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Slt Georges Moro - observateur des escadrilles
MF 60 - SAL MF 228 - F 210 - de l'Espinasse - R 210

Slt Georges Moro, observateur de l'escadrille BR 210.
Photo famille Moro publiée dans le livre hommage de 1918.

Marie Louis Georges Moro est né au n° 30 de la rue Waldeck-Rousseau à Angoulème (Charente), le 28 juin 1895. A cette époque, cette rue s'appelait la rue Basse de l'Hémicycle. Il est le fils de M. Louis Moro et de Mme Berthe Maurin.

La rue Waldeck Rousseau à Angoulême - Carte postale d'époque.

Georges Moro est reçu à l'école Centrale des Arts et Manufactures de Paris, qui formait les ingénieurs pour l'industrie française, à la fin de l'année scolaire 1913-1914. Après la déclaration de guerre, ne pouvant quitter Paris faute de trains disponibles, il aide à la tranformation des locaux de l'école en hôpital, à l'organisation des lits, du matériel. Rentré à Angoulème, il aide de jour et de nuit au service des gares pour le transport des blessés. Il devient le petit comptable-secrétaire, collecteur de cotisations, distributeur de soupes de la société "La Jeanne d'Arc" sous la direction de l'abbé Lescuras.

Au fond de la rue, l'hotel de Juigné cadre de l'école Centrale de Paris. Grande école d'ingénieurs française, elle a été fondée en 1829 sur une initiative privée de M. Alphonse Lavallée. il avait pour but de former des ingénieurs destiné à l'industrie naissante. Elle devient publique en 1857 quand son fondateur la lègue à l'état français. Elle attribue, à partir de 1862, le titre d'ingénieur des arts et manufactures, premier titre d'ingénieur diplômé créé en France. De nos jours, ce titre est devenu Ingénieur diplômé de l'Ecole centrale des arts et manufactures. Le permier batiment de l'école, l'Hotel de Juigné (Hotel Salé de nos jours), se situait dans le quartier du Marais à Paris. Depuis 1969, les locaux de l'école sont situés à Châtenay-Malabry - Carte postale d'époque.

Il s'engage dans l'artillerie :

L'appel de la classe 1915 arrive. Georges s'engage comme soldat de 2ème classe au 52ème RAC tenant garnison à Angoulême, le 8 décembre 1914. Le 20 décembre, il suit le peloton d'élève-brigadier au 5ème régiment d'artillerie. Le 1er février 1915, il est envoyé au peloton EOR du 34ème RAC de Périgueux. Le 2 mars 1915, il est hospitalisé à l'hôpital auxiliaire de Périgueux pour une rougeole associée à une angine. Le 18 mars, il obtient un congé de convalescence. Le 1er mai 1915, il incorpore le peloton d'élève-brigadier au 52ème régiment d'artillerie de campagne.

L'école d'application de l'artillerie et du génie de Fontainebleau :

Le 15 juin 1915, étant Centralien, il admis d'office à l'école d'application d'artillerie et du Génie de Fontainebleau. Il incorpore le peloton EOR (élève officier de réserve). Cette école formait les officiers des corps de l'artillerie métropolitaine, coloniale et du génie. Les élèves sortant des grandes écoles, comme Polytechnique et Centrale, accomplissait d'abord un an de service dans un régiment, puis recevait dans cet établissement l'instruction tehnique et un complément d'instruction militaire. Comme le pays est en guerre, cette procédure avait été accélérée. Georges Moro, qui s'était engagé le 7 décembre 1914, arrive à l'école d'artillerie de Fontainebleau, le 15 juin 1915. Il en ressort aspirant, le 1er octobre de la même année.

* RAC : Régiment d'Artillerie de Campagne.

L'école d'application d'Artillerie et du Génie de Fontainebleau avant le début de la Grande Guerre - Elle a été implantée dans cette ville de 1871 à 1940 - Depuis 1976, l'école d'application de l''artillerie est à Draguignan - Carte postale d'époque.

Tir à la butte avec obus explosif modèle 1900 (portée 8500 mètres) au canon de 75 mm modèle 1897 à l'école d'application d'Artillerie et du Génie de Fontainebleau - Carte postale d'époque.

Le 84ème Régiment d'Artillerie Lourde

Le 3 novembre 1915, il est affecté à la 63ème batterie du 84ème RAL stationnée au fort de Corbas, dans la banlieue lyonnaise. Il y retrouve l'Aspirant Cazier qui est son ami depuis son séjour à l'école de Fontainebleau.

* RAL : Régiment d'Artillerie Lourde.

Le 30 décembre 1915, il est affecté à la 3ème batterie du 2ème groupe de 120L du 84ème RAL et part pour le front dans la région de Saint-Mihiel.

* 120 L : canon de Bange de 120 mm long.

Son 1er stage à l'escadrille MF 60

Le 12 février 1916, il passe à l'aviation comme observateur en compagnie de son ami Cazier. Devant être formé aux techniques d'observation aérienne et de photographie, il est envoyé en stage au sein de l'escadrille MF 60 stationnée sur le terrain de Toul, du 15 février au 12 mars 1916. Il y réalise son premier vol le 18 février 1916 et effectue un total de 7 heures de vol en missions d'entraînement et de reconnaissance.

Son 2ème stage à la SAL MF 228

Du 12 mars 1916 au 1er juillet 1916, il est affecté à l'escadrille SAL MF 228 stationnée elle aussi sur le terrain de Toul. Cette fois, il incorpore un stage visant à le former sur les techniques de réglages d'artillerie lourde ou sur voie ferrée. Pendant cette formation très complète, il va réaliser 21 heures 40 mn de vol en entraînement et en missions de reconnaissance.

SAL MF 228 : Section d'Artillerie Lourde MF 228.

Il est affecté à la Section d'Artillerie Lourde F 210

Le 1er juillet 1916, l'aspirant Georges Moro est affecté à la SAL F 210. Le 10 juillet, cette unité se renforcant devient autonome et prend l'appellation d'escadrille F 210. Le 1er août, il est nommé sous-lieutenant. Peu à peu, il va se familiariser avec son travail d'observateur aérien, alternant reconnaissances photographiques, bombardements de nuit. Il livre ses impressions à son père : "Les attaques au-dessus des lignes ennemies, les projecteurs qui vous cherchent et en vous dépistant, vous inondent de lumière, les artifices de toute sorte distincts depuis le sol et qui montent éclater autour de vous, les chenilles incendiaires entre lesquelles on se faufile, les basses altitudes jusqu'auxquelles on descend pour déclencher à son tour ses bombes dont les incendies se groupent autour du but. Tout ce fracas, quelle Joie !"

Le 9 août, les pilotes suivant : Slt Lucien Girier, Sgt Aimé Guérin, Sgt Jean-Baptiste Berger et les observateurs : Ltt Marcel Plateau, Slt Georges Moro, Ltt Jules Brunswick lancent 16 obus de 120 mm sur la gare et l'embranchement de Bazancourt. Cette fois, les avions ont décollé à la tombée de la nuit, vers 20 heures. Ils se réunissent au-dessus du terrain, à 2000 mètres d'altitude, et arrivent en groupe au-dessus de l'objectif, après avoir été sévérement pris à parti par l'artillerie antiaérienne et des grosses fusées éclairantes. Une batterie est repérée au Sud-Ouest d'Auménancourt-le-Petit, ainsi que le point d'où est tiré les fusées éclairantes contre avions, à l'Est de Bazancourt. Plusieurs obus ont été vus, éclatant à l'embranchement de chemin de fer vosin de cette localité.

Le 22 août, bombardement de la gare et des baraquements Nord-Ouest d'Amifontaine. Une brume épaisse rend la mission très difficile. Seul l'équipage Slt Lucien Girier et Ltt Marcel Plateau l'exécute entièrement, à basse altitude pour ne pas s'égarer et lance 2 bombes à l'ouest du village, puis 4 autres dans les baraquements de la gare. Les autres équipages : Jean Denéchaud / Georges Moro et Jean-Baptiste Berger / Jules Brunswick, n'ayant pu atteindre l'objectif, jettent leurs bombes, les premiers dans la région de Bourgogne, les autres au Sud-Ouest d'Aguilcourt.

Le 24 septembre 1916, le commandant de l'aéronautique de l'Armée, le Cdt Morisson s'étant blessé lors d'un atterrissage, c'est son adjoint le Chef de bataillon Fougeroux qui demande à participer à cette mission. Quatre Farman (type F 40) prirent part à la mission et larguèrent 22 obus Gros de 120 mm sur la gare de Laon. Les équipages étaient les suivants :

  • Ltt Louis Thébault (pilote) - Cdt Fougeroux (Cdt en second de l'aéro) .
  • MdL Jean Bosc (pilote) - Ltt Jules Brunswick (obs)
  • Sgt Aimé Guérin (pilote) - Slt Georges Moro (obs)
  • Sgt Jean Dénéchaud (pilote) - Ltt Jean Aymonier (obs)

Le 7 novembre, il effectue un stage à l'Etat-Major de l'artillerie lourde du Groupement Baquet. Du 14 novembre au 1er décembre 1916, il est envoyé au GDE pour être formé sur Caudron R 4.

GDE : Groupe des divisions d'entraînement

Le 11 décembre 1916, l'équipage composé de l'Adj Charles Gantès (pilote), du Slt Georges Moro (observateur), Soldat Jules Huleux (mitrailleur) à bord d'un Caudron R IV, se risque par mauvais temps, à l'altitude de 700 mètres, dans les lignes ennemies pour contrôler un réglage de tir par la SRS (section de repérage par le son).

Le 20 décembre, cinq Caudron R IV de la R 210 exécutent deux bombardements sur les voies et les abords de la gare d'Anizy-le-Château. Entre 11 h et 12 h 45, 28 obus de 120 mm sont lancés par les équipages suivants :

  • Sgt Aimé Guérin (pilote) - Ltt Dambon (observateur) - Sgt Evremond Lentrain (mitrailleur).
  • Sgt Jean-Baptiste Berger (pilote) - Ltt Lemaignen (observateur) - Caporal Antoine Albrecht (mitrailleur).
  • Adj Charles Gantès (pilote) - Slt Georges Moro (observateur) - Soldat Célestin Carron (mitrailleur).
  • Slt Lucien Girier (pilote) - Slt Roger Buvry (observateur) - Soldat Jules Huleux (mitrailleur).
  • Sgt René Bazin (pilote) - Ltt Jules Brunswick (observateur) - Soldat Léon Charréard (mitrailleur).

Un violent tir de DCA est essuyé par les avions. Celui du Sgt Berger est atteint par un éclat d'obus qui traverse l'aile inférieure et brise une pale d'hélice. Il parvient néanmoins à rentrer, mais il ne peut participer à la seconde mission qui a lieu de 14 h 30 à 15 h 45, et au cours de laquelle sont lancés à nouveau 20 obus de 120 mm par les 4 équipages suivants :

  • Sgt Aimé Guérin (pilote) - Ltt Dambon (observateur) - Caporal Antoine Albrecht (mitrailleur).
  • Adj Charles Gantès (pilote) - Slt Georges Moro (observateur) - Soldat Célestin Carron (mitrailleur).
  • Slt Lucien Girier (pilote) - Slt Roger Buvry (observateur) - Soldat Jules Huleux (mitrailleur).
  • Sgt René Bazin (pilote) - Ltt Jules Brunswick (observateur) - Sgt Evremond Lentrain (mitrailleur).

Plusieurs obus éclatent dans les batiments où ils occasionnent des incendies. Sur les voies, de nombreux trains en mouvement sont observés, un avion ennemi aperçu s'empresse de prendre la fuite. Si les avions adverses sont rares, les batteries de DCA se multiplient et marquent leur présence à chaque fois que les avions de la 210 passent au-dessus d'elles. Les Caudron R IV, avec leur envergure, leur faible maniabilité et surtout leur plafond trop bas, offrent des cibles de choix qui se repèrent de loin.

Citation à l'ordre du régiment en date du 27 décembre 1916 (ordre n° 31 de la Vème armée) donnant l'obtention de la Croix de guerre avec étoile de bronze : "Excellent équipage, spécialiste de bombardement à basse altitude. Le 19 décembre, par un temps nuageux, s'est risqué à moins de 700 mètres d'altitude, à proximité d'une batterie spéciale (DCA) non contrebattue pour chercher un renseignement important."

Le 15 février 1917, l'avion (Caporal Paul Lesec, Slt Georges Moro, Caporal Antoine Albrecht) chargé d'une mission photo sur l'itinéraire : Reims, ferme Milan, Lavannes, Fresnes, Fort de Fresnes, Witry-les-Reims, Reims, est accompagné d'un avion de protection (Slt Lucien Girier, Slt Roger Buvry, Sgt Evremond Lentrain). Les deux appareils volent côte à côte et les équipages se couvrent mutuellement. Au-dessus de la ferme Milan, un appareil ennemi passe à leur portée, se dirigeant vers eux, à une altitude inférieure. A 200 mètres, le Slt Buvry ouvre le feu pendant que le pilote se met à la poursuite de l'adversaire. Après un court enrayage au-dessus de Witry-les-Reims, le pilote, gagnant de la vitesse sur l'appareil allemand, pique fortement dans sa direction jusqu'à l'altitude de 1500 mètres. Buvry continue à mitrailler et bientôt l'avion adverse tombe désemparé dans la région de Pomacle.

Du 18 février au 4 mars 1917, il effectue un stage de perfectionnement des observateurs en avion du GAC.

GAC : Groupe d'Armée du Centre.

Le 24 mars 1917, l'équipage : Sgt André Menant (pilote et débutant sur Caudron R IV) avec le Slt Georges Moro (observateur-photographe) et le caporal Albrecht (mitrailleur), livre un violent combat contre 3 avions ennemis. L'un d'eux, mitraillé par Antoine Albrecht, se retourne sur lui-même et tombe verticalement. Le Caudron a été sévérement touché avec un moteur traversé, un longeron brisé, la carlingue atteinte, des cordes à piano tranchées. L'appareil était escorté de deux avions de protection; celui du Sgt Georges Gauron (pilote), Slt André Cazier (obs), Sgt Evremond Lentrain (mit) est touché de 3 balles dans un autre combat contre 4 avions ennemis.

Le 25 mars 1917, l'avion photo de l'équipage MdL Jean Samalens (pilote), Slt Georges Moro (obs-photographe), Caporal Antoine Albrecht (mit), vole sous la protection de deux autres équipages : Slt Lucien Girier (pilote), Ltt Jean Aymonnier (obs), soldat François Métayer (mit) et Sgt Georges Gauron (pilote), Ltt Emile Jansen (obs) et Caporal Alphonse Grudé (mit). Les trois bimoteurs sont attaqués par 5 avions allemands. Au cours de la lutte, le Slt Georges Moro est légèrement blessé et un avion adverse, mitraillé par le caporal Grudé et le Ltt Jansen, est abattu dans la région d'Aubilly. Un autre, visiblement touché par le caporal Albrecht, disparaît en piquant. Le Caudron R IV de Girier est sérieusement touché au gouvernail et un départ de feu se déclare à bord. Il est aussitôt étaint par le pilote qui fait preuve à l'occasion d'un grand sang-froid. Ses compagnons échappent à la mort par miracle; Métayer a son livret militaire en partie brûlé dans sa poche par une balle incendaire, Aymonnier est frappé au ventre par un éclat d'obus qui heureusement ne le blesse pas. Un autre avion a un longeron de commande tranché. Ajoutez entre ces combats, une DCA ennemie très violente qui harcèle les avions français.

Citation à l'ordre de la Vème armée décernée par le général Mazel, en date du 17 avril 1917 (ordre général n° 162) donnant l'obtention d'une palme pour la Croix de Guerre : Slt Georges Moro, de l'escadrille 210 : "Légèrement blessé, le 24 mars dans un combat aérien au cours duquel il a forcé un avion ennemi à atterrir dans ses lignes, est reparti le lendemain pour une mission dans les lignes ennemies au cours de laquelle il a livré un nouveau combat victorieux."

La mort de son ami André Cazier :

Le 6 avril 1917, son camarade, le Slt André Cazier est tué au combat. L'équipage, composé du Sgt Georges Gauron (pilote), Slt André Cazier (obs) et soldat Max Brasseur (mit) exécutait , depuis plus de 3 heures, un réglage des 4 pièces du 3ème groupe de 320 sur une batterie de la région d'Aguilcourt. Tout se passait bien, l'AGLP était passée au tir d'efficacité (dernière étape consistant, après réglage, à détruire la batterie adverse) et une attaque d'avions ennemis repoussée. L'équipage allait rentrer sa mission terminée quand leur avion fut assailli par un groupe de Fokker. Un combat acharné se livra, mais en quelques secondes, le Slt André Cazier fut tué d'une balle à la tête, le mitrailleur Max Brasseur, mortellement blessé au ventre et le pilote, le Sgt Georges Gauron griévement blessé à la cuisse. Alors qu'ils arrivaient à tenir en respect 2 des assaillants, un troisième appareil les a surpris par derrière et les a mitraillé à bout portant. Surmontant sa douleur, Gauron pu poser son avion près de la batterie qu'ils avaient guidé pendant cette mission, à la Garenne-de-Gueux. Les brancardiers de la batterie emmenèrent à l'hôpital proche, la dépouille du Slt Cazier pour lequel on ne pouvait plus rien, le soldat Brasseur qui agonisait et le pilote blessé.
A l'escadrille, l'opérateur TSF avait tout entendu du combat qui venait de se livrer. D'abord un échange d'ordre, suivis des détonations des armes de bord et le silence qui a suivi, très angoissant. Un avion qui ne rentre pas, 3 heures puis 4 s'écoulent sans nouvelles. Un avion d'une autre escadrille, qui rentre de mission, prévient qu'il a vu le Caudron R IV disparu posé près de la batterie qu'il réglait. Aussitôt, les navigants foncent en auto pour avoir des nouvelles de leurs camarades disparus. Le gros R IV est seul, taché de sang, ce qui n'est vraiment pas bon signe !
Le corps du Slt André Cazier a été déposé dans une petite pièce à l'entrée de l'hôpital. Il est mort sans souffrir et il est toujours comme il est parti, revetu de sa combinaison de vol et de son casque. Les deux autres membres d'équipage sont sur la table d'opérations. Brasseur, trop grièvement blessé, ne survivra pas à ses blessures.

Slt André Cazier, l'ami de Georges Moro
Tué au combat près de Reims, le 6 avril 1917.
Photo Jules Brunswick transmise par son petit-fils
Jean-Michel Roche que je remercie pour son aide.

Citation à l'ordre de la Vème armée décernée le 21 mai 1917 (ordre général n° 221) donnant l'obtention d'une palme pour la Croix de Guerre : "Très brillant observateur, toujours prêt à exécuter les missions les plus dangeureuses. Officier de renseignements à l'escadrille, a rendu dans cette fonction d'importants services. A effectué de nombreux réglages de tir d'ALGP dans des circonstances très difficiles et conduit avec succès des destructions de batteries ennemies, en particulier le 6 avril 1917, malgré les combats, qu'il eut à soutenir contre plusieurs avions ennemis."

Citation collective à l'ordre de la Vème armée décernée à l'escadrille 210 en date de mai 1917 : "Unité de premier ordre qui, grâce à l'exemple donné par deux officiers d'élite, le capitaine Thébault et le sous-lieutenant Girier, a rendu dans la préparation et l'exécution des attaques d'avril 1917 des services inappréciables. Sans se laisser arrêter par un temps particulièrement mauvais et par une aviation ennemie très agressive qui lui a causé en deux mois la perte du quart de son personnel, a battu, au cours des dernières opérations, 7 avions ennemis. A réussi pendant cette période à exécuter en plus de son service d'ALGP et malgré son effectif réduit, de nombreuses missions photographiques à grande distance et tout le service des reconnaissances de nuit pour le compte de son armée."

 

Suite de l'étude consacrée au Slt Georges Moro

Slt Georges Moro - observateur des escadrilles
MF 60 - SAL MF 228 - F 210 - de l'Espinasse - R 210

Le Slt Georges Moro pendant son détachement en Italie, à l'escadrille Lespinasse du 23 mai au 15 juillet 1917. Cette unité, commandée par le Cne Jean Edmond de Fontenilliat était équipéee de 6 Sopwith 1A2 - Photo Jules Brunswick transmise par son petit-fils Jean-Michel Roche que je remercie pour son aide précieuse.

Escadrille de l'Espinasse en Italie :

Du 16 mai au 9 juillet 1917, le Slt Georges Moro est envoyé en Italie où il a été désigné observateur d'une nouvelle escadrille créée à Villaverla (Italie). Cette unité, dite escadrille Lespinasse, a été constituée à partir d'élèments des escadriilles C 219, C 210 et C 227. Placée sous le commandement du Cne Jean Edmond de Fontenilliat, elle est équipée de 6 Sopwith 1A2 et restera sur place du 23 mai au 15 juillet 1917.Georges Moro réalisera 144 heures de vol pendant son séjour à l'escadrille 210 en incluant son séjour à l'escadrille Fontenilliat-Lespinasse.

Cette unité assurera les réglages des pièces de la RGAL (réserve générale d'artillerie lourde) qui avaient été envoyées en Itale. Les batteries ALVF et l'escadrille Espinasse appartenaient au "Groupement ALVF d'Italie" aux ordres du LcL Charet, ces unités ont rejoint la France dès juillet 1917 avant la défaite du Caporetto. Moro rentra en France le 9 juillet avec une décoration italienne (Fatica di Guerra) et une citation collective à l'ordre du groupement d'ALVF décernée aux personnels de l'escadrille Lespinasse. En voici le détail :

Citation à l'ordre du régiment décernée le 21 juin 1917 (ordre n° 3) par le RGAL, 1ère division, 1er groupement d'ALVF, escadrille de Fontenilliat en Italie donnant l'obtention d'une étoile de bronze pour la Croix de Guerre et de la Fatica di Guerra (Croix de Guerre italienne) : "Appelée à apporter son concours aux groupes de la RGAL détachés en Italie (mai-juin 1917) s'est particulièrement distinguée dans toutes les missions qui lui ont été confiées. Sous le commandement éclairé et intrépide de son chef, le capitaine de Fontenilliat, par les brillantes et audacieuses reconnaissances de ses énergiques pilotes et observateurs : sous-lieutenant Moro, ... qui ont mis l'ennemi en fuite partout où ils l'ont rencontré, par la prise de nombreuses photographies des régions montagneuses à battre, par les réglages précis exécutés dans le Trentin au prix de mille difficultés, cette remarquable escadrille a suscité chez nos alliés l'admiration la plus vive et fait le plus grand honneur au pays."

Slt Georges Moro photographié pendant son séjour en Italie alors qu'il a été détaché à l'escadrille Lespinasse du 15 mai au 6 juillet 1917. Photo Collection Jules Brunswick transmise par son petit-fils Jean-Michel Roche que je remercie pour son aide.

Retour en France :

Le 12 juillet, l'équipage composé du Sgt René Mettetal et le Slt Georges Moro, à bord d'un Sopwith 2A2, est attaqué par deux Albatros de chasse. Le biplace est atteint par 29 balles dont plusieurs touchent le réservoir d'essence, les cordes à piano et les haubans de l'aile supérieure droite qui sont tous tranchés sauf un, qui maintient tout juste l'aile en place. Ce combat vaudra une citation à l'ordre du régiment au Sgt Mettetal.

Le 16 juillet, un télégramme chiffré (n° 2738 du 16 juillet 1917) annonce la mise au repos de l'escadrille 210. L'ordre est de préparer son transfert, entre le 20 et 25 juillet. Les observateurs et les officiers radios seront dirigés sur Vadelaincourt. Ils seront mis à la disposition du groupement d'ALGP et placés en subsistance à l'escadrille 213.
Le 18 juillet, les observateurs sont envoyés sur le terrains de Vadelaincourt. En voici le détail : Ltt Jules Brunswick - Ltt Jean Aymonier - Ltt Pierre Debect - l'administrateur de la Marine Eugène Piquois - Slt Marcel Laville - Slt Georges Moro - Slt Joseph Napoly - Slt Henri Pierret - Slt Pierre Causel.

Citation à l'ordre de l'artillerie de la 2ème armée (division) décernée par le général Franiatte, chef de l'artillerie de cette armée en date du 1er septembre 1917 (ordre n° 63) donnant l'obtention d'une étoile d'argent pour la Croix de Guerre : Slt Georges Marie Louis Moro, observateur de l'escadrille R 210 : "Observateur de premier ordre. Pendant la préparation des attaques, s'est dépensé sans compter pour assurer les réglages des tirs de destruction sur des ouvrages ennemis très importants, volant plus de trente heures, par tous les temps, pendant la période du 11 au 25 août 1917. A ainsi largement contribué au succès de notre offensive."

La mort du Slt Georges Moro :

Le 30 octobre 1917, à 14h00, le Slt Robert Masson (pilote) et le Slt Georges Moro (obs) décollent à bord d'un Breguet 14A2 pour effectuer un réglage au profit de la batterie Pfrenglé sur la batterie allemande 47-25. Les nombreux nuages, couvrant la zone, obligent l'équipage à voler à 1200 mètres pour accomplir sa mission. Occupé à transmettre à la TSF le résultat de ses observations, le Slt Moro ne voit pas arriver 3 avions de chasse ennemis qui débouchent de la masse nuageuse à faible distance. A peine a t'il eu le temps de tirer quelques coups de mitrailleuse, qu'il est atteint de deux balles à la tête. Le pilote indemne, attaqué de tous les cotés et à bout portant, tente d'échapper à l'étreinte adverse en piquant à pleine vitesse vers le sol. Malheureusement pour lui, les avions ennemis suivent le Breguet et continuent à le harceler de tous cotés. Le pilote ressent un choc très dur au niveau des reins et croit être touché à son tour. En réalité, la balle a été arrêtée par le rembourrage du dossier. Il arrive enfin à semer ses poursuivants et à rejoindre le terrain, où il pose son avion le plus rapidement possible.

Le Slt Moro est descendu de son poste avec peine et l'infirmière du terrain lui fait un pansement sommaire. Il faut le transporter le plus rapidement possible à l'antenne chirurgicale la plus proche. Un tracteur d'aviation (camion automobile) est amené dans ce but. Au cours d'un trajet qui semble interminable, ils déposent Moro aux mains des chirurgiens après qu'il ait reçu, en route, les derniers sacrements par un aumonier militaire, l'abbé Richard. Le médecin-chef, le docteur Plisson, qui a procédé à l'examen, ne leur laisse aucun espoir. La boîte cranienne est défoncée et il ne peut être sauvé. Ses camarades sont admis dans la petite chambre où on l'a apporté pour mourir. Il repose sur un lit, la tête entourée de bandes qui cachent ses blessures. Il ne bouge plus, mais respire encore. Peu à peu, son souffle faiblit et s'éteint. L'infirmière lui ferme les yeux et ses camarades, qui ne veulent pas encore croire en sa fin, restent là sans bouger, comme tétanisés.

Il totalise alors 172 heures et 40 mn de vol.

Citation à l'ordre de l'armée décernée par le GQG des Armée du Nord et du Nord-Est (Ordre n° 5932) décernée le 10 novembre 1917 donnant l'obtention d'une palme pour la Croix de Guerre - M. Moro, Georges-Marie-Louis (active), sous-lieutenant au 84ème régiment d'artillerie lourde, observateur à l'escadrille BR 210, a été nommé dans l'ordre de la Légion d'Honneur au grade de Chevalier : "Observateur de la plus haute valeur et de la plus grande bravoure. A fourni dans l'aviation un travail considérable, avec une belle ardeur et un courage sans égal, et a toujours apporté dans l'accomplissement de ses missions une conscience et un dévouement des plus parfaits. A été griévement blessé au cours d'un combat contre plusieurs avions ennemis, le 30 octobre 1917. Cinq fois cité à l'ordre." (pour prendre rang le 30 octobre 1917.)

Sa tombe en octobre 1917 :

Tombe n° 126 du Slt André Moro (obs) photographiée dans le cimetière de Buzancy, à 7 km au Sud de Soissons (02), en début novembre 1917. L'officier a été tué au combat, le 30 octobre 1917. Photo de Jules Brunswick transmise par son petit-fils M. Jean-Michel Roche que je remercie pour son aide.

Tombe du Slt André Moro photographiée en novembre 1917. L'officier a été tué au combat, le 30 octobre 1917. Photo de Jules Brunswick transmise par son petit-fils M. Jean-Michel Roche que je remercie pour son aide.

Sa tombe de nos jours :

Tombe actuelle du Slt Georges Moro - Observateur de l'escadrille 210 - Tué à Buzancy, le 30 octobre 1917 - Photo Serge Hoyet que je remercie pour son aide.

Tombe actuelle du Slt Georges Moro - Observateur de l'escadrille 210 - Tué à Buzancy, le 30 octobre 1917 - Photo Serge Hoyet que je remercie pour son aide.

Détail de l'épitaphe de la tombe actuelle du Slt Georges Moro - Observateur de l'escadrille 210 Tué à Buzancy, le 30 octobre 1917 - Photo Serge Hoyet que je remercie pour son aide.

Détail de la tombe actuelle du Slt Georges Moro - Photo Pierre Commeine que je remercie pour son aide.

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Le livre "Georges Moro - 1895-1917", écrit par les parents de l'observateur, a servi à l'élaboration de cette page. Je remercie M. Nicolas Faure de m'avoir prêté son exemplaire.

Notes d'un père
sur son fils
le sous-lieutenant aviateur
Marie-Louis-Georges Moro
tué à l'ennemi
le 30 octobre 1917.

Ces quelques paroles, simplement tombées du coeur, sont un hommage intime de parents désolés à la mémoire sacrée de leur fils. Nous croyons devoir les offrir en son souvenir à ses camarades, à nos amis, à tous ceux qui ont compati à notre immense douleur.

Cet exemplaire a été dédicacé au lieutenant-colonel Alfred Séguinaud et à sa femme, le 28 mai 1918.

Photo souvenir du Slt Georges Moro, observateur de l'escadrille BR 210, tué au combat, le 30 octobre 1917 - Carte transmise par Erwan Vanegue que je remercie pour son aide.

 

Tous mes remerciements à :

- M. Nicolas Faure pour le prêt du livret édité par le père de Georges Moro.
- M. Jean-Michel Roche pour le prêt des archives de son grand-père Jules Brunswick.
- M. Serge Hoyet pour l'envoi des photos de la tombe du Slt Georges Moro.
- M. Pierre Commeine pour l'envoi de la photo de la tombe du Slt Georges Moro.
- M. Erwan Vanegue pour l'envoi de la photo souvenir du Slt Georges Moro.

Bibliographie :

- "Georges Moro - 1895-1917" écrit par M. Louis Moro, son père - Exemplaire daté du 28 mai 1918 - Imprimerie Adrien Maréchal à Paris.
- Site Internet "Mémoires des hommes"
du Ministère de la Défense - Voir le lien
- "Les As français de la Grande Guerre" en deux tomes par Daniel Porret publié par le SHAA en 1983.
- "The French Air Service War Chronology 1914-1918"
par Frank W.Bailey et Christophe Cony publié par les éditions Grub Street en 2001.
- "Les escadrilles de l'aéronautique militaire française - Symbolique et histoire - 1912-1920"
- Ouvrage collectif publié par le SHAA de Vincennes en 2003.
- "L'aviation française 1914-1940, ses escadrilles, ses insignes" - par le Commandant E. Moreau-Bérillon - publié à compte d'auteur en 1970.
- "Les Armées françaises dans la Grande Guerre" publié à partir de 1922 par le Ministère de la Guerre - Voir le lien

 

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Andre Casiez de Chauvelin

 

 

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