Détachements de chasse 512 - 513 - 514 :
Les détachements de chasse ont été progressivement créés, à partir de janvier 1917. Ils étaient chargés de protéger les missions des unités auquelles ils étaient rattachés. Les détachements de chasse 512 - 513 - 514, depuis leur création à leur réunion pour constituer la N 94, ont remporté une victoire homologuée et ont eu à déplorer un mort au combat.
Le 25 mai 1917, l'Adj Pierre Desmond, pilote du détachement 514, attaché au service de l'escadrille F 71, abat un avion allemand qui est homologué et le Sgt Henri Goss appartenant au même détachement, est tué au cours d'un combat aérien dans les environs de St-Souplet (Marne). Son adversaire était probablement le Ltn Rudolf Matthaei du Jasta 21 (sa 2ème victoire).
Création de l'escadrille :
L'escadrille N 94 a été créée en réunissant les moyens matériels et aéronautiques des détachements de chasse 512, 513 et 514, à partir du 1er juin 1917. Ces différentes formations étaient auparavant rattachées aux escadrilles F 22 (dét 512), C 56 (dét 513) et F 71 (dét 514). Les personnels, quand à eux, arrivent en grande majorité de l'escadrille N 38 - La nouvelle escadrille est placée sous le commandement du Cne Edouard Pillet, issu de l'infanterie, qui arrive de l'escadrille N 79.
Pilotes de l'escadrille N 94 : Cne Edouard Pillet - Slt Alexandre Ottavy - Slt Georges Parizet - Adj Pierre Desmond - Sgt Jean Garnier - MdL Pierre Barriot - Adj André Martenot de Cordoux - Sgt Léon Van den Bossche - Sgt Henri Variot - Sgt Jean Régis - MdL Léo Rayer - Sgt Marcel Moreau - Cal Emile Champagnole - Brig Marcel Boistière - Cal Etienne Carbone - Brig Pierre Marinovitch.
Le 18 juin 1917, l'Adj Pierre Desmond est cité à l'ordre de l'armée pour un avion qu'il a abattu alors qu'il était pilote du détachement 514, le 25 mai 1917. En voici le texte : "Pilote conscencieux et d'un courage souvent éprouvé; a su au cours d'un combat, le 25 mai 1917, venger un camarade moins heureux en abattant son adversaire.". Il s'agit de la première victoire homologuée de ce parisien né en 1891.
Le 13 juillet, le Sgt Henri Variot abat un Albatros dans les environs de Mont-Haut. Ce pilote, issu du détachement de chasse 512, remporte sa première victoire homologuée. Il est cité à l'ordre de l'armée, le 30 juillet : "Pilote d'une conscience élevée, a toujours accompli ses missions en homme de devoir. le 13 juillet 1917, au cours de l'un d'elles, a abattu un avion ennemi dans ses lignes."
Le 25 juillet, l'Adj André Martenot de Cordoux abat un Rumpler C'est la seconde victoire homologuée pour ce pilote issu du détachement de chasse 513. Pour ce fait d'arme, il est décoré de la Croix de Guerre et cité à l'ordre de l'armée pour la seconde fois, le 5 août 1917 : "Pilote adroit et plein d'ardeur. s'est toujours acquitté avec succès des missions de chasse et de protection qui lui ont été confiées. Grièvement blessé, le 20 mai 1916, au cours d'un combat aérien, a réussi grâce à son courage, à abattre son adversaire. A repris sa place à l'escadrille bien qu'incomplétement guéri, donnant ainsi un bel exemple du devoir. Le 25 juillet 1917, a descendu son deuxième appareil. Deux citations à l'ordre de l'armée."
Le Nieuport piloté par le Slt Alexandre Ottavy s'écrase sur le terrain d'aviation, après une chute de 30 mètres, le 29 juillet. Cet accident est dû à une panne moteur consécutive à la mauvaise qualité des bougies. Par chance, le pilote, un instituteur né à Toulon (Var) est légèrement blessé à l'orbite d'un oeil, sans que celui-ci ne soit touché. Ayant été une victime de cet incident mécancique qui aurait pu lui coûter la vie, il reçoit une citation à l'ordre du service aéronautique de la 4ème armée, le 5 août 1917.
Premier insigne pour la N 94 :
En août 1917, les avions de l'escadrille présentent un premier insigne d'escadrille, il s'agit d'un crabe peint au naturel ou sur disque blanc.
Le 8 septembre 1917, le Slt Georges Parizet et le MdL Pierre Marinovitch attaquent un groupe de quatre monoplaces de chasse allemands au-dessus de St-Hilaire-le-Petit. Dans la bagarre générale qui suit, un des Albatros D V est abattu et s'écrase dans ses lignes. Cette victoire aérienne est homologuée aux deux pilotes qui remportent leur première victoire et une citation à l'ordre de l'armée. En voici le libellé, pour le Slt Parizet : "Sous-lieutenant d'infantyerie plein d'énergie et d'audace, s'est révélé dès ses débuts dans l'aviation. Le 8 septembre 1917, a abattu un avion ennemi dans ses lignes, ramenant son propre appareil percé de balles." et pour le MdL Marinovitch : "Pilote habile et audacieux, toujours volontaire pour les missions les plus dangereuses. Le 8 septembre 1917, en combat aérien, a abattu un avion ennemi dans ses lignes."
Les Nieuport sont interdits de vol :
Le 13 septembre, les Nieuport sont interdits de vol jusqu'à nouvel ordre. Les ailes inférieures doivent être modifiées et les appareils, ainsi corrigés, seront ensuite repris en compte par l'unité. L'interdiction de vol prendra fin le 9 octobre après modification et réception des avions. Les vols reprendront dès le lendemain.
Mort du Sgt Jean-Baptiste Régis :
Le 20 octobre 1917, le Sgt Jean-Baptiste Régis est victime d'un grave accident aérien alors qu'il convoie un Nieuport 27. Grièvement blessé, il décéde des suites de ses blessures, à l'hôpital mixte d'Auxerre (Yonne), le lendemain.
Le 1er novembre, l'Adj Henri Variot abat un biplace qui tombe en flammes dans les environs de Souain. Ses adversaires étaient probablement les Ltn Friedrich Hahn et Ltn Karl Mangold du FlAbt 297b qui ont été tués. Pour cette victoire, Variot recoit une citation à l'ordre de l'armée, le 9 novembre 1917 : "Pilote d'une froide bravoure, possédant un haut dégré la notion du devoir, toujours égal à lui-même dans les différentes missions qui lui sont confiées; a attaqué, le 1er novembre 1917, deux avions ennemis croisant dans leurs lignes et abattu l'un d'eux en flammes."
Préparation à la création de l'escadrille N 156 :
Le 22 novembre 1917, les effectifs de l'escadrille sont renforcés par l'arrivée de personnels en excédent. Il s'agit de préparer la création d'une nouvelle escadrille, la N 156. Celle-ci sera composée d'un noyau dur provenant de la N 94 et des personnels en supplément, arrivés le 22. Celle-ci sera officiellement créée, le 1er janvier 1918.
Second insigne de la N 94 :
En décembre 1917, l'insigne de la N 94 évolue. Le crabe se voit associer le buste de la République.
Le 5 décembre 1917, le MdL Pierre Marinovitch et le Sgt Léon Van den Bossche abattent chacun un avion ennemi. Le premier force l'équipage d'un Rumpler C à s'écraser près de Mourmelon-Baconnes, où il est fait prisonnier. Il s'agit de la seconde victoire homologuée pour ce pilote. Le second abat un Albatros C qui s'écrase dans les environs de Sommepy. Les deux aviateurs victorieux sont récompensés chacun d'une citation à l'ordre de l'armée qui leur est décernée, le 16 décembre 1917. En voici le libellé pour le MdL Marinovitch : "Excellent pilote de chasse, d'une audace exceptionnelle; a soutenu de rudes combats, rentrant souvent avec un appareil gravement atteint. Le 5 décembre 1917, a attaqué seul un biplace ennemi et l'a abattu dans nos lignes."
Troisième victoire pour Marinovitch :
Le 22 décembre 1917, le MdL Pierre Marinovitch abat un 3ème adversaire, un Rumpler C qui s'écrase au Nord de Pont-Faverger. Il reçoit une nouvelle citation à l'ordre de l'armée : "Pilote de chasse accompli, volontaires pour toutes les missions périlleuses, a montré dès ses débuts une audace et d'une ardeur admirables qui ne se sont jamais démenties. N'a pas livré moins de trente combats, ramenant souvent son appareil criblé de balles ou d'éclats d'obus. Le 22 décembre 1917, a abattu son troisième avion ennemi. Deux citations."
Mort du MdL Léo Rayer :
Le 27 décembre 1917, une patrouille composée des MdL Léo Rayer, MdL Camille Grangeron, Sgt Léon Van den Bossche décolle pour assurer la protection d'une mission de corps d'armée qui est annulée en vol. En regagnant le terrain de la Melette, le Nieuport 24 bis, piloté par le MdL Léo Rayer, part en vrille et s'écrase au sol, près du chenil de l'armée, sans que son pilote ne puisse le redresser. Rayer est tué sur le coup. Les causes réelles de cet accident n'ont pas été connues, soit une défaillance mécanique, soit une erreur de pilotage comme une manoeuvre trop brusque ayant provoquée une perte de vitesse et un départ en vrille qui n'a pu être corrigé.
Création de l'escadrille N 156 :
Le 1er janvier 1918, l'escadrille N 156 est officiellement constituée sur le terrain de la Melette. Une partie des personnels de la N 94 passent à la 156 et complétent les hommes affectés en excédent, à partir du 22 novembre 1917. La nouvelle unité est placée sous le commandement du Cne Emile Paumier.
* Liste des pilotes de la N 94, à la date du 1er janvier 1918 : Cne Edouard Pillet - Ltt André Laganne - Ltt Georges Parizet - Ltt François de Lagerie - Slt André Martenot de Cordoux - Adj Pierre Marinovitch - MdL Edmond Bessières - MdL Jean Ondet - Sgt Pierre Cordier - MdL Roger Busch - Sgt Auguste Cornille - Cal Houston Woodward (USA) - Cal André Martin - Cal Eloi Bonnet - Brig Miguel Sainz - Cal Charles Nicolas - Brig Henri Chan.
* Liste des pilotes de la N 94 affectés à la N 156, le 1er janvier 1918 : Cne Emile Paumier - Slt Alexandre Ottavy - Slt Raoul Belloc - Adj Henri Variot - Adj Pierre Barriot - Sgt Jean Garnier - Sgt Léon Van den Bossche - MdL Camille Grangeron - Cal Wallace Winter (USA) - Sgt Jean Herbert - Brig René Royer - Sgt Edouard Chatillon - Cal Jean Delaunay - Cal Walter Schaffer (USA) - Cal David Puttnam (USA).
Le même jour, le MdL Pierre Marinovitch remporte sa 4ème victoire homologuée contre un Rumpler C qui s'écrase dans les environs de Beine. Pour ce nouveau fait d'arme, il reçoit une quatrième citation à l'ordre de l'armée, en date du 8 janvier 1918 : "Pilote de chasse accompl, ne cesse de donner de nouvelles preuves de son audace et de son courage. Le 1er janvier 1918, a abattu loin dans ses lignes un avion ennemi, portant ainsi à quatre le nombre de ses victoires."
Mort du Cal Charles Nicolas :
Le 3 janvier 1918, le Cal Charles Nicolas est grièvement blessé au cours d'une mission de protection d'un avion de corps d'armée. Il est touché par deux balles, la première le touche au bras et la seconde lui traverse la poitrine de part en part. Engagé loin dans les lignes adverses, il réussit à force de courage à ramener son avion dans nos lignes et atterrir près de Mourmelon. Il est évacué sur l'ambulance 8/6. Sitôt prévenu, le Cne Edouard Pillet, son commandant d'unité, arrive sur place, accompagné du Ltt Georges Parizet. Le médecin-chef de l'hôpital de campagne espère le sauver et les deux officiers rentrent à l'escadrille un peu moins inquiets. A 22 heures, la Médaille Militaire, qui a été décernée au Cal Nicolas, arrive à l'hôpital. Elle ne sera pas décernée de suite, le médecin préférant que l'aviateur soit décoré par son chef. Malheureusement, malgré les nouvelles rassurantes, le Cal Nicolas décéde des suites de ses blessures, le 4 janvier à 7 heures. Le médecin-chef, qui a tout tenté pour le sauver, l'a décoré avant qu'il ne pousse son dernier soupir. Ses obséques ont eu lieu à Mourmelon-le-Petit, le 5 janvier 1918.
Le Caporal Charles Nicolas a été décoré de la Médaille Militaire et a reçu une citation à l'ordre de l'armée, le 3 janvier 1918. La décoration lui a été remise sur son lit d'hôpital, juste avant sa mort, le 4 au matin. En voici le libellé : "Engagé volontaire dans une troupe de choc, a toujours recherché les postes dangeureux et les missions difficiles. Passé dans l'aviation, n'a cessé d'y faire preuve du plus brillant courage et d'un sang-froid superbe. A été grièvement blessé, le 3 janvier 1918, dans un combat aérien au-dessus des lignes ennemies, au cours d'une mission de protection."
Le 6 janvier, alors qu'ils patrouillent loin dans les lignes allemandes, le Ltt Georges Parizet et le Cal Houston Woodward (USA) attaquent une formation de trois Albatros. L'un des biplans est touché et tombe en vrille. Le Cal Woodward le suit en piqué jusqu'à une altitude de 1500 mètres et le voit s'écraser au sol dans les environs de Manre (08). Toutefois, cette victoire ne sera pas confirmée en raison de la brume qui couvrait la région et qui a empêché à d'autres témoins d'assister à la scène.
Le 12 janvier, au cours d'un vol d'entraînement sur le terrain, l'avion piloté par le Cal Auguste Cornille capote. Heureusement, l'infortuné pilote est indemne et son avion gravement endommagé sera évacué sur le parc pour être remis en état. Le 15 janvier, le Cne Edouard Pillet est détaché pour quatre jours au Parc n° 4 pour être formé sur le moteur Hispano-Suiza.
Cinquième victoire pour Pierre Marinovitch :
Le 19 janvier, le MdL Pierre Marivonitch et le Cal Austin Créhore (USA) s'en prennent à un Albatros D V qu'ils croisent loin dans ses lignes, au Nord de Manre-Beine (08). Il s'agit de la 5ème victoire homologuée pour Marinovitch.
Le 22 janvier, l'Adj André Martenot de Cordoux, le MdL Pierre Marivonitch et les caporaux américains Houston Woodward et Austin Créhore mitraillent les tranchées allemandes dans la région de Tahure, à seulement 300 mètres d'altitude. Le 25, la patrouille composée des Ltt Georges Parizet, Ltt André Laganne et les Maréchaux des Logis Edmond Bessières et Eloi Bonnet est attaquée par un monoplace allemand qui est abattu et s'écrase dans les environs de Fontaine-en-Dormois. Ces pilotes recevront une citation à l'ordre du 8ème corps d'armée pour ce fait d'arme, le 23 février.
Le 26 janvier, le Brig Miguel Sainz, victime d'une panne moteur, est contraint d'atterrir en campagne, à 2 km au Nord de Somme-Bionne (Marne). Son Nieuport capote et est endommagé.
Remise de décorations :
Le 29 janvier 1918, le Général Henri Gouraud, commandant de la 4ème armée, remet la Croix de Guerre au Cne Edouard Pillet et au MdL Jean Ondet. Le MdL Pierre Marinovitch se voit décerner la Médaille Militaire. Pendant la même cérémonie, l'escadrille SPA 39 reçoit la fourragère aux couleurs de la Croix de Guerre.
Croix de Guerre et citation à l'ordre de l'armée associée du Cne Edouard Pillet, décernée le 8 janvier et remise sur le front des troupes, le 29 janvier 1918 : "Officier d'une haute valeur morale et militaire; dans l'aviation depuis juillet 1915, a, comme observateur, exécuté cent vingt missions sur la plaine d'Alsace, au cours desquelles il a dû livrer de durs combats. Comme pilote d'une escadrille d'armée, il exécute, de janvier à avril 1917, dix-neuf reconnaissances à basse altitude du champ de bataille, rapportant des renseignements précieux au commandement. A été blessé le 21 mars, au cours d'une de ces missions. jeune chef d'une escadrille de chasse, a fait de l'unité qu'il a constituée et qu'il commande, une formation d'élite qui peut rivaliser avec les meilleures."
Intégrée au GC 18 et à l'escadre de combat n° 1 :
Le 31 janvier 1918, l'échelon roulant de l'escadrille quitte le terrain de la Melette, où il était stationné depuis le 1er juin 1917, pour s'installer sur celui de Villeneuve. Les avions rejoindront plus tard, actuellement bloqués par le brouillard qui couvre toute la région.
La N 94 est rattachée au Groupe de Combat n° 18, commandé par le Cne Sabatier, en compagnie des escadrilles N 48, N 153 et N 154. Trois groupes de combat, les GC 15, GC 18, GC 19, qui viennent d'être constitués, sont réunis au sein de l'Escadre de Combat n° 1.
Le soir même, le Cne Pillet fait lire à ses hommes la note suivante : "Le capitaine félicite et remercie tous les hommes de l'escadrille qui ont opéré le déménagement avec entrain. Il espère que l'unité tiendra à coeur de se montrer la plus active, la plus gaie, la mieux tenue."
Le 2 février, les avions, bloqués sur le terrain de la Melette, peuvent enfin rejoindre. Le 5 février, une note émise par l'aéronautique du GQG, en date du 3 février, annonce la future transformation de l'unité sur SPAD VII et XIII. Les Nieuport 24 et 27 seront reversés à la Réserve d'Armée de la Melette et les 24bis au GDE. Les pilotes seront envoyés en stage au GDE pour être formés sur SPAD, des avions beaucoup plus rapides que leurs précédentes montures. Leurs stages terminés, les pilotes iront rejoindre les mécaniciens qui ont pris livraison des avions à la RGAé du Bourget et les convoieront sur le terrain de Villeneuve.
Le 6 février, les Nieuport 24 et 27 sont convoyés vers la Réserve d'Armée de la Melette. Le lendemain, les pilotes partent pour le GDE (Groupement des Divisions d'Entrainement) et les mécaniciens pour la RGAé du Bourget.
Le 17 février, leurs stages étant terminés, les Ltt André Laganne, MdL Jean Ondet, MdL Roger Busch, Cal Auguste Cornille, Cal Houston Woodward rentrent à Villeneuve. Ils sont suivis du Ltt Georges Parizet, Slt André Martenot de Cordoux, MdL Edmond Bessières, Cal André Martin, Brig Miguel Sainz. Le lendemain, c'est au tour du Cne Edouard Pillet et du Sgt Pierre Cordier de rejoindre leurs camarades.
Le 19 février 1918, le Slt François de Lagerie et le Brig Eloi Bonnet décollent du RGAé du Bourget, aux commandes de leurs SPAD flambants neufs, à destination de Villeneuve et s'égarent en vol. Ils sont contraints de se poser à Villemer, près de Soigny (Somme) pour de Lagerie et Cravant, près d'Auxerre (Yonne) pour Bonnet. Le premier rejoindra la 94, le 22 février et le suivant le 3 mars.
L'escadrille devient la SPA 94 :
Le 3 mars 1918, désormais entierement équipée d'avions monoplaces de chasse SPAD VII et SPAD XIII, l'escadrille 94 devient officiellement la SPA 94.
Inspection du centre de Villeneuve :
Le 13 mars, le Général en Chef Philippe Pétain, accompagné du Général Franchet d'Espérey et de l'aide-major général Duval, chef du service de l'aéronautique au GQG, passent en revue les unités stationnées sur le terrain de Villeneuve.
Dernier avertissement :
Le 21 mars, le commandant de l'escadre de combat n° 1, apprenant que certains pilotes de chasse appartenant aux groupes sous ses ordress, sont allés patrouiller sur les lignes, contrairement aux ordres donnés, donne un dernier avertissement. Après cette date, tout pilote passant outre, sera traduit devant un conseil de guerre et cet acte d'indicipline sera jugé comme abandon de poste. Pour l'officier supérieur, il faut en finir avec la recherche du succès individuel.
Le 22 mars, le Slt André Martenot de Cordoux reçoit la Croix de Guerre belge pour actions d'éclat accomplies et blessures reçues sur le territoire belge et en coopération avec l'armée belge.
Ordre de mouvement annulé :
Le 23 mars, vers 15 heures, l'ordre de départ de l'escadre arrive. Le premier échelon en charge de l'entretien courant des avions devra faire mouvement dès le lendemain, à 1 heure du matin. Le 2ème échelon, en charge de la maintenance et des réparations plus lourdes suivra un peu plus tard. Le 24, les avions sont sortis de leurs hangars à 6h30 et les premiers décollent. Vers 8 heures, le déménagement est suspendu et à 13h annulé. On rappelle le premier échelon qui doit faire demi-tour et rejoindra le 25 mars à 19 heures.
Déménagement sur le Plessis-Belleville :
Le 26 mars, une patrouille composée du Ltt André Laganne, de l'Adj Pierre Marinovitch et du Cal André Martin attaque un biplace allemand dans les environs de la côte de Caurel. Le combat commence vers 3000 mètres et prend fin à 400 mètres. Le biplan adverse, touché par les tirs du Ltt Laganne et du cal Martin, tombe en vrille, en laissant échapper de larges volutes de fumée noire. Malgré sa disparition au milieu d'une forte brume, cet avion a été homologué aux deux aviateurs.
Citation à l'ordre de l'armée du Sgt André Martin, décernée le 12 août 1918 : "Très bon pilote, plein d'allant,ayant livré de nombreux combats extrêmement durs et ramenant parfois son avion criblé de balles. A abattu récemment un avion ennemi qui est tombé en flammes dans nos lignes. Une blessure. Une citation."
Le soir, vers 18h30, les commandants d'escadrilles sont appelés au bureau du GC 18. L'escadre de combat n° 1 doit faire mouvement et se rendre au Plessis-Belleville, terrain principal du GDE. Vers 21 heures, l'ordre de faire partir le 1er échelon, à 6 heures le lendemain matin, est donné.
Le 27 mars, le 1er échelon part à l'heure prévue. Le 2ème échelon suivra le 28 à 6 heures du matin. Comme il manque un camion à l'escadrille, une partie de bagages et 15 hommes partiront en train. Le groupe américain prêtera un camion par escadrille pour transférer les bagages, puis les hommes à la gare. Les hommes, sous la responsabilité du Ltt Gardet, embarqueront à la gare de la Fère-Champenoise.
Le 30, au Plessis-Belleville, le bureau de piste de la SPA 94 est le premier à être opérationnel au sein de l'escadre de combat n° 1. Les chambres pour les officiers et sous-officiers pilotes sont aménagées sur place. Le temps sur zone étant franchement mauvais, les vols ne pourront reprendrent que le lendemain. Suite à un violent orage, plusieurs pilotes sont contraints d'atterrir en campagne avec des hélices endommagées par la pluie.
Mort du Cal Houston Woodward :
Le 1er avril, le Slt André Martenot de Cordoux abat un avion ennemi dans les environs de Montdidier. Il s'agit probablement du Ltn Paul Hoffmann du Jasta 12, qui a été blessé dans cette zone et qui est décédé des suites de ses blessures. Cette victoire ne sera homologuée au pilote français que le 8 avril. Cet avion est la 3ème victoire homologuée du sous-lieutenant. Malheureusement, deux pilotes de la SPA 94 ne rentrent pas au terrain. Il s'agit des Sgt Auguste Cornille et Cal Houston Woodward.
Une note émise par le GC 18 annonce le départ du groupe pour Pierrefonds, le 3 avril.
Le lendemain, le Sgt Cornille téléphone qu'il s'est posé en panne à Ormoy-le-Davien (Oise). Pour lui, la panne serait causée par une mauvaise carburation et demande de l'essence pour remplacer celle de son avion. Dépanné par des mécaniciens, il rejoint l'escadrille vers midi. Le mouvement vers Pierrefond est différé. Au soir, le Cal Woodward, n'ayant pas donné de nouvelles, est porté disparu. En fait, il a été tué au cours d'un combat aérien, aux commandes du SPAD VII n° 1419, probablement par le Ltn Johannes Klein, du Jasta 15, dont c'est la 4ème victoire.
Citation à l'ordre de l'armée du Cal Houston Woodward, décernée, le 29 avril 1918 : "Pilote de chasse audacieux jusqu'à la témérité et recherchant opiniatrement l'ennemi. Le 6 janvier 1918, abattait un avion ennemi loin dans ses lignes. A disparu, le 1er avril 1918, dans la région de Montdidier, au cours d'un combat contre plusieurs avions ennemis. A été cité."
Le soir du 5 avril, le départ des GC 18 et GC 19 est annoncé pour le dimanche 7 avril. Le lendemain, les hommes préparent le déménagement. Les ordres précisent que l'échelon léger du GC 18 partira le 7 avril à 5 heures et l'échelon lourd à 7 heures. Un wagon sera mis à la disposition du groupe pour transférer les bagages. Les hommes ne pouvant trouver place dans les voitures et camions prendront le train. Le lendemain, les deux échelons partent avec deux heures de retard. Ils arrivent à Pierrfond à 11 heures et 16 heures pour le lourd. La tente servant de bureau de piste est montée avant le repas du soir.
Le 11 avril, le Brig Eloi Bonnet, en patrouille avec l'Adj Pierre Marinovitch, est contraint de poser son SPAD VII sur l'ancien terrain d'aviation de Tartiers, au Nord-Ouest de Soissons. L'avion capote dans un trou d'obus et est fortement endommagé. Le brigadier s'en tire sans la moindre égratignure. Le Caporal Prieur, accompagné d'un autre mécanicien et d'un armurier partent démonter la mitrailleuse Vickers et les instruments de bord. L'Adj Pierre Marinovitch est victime du même incident en rentrant au terrain, son SPAD XIII capote en atterrissant et est endommagé. Cette fois encore, le pilote est indemne. Un ordre de mouvement arrive et prescrit le déplacement de l'escadrille sur le terrain de Montagne-Fayel, à l'Ouest d'Amiens.
Terrain de Montagne-Fayel :
Le 12 avril, à 5 heures du matin, le Brig Eloi Bonnet et les 3 mécaniciens, chargés de démonter son avion et de récupérer l'armement et les instruments de bord, rentrent. L'échelon léger fait mouvement à 9 heures sous le commandement du Ltt Hugues et de l'Adj Engonin. Au moment du départ, un avion allemand apparait, lâche trois bombes et mitraille le terrain, sans faire de dégat, ni de victime.
Mort du MdL Roger Busch :
Le 12 avril, le MdL Roger Busch ne rentre pas de patrouille. Il a été tué, aux commandes du SPAD VII n° 3191, probablement par le Ltn Ulrich Neckel du Jasta 12. Busch est compté comme sa 9ème victoire.
Le 13, l'échelon lourd partit à 5 heures du matin, arrivera à Montagne-Fayel à 20 heures. L'échelon léger arrive sur place à 11 heures. Tous les SPAD VII et XIII de la SPA 94 relient normalement le terrain de Pierrefonds à celui de Montagne-Fayel. le 16, l'escadrille change d'emplacement et s'installe à l'extrémité du terrain dans des Bessonneaux.
Le 17 avril 1918, plusieurs appareils sont victimes de pannes. D'abord, l'Adj Eloi Bonnet, qui convoyait un SPAD, se pose en panne à Sommelleux, à 2 km de Grandvilliers, puis le Brig Henri Chan, qui arrive de Pierrefonds et qui se pose en panne à Fouquerolles. L'Adj Pierre Marinovitch rejoint avec son SPAD en provenance du Plessis-Belleville. Le 19, le Cal Bourry part, en compagnie des mécaniciens, pour dépanner le Cal Martin en panne à Roupied, près d'Aumale. Ils rentreront le lendemain.
Le 20, le Brig Henri Chan, qui a décollé de Fouquerolles, terrain occupé par le GC 17, n'est pas rentré. Il rejoindra son unité, le lendemain à 10 heures. Le 22, les derniers mécaniciens, en provenance de Pierrefonds, rejoignent l'unité qui est désormais à son complet. Depuis plusieurs jours, les SPAD de la 94 multiplient les patrouilles sur les lignes.
La patrouille se perd dans le brouillard :
Le 24, la patrouille d'alerte, composée de quatre SPAD, décolle au lever du jour. Peu de temps après, un brouillard très dense se forme et couvre toute la région d'une belle purée de pois. Les aviateurs ont toutes les peines du monde de retrouver leur route, l'Adj Edmond Bessières se pose sur la route de Joues à Crouy, le Brig André Martin à Fluy, le Brig Miguel Sainz à Boulainvillers entre Ornoy et Aumale et finalement le Cal Eloi Bonnet à Estrées-sur-Noye, au Sud d'Amiens. Ils pourront repartir quand la visibilité sera redevenue normale.
Le 27 avril, l'escadrille est d'alerte au sein du GC 18. Le Brig Eloi Bonnet téléphone qu'il s'est posé en panne à Frocourt, dans les environs de Poix. Une équipe de mécaniciens part aussitôt pour le dépanner.
Ltt Gonzague Pavret de la Rochefordière cdmt de la SPA 94 :
Suite au message n° 32096 du Général Commandant en Chef, en date du 30 avril 1918, le Ltt Gonzague Pavret de la Rochefordière est nommé commandant de l'escadrille SPA 94. Il prendra effectivement son poste, le 2 mai 1918 en provenance de l'escadrille SPA 3. Il succède au Cne Edouard Pillet qui a assuré son commandement du 1er juin 1917 au 2 mai 1918.
Visite du Général Duval :
Le 3 mai 1918, le Général Duval, commandant du service aéronautique du GQG, visite les unités de l'escadre de combat n° 1. Le lendemain, l'Adj Henri Chan est victime d'une panne de pression mais réussit à rentrer au terrain par ses propres moyens. Le 5 mai, une patrouille est envoyée en fin de journée, qui a été très mauvaise au niveau de la météo, et ne rentrera qu'à la nuit tombante.
Le 9 mai 1918, le Brig Miguel Sainz, qui a décollé à 15h20 avec une patrouille de la SPA 48, atterrit à Bovelles, victime d'une panne d'essence. Les mécaniciens sur place l'approvisionnent en essence et il peut rentrer sans problème à la Montagne-Fayel.
Mort de l'Adj Henri Chan :
Le 10 mai, la SPA 94 envoie successivement trois patrouilles. La première composée par le Ltt Guy de la Rochefordière, de l'Adj Henri Chan et du Cal André Martin, attaque deux biplans allemands qui navigent sur l'Avre, dans les environs de Contoire. Elle est elle-même attaquée par sept monoplaces Pfalz. Dans la mêlée, le SPAD XIII de l'Adj Henri Chan est abattu. Son adversaire était probablement le Ltn Josef Veltjens, du Jasta 15 dont c'est la 12ème victoire. Le SPAD du Cal Martin est touché au plan de dérive par une balle.
La seconde, composée du Slt André Martenot de Cordoux et l'Adj Pierre Marinovitch, attaque un groupe de sept Pfalz et 6 autres biplans dans la région de Moreuil, malheureusement sans résultat visible. La dernière patrouille partie ne sera pas engagée dans un combat aérien.
Citation à l'ordre de l'armée de l'Adj Henri Chan, du 7ème régiment de Chasseurs, pilote de l'escadrille SPA 94 en date du 13 juin 1918 : "S'est signalé pendant six mois dans l'aviation de corps d'armée, où il a reçu successivement trois blessures. A peine arrivé dans l'aviation de chasse, s'y est fait remarquer par son entrain et son audace. Disparu dans les lignes ennemies au cours d'un combat contre sept avions. deux citations."
Le 14 mai, l'Adj Pierre Marinovitch attaque un biplace allemand, au Nord de Moreuil. Pas de taille à se défendre, l'équipage pique à mort dans ses lignes. Cet avion sera compté comme probable au pilote.
Sixième victoire pour Marinovitch :
Le 15 mai, l'activité aérienne est très soutenue. L'Adj Pierre Marinovitch attaque un Rumpler allemand de grande reconnaissance, qui avait pénétré jusque dans la région de Poix. Il réussit à obliger l'équipage à atterrir dans les lignes françaises aux environs d'Esserteaux, au Sud d'Amiens. Les deux officiers allemands, les Ltn Fricke et von Bülow sont faits prisonniers après avoir fait exploser leur avion. C'est la 6ème victoire homologuée de Marinovitch.
Les 16 et 17 mai, les patrouilles sur les lignes se succédent. Plusieurs combats sont livrés sans résultat visible. Le Slt André Martenot de Cordoux rentre avec son SPAD XIII touché de plusieurs éclats d'obus dans l'aile supérieure et le radiateur. Le 19, le Sgt André Martin, qui patrouille avec deux autres SPAD, est attaqué par une patrouille de monoplaces Pfalz qui lui placent plusieurs balles dans son appareil.
Nouvelle victoire pour Marinovitch :
Le 19 mai 1918, l'Adj Pierre Marinovitch, en coopération avec le Slt Claret de Fleurieu de la SPA 95, abat un Rumpler C qui tombe au Sud-Est de Moreuil. Leur adversaire était probablement le Ltn Kurt Riege du FlAbt 241 qui a été tué dans cette zone. Cet avion est la septième victoire de l'Adjudant.
Pour ses victoires des 15 mai et 19 mai 1918, il reçoit une nouvelle citation à l'ordre de l'armée, en date du 13 juin 1918 : "Pilote toujours admirable de courage et d'entrain. A abattu récemment ses sixième et septième avions ennemis. Médaille Militaire pour faits de guerre. Quatre citations."
Le 20 mai, le Ltt André Martenot de Cordoux attaque un monoplace qui rompt le combat en piquant fortement, après avoir été touché et dégageant de la fumée noire. Ce combat ne sera pas homologué et sera validé comme probable.
Terrain de Nanteuil-le-Haudouin :
L'unité reçoit l'ordre de faire mouvement sur Nanteuil-le-Haudouin. L'échelon léger quitte Montagne-Fayel à 4 heures du matin et le lourd à 10 heures. Les SPAD décollent du terrain à 10 heures. Les premières patrouilles décolleront du nouveau terrain dès 9h55, le lendemain matin.
Huitième et neuvième victoires de Marinovitch :
Le 31 mai, la mission du GC 18 est d'interdire par des patrouilles légères l'accès au front et à l'arrière front français Cette surveillance sera poussée au Sud jusqu'à la vallée de l'Ourcq. C'est un jour faste pour l'Adj Michel Marivovitch qui oblige un Rumpler allemand à se poser dans les lignes françaises, à la lisière de la forêt de Villers-Cotterets. Ses adversaires étaient probablement l'Uffz Hippolyt Kaminski (tué) et le Ltn Bake (indemne) du FlAbt 264, puis lors d'une autre patrouille et en coopération avec le Slt André Martenot de Cordoux, un triplan Fokker Dr I qui s'écrase également dans nos lignes, près de Taversive. Ces deux avions marquent les 8ème et 9ème victoires homologuées du jeune pilote.
Pour ses victoires du 31 mai 1918, il reçoit une citation à l'ordre de l'armée, en date du 13 juin 1918 : "Brillant pilote de chasse, donnant chaque jour des preuves de sa vaillance et de son adresse. A abattu récemment dans nos lognes deux avions ennemis (huitième et neuvième victoires). Cinq citations."
Le 1er juin, les patrouilles sont nombreuses et donnent lieu à plusieurs combats. Un avion est homologué et deux autres sont probablement abattus mais seront comptabilisés comme probables. Le premier, un biplace est abattu par le Slt André Martenot de Cordoux dans les environs de Longpont-Parcy. Les deux autres avions, des Fokker Dr I sont abattus dans les environs de Longpont par l'Adj Marinovitch mais ne seront pas validés.
Le 3 juin, la patrouille du Slt André Martenot de Cordoux et de l'Adj Pierre Marinovitch attaque plusieurs fois un biplace qui est contraint d'atterrir dans la région de la Ferté-Milon-Mosloy. Cet avion ne sera pas homologué. Le SPAD XIII de Marinovitch a été touché par trois balles.
Nouvelles victoires :
Le 4 juin, une patrouille s'en prend, sans succès, à un LVG dans les environs de Villers-Cotterets. Le SPAD du Cal Henri Grimouille est touché par un éclat d'obus qui le frappe au stabilisateur et deux balles dans l'aile supérieure gauche. Le 5, plusieurs combats sont menés. Le premier par le Slt André Martenot de Cordoux et d'Adj Pierre Marinovitch qui abattent un biplace, à l'Est de Faverolles. Cet avion sera homologué. Au cours d'une autre patrouille, le Cal Henri Grimouille est surpris et mitraillé par deux monoplaces allemands. Son SPAD est touché par plusieurs balles qui coupent 3 câbles. Il pose son avion à Vauciennes et termine son atterrissage en capotant. Il est heureusement sain et sauf.
Le 9 juin, l'Adj Michel Marivovitch ajoute un avion à son tableau de chasse. Il abat un biplace au-dessus de son terrain, dans la région de Maincamp-St-Paul-aux-Bois. Ses adversaires ne se sont pas laissés faire car il rentre avec 3 balles et un éclat d'obus dans son SPAD XIII. Le Slt André Martenot de Cordoux rentre au terrain avec un câble coupé.
Le Brig Pierre Chan est fait prisonnier :
Le Brig Pierre Chan n'est pas rentré de mission. Aux commandes d'un SPAD VII, sa route a croisé celle de l'Obltn Hermann Göring du Jasta 27. Chan est comptabilisé comme sa 20ème victoire.
Le 10 juin, une patrouille de la SPA 94 livre combat à un groupe de Fokker DR I triplan et en abat un dans les environs de Villers-Bretonneux. Leur adversaire était probablement le Lfw Willi Gabriel du Jasta 11 qui a été abattu dans le même secteur. Cet avion ne sera pas homologué et donné comme probable.
Mort du Ltt Gonzague Pavret de la Rochefordière :
Le 11 juin, au cours d'une patrouille, le SPAD XIII du Ltt Gonzague Pavret de la Rochefordière est attaqué par deux Albatros D VII. L'officier français tente de semer ses poursuivants en piquant en direction des lignes françaises. Il n'y parvient pas. Touché, son avion percute le sol en brûlant dans la région de Mortemer-Mery-Lataule vers midi. L'adversaire, qui a été déclaré vainqueur, était le Ltn Kurt Hetze du Jasta 13. La perte du Ltt de la Rochefordière a été comptabilisée comme sa première victoire officielle.
Chevalier de la Légion d'honneur et une citation à l'ordre de l'armée à titre posthume du Ltt Gonzague Guy Pavret de la Rochefordière, du 11ème régiment d'artillerie de campagne, commandant l'escadrille SPA 94, en date du 9 janvier 1920 : "Véritable chef et entraineur d'hommes, ayant pris depuis peu le commandement d'une escadrille. A su lui donner une merveilleuse impulsion, en l'entrainant quotidiennement aux combats les plus durs contre les patrouilles ennemies. A été mortellement blessé , le 11 juin 1918, en accompagnant avec son audace habituelle, l'attaque de notre infanterie. A été cité."
Le 12 juin, l'ordre de mouvement vers le terrain de Epiais-Mauregard arrive. La SPA 94 devra déménager le lendemain.
Terrain de Epiais-Mauregard :
Le 13, selon les ordres arrivés la veille, la SPA 94 fait mouvement sur Louvres-Epiais. Le départ des échelons mécaniques et administratifs se fait à 4h30 du matin et les SPAD VII et XIII quittent définitivement le terrain de Nanteuil-le-Haudouin, vers 9 heures. Dès le lendemain, une patrouille de la 94 remporte une victoire contre un avion allemand qui tombe dans la région de Moulin-sous-Touvent (Oise).
Victoire et capture du Cal Jean-Marie Martre :
Le 15 juin, au cours d'une patrouille, le Cal Jean-Marie Martre abat un Fokker D VII dans les environs de Moulins-sous-Touvant (Oise). Malheureusement, il est attaqué et son avion endommagé par un As allemand, le Ltn Karl Menckhoff du Jasta 72, titulaire de 34 victoires, dont l'expérience du combat aérien ne laisse guère de chance à son adversaire. Martre, qui a été affecté à la SPA 94, le 23 mai 1918, sera comptabilisé comme sa 35ème victoire officielle. Le pilote français a été contraint de poser son SPAD VII dans les lignes allemandes près de Ploisy et a été fait prisonnier. Il a d'abord été transféré sur Hirson, le 20 juin, puis interné à Dülmen et Puchheim en Allemagne. Il réussira à s'évader et reprendra sa place à partir du 18 novembre 1918.
Le 18 juin, le corps du Ltt Gonzague Pavret de la Rochefordière est ramené au terrain d'Epiais-Louvres puis transféré à Roissy-en-France (Val-d'Oise) où ses obséques ont lieu à 14 heures.
Le 29 juin, une patrouille livre combat à un Fokker Dr I sans résultat visible. Le 1er juillet, la patrouille de l'Adj Pierre Marinovitch, Sgt André Martin, MdL Miguel Sainz et Cal Henri Dussourd attaque un Rumpler C dans la région de Monnes-Dammard. Comme d'habitude, Marinovitch est décisif et abat le biplace qui tombe désemparé. Il est comptabilisé comme sa 12ème victoire homologuée.
Slt Benjamin Bozon-Verduraz commandant de la SPA 94 :
Le 3 juillet, le Slt Benjamin Bozon-Verduraz est nommé commandant de l'escadrille SPA 94 suite à la note n° 26.905 émise par l'Aide-Major Général, chef du service aéronautique du GQG. Il sera nommé Lieutenant, le 18 juillet 1918.
Terrain de Brabant-le-Roi :
Le 5 juillet, la SPA 94 faut mouvement sur le terrain de Brabant-le-Roi, près de Revigny (Meuse).
Trois victoires homologuées et deux probables :
Le 15 juillet, l'activité aérienne est intense. Une patrouille composée du Ltt Albert Carbonel, Adj Pierre Marinovitch, Sgt André Martin, Sgt Henri Grimouille, MdL Maurice Caulier, Sgt Austin Créhore, Sgt Henri Dussourd livre combat et descend trois avions allemands dans la région de Monrovilliers. Le premier, un Rumpler C est abattu par Marinovitch, Carbonnel et le MdL Pierre Ducornet de la SPA 93. Le second, un autre Rumpler par Grimouille qui le descend en flammes. Ces deux avions ont été homologués. Le troisième, un monoplace de chasse, par Marinovitch et le MdL Jean de Gaillard de la Valdène de la SPA 95, qui finalement sera comptabilisé comme probable.
Citation à l'ordre de l'armée du Ltt Albert Louis Carbonel, du 49ème régiment d'infanterie, pilote de l'escadrille SPA 94, en date du 12 août 1918 : "Très bon pilote de chasse, cherchant le combat avec entrain, plein d'audace et d'allant. A montré dans les dernières attaques des qualités exceptionnelles. A abattu récemment un avion ennemi. Une citation."
Mais ce n'est pas terminé, le Sgt Austin Créhore, égaré dans la brume, débouche au-dessus de Vouziers et survole un terrain d'aviation allemand. Il réussit à abattre un biplace parti à sa poursuite. A son retour, il s'en prend à un Drachen et oblige les deux observateurs à sauter en parachute. L'avion de Vouziers est homologué et le Drachen donné comme probable. Une journée vraiment fastueuse sans perte pour la SPA 94.
Terrain de Courgançon :
L'escadrille reçoit l'ordre de faire mouvement sur Gourgançon (Marne), où elle s'installe dans la journée. Ce jour, aucune sortie de guerre n'est réalisée, mis à part le convoyage des avions entre Brabant-le-Roi et Courgançon.
Le 22 juillet, l'Adj Pierre Marinovitch et le MdL Edouard Bessières attaquent un Rumpler C au-dessus d'Epernay. L'adversaire rompt le combat en piquant très fortement et en dégageant de grandes volutes de fumée noire. Cet avion ne sera pas comptabilisé dans les victoires et donné comme probable. L'Adj Marinovitch s'en prend à un autre Rumpler C qui travaille lui-aussi dans les environs d'Epernay. Cet avion sera lui-aussi donné comme probable. De son côté, le Slt André Martenot de Cordoux a livré combat à un biplace, dans la région de Champillon, sans réussir à endommager son adversaire.
Terrain de Champaubert-Baye :
Le 24 juillet, l'escadrille SPA 94 reçoit l'ordre de faire mouvement sur le terrain de Champaubert-Baye, où elle s'installe le jour même. Ses SPAD quittent le terrain de Gourgançon, où ils sont restés du 18 au 24 juillet, à 9 heures. La première patrouille décollant de Baye, le fait à 18h20 sans rencontrer d'adversaire.
Légion d'Honneur pour Marinovitch :
La Croix de la Légion d'Honneur est remise à l'Adj Pierre Marinovitch par le Général Duval, chef du service aéronautique au GQG, sur le terrain de Sunthelles, le 26 juillet 1918. Marinovitch compte à ce jour 14 victoires homologuées à presque 20 ans. C'est à l'époque le plus jeune As de l'aéronautique française. Quelques jours plus tard, le 4 août 1918, le Slt André Martenot de Cordoux est fait Chevalier de la Légion d'Honneur.
Terrain de Beauvais-Tillé :
Suite à un ordre de mouvement arrivé le 6 août dans la soiré, la SPA 94 plie armes et bagages et fait mouvement sur le terrain de Beauvais-Tillé dans l'Oise. Les SPAD, qui ne sont pas restés longtemps à Baye, décollent à 10 heures.
Mort du Sgt André Martin :
Le 9 août, le Sgt André Martin part en patrouille avec le Ltt Benjamin Bozon-Verduraz. Il le suit comme son ombre jusqu'à 17h15, au moment où une patrouille de la SPA 48 se joint à eux. Les avions de la 48 quittent le dispositif pour attaquer un Drachen. Le Sgt Martin les suit et perd son chef. Les pilotes de la SPA 48 affirment l'avoir vu, surpris par l'arrivée de deux Fokker D VII et abattu en flammes, près de Lignières (Somme), vers 17h25.
Deux nouvelles victoires de Marinovitch :
Le 17 août, le Ltt Benjamin Bozon-Verduraz attaque un biplace qui parait touché au Nord-Est de Roye. Il est ensuite attaqué par quatre Fokker D VII qui criblent littéralement son SPAD XIII. Ne pouvant faire face, il est contraint d'atterrir dans les premières lignes avec un appareil ressemblant à une passoire. C'était pour lui un jour de chance car il n'a pas eu la moindre égratignure.
L'Adj Pierre Marinovitch abat successivement deux avions. Le premier, un biplace, tombe dans les environs de Roye. Puis, il livre combat à plusieurs Fokker D VII dont l'un tombe dans les environs de Roye. Il dégage le Sgt Henri Grimouille, aux prises avec deux Fokker D VII qui le poursuivait dans les lignes. Il rentre avec de nombreuses balles dans son SPAD. Les trois avions allemands seront homologués dès le lendemain.
Citation à l'ordre de l'armée du Ltt Jean Benjamin Bozon-Verduraz, du 9ème régiment de Hussards, commandant de l'escadrille SPA 94, en date du 22 septembre 1918 : "Excellent pilote de chasse , chef d'escadrille remarquable. A abattu son huitième avion ennemi, le 29 mai 1918 et son neuvième le 17 août. Une blessure. Chevalier de la Légion d'Honneur pour faits de guerre. Huit citations."
Le MdL Maurice Caulier est fait prisonnier :
Le 19 août, le MdL Maurice Caulier, partit en patrouille à 17 heures aux commandes d'un SPAD XIII, ne rentre pas. Aperçu une dernière fois par le chef de patrouille, au Sud-Est de Roye à 17h50, il a croisé ensuite la route du Ltn Alfred Fleischer du Jasta 17. Après un bref combat aérien qui endommage son avion, il est contraint d'atterrir dans les lignes allemandes et est fait prisonnier. Il est comptabilisé comme la 3ème victoire du pilote allemand.
L'ordre de transfert sur Trumilly arrive à l'escadrille.
Terrain de Trumilly :
Le 20 août, suite à l'ordre de mouvement arrivé la veille, les SPAD XIII de la SPA 94 décollent de Tillé à 5 heures du matin pour atterrir à Trumilly, près de Crépy-en-Valois. Ils font le transfert en compagnie de Breguet 14 B2. Le 21 août, les SPAD décollent à 10 heures. Une patrouille dégage un Breguet 14 B2 qui était attaqué par quatre Fokker D VII. Au cours du combat qui suit, le Slt André Martenot de Cordoux et l'Adj Jean Ondet abattent un des assaillants qui tombe en vrille à l'Ouest de Soissons.
Terrain de Nanteuil-le-Haudouin :
L'escadrille fait mouvement sur le terrain de Nauteuil-le-Haudouin. Les SPAD XIII décollent de Trumilly à 8 heures.
Légion d'Honneur pour Martenot de Cordoux :
La croix de chevalier de la Légion d'Honneur est officiellement remise au Ltt André Martenot de Cordoux par l'Aide-Major Général Duval, chef de l'aéronautique au GQG sur le terrain de Nanteuil-le-Haudouin, le 2 septembre 1918.
Terrain d'Autrey :
Le 6 septembre, l'escadrille SPA 94 fait mouvement de Nanteuil-le-Haudouin vers Autrey, au Sud-Ouest de Nancy. Un échelon léger part à 2 heures du matin en vue de préparer l'arrivée des avions. Les échelons lourds, les voitures et le personnel sont embarquées à la gare de Nanteuil-le-Haudouin à 23 heures. Le 7 , les avions quittent le terrain à 7 heures et font le trajet vers Autrey avec une escale à Bussy-Lettré. Le train amenant le matériel et les hommes arrive sur place à 11 heures. Le 12 septembre, la météo est tellement mauvaise qu'elle oblige les avions à rentrer de patrouille sous de fortes bourrasques.
Le 13 septembre, la patrouille du Ltt André Laganne, Ltt Albert Carbonel et du Slt André Martenot de Cordoux attaque deux Fokker D VII et abat l'un d'eux qui tombe au Sud-Est de Thiaucourt, près de Viéville-en-Haye. Cet avion sera homologué aux trois pilotes. Le lendemain, plusieurs combats contre des Fokker D VII ne donnent pas de résultat visible.
* Citation à l'ordre de l'armée du Slt André Henri Martenot de Cordoux, du 149ème régiment d'infanterie, pilote de l'escadrille SPA 94, en date du 10 octobre 1918 : "Pilote d'un entrain et d'une bravoure au-dessus de tout éloge, véritable homme de devoir qui ne cesse de s'imposer à tous par son audace et son courage. Poursuivant toujours avec la même ardeur le combat contre les avions ennemis; a abattu les 21 août et 13 septembre 1918, ses sixième et septième avions ennemis. Une blessure. Médaillé militaire et Chevalier de la Légion d'Honneur pour faits de guerre. Quatre citations."
Premier Drachen abattu :
Le 15 septembre, le MdL Miguel Sainz attaque un Drachen à Goin et l'abat en flammes. Ce ballon de réglage d'artillerie allemand est le premier d'un pilote de la SPA 94 et la première victoire homologuée de ce pilote. Le lendemain, d'autres attaques sur les Drachen de Goin sont menées sans résultat.
Citation à l'ordre de l'armée du MdL Miguel Joseph Sainz du 3ème régiment d'artillerie coloniale, pilote de l'escadrille SPA 94, en date du 10 octobre 1918 : "Pilote d'un entrain et d'une bravoure au-dessus de tout éloge. est souvent rentré avec son avion gravement endommagé. Le 15 septembre 1918, a descendu un Drachen en flammes sur un front d'attaque particulièrement important."
Terrain de Cernon :
Le 22 septembre, l'ordre de mouvement arrive pour un déplacement demain dans la journée vers le terrain de Cernon, au Sud de Châlons-en-Champagne (Marne). Le 23, les avions décollent à 14h30 d'Autrey. Le 27, une patrouille attaque quatre Fokker D VII sans résultat notoire.
Des missions de protection :
Le 3 octobre, lors des patrouilles sur les lignes, de nombreux Fokker D VII sont rencontrés et combattus. Le Slt André Martenot de Cordoux en attaque deux, dont l'un essuie une rafale tirée à bout portant et rompt le combat sérieusement touché dans les environs de St-Martin-l'Heureux. Cet avion ne sera pas homologué.
Le Ltt Benjamin Bozon-Verduraz, le chef de la SPA 94, abat dans les mêmes circonstances son 10ème avion. Il faut signaler que Le Ltt Albert Carbonel, l'Adj Pierre Marinovitch et le Cal Fernand Cathala ont livré des combats qui ont tous été avortés en raison de nombreux enrayages, dûs à la mauvaise qualité des munitions. L'après-midi, la SPA 94 assure la protection d'une mission de bombardement menée par des Breguet 14 B2. Le Ltt André Laganne jette 500 tracts sur les tranchées allemandes du Mont St-Martin.
Le 4 octobre, pendant une mission de protection de Breguet 14 B2, le Ltt André Laganne lance 30 paquets de tracts sur St-Etienne-à-Arnes. Un biplace est pris en chasse dans la région de Moronvilliers-Pont-Faverger. Le MdL Miguel Sainz attaque un Drachen en ascension au Nord d'Epoye, sans obtenir un résultat visible.
Le 5 octobre, l'Adj Pierre Marinovitch attaque deux Fokker D VII sans résultat mais abat un biplace, un peu plus tard, qui tombe en flammes dans la région à l'Est de Challerenge. Le Sgt Jean Vauzanges livre également un combat contre deux Fokker D VII sans qu'aucun des adversaires ne gagne. Le lendemain, pendant une mission de protection de Caudron R XI, suivie d'une reconnaissance à basse altitude, la patrouille des Slt André Martenot de Cordoux, Sgt Jean Vauzanges et Cap Fernand Cathala assurent le jalonnement des 1ères lignes à très basse altitude. Les pilotes rentrent à la nuit tombante et ramène des renseignements précis sur ce qu'ils ont vu. Le 8 octobre, lors de patrouilles sur les lignes, trois Fokker D VII sont poursuivis en vain.
Trois victoires homologuées :
Le lendemain, les patrouilles de chasse rencontrent de nombreux biplaces de grande reconnaissance et leur livrent combat. Le Ltt Benjamin Bozon-Verduraz et le Ltt André Laganne abattent de concert un biplace qui s'écrase dans les environs de Bétheniville. Le Brig Emile Froussard engage, à 15 minutes d'intervalle, deux biplaces. Après le premier affrontement, les deux adversaires se quittent comme ils étaient venus. Le second combat est défavorable aux Allemands. Leur biplace part en vrille et s'écrase entre Machault et Semide. Ces deux victoires sont homologuées.
De son côté, le Sgt Henri Grimouille attaque un Rumpler C sans réussir son coup. L'Adj Pierre Marinovitch mitraille, avec ses deux armes de bord, un autre Rumpler C dans les environs de Semide. Le mitrailleur est tué lors d'une passe et reste accroché sur le bord du fuselage. Toutefois, victime d'un enrayage complet de ses Vickers, il ne peut achever son adversaire. Le biplace allemand pique fortement vers ses lignes en s'éloignant à toute vitesse. Malgré tout, cet avion a été homologué, le 12 octobre 1918. Il est donc probable que le pilote ait été touché et qu'il n'a pu rentrer au terrain.
Reconnaissance vers Rethel :
Le 10 octobre, au cours des patrouilles entre St-Rémy et Grandpré, les pilotes observent l'incendie de nombreux villages en arrière des lignes. La patrouille du Ltt André Martenot de Cordoux, Sgt Jean Vauzanges et MdL Emile Froussard partent reconnaitre l'avance française dans la région de Rethel. Malgré une météo très dévavorable, ils ramènent des renseignements importants sur la positions des unités françaises. Martenot de Cordoux et Vauzanges atterrissent près des avant-postes et renseignent en direct les unités d'infanterie déployées sur le terrain.
Le 14 octobre, lors d'une patrouille offensive au-dessus des lignes dans la région de Rethel, la patrouille de l'Adj Jean Ondet, Sgt Henri Grimouille et MdL Miguel Sainz attaque un Rumpler C qui n'est pas de taille contre trois assaillants. Le biplace, touché, s'écrase au Sud d'Ecorday. Cette victoire sera homologuée. Le Drachen, qui régle le tir des positions d'artillerie de Lorey, est attaqué mais la copieuse riposte de la DCA allemande du secteur empêche les Français de voir le résultat de l'attaque. Il vaut mieux quitter la zone le plus vite possible que prendre le risque de se faire abattre.
Le 18, les adjudants Pierre Marinovitch et Jean Ondet abattent un biplace qui s'écrase dans ses lignes et dégagent un SPAD XIII de la SPA 153 en facheuse posture. Le lendemain, lors de la patrouille sur les lignes, les aviateurs aperçoivent de loin quatre Fokker D VII sur Vouziers.
Le 26 octobre 1918, la patrouille du Ltt Albert Carbonel et de l'Adj Pierre Marinovitch attaque un Drachen dans la région de Hauteville-Chappe sans réussir leur affaire. Le 27, Pierre Marinovitch qui vient juste d'être nommé Sous-lieutenant abat un Fokker D VII dans les environs de Le Thour. Cette victoire, la 19ème pour lui, sera homologuée. Son adversaire était probablement le Vfw Karl Schlegel du Jasta 45 qui a été tué dans ce secteur.
Le 28 octobre, la patrouille du Ltt André Laganne et du Slt André Martenot de Cordoux attaque un biplace de chasse au-dessus de la région de St-Clément alors qu'il croise à 3500 mètres d'altitude. Après plusieurs passes, les Français le force à descendre mais la traversée de masses nuageuses empêche la confirmation de son sort final. Malgré qu'il semblait sérieusement touché, il ne sera pas homologué et donné comme probable. Le Ltt Laganne rentre avec son SPAD XIII vraiment endommagé par les tirs adverses, ce n'est pas passé loin ! Le MdL Miguel Sainz attaque le Drachen de Hauteville et l'incendie. Ce ballon allemand, de réglage d'artillerie, est la 3ème victoire homologuée de ce pilote.
Citation à l'ordre de l'armée du MdL Miguel Joseph Sainz du 3ème régiment d'artillerie coloniale, pilote à l'escadrille SPA 94, en date du 4 février 1919 : "Excellent pilote de chasse, allant au combat avec une joyeuse ardeur et possédant des qualités d'audace et de courage au-dessus de tout éloge. Le 28 octobre 1918, a attaqué seul, dans un secteur d'attaque, un Drachen ennemi qu'il a mis en flammes. Troisième victoire. Une citation."
Mort du Sgt Henri Dussourd :
Le 29 octobre, la patrouille du Ltt Albert Carbonel et du Slt Pierre Marinovitch attaque le Drachen de Novian-Porcien sans réussir son affaire. Malheureusement, le Sgt Henri Dussourd tombe en panne, juste après le décollage, à seulement 300 mètres du terrain de Cernon. Il tente de ramener son SPAD VII qui tombe en perte de vitesse et s'écrase au sol. Le pilote est tué sur le coup. Ses obséques eurent lieu à Ecury-sur-Coole (Marne), le 31.
Terrain de la Noblette :
L'escadrille SPA 94 fait mouvement vers le terrain de la Noblette, près de Châlons-en-Champagne. Avant de rallier le nouveau terrain, une patrouille décolle à 9h45. Le MdL Miguel Sainz en profite pour incendier le Drachen de Corny-Macheroménil (Ardennes). Piquant depuis l'altitude de 500 mètres, le ballon allemand s'écrase en flammes sur l'observateur qui a sauté en parachute beaucoup trop tard. Le feu en profite pour se communiquer au village. Le ballon est la 4ème victoire homologuée de ce pilote.
Trois victoires homologuées et une probable :
Le 3 novembre 1918, la patrouille du Slt Pierre Marinovitch, MdL Emile Froussard, Sgt Henri Grimouille attaquent plusieurs biplaces de combat qui mitraillent les troupes au sol. Plusieurs de ces avions vont aller au tapis.
Le premier, un biplace, s'écrase dans les environs de Le Chesne, est homologué à Marinovitch et Grimouille. Le second pour Marinovitch seul à La Neuville et un troisième pour l'association de Froussard et du Slt Guyou, un pilote de la SPA 93 dont c'est la 12ème victoire homologuée. Marinovitch et Froussard ont livré combat à un autre biplace de combat qui semblait sérieusement touché mais cet appareil ne sera comptabilisé que comme probable. Ces deux victoires, ses 20ème et 21ème, seront les dernières de Pierre Marinovitch.
Citation à l'ordre de l'armée du Slt Pierre Marinovitch du 27ème régiment de Dragons, pilote à l'escadrille SPA 94, en date du 25 novembre 1918 : "Pilote de chasse de grande valeur. Chef de patrouille de premier ordre, a abattu le 27 octobre et le 3 novembre 1918, deux avions ennemis, portant ainsi à vingt et une, le nombre de ses victoires officielles. Médaillé militaire et Chevalier de la Légion d'Honneur pour faits de guerre. Neuf citations."
L'Adj Emile Picard blessé au combat :
Le 4 novembre, la patrouille est sévérement attaquée. L'Adj Emile Picard, qui en bave contre un Fokker D VII, est dégagé par le Slt Pierre Marinovitch et le Sgt Henri Grimouille. Hélas, la dernière rafale du pilote allemand a porté. L'Adj Picard a été touché par deux balles, la première au bras et la seconde à la jambe. Heureusement que les Français étaient deux pour éloigner le Fokker, car les armes de Marinovitch se sont enrayées à seulement 10 mètres de son adversaire. Encore un pilote qui a pu allumer un cierge et qui n'est vraiment pas passé loin de la mort. Ce sont les derniers combats de la SPA 94 lors de la Grande Guerre.
Médaille militaire et citation à l'ordre de l'armée de l'Adj Emile Picard, du 5ème régiment de Hussards, pilote de l'escadrille SPA 94, en date du 8 mars 1919 : "Pilote de chasse de grande valeur, plein de cran et de courage; toujours volontaire pour les missions les plus délicates. Depuis son arrivée à l'escadrille, s'est fait remarquer par son énergie et son audace; essuyant des combats très durs, ramenant son appareil criblé de balles et contribuant ainsi aux succès obtenus par sa patrouille. Le 4 novembre 1918, à la suite d'un combat aérien, a été blessé grièvement. Une citation."
Terrain du plateau de Malzéville :
Après la signature de l'armistice, l'escadrille fait mouvement sur le terrain de plateau de Malzéville, sur les hauteurs de Nancy où elle s'installe, le 14 novembre 1918.
Terrain de Thionville-Basse-Yutz et 1er RAC :
Après deux stationnements en Allemagne, elle s'installe sur le terrain de Thionville-Basse-Yutz, le 5 décembre 1919. Le 1er janvier 1920, date de création des régiments d'aviation, elle devient 106ème escadrille du 1er régiment d'aviation de chasse et par simplification de la dénomination des unités, la 6ème escadrille du même régiment, le 1er août 1920.