Le 11 mars 1917, il obtient le brevet de pilote militaire n° 5596. Six mois plus tôt, son frère Pierre avait obtenu le brevet n° 1512. Ceci vous donne une idée de la productivité de ces écoles, environ 660 pilotes formés chaque mois. Il part trois jours plus tard pour Miramas, l’un des terrains de l’école d’Istres, près de l’Etang de Berre, où il suit une spécialisation probablement pour passer sur un nouvel avion.

Insigne de pilote militaire n° 4196 du Ltt Maurice Barbey pilote des escadrilles F 60 - N 23 - SPA 23 - BR 243 - Brevet de pilote militaire n° 5596 obtenu à l'école d'aviation militaire de Chartres, le 11 mars 1917 - Insigne collection Dominique Barbey que je remercie pour son aide.

Le Slt Maurice Barbey pose en tenue de vol pendant son stage de perfectionnement à l'école d'aviation militaire de Châteauroux du 4 au 15 avril 1917 - Photo Maurice Barbey transmise par son fils Dominique Barbey que je remercie pour son aide.

Un Farman F 40 de l'école d'aviation militaire de Châteauroux posé en panne dans les environs de Meaux en avril 1917 - On peut voir une seconde hélice arrimée dans la carlingue de l'équipage et dont une extémité traverse la trappe destinée à la prise de vue - Cliquez sur l'image pour l'agrandir - Photo Maurice Barbey transmise par son fils Dominique Barbey que je remercie pour son aide.
Ecole de Châteauroux :
Du 4 au 15 avril, il se trouve à Châteauroux pour se pénétrer des règles de l’observation d’artillerie, ensuite il patiente au GDE et le 23 avril 1917, il reçoit sa première affectation opérationnelle à la F60, une escadrille dotée du Farman 40, un drôle d’aéronef déjà passablement démodé dont l’hélice est derriére la nacelle dans laquelle se trouvent l’observateur et le pilote.
Escadrille F 60 :
Il y restera jusqu’au mois d’octobre, mais entre temps son avion sera abattu au canon. On ne trouve pas trace de cet événement qui a du survenir au mois de mai. Ceci laisse supposer que l’équipage est sorti indemne de la carcasse de l’avion. Quant à la machine, qu’il a réussi a poser quoiqu’un peu brutalement dans nos lignes, elle devait être considérée comme du consommable.

Le F 40 de l'équipage composé par le Slt Maurice Barbey / XXX de l'escadrille F 60 a été touché par la DCA allemande pendant une mission, le 1er mai 1917 - Le pilote a réussi à le ramener du bon côté mais l'atterrissage s'est vraiment mal terminé - Photo de l'avant de la nacelle d'équipage - L'observateur, qui occupait la place avant, a eu le nez écrasé - Photo Maurice Barbey transmise par son fils Dominique Barbey que je remercie pour son aide.

Le F 40 de l'équipage composé du Slt Maurice Barbey / XXX de l'escadrille F 60 a été touché par la DCA allemande pendant une mission, le 1er mai 1917 - Photo montrant l'arrière de l'appareil - Photo Maurice Barbey transmise par son fils Dominique Barbey que je remercie pour son aide.

Autre photo, prise de l'arrière, du F 40 de l'équipage Slt Maurice Barbey / XXX touché par la DCA allemande et détruit à l'atterrissage après le retour dans les lignes, le 1er mai 1917 - Photo Maurice Barbey transmise par son fils Dominique Barbey que je remercie pour son aide.

Le même F 40 en cours de démontage - Cet avion a été détruit à l'atterrissage après avoir été touché par la DCA allemande, le 1er mai 1917 - Photo Maurice Barbey transmise par son fils Dominique Barbey que je remercie pour son aide.

Les mécaniciens sont en train de démonter l'avion pour l'évacuer sur le parc de l'escadrille - Remarquez les entoilages qui ont déjà reçu la visite de chasseurs de souvenirs - Photo Maurice Barbey transmise par son fils Dominique Barbey que je remercie pour son aide.
Escadrille N 23 :
Début juin, on le retrouve au GDE pour être formé au pilotage du Nieuport. Il y passera un mois avant de rejoindre le 7 juillet 1917, et pour la fin de la guerre, l’escadrille N 23, une unité dépendant de la 2eme Armée qui avait pour mission la reconnaissance lointaine, en profondeur.
Elle est basée à Souilly, petit village situé sur la N 35 à 30 km au sud de Verdun, en lisière de la zone des combats car les avions au sol sont des cibles vulnérables qu’il ne faut pas laisser à la portée du premier canon venu.

Insigne de l'escadrille N 23 / SPA 23 - Dessin Albin Denis
Le travail était difficile et périlleux. Difficile car les avions de l’époque ressemblaient plus à un gros ULM qu’aux actuels petits avions privés des aéro-clubs. Ils n’avaient pas de cockpit.
Tout au plus un petit saute-vent pour protéger le visage du pilote du vent de la course. Entre 130 et 180 kilomètres à l’heure suivant le modêle de l’avion, cela devait souffler fort ! Ensuite, il y avait le froid car, pour se protéger de la DCA, et le plus possible des attaques des chasseurs ennemis, les appareils volaient très haut. De nombreuses reconnaissances étaient faites à 6000 mètres d’altitude, et là il fait entre -20 et -25°C. La météo pouvait également jouer des tours. Si le "Cabrol" de service avait mal fait ses prévisions, on pouvait se trouver au retour avec un fort vent dans le nez limitant sérieusement la vitesse de l’appareil et vous mettant en péril de devoir atterrir dans les lignes ennemies car l’autonomie ne dépassait pas trois heures de vol. Si une brume se mettait à cacher le sol, il n’y avait pas de radar pour vous indiquer votre position. Il fallait descendre le plus possible jusqu'à pouvoir lire le panneau d’entrée d’une agglomération, au risque de se faire tirer comme un pigeon par un fantassin de rencontre. Ensuite, s’étant repéré, l’équipage suivait du mieux possible les routes ou les rivières. La phase de descente n’était pas non plus sans risque car c’est là que les chasseurs d’en face étaient en embuscade. Des hommes fatigués dans un appareil parfois à court de carburant faisaient de bonnes cibles.
En d’autres circontances, le 20 janvier 1918, au cours d’un vol à basse altitude par temps défavorable, Maurice Barbey est attaqué par un ennemi. Blessé par balle au bras gauche, il réussit à ramener au terrain son observateur et son avion criblé d’impacts. Je me souviens fort bien de la cicatrice de cette blessure.
Ceci lui a valu la citation suivante :
* Citation n° 1088 à l'ordre de la 2ème armée du Slt Maurice Barbey, au 33ème régiment d'artillerie, pilote à l'escadrille SPA 23, en date du 6 février 1918 : "Le 20 janvier 1918, malgré un temps particulièrement défavorable, est parti à basse altitude pour une reconnaissance photographique. Attaqué par un avion ennemi, n'a abandonné le combat que blessé et, à force d'énergie, a ramené son observateur au terrain, son appareil criblé de balles."

Slt Maurice Barbey aux commandes de son Nieuport 23 sur le terrain de Souilly (Marne) en août 1917 - Photo Maurice Barbey transmise par son fils Dominique Barbey que je remercie pour son aide.

Slt Maurice Barbey aux commandes de son Nieuport 23 sur le terrain de Souilly (Marne) en août 1917 - Photo Maurice Barbey transmise par son fils Dominique Barbey que je remercie pour son aide.

Photo oblique du village de Souilly (Meuse) prise en basse altitude par un équipage de l'escadrille N 23 en septembre 1917 - Cliquez sur l'image pour l'agrandir - Photo Maurice Barbey transmise par son fils Dominique Barbey que je remercie pour son aide.

Autre oblique du village de Souilly (Meuse) prise dans la continuité de la photo supérieure, en septembre 1917 - Cliquez sur l'image pour l'agrandir - Photo Maurice Barbey transmise par son fils Dominique Barbey que je remercie pour son aide.

Une autre rue du village de Souilly (Meuse) photographiée par un équipage de l'escadrille N 23, en septembre 1917 - Cliquez sur l'image pour l'agrandir - Photo Maurice Barbey transmise par son fils Dominique Barbey que je remercie pour son aide.

Installations des escadrilles N 23 et R 210 sur le terrain de Souilly (Meuse) en septembre 1917 - L'abri tunnel de Maurice Barbey se trouve sous le chemin supérieur qui relie les trois hangars du haut - Cliquez sur l'image pour l'agrandir - Photo Maurice Barbey transmise par son fils Dominique Barbey que je remercie pour son aide.

Installations des escadrilles du groupe de chasse 14 sur le terrain de Souilly (Meuse) en septembre 1917 - Cliquez sur l'image pour l'agrandir - Photo Maurice Barbey transmise par son fils Dominique Barbey que je remercie pour son aide.

Alignement des abris tunnels servant de logements aux officiers navigants de l'escadrille N 23 / SPA 23 sur le terrain de Souilly (Meuse) en septembre 1917 - Certains ont même une niche pour leur chien - Les aviateurs visibles sont Beauchamp et Dutrue - Photo Maurice Barbey transmise par son fils Dominique Barbey que je remercie pour son aide

Citadelle de Verdun photographiée par un équipage de l'escadrille N 23 en septembre 1917 - Construite en 1624, elle a été intégrée au système défensif Séré de Rivières qui a fortifié les frontières françaises - C'est dans une de ses casernes souterraines que fut choisi le soldat inconnu qui a été enterré au pied de l'Arc de Triomphe de Paris - Sur le haut de l'image, les voies ferrées qui relient la gare de la ville - Cliquez sur l'image pour l'agrandir - Photo Maurice Barbey transmise par son fils Dominique Barbey que je remercie pour son aide.

En haut de l'image, à droite, la gare de la ville de Verdun et les différentes voies ferrées qui ravitaillent la ville - En bas, la citadelle de Verdun photographiée par un équipage de l'escadrille N 23 en septembre 1917 - Cliquez sur l'image pour l'agrandir - Photo Maurice Barbey transmise par son fils Dominique Barbey que je remercie pour son aide.

Côté Sud-Est du logement du Slt Maurice Barbey sur le terrain de Souilly (Marne) en août 1917 - La table de travail, qui équipe l'abri, se trouge derrière cette fenêtre - Photo Maurice Barbey transmise par son fils Dominique Barbey que je remercie pour son aide.

Côté Nord-Ouest du logement du Slt Maurice Barbey sur le terrain de Souilly (Marne) en août 1917 - Photo Maurice Barbey transmise par son fils Dominique Barbey que je remercie pour son aide.

Intérieur du logement du Slt Maurice Barbey sur le terrain de Souilly (Marne) en août 1917 - Il dispose d'une table de travail devant une fenêtre, un luxe pour cette période de guerre - Photo Maurice Barbey transmise par son fils Dominique Barbey que je remercie pour son aide.

Autre photo de l'intérieur du logement du Slt Maurice Barbey sur le terrain de Souilly (Marne) en août 1917 - Coté porte d'entrée et lit de camp aménagé - L'abri est équipé de l'électricité - Photo Maurice Barbey transmise par son fils Dominique Barbey que je remercie pour son aide
|

Le Nieuport 12 piloté par le Slt Maurice Barbey, pilote de l'escadrille N 23, après son accident, le 5 août 1917 - Cliquez sur l'image pour l'agrandir - Photo Maurice Barbey transmise par son fils Dominique Barbey que je remercie pour son aide.

Comme toutes les escadrilles organiques de l'aéronautique d'une armée, l'escadrille N 23 a été dotée de SPAD XI biplaces en 1917 - Un de ces avions a été affecté au MdL Louis Morizot en juillet 1917 - L'insigne personnel, qui va prendre place à l'intérieur de l'ovale, n'a pas encore été peint - Photo Maurice Barbey transmise par son fils Dominique Barbey que je remercie pour son aide.
Six mois avant cet exploit, il avait "cassé du bois" probablement en ratant un atterrissage avec son Nieuport. La seule trace de cet événement est une photo datée du 5 septembre 1917 accompagnée de cette légende : "Les restes de mon Nieuport après mon accident". Ceci doit être à l’origine de la maxime qu’il énonçait parfois : "En avion, tant qu’on est en l’air ça va, c’est quand on touche le sol que cela devient dangereux."

Photo oblique de la ville de Verdun (Meuse), prise à 200 mètres d'altitude, par l'équipage du Ltt Maurice Barbey, pilote de l'escadrille N 23, en septembre 1917 - Au centre, le Pont Chaussée qui enjambe la Meuse - Cliquez sur l'image pour l'agrandir - Photo Maurice Barbey transmise par son fils Dominique Barbey que je remercie pour son aide.

Photo oblique de la ville de Verdun (Meuse), prise à 200 mètres d'altitude, par l'équipage du Ltt Maurice Barbey, pilote de l'escadrille N 23, en septembre 1917 - Cliquez sur l'image pour l'agrandir - Photo Maurice Barbey transmise par son fils Dominique Barbey que je remercie pour son aide.

Photo oblique de la ville de Verdun (Meuse), prise à 200 mètres d'altitude, par l'équipage du Ltt Maurice Barbey, pilote de l'escadrille N 23, en septembre 1917 - Cliquez sur l'image pour l'agrandir - Photo Maurice Barbey transmise par son fils Dominique Barbey que je remercie pour son aide.

Photo oblique de la ville de Verdun (Meuse), prise à 200 mètres d'altitude, par l'équipage du Ltt Maurice Barbey, pilote de l'escadrille N 23, en septembre 1917 - Cliquez sur l'image pour l'agrandir - Photo Maurice Barbey transmise par son fils Dominique Barbey que je remercie pour son aide.

Photo oblique de la ville de Verdun (Meuse), prise à 200 mètres d'altitude, par l'équipage du Ltt Maurice Barbey, pilote de l'escadrille N 23, en septembre 1917 - Cliquez sur l'image pour l'agrandir - Photo Maurice Barbey transmise par son fils Dominique Barbey que je remercie pour son aide.

Photo oblique de la ville de Verdun (Meuse), prise à 200 mètres d'altitude, par l'équipage du Ltt Maurice Barbey, pilote de l'escadrille N 23, en septembre 1917 - Cliquez sur l'image pour l'agrandir - Photo Maurice Barbey transmise par son fils Dominique Barbey que je remercie pour son aide.

Photo oblique de la ville de Verdun (Meuse), prise à 200 mètres d'altitude, par l'équipage du Ltt Maurice Barbey, pilote de l'escadrille N 23, en septembre 1917 - Cliquez sur l'image pour l'agrandir - Photo Maurice Barbey transmise par son fils Dominique Barbey que je remercie pour son aide.

Photo oblique de la ville de Verdun (Meuse), prise à 200 mètres d'altitude, par l'équipage du Ltt Maurice Barbey, pilote de l'escadrille N 23, en septembre 1917 - Cliquez sur l'image pour l'agrandir - Photo Maurice Barbey transmise par son fils Dominique Barbey que je remercie pour son aide.

Photo oblique du fort de Regret, prise à 200 mètres d'altitude, par l'équipage du Ltt Maurice Barbey, pilote de l'escadrille N 23, en septembre 1917 - Ce fort a été construit de 1875 à 1878 - Son équipage était de 4 officiers et de 136 sous-officiers et soldats - Il a été modernisé de 1905 à 1909 avec la construction de deux tourelles de 75R05 - deux tourelles de mitrailleuses et une casemate de Bourges armée de deux pièces de 75 - En 1917, sa garnison avait été réduite à 80 hommes - L'ouvrage servait de base arrière et de point d'appui du secteur - Cliquez sur l'image pour l'agrandir - Photo Maurice Barbey transmise par son fils Dominique Barbey que je remercie pour son aide.

Alignement des abris tunnels servant de logements aux officiers navigants de l'escadrille N 23 / SPA 23 sur le terrain de Souilly (Meuse) en décembre 1917 - A comparer avec celle de septembre 1917, présentée sur cette page - Photo Maurice Barbey transmise par son fils Dominique Barbey que je remercie pour son aide.
La vie en escadrille :
Mon père était très discret sur sa vie militaire, soit par pudeur pour ne pas étaler les souffrances endurées avec ses camarades, soit par modestie pour ne pas faire état de ses exploits, soit tout simplement parce qu’il avait tourné la page.
Ce texte est donc une reconstitution tirée non pas de la tradition orale, mais d’éléments trouvés au cours de mes recherches, avec ses albums de photos en toile de fond. Pour ne pas être en butte aux tirs d’artillerie, les terrains étaient situés à quelques dizaines de kilomètres à l’arrière des lignes. De ce fait, le personnel n’était pas en permanence sous le feu ennemi. En cas d’incursion aérienne par des appareils malveillants volant à environ 150 km à l’heure, cela pouvait laisser le temps de se mettre à l’abri et de faire éventuellement décoller des chasseurs pour les intercepter.
Un autre élément à prendre en compte, c’est la performance des avions. Des carcasses légères en bois recouvertes de toile peinte, des moteurs peu puissants dont certains modèles subissaient des pannes fréquentes, des moyens de navigation rudimentaires. Tout ceci contribuait à ce que, en définitive, les appareils soient souvent cloués au sol par le vent, le brouillard ou une couche de nuage trop basse pour permettre l’exercice de leur principale mission, la reconnaissance. Le temps était donc ponctué par des périodes d’inactivité et d’autres où, à peine posés, les équipages repartaient pour une nouvelle mission.
Vers la fin de la guerre, il semble que c’est l’aéronautique française qui avait la maîtrise du ciel, grâce notamment à la création d’une "réserve d’aviation" sur le modèle de la réserve d’artillerie. Le Haut Commandement avait créé une très importante unité d’aviation capable de se déplacer en une nuit vers un secteur où une attaque allait avoir lieu. Dès le lever du jour, les appareils en grand nombre prenaient l’air et assuraient leur suprématie dans le secteur, protégeant nos reconnaissances, empêchant l’adversaire de survoler nos dispositifs et bombardant, mitraillant, désorganisant la défense ennemie.
Compte tenu de l’autonomie des avions, les missions ne duraient pas plus de trois heures. La vocation de l’escadrille SPA 23 était la reconnaissance lointaine. S’enfoncer de plus de 50 km dans les lignes était déjà une prouesse. En Août 1918, mon père et son équipier volaient sur Bréguet 14 A2, un très bon avion à structure métallique, puissant et capable d’atteindre 6000 m d’altitude. Il lui fallait une bonne demi-heure pour grimper si haut. Arrivé à 4000 m, les trois chasseurs d’escorte qui volaient en avant et au dessus de lui le laissaient là. Ils sont maintenant libres d’aller débusquer des ennemis au détour d’un nuage pendant que leur protégé finit sa montée seul pour se mettre hors d’atteinte de l’artillerie anti-aérienne et relativement à l’abri des attaques des chasseurs ennemis qui peinent à monter si haut. Pour répondre à une attaque, l’équipage dispose de deux mitrailleuses jumelées montées sur tourelle servies par l’observateur et d’une mitrailleuse fixée au flan de l’appareil à la disposition du pilote. Cette photo accompagnée du commentaire "mon avion", a un intérêt complémentaire. L’appareil porte sur le côté un insigne personnel qui était le sien. Je ne le connaissais pas jusque-là, et son symbolisme reste à découvrir.

Breguet 14 A2 équipé "Photo" du Ltt Maurice Barbey sur le terrain de Souilly (Meuse) en août 1918 - Remarquez l'insigne personnel de l'officier - Nous ne connaissons pas sa signification - Chaque appareil de cette unité portait sur le fuselage un insigne personnel peint dans un ovale qui était associé à une bande rouge - Cliquez sur l'image pour l'agrandir - Photo Maurice Barbey transmise par son fils Dominique Barbey que je remercie pour son aide.

Retour de mission pour le Breguet 14 A2 équipé "photo" piloté par le Ltt Maurice Barbey sur le terrain de Souilly (Meuse) en août 1918 - Les photographes de la section photo déposent le chargeur de plaques photo de l'appareil de prise de vue - Remarquez l'insigne personnel de l'officier - Nous ne connaissons pas sa signification - Chaque appareil de cette unité portait sur le fuselage un insigne personnel peint dans un ovale qui était associé à une bande rouge - Photo Maurice Barbey transmise par son fils Dominique Barbey que je remercie pour son aide.

La brume couvre encore les environs de Souilly en août 1918 - Maurice Barbey et son navigateur attendent que les conditions météorologiques s'améliorent pour décoller à bord du Breguet 14 A2 n° 232 - Cliquez sur l'image pour l'agrandir - Photo Maurice Barbey transmise par son fils Dominique Barbey que je remercie pour son aide.
Il faut maintenant trouver l’objectif.
Peut-être une ville pour en évaluer les défenses, ou un itinéraire prescrit à suivre pour repérer des mouvements de troupe. L’équipage observe également le paysage qui défile pour noter tout événement suspect, une concentration d’hommes ou de matériel, des traces de véhicule au sol, les taches claires qui dénoncent de la terre remuée, signe de l’installation d’un fortin ou d’un nid de mitrailleuses. Arrivé sur les lieux, l’observateur déclenche son appareil de manière à ce que les vues prises couvrent toute la surface survolée. Il dispose soit de bandes verticales peintes sur l’avion qu’il
utilise comme des viseurs, soit d’un minuteur qu’il règle en fonction de la vitesse, de l’altitude et de la focale.
Mission terminée, il faut rentrer. Par ciel clair, avec une bonne carte et une boussole bien réglée, pas de problème, mais imaginez un ciel tellement couvert que le soleil ne perce pas, puis une attaque ennemie qui vous oblige à virer et à tournoyer si bien que vous ne savez plus où vous êtes, là les choses se compliquent. L’équipage, qui communique en hurlant, retrouve son chemin. Il faut repasser les lignes. En limite d’autonomie, il faut vite amorcer sa descente au risque de se mettre à portée des canons de Défense Contre Avions. Je pensais qu’il fallait que l’obus atteigne sa cible pour faire mouche. Les artilleurs sont bien plus rusés que cela. Il règlent leurs munitions pour les faire exploser à l’altitude où vous vous trouvez et c’est une multitude d’éclats qui risque de vous atteindre. Fatigué, parfois blessé ou les mains gravement gelées, l’avion souvent criblé d’impacts, l’équipage retrouve son terrain. Il faut que le pilote pose alors un avion capricieux sur un sol bosselé sans le faire capoter. Ouf, c’est fait.
C’est alors que les hommes de l’ombre, ceux dont on ne parle jamais, entrent en action. Le mécanicien pour bichonner le moteur, l’armurier pour vérifier les armes, le monteur pour contrôler la structure et poser des rustines, le labo photo pour mettre en moins de trois heures une quantité importante de tirages à la disposition des divers échelons hiérarchiques du commandement, de l’infanterie et de l’artillerie. Pendant ce temps le responsable de l’interprétation et le dessinateur reportent sur les plans les découvertes de la mission. En parallèle, l’infirmerie, l’intendance, les cuisiniers, les services d’approvisionnement, ce que nous appelons maintenant la logistique, tous font leur travail dans l’ombre.

Maurice Barbey a été blessé par balle au deltoïde gauche pendant un combat aérien, le 20 janvier 1918 - Il est photographié en février de la même année alors que son bras est toujours bandé - Photo Maurice Barbey transmise par son fils Dominique Barbey que je remercie pour son aide.
Et les chasseurs, que sont-ils devenus ?
Avec un peu de chance, ils ont débusqué une patrouille ennemie. Ils l’ont poursuivie, l’ont attaquée se sont fait attaquer à leur tour en combat tournoyant. L’époque où on se tirait dessus à la carabine est révolu. Maintenant, on utilise des mitrailleuses dotées d’un système de synchronisation révolutionnaire qui permet de tirer à travers l’hélice, droit devant soi, sans la couper en rondelle façon dessin animé.
Malheureusement les armes s’enrayent souvent. Il faut alors se défiler au plus vite pour regagner son camp, parfois en rasant la cime des arbres, et atterrir avec les mêmes risques que les pilotes de reconnaissance.
Si l’ennemi que vous avez abattu a été vu par deux témoins, il sera homologué comme victoire, sinon, ce sera pour la prochaine fois. Si vous êtes mort, vous aurez une citation et vous serez remplacé par un nouveau pilote qui grille d’envie d’en découdre.
Les reconnaissances se font parfois à proximité. Si le risque de se perdre est là réduit, le travail est très dangereux car il se fait à une altitude plus basse si ce n’est à basse altitude. Indiquer aux artilleurs si leurs coups sont bien ajustés, c’est le réglage d’artillerie. Vérifier qu’une préparation d’artillerie a bien ouvert la voie à l’infanterie prête à monter à l’assaut, ou encore survoler nos propres tranchées pour évaluer la qualité de nos défenses. Les chasseurs, eux, peuvent aller mitrailler des troupes ou se voir chargés d’abattre un Drachen espion, ces grosses saucisses gonflées à l’hélium qu’un câble d’environ 1000 mètres retient au sol. Travail très périlleux car la défense au sol est des plus fournie et que les artilleurs savent exactement comment régler leur tir. Certains pilotes se sont fait une spécialité de ces destructions.
Et les jours de mauvais temps ? Grandes discussion animées et interminables sur les exploits ou les échecs passés, les jeux de cartes, le courrier à relire ou à écrire en laissant la dure réalité un peu dans l’ombre. Il arrivait parfois que l’escadrille reçoive quelques jolies actrices du Bataclan venues de Paris pour réconforter le moral des troupes. On y a même vu Mistinguette et son chien.
Escadrille BR 243 :
Le 20 août 1918, création d’une nouvelle escadrille, la Br 243 avec des éléments de la 23, de la 79 et de la 102. Le Ltt Barbey va en faire partie. Le 4 septembre 1918, il est cité pour la quatrième fois :
* Citation à l'ordre du 17ème corps d'armée du Slt Maurice Barbey, au 33ème régiment d'artillerie, pilote à l'escadrille BR 243, en date du 4 septembre 1918 : "Jeune officier plein d'allant, accomplissant toujours avec entrain des missions lointaines, malgré de nombreuses difficultés. Le ....., a rapporté à son commandement de précieux renseignements par une reconnaissance éloignée qu'il effectua malgré une grande activité de l'aviation ennemie et de la DCA.

Shiva, la déesse hindoue du sacrifice, insigne de l'escadrille BR 243 - Dessin Albin Denis.
Insigne métallique de l'escadrille BR 243 appartenant au Ltt Maurice Barbey, pilote de l'escadrille du 20 août 1918 au 16 octobre 1919 - Voir les photos présentées de l'officier portant cet insigne - Insigne collection Dominique Barbey que je remercie pour son aide.

Personnels navigants de l'escadrille BR 243 en mars 1919 - Seul le Slt Barès porte l'insigne métallique d'escadrille - Cliquez sur l'image pour l'agrandir - Photo Maurice Barbey transmise par son fils Dominique Barbey que je remercie pour son aide.
Montrant un jour à un ami, spécialiste de cette aéronautique, un négatif sur plaque de verre que je n’avais jamais regardé attentivement, je lui ai demandé ce que signifiait le grand n° 2 peint sur l’empennage. Cela désigne l’appareil du commandant en second de l’unité me dit-il. Assis à la place du pilote : mon père, sur le coté l’insigne de la 243 dont nous allons reparler, pas de doute, comme je ne l’imagine pas paradant dans l’avion d’un autre, le commandant en second, c’était lui. Il ne me l’avait jamais dit.
Un grand et beau livre co-produit par le Service Historique des Armées recense toutes les escadrilles de l’époque. On y apprend que c’est son chef, le Ltt de Saint-Martin, qui a choisi comme insigne d’escadrille la déesse hindoue du sacrifice : Shiva.
D’après la légende d’une photo malheureusement disparue, je sais que c’est le Ltt Hallo qui en a peint la maquette. Sa fiche militaire accessible sur la toile indique sa profession : artiste peintre. On peut trouver certaines de ses oeuvres en se promenant sur le Net. Le parcours de cet insigne d’escadrille ne s’arrête pas là. Il a une suite familiale. Un insigne avait été faità l’image de la déesse. J’ai longtemps pensé qu’il ne s’agissait que d’un objet à usage privé, un cadeau pour les femmes, les fiancées et les petites amies. Ceci jusqu’au jour où ma soeur Brigitte me sort d’un carton la photo suivante. Votre Grand-mère portait parfois cet insigne, je l’ai reçu en héritage et ma femme l’arbore avec fierté dans les réunions de famille.

Breguet 14 A2 codé "7" de l'équipage MdL Moïse Paratgès / Ltt Charles Marcetteau de Brem de l'escadrille BR 243 photographié dans immédiat après guerre sur l'Alsace - Remarquez l'avant du capot moteur peint probablement en rouge et blanc - Les avions de l'escadrille ont largement survolé la Lorraine occupée, puis l'Alsace ainsi que les grandes villes allemandes proches de la frontière française - Cliquez sur l'image pour l'agrandir - Photo Maurice Barbey transmise par son fils Dominique Barbey que je remercie pour son aide.

Fronton du terrain d'aviation de Neuf-Brisach (ex-allemand) de Neuf-Brisach (68) occupé par l'escadrille BR 243 du 3 au 20 avril 1919 - Le côté gauche porte la date de "1871" et celui de droite, la date de "1919" - L'insigne de l'escadrille BR 243 est peinte à deux reprises - Cliquez sur l'image pour l'agrandir - Photo Marcel Thibon transmise par Françoise Rivemale, sa petite fille, que je remercie pour son aide.

Détail du fronton du terrain d'aviation de Neuf-Brisach (ex-allemand) de Neuf-Brisach (68) occupé par l'escadrille BR 243 du 3 au 20 avril 1919 - Le côté gauche porte la date de "1871" et celui de droite, la date de "1919" - L'insigne de l'escadrille BR 243 est peinte à deux reprises - Cliquez sur l'image pour l'agrandir - Photo Marcel Thibon transmise par Françoise Rivemale, sa petite fille, que je remercie pour son aide.

Breguet 14 A2 de l'escadrille BR 243 en feu sur le terrain de Neuf-Brisach en avril 1919 - Nous ne connaissons pas les circonstances de cet accident, soit d'atterrissage, soit incendie au sol dû à un court-circuit ou à un incident technique - Si un lecteur possède cette photo annoté, qu'il veuille bien prendre contact avec l'auteur du site - Cliquez sur l'image pour l'agrandir - Photo Maurice Barbey transmise par son fils Dominique Barbey que je remercie pour son aide.
Après la signature de l’armistice, la vie à l’escadrille devient assurément moins périlleuse. Les nombreuses photos des paysages d’Alsace et des châteaux du Rhin en témoignent. Le Ltt Barbey avait la réputation d’être un pilote prudent et sûr. C’est lui qui avait régulièrement l’honneur de ballader les "huiles" de passage, mais cette même réputation lui valait également le plaisir de promener, probablement en toute illégalité, certaines des visiteuses discrètes qui passaient au terrain de Neuf-Brisach où l’unité a été stationnée jusqu’en avril 1919. Nous avons appris cela en voyant arriver par un beau jour des années 1950 une 2 cv tressautante conduite par Mademoiselle d’Hautefort, soeur de François d’Hautefort, ancien pilote à la Br 243. Cette charmante vieille dame, à qui notre Père avait donné le baptème de l’air.
Le 16 octobre 1919, le Ltt Barbey est mis en congé définitif de démobilisation. Il n’a pas vingt-cinq ans mais la Croix de guerre avec quatre citations. Il sera inscrit au tableau de la Légion d’Honneur à titre militaire à compter du 16 juin 1920 comme Lieutenant d’Artillerie au 35eme Régiment d’aviation. Il sera promu Officier de la Légion d’Honneur en juin 1965 avec un retard considérable dû à la vindicte d’un opposant politique local, ancien Ministre de l’Air. Oubliant cette longue attente, il en a été très heureux. Son grand regret en matière d’honneurs militaires était de ne pas avoir la Médaille militaire, cette décoration prestigieuse réservée aux sous-officiers. Quand il a été proposé pour cette distinction, son chef n’a pas accepté au motif qu’étant encore très jeune, il avait bien le temps de l’obtenir. Promu officier, c’était trop tard. Seuls les Officiers Généraux ayant commandé en chef devant l’ennemi peuvent y avoir droit. Réserviste, il allait parfois entretenir ses réflexes de pilote au terrain d’Aulnat en compagnie de son frère Pierre. En décembre 1921 il était affecté au Groupe d’Aviation de Tunisie où il travaillait dans l’agriculture chez Monsieur Rosenecker.
Une dernière preuve de sagesse. Avant de quitter son escadrille, il n’a pas fait de "dernier" vol en avion. Il avait vu assez de ses camarades s’accrocher les roues dans les barbelés en faisant ce jour-là des accrobaties qu’ils n’avaient encore jamais osé entreprendre. Ne faites jamais la "dernière". Pensez-y quand vous faites du ski. Si vous dites "Allez, encore une et on rentre." Rentrez tout de suite. Un soir, au col de la Schlucht, un ami n’ayant pas mis ceci en application a failli y laisser la vie. Ainsi se termine pour lui la "der des der".
Entre 1938 et 1940, pendant une période de tensions baptisée "la drôle de guerre", il a été mobilisé. Les souvenirs de ses enfants sont trop flous pour pouvoir préciser les dates et la durée, mais Patrice se souvient qu’il a commandé une batterie de DCA sur le port de Toulon. Ses documents militaires en ma possesion sont énigmatiques. Seules quelques photos témoignent de cette époque.
Père de sept enfants et responsable d’une entreprise il est "affecté spécial" à la Direction de l’usine. Pour la suite, il faut consulter les passionantes mémoires de ma soeur Brigitte Vignon.

|