Escadrille MF 88 bis
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Etude réalisée par Christophe Cony, le rédacteur en chef de la revue "Avions" - Je lui adresse tous mes remerciements pour son aide.

Insignes peints
sur les fuselages

Pas d'insigne connu.

Insignes métalliques

Insigne de l'escadrille 1/42 du Groupe Aérien Autonome 42 en 1940 - Cette unité est héritière des traditions de l'escadrille n° 2 d'Indochine - Photo Ebay France.

Unités détentrices des traditions
de la 2ème escadrille d'Indochine

Lieux de stationnements

Périodes d'occupation

Rattachements

Commandants d'unité

Types d'avions utilisés

Numéros des avions connus

Palmarés

Pas de victoire aérienne pour cette unité.

Historique

Créée le 6 avril 1918 par l’arrêté n° 764 du Gouvernement général de l’Indochine, l’escadrille n° 2 est confiée le 15 avril au capitaine Jules Condamy, ancien commandant de l’escadrille 469 du Camp retranché de Paris. Sa mission est d’étudier la pratique de l’aviation en Cochinchine et au Cambodge, deux pays dont la configuration géographique diffère de celle du Tonkin. Elle doit utiliser pour cela les quatre Voisin demeurés à Saïgon et qui seront montés par l’arsenal. Deux Voisin V LAS supplémentaires, constituant la réserve normale du service, vont être livrés dans la capitale de la Cochinchine le 20 juillet 1918 à bord du transport de troupes Sphinx. Mais les mécaniciens auront la mauvaise surprise de constater qu’une des six caisses prévues a disparu, de sorte qu’il manque à l’avion n° 1078 la moitié gauche de sa cellule, une hélice, le stabilisateur et deux poutres de réunion ! L’escadrille ne comprend au départ qu’un seul autre pilote, le sergent André Rusch (ancien mécanicien à la V 24 sur le front français, devenu en 1916 pilote sur Voisin à la section d’artillerie lourde V 220 et rayé du personnel navigant en janvier 1917) qui est rapidement rejoint par le caporal Cao-Dac venu de l’escadrille n° 1. Condamy choisit comme terrain celui de Phu Tho, sur le champ de course de Cholon, à l’ouest de Saïgon ; il créé par ailleurs un comité privé composé de personnalités qui acceptent de prendre en charge la construction d’un hangar.

Afin d’éviter à l’escadrille n° 2 les déboires subis par l’escadrille n° 1, le sous-lieutenant Chaffanjon est envoyé au début de l’été à Saïgon où il est mis à la disposition du capitaine Condamy. Il est chargé de faire construire un hangar de fortune "permettant l’exécution de quelques vols, afin d’entretenir dans l’opinion publique la preuve de l’existence d’une aviation indochinoise." Le commandant de l’escadrille n° 1, qui n’a plus effectué le moindre vol depuis qu’il a quitté la France, regagne un mois plus tard Hanoï sans avoir exécuté sa mission : le hangar provisoire n’a pu être construit et la saison était trop défavorable… C’est finalement le caporal Cao-Dac Minh qui est le premier à s’envoler, mais une panne brutale de moteur le contraint à atterrir dans des rizières sur les diguettes desquelles son Voisin se brise entièrement. Blessé dans l’accident, Cao-Dac est nommé sergent. Rusch réussit de son côté cinq sorties de très courte durée les 22 et 23 octobre 1918. Le 2 novembre, le chef de bataillon Claustre se rend de manière inopinée sur le terrain de Phu Tho. Sa visite accélère le développement du camp : l’aménagement d’un hangar en dur s’achève (il sera inspecté par Albert Sarraut le 29 du mois), un dynamomètre est construit pour vérifier le rendement des hélices et l’arsenal de Saïgon est mis en mesure d’entreprendre la fabrication en série d’hélices avec les matériaux du pays.

L’escadrille peut désormais envisager des vols plus importants, le sergent Cao-Dac Minh obtenant l'autorisation de tenter un raid Saïgon – Bien Hoa – Thu Do Mot – Tay Ninh. Le 27 décembre 1918, après avoir effectué un bref essai du moteur sur cales, son Voisin décolle du champ de course. À quelques mètres du sol, le Canton-Unné accuse une baisse de régime. Pour éviter un obstacle, Cao-Dac amorce un virage : en perte de vitesse, l'appareil s'écrase sur le sol. Le capitaine Condamy et tout le personnel venu pour assister au départ se précipitent pour lui porter secours, mais il est déjà trop tard... L'essence a giclé du réservoir crevé et une immense flamme jaillit, carbonisant l’appareil et son pilote. À la suite de ce dramatique accident, le Gouverneur général décide de suspendre tous les exercices aériens jusqu’à l’arrivée du nouveau matériel demandé à la métropole.

Cao-Dac Minh :

Cao-Dac Minh est né le 3 janvier 1888 à Son Tay, au Tonkin. Il est le huitième et dernier enfant de Cao-Dac Thuap, métayer à Hau Tinh (un des faubourgs de Son Tay, au nord-ouest de Hanoï), et de Dang-Alu Hap. Ayant bénéficié à partir de 1895 de l’enseignement d’un vieux lettré chinois de Son Tay, le jeune Minh réussit à obtenir une bourse au collège du Protectorat. Diplômé interprète en 1901, il est engagé comme traducteur à la Résidence de Son Tay et devient rapidement le secrétaire particulier du chef de la province. Un an plus tard, ses qualités faisant de lui "le collaborateur indigène indispensable à une haute autorité française", il est détaché à Hanoï auprès du Résident supérieur du Tonkin Jules Simoni. En juin 1910, il obtient le diplôme de fin d’études supérieures franco-indigènes et se marie en juin de l’année suivante avec Nguyen-Thi Quyen, fille du mandarin (maire) de Hau Tinh ; le couple aura deux enfants. En août 1912, Cao-Dac est désigné pour le poste de répétiteur à l’École des langues orientales de Paris – une promotion exceptionnelle vu son jeune âge – et s’installe au Quartier Latin. Ayant profité d’un long congé pour visiter en juillet 1914 la Suisse et l’Italie, il est surpris à son retour par la nouvelle de la mobilisation. Il séjourne alors à Mazières, un petit village d’Ille-et-Vilaine. Cao-Dac se présente aussitôt au dépôt de Rennes, où on l’éconduit puisqu’il n’est pas citoyen français…

Une nouvelle demande d’engagement, adressée cette fois au ministère de la Guerre en septembre 1914, est encore refusée. Le maire du village et son adjoint ayant été appelés sous les drapeaux, Cao-Dac Minh se propose pour les remplacer à la satisfaction de tous ! Mais son désir de se battre pour la France est toujours aussi fort. Grâce à l’appui du président de l’Office colonial, il peut enfin contracter le 26 avril 1915 un engagement pour la durée de la guerre au titre du 1er régiment de la Légion étrangère. Au mois de mai, il est affecté comme soldat mécanicien au 3ème groupe d’aviation de Dijon et rejoint bientôt une escadrille sur le front. Les pilotes l’amènent à plusieurs reprises en reconnaissance sur les lignes ennemies ; sa participation à un bombardement exécuté dans des conditions difficiles lui vaut même une citation et l’autorisation d’apprendre à piloter. Breveté (n° 1801) sur Caudron à l’école de Pau le 19 octobre 1915, le même jour que Phan-Tat Tao, il arrive une semaine plus tard à la réserve générale de l’Aéronautique. Du 26 janvier au 28 février 1916, le caporal Cao-Dac est détaché en mission auprès du service de l’organisation des travailleurs coloniaux au ministère de la Guerre. Il passe ensuite au GDE puis à l’école de chasse de Pau où il est accidenté en mars 1917 et radié du personnel navigant. Sa convalescence achevée, il est rappelé en Indochine par le Gouverneur général et débarque au Tonkin le 15 avril 1918. Autorisé à piloter de nouveau, il est affecté le 1er juin à l’escadrille n° 2 où il est victime d’un accident au décollage le 27 décembre 1918. Le hangar central de la base de Bach Maï va être baptisé "Sergent Cao-Dac Minh" en mémoire du premier aviateur tué en service aérien commandé en Indochine.

Vers la Renaissance :

La querelle de clocher opposant Albert Sarraut à la métropole ne prend fin qu’en septembre 1918. Le premier estime que l’aviation, étant un instrument de guerre, devait être soumise aux règles en usage pour l’infanterie et l’artillerie coloniale, c'est-à-dire qu’elle devait être entretenue par le budget métropolitain et dotée de son matériel de guerre, l’Indochine n’intervenant que par une contribution forfaitaire annuelle (11 millions et demi en 1918). La seconde, via le ministre des Colonies, répond que l’aviation coloniale ne rentre pas expressément dans l’organisation militaire de la France d’outre-mer ; pour être entretenue par le budget métropolitain, elle doit être créée, administrativement et financièrement, par des dispositions législatives qui restent à mettre en place (les décrets ne paraîtront qu’en janvier 1920). Dans l’intervalle, l’Indochine doit donc supporter la totalité des dépenses engagées jusqu’ici au titre de l’aviation. Le Gouverneur général se résout le 6 septembre à accepter de rembourser à l’Aéronautique les 80.000 piastres correspondant au prix des dix Voisin expédiés en 1917-1918 (soit 36.000 francs par avion, transport compris), ainsi que les dépenses de transport du personnel envoyé de France en 1917. Il précise aussi les besoins en matériel de l’escadrille n° 1 : six ou huit Nieuport et deux hydravions "d’expérience", pas forcément du dernier type. Un personnel complémentaire est demandé pour assurer aux deux escadrilles un fonctionnement normal. Le même jour, Albert Sarraut pose les principes d’organisation et de fonctionnement du Service de l'aviation en Indochine pour les années à venir :

"Le service de l'aviation indochinoise est rattaché au Gouvernement général. Le Chef de service est un capitaine ou un officier supérieur, pourvu du brevet de pilote et choisi, si possible, parmi les mutilés de la guerre. Le siège du service est à Hanoï. Le service comprend deux escadrilles, ayant leur siège la première à Hanoï ou Haïphong, la deuxième à Saïgon. Chacune d'elles est commandée par un officier pilote et compte deux ou trois sous-officiers, européens et indigènes. Chaque escadrille dispose d'un centre principal d'aviation situé à Haïphong ou Saïgon et des centres annexes tels que celui de Hanoï pour l'escadrille n° 1. Des terrains d'atterrissage, munis de hangars de fortune, seront aménagés auprès des centres de population les plus importants. Au cours de l'année 1919, seront étudiées les possibilités d'adjonction à chaque escadrille d'une section d'hydravions. Toutes les dépenses du service, y compris celles du transport maritime du personnel venu de France, sont à la charge du Budget général de la Colonie, qui reçoit tous les ans, à titre de dotation 8 à 10 avions, fournis par le service aéronautique métropolitain, au compte du Budget colonial" .

La cessation des hostilités, en rendant disponible un nombre important d’hommes et de matériels, incite le Gouverneur général à se montrer plus "gourmand". Le 23 novembre 1918, annulant sa précédente demande, il réclame pour les deux escadrilles d’Indochine l’envoi d’un officier supérieur pilote "pourvu d’un prestige personnel dû à de brillants services de guerre", de quatre officiers pilotes dont un marin, de quatre sous-officiers pilotes (dont un pour hydravions), de huit mécaniciens (dont deux pour hydravions), deux spécialistes en voilure et six à huit indigènes du Service aéronautique ; le matériel nécessaire doit cette fois se composer de huit avions de modèle récent, d’une envergure inférieure à 16 mètres mais capables d’emporter un passager et 100 kg de bagages, et de quatre hydravions de modèle récent. Il prévient pour finir que tous les moteurs "perdent ici un dixième de leur puissance".

L’envoi d’un nouveau personnel est rendu nécessaire par la démobilisation du précédent. Le premier à rentrer en France est le capitaine Condamy, bientôt suivi du chef de bataillon Claustre qui est relevé de ses fonctions le 7 janvier 1919. À la date du 13 février 1919, le Service de l’aviation ne compte plus que quatorze réservistes qui vont tous être rendus à la vie civile avant la fin de l’automne. L’escadrille n° 2 dispose du sergent Rusch (pilote), des caporaux Glemot et Coquillat (mécaniciens et conducteurs) de même que des soldats de deuxième classe Buisson, Barbier, Baudo et Laurent (mécanicien, conducteurs et photographe). Tous les avions Voisin sont déclassés ou hors d’usage ; il ne reste plus que sept moteurs Salmson Canton-Unné de 150 HP pouvant être utilisés sur des hydroglisseurs, une section photographique partagée entre le Tonkin et la Cochinchine et deux postes de TSF.

 L’armistice signé, la Métropole peut répondre favorablement aux demandes du Gouverneur général de l’Indochine. En décembre 1918, le chef de bataillon François Glaize est désigné pour prendre la direction de l’Aéronautique d’Indochine. Ce brillant officier colonial a terminé la guerre à la tête du groupe de combat n° 15 après avoir commandé des escadrilles de bombardement et de chasse. Il choisit comme officier en second le lieutenant Julien Guertiau, commandant de l’escadrille SPA 97 et as de guerre aux huit victoires confirmées qu’il a eu sous ses ordres au GC 15. L’Aéronautique d’Indochine est officiellement créée par arrêté du 11 mai 1919. Le matériel quitte la France en novembre 1919 et l’ensemble du personnel le mois suivant ; les premiers vols dans la Colonie sont effectués en janvier 1920. L’Aéronautique comprend un état-major à Hanoï, l’escadrille n° 1 au Tonkin (terrains de Bach Maï et Ha Ly) et l’escadrille n° 2 en Cochinchine (terrains de Phu Tho et Nha Bé). Son matériel est composé de Breguet 14 A2, rejoints à l’automne 1920 par des hydravions Breguet 14 A2, et d’hydroglisseurs de Lambert.

Les photos

Cao-Dac Minh en 1915, au moment de son engagement dans l’Aéronautique militaire française - Né le 3 janvier 1888 à Sontay (Tonkin) - Fils de Son Cao-Dac et de Dang Aln-Hop - Profession avant guerre Professeur - Entré en service au 1er régiment de la Légion Etrangère, le 24 avril 1915 - Brevet de pilote militaire n° 1801 obtenu à l'école d'aviation militaire de Pau, le 19 octobre 1915 - Ecole d'aviation militaire de Pau jusqu'au 27 octobre 1915 - Détaché temporairement au service de l'organisation des travailleurs coloniaux au Ministère de la Guerre du 26 janvier au 28 février 1916 - GDE à compter du 28 février 1916 - Pilote de l'escadrille n° 2 d'Indochine du 1er juin au 27 décembre 1918 - Tué au cours d'un accident aérien au décollage, aux commandes d'un Voisin V LAS - Photo collection Christophe Cony que je remercie pour son aide.

Un Voisin V LAS en métropole - Aucune photo de ce type d’appareil en Indochine n’a pu être retrouvée malgré toutes nos recherches - Si un lecteur de cette page possède des photos des Voisin en Indochine, qu'il veuille prendre contact avec l'auteur du site - Photo collection Christophe Cony que je remercie pour son aide.

Les restes d’un Voisin V carbonisé au sol - Photo collections du SHD-Air du Château de Vincennes.

 

Tous mes remerciements à :

- M. Christophe Cony pour son étude de l'escadrille n° 2 d'Indochine.

Bibliographie :

- L'aviation française en Indochine des origines à 1945 par Christophe Cony, Michel Ledet et Lucien Morareau - Ouvrage publié par Léla-Presse en 2012.
- Les escadrilles de l'aéronautique militaire française - Symbolique et histoire - 1912-1920 - Ouvrage collectif publié par le SHAA de Vincennes en 2003.
- L'aviation française 1914-1940, ses escadrilles, ses insignes - par le Commandant E Moreau-Bérillon - publié à compte d'auteur en 1970.
- Les Armées françaises dans la Grande Guerre publié à partir de 1922 par le Ministère de la Guerre.
- Site Internet "Mémoires des hommes" du Ministère de la Défense - Voir le lien

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Escadrille n° 1 d'Indochine

 

 

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