Historique de l'escadrille 62
Création de la MF 62 :
L'escadrille n° 62 est officiellement constituée à Lyon-Bron, le 11 août 1915. Le Lieutenant Henri Horment prend son commandement. A cette date, l'unité est équipée de six biplans Maurice Farman MF 11 auparavant rattachés à l'escadrille MS 3. Elle prend alors la dénomination de MF 62. Ses MF 11 sont équipés d'un moteur Renault de 8 cylindres en V, développant de 80 cv. Ces avions sont capables de vols de 3 h 45 à une moyenne de 100 km/h.
Ltt Henri Horment, 1er commandant de l'escadrille 62 - Brevet de pilote militaire n° 865 en date du 29 avril 1915 - Cet officier sera très grièvement blessé de deux balles au cou et à la poitrine, le 11 juillet 1916 - Il ne reprendra son commandement que le 18 octobre 1916 - La photo, postérieure à 1915, a été prise en 1918 alors que Henri Horment était commandant et chef du CIACB de Perthes - Photo famille Amanrich que je remercie pour son aide.
Pilotes : Ltt Henri Horment commandant l'escadrille, Ltt Emile Lacouture, Slt Alfred Deullin, Sgt François Parent, Sgt Georges Brou, Cap Roger Thuau, Cap Pierre Besnier.
Observateurs : Cne Siméon, Ltt Franc, Slt Julien Jaulin, Slt François Moineville, Slt Louis Jacob, Slt Jean Billon.
La 62 devient escadrille d'armée au profit de la VIème armée :
Quelques jours plus tard, la MF 62 quitte Lyon-Bron et s'installe sur le terrain de Vauciennes. Elle est placée sous les ordres de la VIème Armée du Général Dubois et dépendra administrativement du 1er groupe d'aviation de Dijon. Prenant en charge les missions d'observation et de la reconnaissance photo du secteur, elle devient Escadrille d'Armée.
MF 11 de l'escadrille MF 62 en 1915 - Remarquez l'appareil photo de 1,20 m de focale qui dépasse de dessous de la carlingue. Cet appareil était destiné à prendre des photos de détail du front - Photo Cne Louis Blamoutier transmise par sa famille que je remercie pour son aide.
Dès le 15 août 1915, un équipage réalise la première reconnaissance de la 62 sur le secteur de Roye - Nesle - Brie - Savy - Jussy - Nampcel. Cette mission est presque entièrement consacrée au repérage de l'activité ennemie sur les voies ferrées et les routes de la zone. Une escadrille allemande est observée au croisement de la voie ferrée Saint-Quentin - Ham et de la route Péronne - Jussy à proximité du château de Pommery. Le 20 août, les escadrilles MS 3 et MF 62 déménage pour le terrain de Breuil-le-Sec.
Le 22 août 1915, une mission est envoyée pour surveiller les organisations défensives de la zone Bapaume - Péronne - Voyennes (6 km à l'Est de Nesle), en arrière du canal de Saint-Quentin et sur le secteur de Péronne - Ham - Noyon - Chauny - La Fère.
Ltt René Colcomb, observateur de l'escadrille MS 3. Il effectuera de nombreuses missions à la MF 62 en 1915 - Plus tard, il obtient le brevet de pilote militaire n° 2457, le 21 janvier 1916. Il prendra le commandement de l'escadrille N 38 / SPA 38 du 10 juin 1916 au 24 mars 1918 - L'arme de bord est une mitrailleuse Hotchkiss de 8 mm - Remarquez l'indicateur de vitesse Etévé au premier plan - Photo René Colcomb, transmise par sa famille que je remercie pour son aide.
Le 23 août 1915, trois reconnaissances vont être effectuées par le personnel de la 62. La première, où l'équipage Slt Deullin (MF 62) et Ltt Colcomb (MS 3) est chargé de repérer l'emplacement d'une pièce de 38 cm qui harcèle les positions françaises depuis la région de Coucy-le-Château (Aisne). Ce canon de 38 cm SKL/45 a effectué son premier tir en direction de Compiègne, le 27 avril 1917. Les observations aériennes doivent se concentrer près des fermes de Malhotel et de la Feuillée (Aisne). Au cours de la mission, ils sont attaqués par un Albatros qui tente de barrer le passage vers la zone suspecte. Après un bref combat, l'appareil ennemi, qui laisse échapper de grandes volutes de fumée, rompt l'engagement en piquant verticalement derrière les bois de Jumencourt (Aisne). Les aviateurs poursuivent leur mission et repère l'emplacement d'une pièce lourde à proximité immédiate de la ferme de Malhotel, dans le bois de Montoir, près de Coucy-le-Château (Aisne). L'artillerie contre-avions se déchaîne contre eux et place trois éclats dans leur MF 11 (n° 657). Malgré cela, après une mission bien mouvementée, ils rentrent sains et saufs avec trois photos de l'objectif. La deuxième, plus calme celle-là, est envoyée sur Ercheu - Jussy - La Fère - Tergnier - Pontoise. Elle repère un Drachen près du bac d'Arblincourt. Les aviateurs français croise un avion ennemi qui fait immédiatement demi-tour et s'enfuit. La dernière, par Péronne - Vermand - Nesle - Ham - Noyon, ne croise que peu d'activité.
Reconnaissance sur Coucy-le-Château par un MF 11 de l'escadrille MF 62, le 23 août 1915 - Appareil photo de 0,26 m de foyer - Le château, qui sera détruit à l'explosif par les Allemands en 1917, est bien visible sur la partie droite de l'image - Voir l'agrandissement du château - Photo Cne Louis Blamoutier transmise par sa famille que je remercie pour son aide.
Vue satellite de Coucy-le-Château de nos jours - Voir en particulier les vestiges du château dans la partie droite de l'image - Le donjon du XIIIème siècle a été détruit le 27 mars 1917 par les Allemands lors de leur repli sur la ligne Hindenburg - Avant sa destruction, le donjon du château était le plus important d'Europe avec 54 mètres de haut et 31 mètres de diamètre - Photo Goggle Earth que je remercie pour mettre de telles photos sur le Net.
Le 1er septembre 1915, la reconnaissance de la journée tente de repérer les terrains d'atterrissages dans les environs de Tracy le Val. Le 5 septembre 1915, une mission commune avec la MS 3 photographie les positions françaises entre Compiegne et Ressons sur Matz. Le 6 septembre 1915, un MF 11 de l'escadrille prend 36 photos de la 2ème ligne de défense allemande entre Roye et Lassigny et un autre prend 24 clichés des tranchées françaises de Ressons sur Matz. Le 7 septembre 1915, l'équipage Slt Deullin (MF 62) et Ltt Colcomb (MS 3) effectue une reconnaissance d'Armée sur Nesle - Ham - Chauny - Noyon - Libermont - Roye. Il surprend des travaux de défense en cours de réalisation et photographie les ouvrages entre Noyon et Offemont. Un avion allemand, qui les a aperçus sur Golancourt, les rejoint avec la ferme intention de leur barrer la route. L’adresse de l'observateur mitrailleur va faire la différence et oblige l'assaillant à prendre la fuite sans demander son reste. Un peu plus loin, entre Balatre et la route Roye - Nesle, nos aviateurs forcent un Drachen à redescendre. Ils sont alors pris pour cible par l'artillerie de couverture. Après 2 h 40 de vol et bien qu'il ait été touché par deux fois, leur Farman MF 11 (n° 760) rentre au terrain et se pose sans casse. L'autre reconnaissance a permis de ramener 24 clichés du secteur de Montdidier à Offemont.
Le 8 et le 9 septembre 1915, l'équipage Ltt Lacouture (MF 62) et Ltt Colcomb (MS 3) réalise des reconnaissances du front sur Bray sur Somme et Noyon - Ham - Péronne. (Farman MF 11 n° 766). Ils y cherchent les travaux sur les arrières lignes allemandes et signalent que le terrain d'aviation de Golancourt a été évacué par l'ennemi. Le 10 septembre, le Slt Deullin (MF 62) et le Ltt Colcomb (MS 3) survolent le secteur Bray sur Somme - Bapaume - St Quentin - Jussy - Compiegne. Ils repèrent un terrain pour avions en cours d'installation en bordure Nord-Ouest des bois du château de Savriennois. Plus tard, leur Farman MF 11 (n° 757) est touché par cinq éclats d'obus entre Combles et Bapaume.
Le lendemain, le même équipage photographie les tranchées adverses de la ligne Beuvraignes et Laucourt (Sud de Roye). Une autre mission fait de même au-dessus des lignes françaises de Ressons sur Matz à Thourotte (Nord de Compiegne). Le 12 septembre, un MF 11 de la 62, équipé d'un appareil de 1,20 m de foyer, revient sur la zone Beuvraignes - Laucourt et prend 12 photos de ce secteur.
Le 13 septembre 1915, la première mission sur Coucy - Chauny - Ham - Chaulne repère deux avions ennemis. D'abord près de Guiscard où un biplan allemand accepte le combat. Après un échange d’une dizaine de coups, l'avion pique à fond dans ses lignes et s'éloigne précipitamment. Le suivant fait demi-tour dès qu'il aperçoit le Farman 11. La seconde incursion en territoire ennemi permet de photographier les environs de Roye. A l'atterrissage, le MF 11 n° 766 est endommagé. L'avion, à réformer, sera remplacé le 18 par le premier Farman MF 11 bis à moteur 130 cv de l'unité. L'escadrille ne possède plus que cinq Farman MF 11. Le 15 septembre, au cours d'une reconnaissance, l'équipage Sgt Georges Brou et Cne Siméon oblige deux Aviatik à se poser dans leurs lignes. Le pilote a réalisé en cinq mois, quarante missions à longue portée dans des conditions délicates et périlleuses. Attaqué à plusieurs reprises par des avions ennemis, il ne s'est jamais détourné du but de sa mission. Le même jour, le Ltt Jacques Lacouture rentre avec un avion endommagé par des éclats d'obus.
Sgt Georges Brou - pilote de l'escadrille MF 62 - Brevet de pilote militaire n° 833 en date du 19 avril 1915 - Le 15 septembre 1915, il contraint successivement deux Aviatik à atterrir dans leurs lignes - Ces avions ne lui seront pas comptés car posés en zone allemande - Photo le tableau d'honneur de l'Illustration - SHD de Vincennes.
Arrivée du premier MF 11 bis :
Le 18 septembre 1915, les équipages sont à nouveau envoyés sur Beuvraignes. Heureusement, le terrain de Breuil-le-Sec, d'où ils décollent, n'est situé qu'à 40 km de leur objectif. L'escadrille MF 62 touche son premier Farman F 11 bis à moteur 130 cv. Son parc aéronautique est maintenant constitué de cinq MF 11 à moteur 80 cv et un Farman MF 11 bis à moteur 130 cv.
Le lendemain, deux MF 11 sont envoyés sur Péronne - Nesle - Ham - Guiscard - Chauny - Carlepont. Un Drachen est repéré près d'Herly à l'Ouest de Nesle et un campement camouflé dans le bois d'Autrecourt est identifié et photographié. L'équipage ramène au terrain six plaques photos qui permettront de compléter les observations aériennes. Le 22 septembre, deux nouvelles missions sont effectuées. La première sur Lassigny - Grisole - Jussy - Ham - Roye, où quinze balles incendiaires permettent d’abattre le Drachen de Roye qui est abattu. La seconde sur Golancourt où un avion est repéré au sol. Le Slt Deullin convoie le second Farman F 11 bis à moteur 130 cv de l'unité. Aucun autre exemplaire n'est disponible pour l'instant. Le lendemain, les deux F 11 bis à moteur 130 cv participent au bombardement des gares de St Quentin et de Roisel. Le 24 septembre 1915, la MF 62 déménage pour le terrain de Tricot (Nord-Ouest de Compiegne). A partir du 25 septembre, l'unité est engagée dans la 3ème bataille de l'Artois avec une nouvelle offensive Franco-Britannique sur le front Ficheux, la Bassée.
MF 11 bis à moteur 130 ch sur le terrain de Breuil-le-Sec en fin septembre 1915 - Le premier exemplaire de cet avion est arrivé à la MF 62, le 18 septembre 1915 - Photo SHD de Vincennes.
Le 30 septembre 1915, quatre avions de la MF 62 et deux de la MF 19 sont engagés dans le bombardement des gares de Noyon et d'Appilly. La gare de Noyon est touchée par trois bombes Aasen et 19 obus de 75 retardés. Celle d'Appilly prend 12 obus de 75 retardés. Le 1er octobre 1915, quatre Farman de la MF 19, trois de la MF 62 et un Caudron G 4 de la C 10 reviennent sur les mêmes objectifs et ajoutent la gare de Chauny à leur tableau de chasse. Le 2 octobre 1915, tous les avions de la 62, renforcés par trois Caudron G 4 de la C 10 et un Farman de la MF 19, attaquent les voies ferrées et les gares de St Quentin - Vermand - Roisel - Ham - Chauny - Appilly et Noyon.
Le 3 octobre 1915, la reconnaissance de la 62 sur Bray - Péronne - Roisel - Péronne est attaquée par un biplan bimoteur à double jumelage de mitrailleuses. Cet avion, bien que doté d'une vitesse ascensionnelle remarquable, n'est pas assez rapide pour inquiéter les français. Ils ramèneront tout de même trois impacts dans leur avion. Les gares des environs font encore l'objet de l'attention des escadrilles du secteur et reçoivent leur chargement habituel de projectiles de tous types. La MF 62 gagne le terrain de Breuil le Sec, à Ouest de Compiegne, avec ses sept MF 11 (deux MF 11 Bis à moteur 130 cv et cinq MF 11 à moteur 80 cv), le 9 octobre 1915. Elle est aussitôt renforcée par l'arrivée un MF 11 bis de 130 cv et d'un MF 11 de 80 cv.
MF 11 bis photographié en vol par un autre appareil - On aperçoit le poste d'équipage complétement ouvert et non protégé - Photo SHD de Vincennes.
Le 12 octobre 1915, les missions photographient les tranchées de Roye - Ham - St Quentin - Le Catelet - Roisel - Péronne - Chaulnes et les voies d'accès aboutissant au plateau de Nouvron. Pendant quatre jours, les équipages sont effectuer des essais de mitrailleuses Colt à bord des avions. Le 20 octobre 1915, le Ltt Jacques Lacouture renouvelle son exploit du 15 septembre. En mission sur les tranchées de St Quentin - Ham - Péronne, il rentre avec un avion troué comme une passoire. Le 23 octobre 1915, en mission sur les voies ferrées de la zone Chaulnes - Nesle - Ham - St Quentin - Jussy - Chauny - Noyon - Carlepont, le Maurice Farman MF 11 de l'escadrille donne la chasse à un Albatros qui atterrit près de Saint-Quentin. L'autre vol permet un tir d'exercice à la mitrailleuse entre Nouvron et Lassigny. Le 30 octobre 1915, toujours dans le même secteur, le Sgt Georges Brou rentre de mission avec son avion criblé de balles et d'éclats d'obus. Pendant les quinze premiers jours du mois de novembre, les équipages vont accumuler les missions sur le triangle Saint-Quentin - Ham - Péronne. Le 15 novembre 1915, trois reconnaissances sont lancées pour repérer les terrains d'atterrissages de la région de Estrée-Saint-Denis - Compiègne - Montdidier. Le 29 novembre 1915, la dotation de la MF 62 passe à 10 MF 11 (5 à 80 cv et 5 à 130 cv)
Le 8 décembre 1915, les deux missions de guerre emmènent les aviateurs sur le Nord de Roye et sur Beuvraignes. Le 9 décembre 1915, au-dessus du même secteur, l'avion piloté par le Ltt Jacques Lacouture est touché par une balle qui frappe l'hélice. Par chance, elle reste entière et permet ainsi à l'équipage français de terminer sa mission de renseignement. Le 28 janvier 1916, après un violent bombardement du secteur, l'infanterie ennemie attaque sur le secteur Dompierre - Frise et passe la Somme. Le 29 janvier 1916, pendant une mission de reconnaissance sur Roye - Ham - Nesle - Noyon, l'équipage Sgt Thuau et Cne Colcomb (détaché) largue huit obus de 75 mm sur Appilly (Est de Noyon). Il faudra attendre les 9 et 10 février 1916 pour reprendre la zone perdue à l'exception de Frise et des hauteurs situées au Sud qui resteront aux mains des allemands.
Alignement des Farman MF 11 et MF 11 bis de la MF 62 sur le terrain de Breuil-le-Sec, le 2 février 1916 - Le premier avion est un MF 11 à moteur 80 ch et tous les autres des MF 11 bis à moteur 130 ch - Cliquez sur l'image pour l'agrandir - Photo annexe BDIC du musée de l'Armée des Invalides de Paris mis en ligne par le site Gallica de la Grande Bibliothèque de France.
Gros plan sur le nez d'un MF 11 bis à moteur de 130 ch de l'escadrille MF 62 sur le terrain de Breuil-le-Sec, le 2 février 1916 - Ce modèle différe des autres exemplaires car il est équipé d'un carénage de protection pour le pilote - L'armement est constitué par une mitrailleuse Colt mise en oeuvre par l'observateur - Photo annexe BDIC du musée de l'Armée des Invalides de Paris mis en ligne par le site Gallica de la Grande Bibliothèque de France.
Farman MF 11 bis à moteur 130 ch de la MF 62 sur le terrain de Breuil-le-Sec en septembre 1915 - Le Slt Billon, observateur à l'avant, met en oeuvre une mitrailleuse Colt de 7,62 mm et le Sgt Brou, pilote à l'arrière, servant une Hothkiss de 8 mm - Photo Cne François Moineville transmise par sa famille que je remercie pour son aide.
Première victoire de l'escadrille :
Le 10 février 1916, le Ltt Albert Deullin et son observateur le Ltt Colcomb obligent un avion allemand à atterrir. Chargés d'une mission photographique à 30 km en arrière des lignes allemandes à bord d'un Farman F 40, ils ont été attaqué par l'appareil adverse. L'équipage français réussit la prouesse de forcer l'Allemand à atterrir dans les lignes françaises et achève ensuite sa mission. Ils sont restés pendant 30 mn au-dessus du point à reconnaître sous de violents tirs antiaériens. C'est la première victoire de l'escadrille mais qui ne sera pas homologuée faute sans doute de témoins.
Ltt Albert Deullin - pilote de l'escadrille MF 62 - Né le 24 août 1830 à Epernay (51) - Brevet de pilote militaire n° 988 en date du 26 mai 1915 - plus tard, il sera pilote de la N 3 - Chevalier de la Légion d'Honneur le 4 juin 1916 - Officier de la Légion d'Honneur en juin 1918 - Croix de Guerre 14-18 avec 13 palmes de bronze et une étoile - Commandant de la SPA 73 du 19 février 1917 au 14 février 1918 - Commandant du GC 19 - Titulaire de 20 victoires homologuées pendant la Grande Guerre - Chef-pilote de la compagnie Franco-roumaine - Se tue en testant un prototype de la marque de Marçay à Villacoublay, le 29 mai 1923 - Repose au cimetière d'Epernay, sa ville natale - Photo collection Daniel Porret que je remercie pour son aide.
Le Ltt Albert Deullin a réalisé en huit mois, soixante missions de guerre. Ce pilote terminera la guerre avec 20 victoires sûres et 5 probables. Il commandera le GC 19 en 1918. Le Cne Colcomb est à la tête de soixante missions du même type aux escadrilles MS 3 et MF 62 avec laquelle il vole souvent. Une grande offensive se prépare sur la Somme en vue de soulager le secteur de Verdun bien menacé depuis le début de l'année 1916. Mais il faudra tout de même attendre juillet pour voir les alliés passer à l'attaque. L'escadrille, comme toutes celles du front, va multiplier les missions de reconnaissance pour cartographier les axes de passage et tenter de découvrir les points faibles de la défense adverse.
Mort de l'Adj Degon et du Slt Madelin :
Le 1er avril 1916, l'Adj Achille Degon et son observateur, le Slt Sébastien Madelin (C 43) sont tués en combat aérien à Warvillers (Somme). C'était un équipage expérimenté qui était déjà à la tête de nombreuses reconnaissances difficiles. Un autre MF 11 survole Bailly et ramène 12 photos exploitables. Le lendemain, au cours d'une importante mission exécutée à 1400 mètres d'altitude au-dessus des lignes ennemies, le Sgt Roger Thuau ramène son observateur blessé au visage par un éclat d'obus. Le sergent, qui a déjà plus de 100 heures de vol en territoire ennemi, s'est spécialisé sur les missions de reconnaissance en basse altitude. Son avion a été touché à de plusieurs reprises. Ils ramènent de cette mission 48 plaques photos du secteur de Moulin sous Touvent. Progressivement les Maurice Farman MF 11 et MF 11 bis, complètement dépassés, laissent la place au Henri Farman F 40 spécialement construit pour l'observation. C'est un biplan équipé d'un moteur de 130 cv avec une hélice propulsive. Sa vitesse maximale est de 130 km/h à 2000 mètres et il est armé d'une ou deux mitrailleuses.
Adj Achille Degon - Né le 1er août 1888 à Paris (75) - Fils d'Aristide Degon et de Marie Bouchy - Profession avant guerre représentant de Commerce - Entré en service actif au 2ème régiment d'infanterie, le 1er octobre 1909 - Brevet de pilote militaire n° 1560 en date du 11 septembre 1915 - Pilote escadrille MF 62 du 17 décembre 1915 au 1er avril 1916, date de sa mort - Tué au combat dans les environs de Warvillers (Somme), le 1er avril 1916 - Il faisait équipage avec le Slt Sébastien Madelin, observateur de l'escadrille C 43, qui a également perdu la vie.
Slt Sébastien Madelin, observateur de la C 43 en juin 1915. Cet officier et le pilote qui faisait équipe avec lui, l'Adj Achille Degon de la MF 62, ont été tués dans l'écrasement d'un MF 11 bis de la 62 qu'ils montaient au retour d'une mission de combat, le 1er avril 1916. Photo Paul Cottave-Claudet transmise par son petit-fils Jean-Paul Milliand que je remercie pour son aide.
Les premiers F 40 et F 41 sont livrés :
La MF 62 touche deux F 40 et un F 41, le 10 avril 1916. Ce sont les premiers perçus par l'unité. L'escadrille compte maintenant six MF 11 (4 bis à 130 cv, 2 à 80 cv), deux F 40 et un F 41. L'escadrille gagne le terrain de Moreuil (Sud-Est d'Amiens), le 12 avril 1916. Elle est mise à disposition du 1er Corps de Cavalerie, les deux escadrilles MF 54 et MF 62 travaillant à son profit. Toutefois, la 62 réserve un avion aux missions de reconnaissance photo de la VIème Armée. Le Cne Horment, chef de la 62, prend le commandement de l'aviation du 1er Corps de Cavalerie (1er CC). Du 21 au 23 avril 1916, les équipages, composés d'un pilote de la 62 et d'un observateur du 1er CC, assurent huit réglages d'artillerie. Très vite, la maîtrise des observateurs va faire des merveilles et permettre aux batteries de 75, 90 et 95 mm de faire but.
Les avions de l'escadrille MF 62 sur le terrain de Moreuil, en avril 1916 - Au centre, un MF 11 bis à moteur de 130 ch n° 1154 - Photo Musée de l'Armée des Invalides / BDIC.
Terrain de Moreuil - Hangars avions et des baraquements des escadrilles photographiés en septembre 1916, soit un peu plus tard que la période concernée - Photo Musée de l'Armée des Invalides / BDIC.
Mort du Ltt Lacouture et du Slt Jaulin :
Le 23 avril, à bord d'un F 40, le Ltt Jacques Lacouture et le Slt Julien Jaulin, observateur se tuent lors d'une mission de reconnaissance photo sur les tranchées françaises, au Sud de Warfusee - Abrancourt. L'équipage était très expérimenté avec un pilote qui cumulait plus de 100 heures de vol en reconnaissances lointaines et en bombardements et un observateur, spécialisé dans la prise et l'étude de photos aériennes.
Le lendemain, l'escadrille réalise six réglages d'artillerie. Le 25 avril 1916, deux missions sont exécutées. D'abord sur le Sud de la Somme où un avion est touché par des éclats d'artillerie contre avions puis sur les tranchées de Marcelcave. Le lendemain, un F 40, escorté de deux Ni 11 de la N 3, va photographier les environs de Nesle. Un autre avion règle une batterie de 120 mm sur Liancourt - Fosse.
Ltt Emile Jacques Marie Lacouture - Né le 29 décembre 1886 à Cognac (16) - Entré en service actif au 7ème régiment de Hussards, le 5 octobre 1905 - Observateur de cavalerie du 21 avril au 23 mai 1915 - Brevet de pilote militaire n° 1316 obtenu à l'école d'aviation militaire d'Etampes, le 9 août 1915 - Pilote de l'escadrille MF 62 du 1er septembre 1915 au 23 avril 1916, date de sa mort - Tué au combat lors d'une mission de reconnaissance sur les tranchées françaises, au Sud de Warfusee - Abrancourt, le 23 avril 1916 - Il faisait équipage avec le Slt Julien Jaulin, observateur, qui a également perdu la vie. Photo le tableau d'honneur de l'Illustration - SHD de Vincennes.
Débris du MF 11 du Ltt Emile Lacouture et du Slt Julien Jaulin écrasé à proximité des tranchées françaises au Sud de Warfusee - Abrancourt, le 23 avril 1916 - Voir au premier plan le casque d'un des membres d'équipage et l'apapreil photo de 0,25 de focale - Photo Cne François Moineville transmise par sa famille que je remercie pour son aide.
Première victoire homologuée :
Le 27 avril 1916, lors d'une mission photo sur Nesle - Chaulnes, le MF 11 de la 62 est attaqué par un Fokker. L'avion ennemi est abattu par le Ltt Jean Billon (obs) avant l'intervention d'un Ni 11 et d'un Caudron G 4 arrivé à la rescousse. C'est la 2ème victoire de l'escadrille, mais la première homologuée. Le 28 avril 1916, l'escadrille accomplit cinq réglages d'artillerie et ramène cinquante clichés des lignes allemandes. Le 30 avril 1916, deux importantes missions photos sont envoyées sur Avre et Goyencourt.
Le 1er mai 1916, l'escadrille MF 62 compte huit avions Farman : deux F 40, quatre MF 11 bis à 130 cv et deux MF 11 à 80 cv. Le 3 mai 1916, elle quitte le 1er CC et redevient escadrille d'armée.
La MF 62 est intégrée au groupe de Cachy :
Dans la perspective de son passage sur Nieuport, la MF 62 est intégrée au groupe de Cachy commandé par le Cne Antonin Brocard. Ces escadrilles formeront plus tard le Groupe de chasse n° 12 dit "des cigognes". Cet ensemble d'escadrilles est maintenant composé des N 3, N 26, N 73, N 103, N 37, N 65 et MF 62. Ces unités se partagent les installations suivantes : neuf hangars Bessonneau dont deux de 26 x 28 m, quatre de 20 x 28 m, un de 20 x 24 m et deux de 20 x 20 mètres.
Le 5 mai 1916, l'escadrille MF 62 arrive à Cachy (Sud-Est d'Amiens) où son installation a été retardée par la construction des baraques qui lui sont destinées. Pendant les quinze jours qui précéderont son passage sur Nieuport, les pilotes de la 62 vont s'initier aux méthodes de combat de leurs illustres camarades. Les vols en groupe deviennent alors quotidiens. La MF 62 multiplie les incursions sur la zone du front, survolant les positions adverses pour reconnaître les secteurs qui seront pilonnés par l'artillerie dans quelques semaines. La MF 62 perçoit son premier Nieuport 10 (n° 761) à moteur Le Rhône de 80 cv, le 8 mai.
Farman F 40 de l'escadrille MF 62 sur le terrain de Cachy pendant l'été 1916 - Cet avion a équipé la 62 du 10 avril au 18 mai 1916 - Photo Jean de la Roche de Saint André transmise par son petit- fils Gilles que je remercie pour son aide.
L'escadrille compte à ce jour douze aéroplanes à savoir : sept F 40, deux MF 11 Bis à 130 cv, deux MF 11 à 80 cv et un Ni 10. Le 17 mai 1916, les Farman sont envoyés sur les gares de la zone de Chaulnes - Ablaincourt - Pressoire. Une des missions est attaquée par un Fokker qui est mis en fuite par l'escorte de Nieuport 11.
L'escadrille devient la N 62 :
A Cachy, à compter du 18 mai 1916, la MF 62 est transformée en N 62. Ce passage sur Nieuport va complètement bouleverser l'organisation de l'escadrille. La nouvelle 62 est formée grâce à la N 3 qui passe à onze pilotes. Sept pilotes de cette escadrille passent dans la nouvelle unité et en forment l'ossature. C'est eux qui vont assurer la couverture de chasse des biplaces de l'escadrille. L'escadrille N 62 est maintenant équipée de trois types de Nieuport, les Nieuport 11, 16 et 12. Pendant quelques semaines, elle conservera quatre Farman F 40 en attendant que les équipages soient lâchés sur les nouveaux biplaces.
Les pilotes de la N 62 et leurs avions :
Cne Horment (ex MF 62 sur Ni 11 n° 243), Ltt Mouronval (ex N 3 sur Ni 12 n° 899), Ltt de Guibert (ex N 3 sur Ni 16 n° 964), Ltt le Cour Grandmaison (ex N 3 sur Ni 11 n° 608), Adj Tarascon (ex N 3 sur Ni 11 n° 1159), Sgt de Guibert (ex N 3 sur Ni 11 n° 888), Sgt Bloch (ex N 3 sur Ni 11 n° 901), Sgt Besnier (ex MF 62 sur Ni 12 n° 779), Sgt Thuau (ex MF 62 sur Ni 12 n° 465), Cap Nautre (ex N 3 sur Ni 12 n° 915). Le Nieuport Ni 10 n° 761 à moteur Rhône de 80 cv servira à l'entraînement.
Ltt Henri Adolphe Charles Le Cour Grandmaison - Né le 20 février 1889 à Nantes - Fils d'Henri Le Cour Grandmaison et de Mathilde Halgan - Domicilés 2 rue de Bréa à Nantes - Entré en service actif (service militaire) au 26ème régiment de Dragons en novembre 1909 - Mobilisé au 26ème régiment de Dragons en août 1914 - Brevet de pilote militaire n° 1539 obtenu à l'école d'aviation militaire de Chartres, le 10 septembre 1915 - Stage de transformation à l'école d'aviation militaire d'Avord jusqu'au 3 novembre 1915 - Stage au centre GDE du Plessis-Belleville à compter du 7 février 1916 - Pilote de l'escadrille N 3 du 22 avril au 25 mai 1916 - Pilote de l'escadrille N 62 du 25 mai au 12 octobre 1916 - A l'escadrille N 62, pilotait le Nieuport 11 n° 608 camouflage 2 tons, coq blanc - Pilote de l'escadrille F 14 du 14 octobre 1916 au 11 juin 1917 - Détaché à l'escadrille N 93 du 11 au 19 mai 1917 - Pilote de l'escadrille N 89 du 11 juin au 8 octobre 1917 - Pilote et commandant de l'escadrille SPA 95 du 8 octobre 1917 au 23 mars 1918 - Nommé Capitaine, le 28 novembre 1917 - Commandant de l'aéronautique du 36ème corps d'armée à compter du 6 avril 1918 - Croix de Guerre - Photo famille Le Cour Grandmaison que je remercie pour son aide.
De même, un certain nombre de pilotes de la MF 62 va renforcer les escadrilles MF de l'Armée qui ne changent pas d'appareil : Le Slt Marius Michon est affecté à l'escadrille 35 avec son Farman 40 n° 2059, le Slt Jacques Augier de Moussac est affecté à l'escadrille 54 avec son Farman 40 n° 1874, le MdL Edouard Trochu est affecté à l'escadrille 35 sans son appareil (le Farman 11 à moteur 80 ch n° 1652), le MdL Maurice Saillard est affecté à l'escadrille 24 avec son Farman 11 bis à moteur 130 ch n° 1462, le MdL Jean de la Roche Saint-André est affecté à l'escadrille 24 avec son Farman 40 n° 2030, le Caporal Justin Usse est affecté à l'escadrille 24 avec son Farman 40 n° 2063, le Caporal Henri Perdu est affecté à l'escadrille 25 sans son appareil, le Caporal Charles Albanel est affecté à l'escadrille 24 avec son Farman 11 Bis à moteur 130 ch n° 1430.
Les maréchaux-des-Logis Maurice Saillard, Jean de la Roche Saint André, Caporaux Justin Usse, Charles Albanel ont été affectés à l'escadrille 24 avec leurs appareils et sont pris en compte par l'escadrille, le 15 juin 1916.
(Correctif par Luc Clermin, en date du 9 mars 2008 - Courrier 8250/M existe en trois exemplaires dont un seul a été modifié . Il est conforme aux demandes du Général Anthoine - télégramme du 31 mai 1916 - côte 1A023 de l'escadrille 24 du SHD de Vincennes, section Air.)
Slt Jacques Marie Joseph Augier de Moussac, pilote de la MF 62 - Né le 23 mars 1893 à Compiègne - Fils de M. Georges Augier de Moussac et de Mme Marguerite Dubos - Engagé à l'école de Saint-Cyr comme officier en novembre 1913 - 11ème régiment de Dragons - Passé à l'aviation comme observateur en août 1915 - Brevet de pilote militaire n° 2313 à l'école d'aviation de Chartres, en date du 11 janvier 1916 - Pilote de l'escadrille MF 29 - pilote de l'escadrille MF 123 - Pilote escadrille MF 62 - Pilote de l'escadrille MF 35 - Pilote de l'escadrille N 49 - Commandant de l'escadrille SPA 166 du 16 août 1918 au 4 mars 1919 - Une citation à l'ordre de l'armée en septembre 1916 - Croix de Guerre 14-18 - Photo famille de la Porte que je remercie pour son aide.
Les grandes figures de Cachy - De gauche à droite : Adj Paul Tarascon (N 62) - Cne Henri Horment (chef de la N 62) - Sgt René Dorme (N 3) - Sgt André Chainat (N 3) - Cne Antonin Brocard (chef des escadrilles de Cachy) - Adj Charles Borzecki (observateur de la VIème armée) - Ltt Alfred Heurtaux (N 3) - Photo famille de Guibert transmise par Patrick Chevillotte que je remercie pour son aide.
Ce renforcement porte l'escadrille 35 à 12 pilotes et 11 avions MF 11 bis à moteur 130 ch et l'escadrille 54 à 11 pilotes et 11 avions. La N 62 posséde un parc aéronautique comme tel :
- cinq Nieuport 11 (n° 243, n° 608, n° 888, n° 901, n° 1159),
- un Nieuport 16 (n° 964),
- quatre Nieuport 12 (n° 465, n° 779, n° 899, n° 915),
- un Nieuport 10 (n° 761)
Suite à la répartition des unités aéronautiques entre les Corps d'Armées, l'aviation de la VIème armée est réduite aux escadrilles Nieuport (dont la N 62). Mais, ces avions ne se prêtant pas aux prises de vues aériennes, le commandement va être amené à panacher différents types d'avions au sein de certaines unités. C'est pour cette raison que l'on trouve des monoplaces de chasse (Ni 11 et Ni 16) et des biplaces d'observation (Ni 12) à la 62. Les observateurs sont, soit affectés à l'escadrille, soit détachés pour certaines périodes. Le 18 mai 1916, deux missions photo vont se succéder sur Chaulnes et Péronne. Deux jours plus tard, quatre missions sont envoyées entre Estrees et la Somme.
Départ en mission anti-Drachen des Nieuport 11 et 16 de l'escadrille N 62 sur le terrain de Cachy, en mai 1916 - Au premier plan, le Nieuport 11 n° N 1159 "Zigomar" codé "6" peinture aluminium de l'Adj Paul Tarascon - Son avion porte un coq rouge ou noir - Vient ensuite un Nieuport 16 codé "9" camouflage 2 tons, coq blanc et armé de 8 fusées Le Prieur anti-Drachen - Un autre Nieuport 16 codé "7" camouflage 2 tons, coq blanc - Nieuport 11 codé "1" du Cne Henri Horment camouflage 2 tons sans insigne - Cliquez sur l'image pour l'agrandir - Photo Paul Tarascon transmise par son neveu que je remercie pour son aide.
Capotage d'un Nieuport 11 codé "11" coq blanc camouflage 2 tons appartenant à l'escadrille N 62 sur le terrain de Cachy - Remarquez dans le fond de l'image, la forêt du même nom qui servait de camouflage aux hangars et baraquements des personnels - Photo collection Jean-Jacques Leclercq que je remercie pour son aide.
Les missions spéciales :
Le 30 mai 1916, l'escadrille déménage et s'installe dans la forêt près de Bois l'Abbé à proximité de Cachy. L'Etat-major demande à la 62 un pilote volontaire pour accomplir une mission spéciale. Il faut ici préciser la nature de ces missions bien particulières. En général, cela consistait à déposer un agent de renseignement derrière les lignes ennemies. Ces hommes recrutés par le 2ème bureau partaient avec le but de collecter des informations ou d'effectuer des sabotages. Si le vol aller était relativement tranquille, le retour était beaucoup plus risqué pour nos aviateurs. En effet, le pilote n'était jamais sûr que son agent de renseignement n'avait pas été capturé et que les allemands ne l'attendait pas. C'est d'ailleurs ce qui s'est passé plusieurs fois. De plus, s'ils étaient pris, les Allemands les considéraient comme des espions et les fusillaient. Il fallait un courage hors du commun pour accomplir ce genre de missions. Le Caporal Georges Nautre se propose immédiatement avec le Nieuport 10 à commande avant n° 761. Le 31 mai 1916, l'Adj de Guibert, à bord de son Nieuport 16 n° 964, accompagne une mission de Farman 40 sur Saint-Aurin. Le lendemain, il protège, à bord du Ni 11 n° 888, un autre F 40 en mission photo au-dessus des lignes allemandes dans le secteur de Combles - Péronnes. Au cours de la reconnaissance, ils aperçoivent deux chasseurs britanniques. Plusieurs pilotes font des vols d'accoutumance sur le Ni 10 n° 761. Le 1er juin 1916, la reconnaissance qui photographie le secteur Frise - Berleux - Lihons - Chaulnes repère un bataillon ennemi en pleine action. Le 3 juin 1916, le Caporal Nautre effectue avec succès sa première mission spéciale avec le Nieuport 10 n° 761. Avant d'être affecté à l'aviation, ce pilote avait été cité pour des reconnaissances d'infanterie réalisées en 1915.
Attaques de Drachen avec les fusées le Prieur :
Le 5 juin 1916, un gros dispositif de la Ni 62 décolle : d'abord le Sgt Bloch et le MdL Sanglier avec des Nieuport 16 équipés de fusées le Prieur puis six autres avions en protection. Le groupe se sépare dans les nuages, le MdL Sanglier descend à 400 mètres d'altitude pour tirer un Drachen. Ces balles incendiaires font mouche mais ne suffisent pas à détruire l'engin. Il suit ensuite le Sgt Bloch pour le couvrir. Celui-ci, à 50 mètres d'altitude, a lancé ses fusées contre un autre ballon ennemi qui brûle. Au sol, les troupes ennemies ne restent pas inactives, un déluge de feu les encadre bientôt. Ils piquent à l'intérieur des lignes allemandes et réussissent à rentrer. Le 11 juin 1916, vol de chasse entre Lassigny et Péronne.
Sgt Marcel Robert Léopold Bloch - pilote de l'escadrille N 62 - As aux 5 victoires homologuées toutes contre des Drachen (ballons d'observation) allemands - Né le 21 juillet 1890 à la Chaux-de-Fonds (Suisse) - Fils de M. Lazare Bloch et de Mme Flore Bloch - Entré en service au 1er groupe d'aviation, le 7 septembre 1914 - Brevet de pilote militaire n° 1752 en date du 12 octobre 1915 - Pilote des escadrilles N 3 - N 62 - Décédé des suites de ses blessures à Prague, le 31 mars 1938 - 3 citations à l'ordre de l'armée en juillet et septembre 1916 - Croix de Guerre 14-18 - Il repose au cimetière de Marnes-la-Coquette - Photo SHD de Vincennes.
Le 14 juin 1916, on cherche des pilotes pour attaquer les Drachen au moment de la préparation d'artillerie. Ils sont plusieurs à se porter volontaires dont l'Adj Henri de Guibert (Ni 11 n° 964) et le Sgt Marcel Bloch qui s'est déjà illustré le 5 avec la destruction d'un de ces ballons. Le 15 juin 1916, le pilote Delage essaie le système de tir à travers l'hélice. Le 17 juin 1916, l 'escadrille C 43 atterrit à Cachy. L'Adj Henri de Guibert part en ronde de chasse à bord du Ni 11 n° 964. Juste après le décollage, son avion pénètre dans une brume très épaisse. Il monte d'abord à 600 mètres et ne voit toujours rien. Tente cette fois le rase-mottes et débouche près de Moreuil. Il repart de plus belle et retombe dans une nouvelle couche qui l'oblige à piquer et à rentrer en radada à quelques centimètres de la cime des arbres. Décidément, ce n'est pas le jour pour la chasse libre. Pour couronner le tout, son mécanicien, en inspectant l’avion, retrouvera une vis d'axe de piston cassé dans le moteur.
Le 21 juin 1916, un autre essai a lieu devant le Lieutenant de vaisseau le Prieur, inventeur du système, à Rouvrel (Sud-Est d'Amiens). Il est jugé excellent. Le 22 juin 1916, l'Adj Tarascon et le Sgt Chainat de l'Escadrille N 3 assurent la couverture d'une mission photographique à l'intérieur des lignes ennemies. Tout à coup, deux avions adverses se dirigeant vers Amiens, passent 1000 mètres au-dessus d'eux. Immédiatement, les deux chasseurs foncent sur eux. L'Adjudant arrive le premier à portée de tir et engage le combat. A la 20ème cartouche, la mitrailleuse s'enraye. Cette fois, c'est l'Allemand qui riposte et tire à bout portant sur le Français désarmé. Heureusement, aucun des coups ne porte. Le Sgt Chainat prend le relais et lâche une longue rafale sur l'Allemand.
Chateau de Breuil-le-Sec près de Clermont où étaient logés des pilotes des escadrilles - Le Sgt Henri de Guibert a habité sur place du 7 mars au 11 avril 1916 - Sa chambre était au premier étage, la première fenêtre à gauche - Photo Famille de Guibert transmise par Patrick Chevillotte que je remercie pour son aide.
Le même Chateau de Breuil-le-Sec en 1987 - Carte postale collection Albin Denis.
Une gerbe de flammes jaillit, l'aéronef est touché. Le pilote allemand parvint néanmoins à ramener son avion vers ses lignes en piquant presque à la verticale. L'Adj Tarascon, qui suit, ne peut lui donner l'estocade. L'appareil s'écrase en explosant. Le 23 juin 1916, le MdL Célestin Sanglier et l'Adj Henri de Guibert sont en mission de chasse et tombent sur un avion ennemi qui est attaqué sans résultat. La patrouille rentre à cours d'essence en rasant les arbres. L'Etat-major redemande des volontaires pour les missions spéciales. Le 24 juin 1916, l'Adj de Guibert part pour Rouvrel se perfectionner à l'utilisation des fusées le Prieur. Le lendemain, l'adjudant se voit affecter un Drachen situé au Sud de la voie de chemin de fer passant à Villers Bretonneux - Ham.
Tir air-air de fusées le Prieur :
Les 26 juin 1916, quatre escadrilles joignent leurs forces dans la recherche de Drachen. Les N 3, N 26, N 62 et N 103 envoient sept biplans à l'attaque. C'est le Sgt Marcel Bloch qui va s'illustrer. Descendu à 50 mètres d'altitude en cherchant des ballons à attaquer, son avion est directement menacé par trois chasseurs ennemis qui ont décollé d'un terrain proche. Bloch tire alors en une seule bordée toutes ses fusées le Prieur et les met en fuite, inaugurant ainsi le tir air-air de roquettes.
Le Sgt Henri de Guibert pose aux commandes de son Nieuport 16 n° N 964 au départ d'une mission anti-Drachen à partir du terrain de Cachy, en juin 1916 - Son avion est équipé de 8 fusées le Prieur et d'une mitrailleuse Lewis placée en dehors du champ de l'hélice - C'est sur cet avion qu'il a remporté sa 1ère victoire homologuée, le 26 juin 1916 - Son avion porte le numéro d'identification "7" au sein de l'unité - A droite, le soldat de 2ème classe Louis Bouvier, 1er mécanicien affecté au sergent de Guibert - Chaque pilote de l'escadrille se voyait affecté deux mécaniciens (avion et moteur) - Celui chargé exclusivement de l'avion du pilote était déclaré "1er mécanicien", le second pouvait travailler sur d'autres avions et était déclaré "2ème mécanicien" ou plus simplement "mécanicien" - Photo famille de Guibert transmise par Patrick Chevillotte que je remercie pour son aide.
L'Adj de Guibert nous raconte ses combats :
Dans le même secteur, où vingt-deux avions du groupe de combat n° 12 patrouillent, l'Adj Henri de Guibert (Ni 11 n° 964), accompagné de son frère Charles, s'approche de la cible qui lui a été assigné. Son ballon se trouve précisément à Curchy près de Chaulnes. Il est face aux lignes françaises.
Nous lui donnons maintenant la parole : "Je descends à 1100 tours environ, presque à la verticale. La saucisse grossit très rapidement et remplit bientôt le viseur. Pour être sûr, j'attends quelques fractions de seconde de plus et presse le bouton, les fusées partent. Je suis si près que j'ai nettement l'impression que je rentre dedans. Redresse mon appareil, tourne la tête et vois une immense fumée noire en même temps que la nacelle qui descend, semble t'il à une allure folle."
Seulement son attaque n'est pas passé inaperçue, mais un avion allemand le prend en chasse et tente de l'abattre à son tour. "A peine ai je le temps de jouir du spectacle que j'entends le tac-tac d'une mitrailleuse, les balles me sifflent aux oreilles. Je regarde de tous cotés et aperçois à ma droite à 3 ou 400 mètres au-dessus, descendant à la verticale, un gros bi-fuselage allemand qui me tire dessus sans discontinuer".
Il est maintenant à 6 ou 7 km à l'intérieur des lignes adverses. Son frère, accroché par d'autres avions, n'est plus dans le secteur. De Guibert tire à fond la manette des gaz et met son avion en piqué pour augmenter le plus possible sa vitesse. L'avion tangue dans tous les sens. Malheureusement, le bi-fuselage, qui gagne du terrain et se rapproche inexorablement, tire toujours et sans s’arrêter. "J'essuie bien 100 coups, il n'enrayera pas l'animal. Maintenant c'est à bout portant… Je pique plein moteur et aussitôt cabre mon pauvre vieux 964 tant et si bien que j'ai l'impression de dépasser la perpendiculaire. Ma manœuvre réussit, freinée par ma montée en chandelle, je laisse l'Allemand poursuivre se descente, me retrouve au-dessus de mon adversaire qui emporté par son élan, m'a dépassé. Je pique dessus, à mon tour de le corriger et fais mon possible pour tirer moins mal que lui. J'épuise mes 47 cartouches, les traçantes sont bien arrivées en plein dans le fuselage. Il remet plein gaz et pique à toute allure vers le sol et atterrit normalement. " L'Adj de Guibert rentre à Cachy et retrouve son frère Charles qui n'avait pu le secourir, étant lui-même aux prises avec un LVG.
Premier Sopwith Strutter livré :
Le 28 juin, le Caporal Gabriel Hébert, affecté à l'escadrille le 16 juin 1916, perçoit un Sopwith Strutter qui vient d'être livré directement par Sopwith sur le terrain de Cachy. Très rapide pour l'époque, c'est l'avion idéal pour les missions de reconnaissance que réalisent régulièrement les équipage de la 62. Avec la mécanique, Hébert, qui est mécanicien ajusteur dans le civil, va passer 2 jours à modifier les réglages moteur pour obtenir le meilleur de cet appareil. Les premiers exemplaires de ce modèle ont été directement livrés par la firme Sopwith et sont facilement reconnaissables car ils portent les marquages britanniques sur la dérive.
Sopwith Strutter directement livré par la société Sopwith à l'escadrille N 62 en juillet 1916 - Il s'agit probablement du n° 1 pour l'aéronautique militaire française - Tous ses marquages sont d'origine britannique, à l'exception des cocardes tricolores françaises - Il était destiné aux reconnaissances d'armée dans la profondeur du dispositif allemand - Très rapide pour l'époque, il pouvait distancer les chasseurs lançés à sa poursuite - Initialement, il a été livré à l'escadrille N 3 - Endommagé, il a été remis en état - Le capot moteur, qui était différent des autres exemplaires livrés par les britanniques, a été remis au standard - Il a été baptisé "Detty" - Remarquez les projections de boue sous le fuselage et le passage des ailes qui permet à l'équipage de rejoindre son place dans l'avion - Photo famille Detraz que je remercie pour son aide.
Sopwith Strutter baptisé "Detty" de l'escadrille N 62 pendant son stationnement sur le terrain de Cachy en juillet 1916 - L'escadrille a utilisé entre autres les Sopwith Strutter et 1A2 n° 1, 6, 22, 29, 61, 1042, 1629, 2031, 2085, 2120 - Photo famille Detraz que je remercie pour son aide.
Tir air-sol avec les fusées le Prieur :
Le 29 juin 1916, une reconnaissance sur Equancourt - Péronne - Ham - Nesle décolle. Elle est composée du Sgt Marcel Bloch avec un Ni 16 porteur de fusées le Prieur et des deux frères Charles et Henri de Guibert en couverture de chasse. Ils ont pour mission d'attaquer les Drachens du secteur. La brume est très dense et oblige le dispositif de la 62 à grimper à 4000 mètres. Pris à partie par de violents tirs de DCA près de Péronne, le Sgt Bloch pique brutalement vers le sol simulant la mort. Les tirs cessent. Arrivé à 200 mètres d'altitude et à 10 km à l'intérieur des lignes ennemies, il aperçoit un vaste bivouac avec un magnifique magasin à fourrages. Il tire toutes ses fusées sur l'installation et provoque un incendie. Les troupes aux alentours se découvrent pour tenter de circonscrire le feu qui fait rage. Le moment choisi, il repasse et mitraille les hommes au sol à une altitude de 100 mètres. Son avion rentre criblé mais il est sain et sauf. Au retour, le Ltt Charles de Guibert se trouve mal en atterrissant. Le médecin diagnostiquera un épuisement physique consécutif aux trop nombreuses missions sans repos suffisant.
De gauche à droite posant devant un Nieuport 12 à moteur Clerget de 110 ch : Ltt Charles Eugène de Guibert - pilote de l'escadrille N 62 et le Ltt René Colcomb - observateur de l'escadrille N 3 - Cet officier a réalisé de nombreuses missions de reconnaissance à bord des avions de la MF 62 - Photo famille Colcomb que je remercie pour son aide.
* Ltt Charles Eugène de Guibert - né le 14 février 1890 à Cannes - Fils de M. Charles de Guibert et de Mme Eugénie Lucas - Entré en service au 12ème régiment de Cuirassiers, le 30 septembre 1909 - Brevet de pilote militaire n° 899 à l'école d'aviation de Chartres, en date du 5 mai 1915 - Pilote du CRP - Pilote de l'escadrille C 10 - Pilote de l'escadrille N 62 - Pilote de l'escadrille N 73 / SPA 73 - 2 citations à l'ordre de l'armée et une à l'ordre du corps d'armée - Chevalier de la Légion d'Honneur, le 8 mai 1916 - Croix de Guerre 14-18 - 3 victoires homologuées.
* Ltt René Colcomb - observateur de l'escadrille N 3 - Brevet de pilote militaire n° 2457 en date du 21 janvier 1916 - Commandant l'escadrille N 38 / SPA 38 du 10 juin 1916 au 24 mars 1918.
Le Ltt Francis Mouronval ne rentre pas :
Le 30 juin 1916, le Ltt Francis Mouronval, qui pilote pour cette mission le Nieuport 11 n° 1159, baptisé "Zigomar" de l'Adj Tarascon, part pour une ronde de chasse et se fait descendre dans les environs de Saint-Quentin. On apprendra quinze jours plus tard qu'il a été fait prisonnier. Sur toute la zone couverte par la 62, les observateurs peuvent constater la préparation d'artillerie de plus en plus intense.
Débris du Nieuport 11 n° N 1159 "Zigomar" piloté par le Ltt Francis Mouronval - Le 30 juin 1916, après un combat aérien, le pilote tente un atterrissage en campagne et capote - Je ne sais pas si le feu, qui a embrasé entièrement l'avion, a été causé par le pilote ou par les dégats du combat - Le pilote français a été fait prisonnier et l'Adj Paul Tarascon n'a jamais revu son avion, le premier de la série des "Zigomar" - Photo Collection Gregory VanWyngarden que je remercie pour son aide.
Autre vue du Nieuport 11 n° N 1159 "Zigomar" piloté par le Ltt Francis Mouronval et abattu le 30 juin 1916 - Photo Collection Gregory VanWyngarden que je remercie pour son aide.
Personnels navigants de l'escadrille N 62 en 1916 :
- Pilotes : Cne Henri Horment commandant l'escadrille, Ltt Francis Mouronval (fait prisonnier), Ltt Charles de Guibert, Ltt Henri Le Cour Grandmaison, Adj Paul Tarascon, Sgt Henri de Guibert, Sgt Marcel Bloch, Sgt Georges Nautre, MdL Célestin Sanglier, Cap Gabriel Hebert, Cap John Huffer, Cap Roger Tassou.
- Observateurs : Ltt Robert Franc, Slt Jean Thobie, Slt Henri Petit, Slt Désiré Duvaucelle, Slt Ernest Gilleron.
- Mitrailleurs: Sgt Alfred Petit, Cap Paul Guth, soldat de 2ème cl Léon Duclos.
Le 1er juillet 1916, attaque d'infanterie dès 7 h 30. Quelques instants plus tard, l'Adj Henri de Guibert livre combat à un LVG qui lui envoie sept balles dans son chasseur. L'une vient lui briser son pare-brise, une autre termine sa course dans le cockpit et une autre se fige sous la fixation de la mitrailleuse. Les coups adverses ne sont vraiment pas passés loin.
Deux Drachen abattus par le Sgt Marcel Bloch :
Pendant la journée qui voit de nombreux affrontement entre français et allemands, le Sgt Marcel Bloch accroche à son palmarès deux autres ballons allemands. Sa première mission lui permet d'abattre un ballon mais d'être également pris à partie par 2 avions de chasse et copieusement arrosé par les mitrailleuses et les canons antiaériens. Comme à son habitude, il rentre sauf avec un appareil criblé de projectiles de toute nature. L'attaque de ce type d'objectif est très périlleuse. En effet, les ballons d'observations des deux camps atteignent rarement une altitude supérieure à 1000 mètres et culminent bien souvent entre 300 et 900 mètres. A cette altitude, ils se trouvent en plein dans la zone la plus dangereuse pour les avions qui attaquent et qui peuvent être touchés par balles ou par obus. De plus, ces Drachen sont souvent placés à proximité de batteries contre avions et subissent un feu nourri à courte distance par un personnel aguerri.
Pour la seconde mission, le Drachen est au sol avec les aérostiers ennemis en plein travail. L'Adj Bloch prend vite une décision et passe aussitôt à l'attaque. Il descend à 10 mètres et tire toutes ses fusées incendiaires le Prieur en une seule bordée. L'enveloppe du ballon se volatilise dans l'instant et retombe dans une nuée de flammes. Cependant, les tirs venant du sol ramène vite le pilote à la réalité. Son Nieuport est transpercé de plusieurs projectiles dont un qui touche le moteur. La vitesse décroît immédiatement, rendant la position bien inconfortable en raison de l'altitude très faible. Son avion passe les tranchées allemandes de première ligne à seulement 30 mètres et se fait de nouveau arroser. Un vrai tir de foire ! Heureusement, il parvient à atterrir chez les Britanniques et peut enfin constater les dégâts infligés à son appareil. Le biplan est criblé d'impacts, un éclat d'obus a tranché net un des montants d'ailes, le moteur est gravement endommagé et le fuselage transpercé de toutes parts. Le lendemain, deux missions spéciales parties trop tard, rentrent sans avoir pu déposer d'agents en territoire ennemi.
Le Sgt Marcel Bloch est blessé :
Dés le début de l'offensive de la Somme, le 3 juillet 1916, les Britanniques attaquent avec cinq corps d'armée de part et d'autre de la route Albert - Bapaume. La VIème Armée enlève les positions allemandes de la Somme à Curlu puis aborde au sud, le plateau de Flaucourt. Les troupes reçoivent alors l'ordre d'arrêter la poussée vers l'Est et d'attaquer au Sud de Péronne en direction de Chaunes. La N 62 intensifie les reconnaissances à vue sur tout le front, ainsi que des vols de combat contre l'aviation ennemies et les Drachen.
Toujours le 3, un groupe de quatre pilotes : Sgt Marcel Bloch (Ni 16 n° 1254), Mdl Célestin Sanglier, Ltt Henri le Cour Grandmaison (Ni 16 n° 964), Sgt Henri de Guibert (Ni 16 n° 1398) partent en mission de destruction de Drachen au Nord de la Somme. Le Sgt Marcel Bloch attaque un ballon qui culmine à 1500 mètres d'altitude au nord de Frise (Ouest de Péronne). Celui-ci est âprement défendu par des mitrailleuses et des canons antiaériens. Il place son attaque quand les aérostiers ramènent leur machine vers le sol. Il plonge alors sur l'engin qui n'est plus qu'à 500 mètres. Au moment où il allait tirer ses fusées le Prieur, une balle lui coupe le pouce. La douleur fulgurante lui fait manquer son but. Il descend encore et arrivé à 150 mètres, son Nieuport 16 criblé de balles et d'éclats d'obus, il mitraille le ballon avec ses balles incendiaires. Malgré qu'une seconde balle lui brise une cuisse, il continue et tire autant qu'il peut. Des flammes s'échappent alors du dirigeable qui s'écrase au sol. Il repasse les lignes alliées et se pose au plus vite chez les Britanniques à Lahoussoye. Aux militaires venus l'aider, il déclare simplement "C'est fait, je l'ai vu flamber" et s'évanouit. Il rejoindra l'escadrille le soir même avant d'être hospitalisé à Amiens. Les troupes françaises avancent et se portent sur Flaucourt.
Le 4 juillet 1916, l'Adj Henri de Guibert ramène le Nieuport 16 du Sgt Bloch au terrain. Pendant ce temps, les mécaniciens Georges Charlot, Claude Soudit et Louis Bouvier changent le moteur de son Ni 16 n° 1398. Ils y travailleront jusqu'à une bonne partie de la nuit.
Atelier de mécaniciens avion et moteur des escadrilles du terrain de Cachy en juillet 1916 - Chaque unité possèdait une cinquantaine de mécaniciens avions, moteurs, entoileurs, menuisiers - Ces hommes étaient capables de réparer, à défaut de fabriquer les pièces manquantes - Photo famille de Guibert transmise par Patrick Chevillotte que je remercie pour son aide.
Le 6 juillet 1916, les monoplaces de la 62 sont engagés dans l'accompagnement d'une mission de reconnaissance de Corps d'Armée. Ils atterrissent près de Le Hamel (Sud-Est de Grandvilliers). Les aviateurs ont pour mission d'empêcher les Allemands de passer et de permettre le réglage d'artillerie du 1er Corps Colonial qui cherche à percer sur Péronne. L'Adj Henri de Guibert (Ni 16 n° 1398) repère une maison où s'est déclaré un très violent incendie. Il descend très bas au-dessus des tranchées de Flaucourt, Assevillers. Il aperçoit dans cette zone plusieurs dépôts de ravitaillements en munitions. Le 7 juillet 1916, les deux membres d'une mission spéciale rentrent sains et saufs malgré le capotage de leur avion à l'atterrissage. Ils ont pu échapper aux Allemands mais n'ont pu faire sauter les ponts et voies qui leur avaient été assignés près de Valenciennes.
Le 8 juillet 1916, le Cne Horment dirige une ronde de nuit sur le secteur Peronne- Happlincourt. Deux avions allemands sont repérés mais ne peuvent être rattrapés. Le lendemain, barrage de chasse au nord-est de Péronne. L'Adj Henri de Guibert part en mission de couverture du biplace Nieuport 12 piloté par l'équipage Cap John Huffer / Slt Jean Thobie (Obs). Ils rencontrent des nuages et de la brume à 1100 mètres mais passent quand même et passent à la verticale d'Applincourt. De plus, deux patrouilles de quatre avions cerclent au-dessus de Barleux - Biaches pendant l'attaque du 1er CAC. Dans chaque dispositif, un Nie 16 porteur de fusées le Prieur a été intégré pour neutraliser toute présence de Drachen en montée ou en observation.
Sgt John Huffer (pilote américain - brevet de pilote militaire n° 2237 obtenu le 1er janvier 1916) et Ltt Jean Thobie (observateur) à bord d'un Nieuport 12 de la N 62 sur le terrain de Cachy en juillet 1916 - L'avion porte la version blanche du coq rehaussée d'une crête et de pattes rouges - Photo famille de Guibert transmise par Patrick Chevillotte que je remercie pour son aide.
Deux Sopwith 1A sont livrés :
Le 9 juillet 1916, deux Sopwith 1 A2 à moteur Clerget de 130 HP sont livrés à la N 62. Cette variante du Sopwith 1¸ britannique construit sous licence en France a été spécialement développée pour la reconnaissance aérienne. Aussi rapide que les chasseurs chargés de l'intercepter, bien armée avec deux mitrailleuses Lewis et doté d'un rayon d'action important, le modèle 1 A2 est vraiment idéal pour les missions difficiles réservées à la 62. Ces deux biplaces seront exclusivement réservés aux missions de reconnaissances éloignées.
Sopwith 1A2 de l'escadrille N 62 - Cet avion, livré le 9 juillet 1916, possède un armement constitué d'une Lewis dans l'axe, montée sur l'aile supérieure et d'une autre arme du même type en tourelle arrière - La N 62 a compté un maximum de 3 avions de ce type - Rapide à l'époque, il était réservé aux missions à très longue distance derrière le dispositif allemand (100 km et +) pour le compte de l'aéronautique de la 6ème armée - L'observateur, en place arrière, est le Ltt Jean Thobie - Photo SHD de Vincennes.
Baraques camouflées dans la forêt qui borde le terrain de Cachy - Selon la saison, les mécaniciens étaient logés en tentes collectives ou en baraques type Adrian - Les officiers étaient logés chez l'habitant à chaque fois que c'était possible - Photo famille de Guibert transmise par Patrick Chevillotte que je remercie pour son aide.
Le Cne Henri Horment est grièvement blessé :
Le 11 juillet 1916, lors d'une patrouille sur le secteur Equancourt-Roisel-Nesles-Ham, le dispositif des Coqs est attaqué par huit avions ennemis. Pendant la mêlée qui s'ensuit, le Cne Henri Horment est blessé au cou et à la poitrine à bord de son Ni 16. Une des balles est passée à un centimètre de la carotide. Il sera hospitalisé à l'hôpital de Villers-Bretonneux dans un état très grave. Les avions de patrouille qui rentrent après la tombée de la nuit signalent que les Allemands changent de tactique et sortent maintenant par groupe de cinq ou six avions. Le 12 juillet 1916, le MdL Célestin Sanglier et l'Adj Henri de Guibert (Ni 16 n° 1398) sont dans l'impossibilité de rattraper deux LVG et un Aviatik qui s'enfuient sitôt que les deux français s'approchent.
Le 15 juillet 1916, aux environs de Péronne, une patrouille de sept appareils de la 62 tombe nez à nez sur des avions ennemis faisant barrage. L'Adj Tarascon, qui a réagit le plus vite, se rappelle : " Me trouvant en maraude au Sud de Péronne par un temps bouché, je vis sortir des nuages, à vingt mètres devant moi, un superbe biplace. Sans lui laisser le temps de se situer, j'ouvre le feu et abat le curieux avec ma Lewis en une vingtaine de cartouches".
Le combat a duré une fraction de seconde, l'Aviatik, tout blanc, descend d'abord en feuille morte, se brise en vol à proximité du sol et prend feu en s'écrasant au sol au Sud-Est de la ville, près de Devise.
Adj Paul Alban Pierre Tarascon - As de l'escadrille N 62 aux 12 victoires homologuées - Né le 8 décembre 1882 à le Thor (Vaucluse) - Fils de M. Alfred Tarascon et de Mme Claire Gagnou - Avant guerre Minotier - Appelé dans l'infanterie coloniale en décembre 1901 - Engagé volontaire pour la durée de la Guerre, le 6 août 1914 - Brevet de pilote militaire n° 700 en date du 27 février 1915 - Pilote de l'escadrille N 31 - Pilote de l'escadrille N 3 - Pilote de l'escadrille N 62 / SPA 62 - Toutes ses victoires ont été remportées à l'escadrille 62 - Photo famille de Guibert transmise par Patrick Chevillotte que je remercie pour son aide.
L'Adj Paul Tarascon pose devant le Nieuport 17 n° N 1427 avec lequel il a remporté une victoire contre un Aviatik, le 15 juillet 1916 - L'avion porte le camouflage marron vert, un coq blanc à ornements rouges et une cocarde tricolore sur la casserole d'hélice - Photo famille de Guibert transmise par Patrick Chevillotte que je remercie pour son aide.
L'Adj Paul Tarascon, meilleur pilote de la N 62 au moment de la blessure du Cne Horment, a été nommé provisoirement commandant de l'escadrille. Nétant pas officier, cette situation n'a pas durée longtemps, quelques semaines tout au plus, juste le temps de peindre le "1" distinctif des commandants d'escadrilles sur un avion. Il est possible que le Nieuport 17 visible sur cette photo soit l'avion du Cne Horment évacué suite à ses deux blessures graves. Je n'ai pas de certitudes actuellement - Photo famille de Guibert transmise par Patrick Chevillotte que je remercie pour son aide.
L'adj Paul Tarascon est toujours commandant de la N 62 par intérim. Quand il perçoit le Nieuport 17 n° N 1681 qu'il baptise comme d'habitude "Zigomar". Cette fois, ce sera "Zigomar 3". Son avion porte le chiffre "1", marque de sa distinction de commandant d'escadrille par intérim, un coq qui semble multicolore et recouvert d'un enduit argenté - Photo famille de Guibert transmise par Patrick Chevillotte que je remercie pour son aide.
L'Adj Tarascon, auteur de plusieurs reconnaissances à longue distance et a livré quinze combats aériens, est une figure de l'escadrille. Après avoir effectué ses premiers vols dès 1911, il est victime, en août de la même année, d'un grave accident à bord d'un Blériot à moteur Anzani. Il reste dix mois à l'hôpital et doit subir l'amputation de son pied droit. Bien que réformé à titre définitif, il réussit à s'engager dans l'infanterie. Personne ne s'est soucié de lui faire subir le moindre examen médical. Tarascon avise alors le médecin major et lui explique que, malgré sa bonne volonté, il se voit difficilement servir dans cette arme. Peu après, il est muté à l'école militaire de Pau comme instructeur sur avion, en charge de former les élèves sur biplace. C'est là qu'il apprendra à voler à des pilotes comme Guynemer, Heurtaux, Dorme, de la Tour.
Quelques jours auparavant, pendant une mission au raz des arbres, son avion a été touché. Tarascon reçoit un éclat d'obus dans sa jambe artificielle. Le coup est si violent que sa prothèse se brisa. L’Adjudant en fut quitte pour une réparation et repartait au combat. Toujours le 15 juillet 1916, le MdL Célestin Sanglier descend un autre Aviatik à l'Est de Péronne. Il a ouvert le feu à 60 mètres de distance et termine sa passe à seulement 20 mètres. L'avion adverse se disloque en vol et s'écrase. Le pilote français a participé à quinze combats ainsi que plusieurs missions à longue distance.
Le MdL Nautre ne rentre pas de mission :
Le 15 juillet , le MdL Georges Nautre ne rentre pas de la mission et est porté disparu. C'est certainement le Nieuport qui est tombé dans les premières lignes allemandes et qu'ont repéré ses camarades en rentrant de vol.
MdL Georges Nautre a été tué au combat aux commandes du Nieuport 16 n° 1392 codé "13", le 15 juillet 1916 - Cette photo montre les soldats allemands examinant les débris de l'appareil - Photo collection Drakegoodman que je remercie pour son aide.
Détail de la photo supérieure - On aperçoit les marquages du Nieuport 16 n° 1392, tombé le 15 juillet 1916 - L'insigne, le coq de la pièce de 20 Fr or, est de couleur blanche - Il est en partie visible sur le coté gauche du fuselage, dans la prolongation du chiffre "13" blanc - Le numéro SFA de l'avion (n° 1392) est rappelé en bouts d'ailes pour éviter aux mécaniciens les intervertions entre les différents modèles d'avions Nieuport (10,11,12,16) - Photo collection Drakegoodman que je remercie pour son aide.
Le 20 juillet 1916, une mission de protection couvre un Farman F 40 au-dessus de la Somme. L'autre mission de la journée permet à un dispositif de quatre avions (Paul Tarascon, Pierre Besnier, Célestin Sanglier et Henri de Guibert) d'intercepter un groupe de sept LVG à l'Est de Péronne. Les Allemands ne demandent pas leur reste et plongent se réfugier à la proximité de leur terrain de Nurlu. Le 21 juillet 1916, une mission de reconnaissance est lancée sur Equancourt - Roisel - Mesnil - Brutel. Dans le même secteur, le MdL Célestin Sanglier abat un avion ennemi qui tombe près de La Nesle. N'ayant que deux témoins, il ne sera pas homologué. De son coté, l'Adj Paul Tarascon livre trois combats contre un LVG et un avec un bi-fuselage. Le LVG, piloté par le Ltt Otto Parschau , As aux 8 victoires, est abattu et tombe à 2 km de Nesle en bordure de la voie ferrée.
Ltt Henri Le Cour Grandmaison part en patrouille aux commandes de son Nieuport 16 n° N 964 (codé "2"), le 21 juillet 1916 - Auparavant, le 964 était affecté au Sgt Henri de Guibert et portant le numéro d'identification "7" - Le coq est cette fois entièrement blanc - L'avion est peint en deux tons vert et marron - Photo famille de Guibert transmise par Patrick Chevillotte que je remercie pour son aide.
Le 24 juillet 1916, l'Adj Henri de Guibert et l'Adj Pierre Besnier sont chargés d'abattre un LVG maquillé aux couleurs anglaises, faisant du réglage sur une des batteries françaises de Maricourt. Après avoir survolé le secteur pendant 20 minutes et suivi quelque temps un Farman F 40, ils ne repèrent qu'un Sopwith britannique qui a atterrit au milieu des tranchées près de Maricourt. Les deux aviateurs se séparent pendant la traversée des nuages. L'adjudant se rendant compte qu'il s'est égaré, tente de se poser. Il est alors copieusement mitraillé et s'enfuit sans demander son reste. En fait, il s'approchait de Cambrai. En retraversant la masse nuageuse, il débouche au-dessus d'un Drachen ennemi. Cette fois encore, les troupes au sol ne se font pas prier et envoient toutes sortes de projectiles à ce français bien téméraire. Malheureusement, après quelques ratés, le moteur du Nieuport s'arrête presque complètement. Le pilote jette par-dessus bord ce qu'il peut pour alléger la machine et triture ses instruments avec angoisse. Le moteur repart et permet le retour à 200 mètres d'altitude au-dessus des lignes. Il se pose à Cayeux en Santerre. L'Adj Besnier, lui aussi perdu, s'est posé en Seine inférieure.
Ltt Henri Le Cour Grandmaison part en patrouille aux commandes de son Nieuport 16 n° 964 (codé "2"), le 21 juillet 1916 - Le lieutenant est alors officier chargé des opérations - Le coq est cette fois entièrement blanc - L'avion est peint en deux tons vert et marron - Photo famille de Guibert transmise par Patrick Chevillotte que je remercie pour son aide.
Le 26 juillet 1916, l'Adj Henri de Guibert poursuit le dernier avion d'un groupe de dix au Sud-Est de Péronne. Il lui tire 21 cartouches sans résultat. Le 28 juillet 1916, l'escadrille met en œuvre deux patrouilles dont une avec fusées le Prieur. Le 30 juillet 1916, après réorganisation de la coordination entre alliés, la VIème Armée passe à l'attaque au Nord de la Somme. L'aviation de chasse est chargée d'acquérir la maîtrise du ciel. Elle va remplir cette tâche avec succès du moins tout au début. L'Adj Henri de Guibert et le Sgt Plessier poursuivent un Aviatik jusqu'à Ham mais ne peuvent le rejoindre. Quelques minutes plus tard, ils aperçoivent quatre groupes de sept avions ennemis. Ils attaquent le dernier appareil d'un des groupes, un LVG, au Nord-Est de Péronne. L'Adj est victime d'un enrayage.
Visite du Général Joffre et son état-major sur le terrain d'aviation de Cachy (Somme), le 29 juillet 1916 - Dans le groupe central, on peut voir, de gauche à droite : Cne Henri Horment, commandant de l'escadrille N 62, Slt Georges Guynemer, pilote de l'escadrille N 3, Cne Antonin Brocard, commandant de l'escadrille N 3 (futur commandant du groupe de chasse 12 des Cigognes), Général Joseph Joffre, commandant des armées françaises de 1914 à la fin 1916. Les cinq suivants sont les commandants d'escadrilles déployées sur le même terrain et des pilotes de l'escadrille N 3 - L'avion à droite est un Sopwith Strutter qui sera plus tard construit sous licence pour plusieurs sociétés françaises sous la désignation Sopwith 1A2 - Les premiers reçus, donc celui de la photo, ont été prélevés sur les existants de l'armée britannique - Ce modèle a été choisi car à l'époque (la mi-1916), ils étaient plus rapides que les chasseurs lancés à leur poursuite - Bien entendu, cela n'a pas duré longtemps car dès la fin de l'année, les avions allemands les rattrapaient et ils devaient être couverts par une escorte de chasse - Cliquez sur l'image pour l'agrandir - Photo transmise par Corentin Villemur que je remercie pour son aide.
Combat de Paul Tarascon contre Oswald Boelke :
Le 1er août 1916, cinq avions de l'escadrille font barrage aux avions d'observation ennemis. Ils tombent sur un groupe de quinze chasseurs adverses. L'Adj Tarascon abat un Aviatik près de Roye. Il engage ensuite un autre combat contre un biplan monoplace. Il se souvient : " Depuis quelques jours, les escadrilles enregistraient des pertes sérieuses dans les missions photo et reconnaissance. Les rapports mentionnaient " a été descendu par un Albatros rouge ". Je me proposai pour assurer la protection de ces sorties. Le 2ème jour, pendant que la patrouille descendait pour photographier les lignes, j'inspectais le ciel en prenant de la hauteur. Je vis foncer sur moi le fameux Albatros rouge que j'attendais. La rencontre fut émouvante : après avoir pris du champ à trois ou quatre reprises et nous être copieusement mitraillés, l'avion ennemi vint littéralement s'accrocher à moi… Il n'était pas à plus de deux mètres sous mon aile ! A ce moment, le pilote lève le bras et me salue… J'en eus le souffle coupé ! Je le vois encore, avec son passe-montagne noir, agitant son bras vers moi. Nous n'avions plus, ni lui, ni moi, de munitions… et je voulais décrocher, sans toutefois avoir l'air de fuir. Je penchai mon appareil, mis ma Lewis verticale, en la lui montrant. Puis nous sommes partis, chacun de notre coté. J'étais heureux d'avoir rencontré ce chevalier de l'air." Pendant 15 minutes qu'a duré le combat, les deux avions n'ont pu se descendre. Rien n'y a fait, le français épuisant 94 cartouches et l'allemand au moins 300. Cet affrontement restera dans les mémoires car l'adversaire de l'Adj Tarascon était le prestigieux Oswald Boelke, de la Jasta 2.
Le groupe de chasse de Cachy :
Le groupe de chasse de Cachy comprenant les escadrilles N 3, N 26, N 62, N 103, N 65 commandée par le Cne Brocard reste rattaché au point de vue administratif, surveillance technique et discipline au service aéronautique de la VIème Armée. Au point de vue emploi, il est sous les ordres directs du Général commandant le Groupe d'Armée du nord (G.A.N) et est spécialement chargé sur le front des VI et Xème Armées de la chasse contre avions et Drachen ennemis et des reconnaissances à longue portée ainsi que des missions photos destinées à compléter celles que les armées accomplissent par leurs propres moyens.
Livraison du premier Nieuport 17 :
Le 2 août 1916, pendant la patrouille de chasse, l'Adj Henri de Guibert aperçoit quatre avions ennemis très bas. Au retour, son Nieuport 16 (n° 1398) tombe en panne en raison de la rupture du pignon d'entraînement de la magnéto. L'avion, qui descend en vol plané, vent de face, est alors à 10 kilomètres à l'intérieur des lignes adverses. Il trouve alors un courant très favorable qui lui permet de pousser sur Chuignolles, au Sud de Bray-sur-Somme. L'atterrissage est parfait mais la course se termine en pylône suite à la rupture d'une roue dans un trou. Une autre mission déploie six Nieuport afin d'assurer la couverture de la mission photo de l'Adj Borzecki sur Sopwith 1 A2. Les avions survoleront successivement les bois de Marrieres - Mont-Saint-Quentin - la ferme de l'Epinette. Le 3 août 1916, l'Adj Henri de Guibert touche un Nieuport 17 (n° 1501). Cet appareil est le premier affecté à l'escadrille N 62. Il suscitera d'ailleurs la curiosité de Guynemer et de Deullin (N 3).
Le Nieuport 17 n° N 1501 (codé "7") a été le premier de cette série à la N 62 - Il a été pris en compte par l'Adj Henri de Guibert, le 3 aout 1916 - Cet avion avait la particularité de possèder un capot moteur peint en gris - La photo a été prise sur le terrain de Cachy - Le Slt Albert Deullin et le Slt Georges Guybemer, pilotes de la N 3, sont venus observer la nouvelle monture des "Coqs" - Sur la légende inscrite par Henri de Guibert, il indique qu'il s'agit du premier Ni 17 affecté à Cachy, fait contredit par M. Klaeylé, spécialiste des avions Nieuport - Photo famille de Guibert transmise par Patrick Chevillotte que je remercie pour son aide.
Deux grands pilotes photographiés à Cachy : le Ltt Albert Deullin pilote de la N 3 et ancien de la MF 62 et l'Adj Paul Tarascon, pilote de la N 62. Albert Deullin a terminé la guerre avec 20 victoires homologuées et Paul Tarascon 12 homologuées - Les deux hommes posent à coté du Nieuport 17 (codé "3") du Ltt Deullin - Photo famille de Guibert transmise par Patrick Chevillotte que je remercie pour son aide.
Le 6 août 1916, l'ingénieur Béchereau, concepteur du SPAD, rend visite à l'escadrille. Il accompagne l'équipage Cal Gabriel Hébert / Ltt Charles Borzecki en Sopwith 1 A2 sur Aizecourt-le-Haut - le bois de l'Epinette - Aizecourt-le-Bas - Nurlu-Sorel - Manancourt - Moislain pendant une mission photo d'une heure 40. Le dispositif de protection passe au-dessus de quatre avions ennemis qui croisent sans intervenir. Tous les jours, les missions de chasse se succèdent dans le secteur Péronne - Chaulnes - Cléry-sur-Somme. Le 7 août 1916, une nouvelle mission amène le Ltt Borzecki sur Bouchavesnes - Tincourt - Sorel - Lechelle. Pendant deux heures et demie, avec six Nieuport en protection, le lieutenant photographie avec un appareil de 0,26 m les tranchées et les dispositifs de campagne allemands.
MdL Célestin Eugène Jules Sanglier - Né le 30 mars 1889 à Paris - Fils de M. Célestin Sanglier et de Mme Marie Bonmarchand - Avant guerre mécanicien d'aviation - Appelé au 7ème régiment de chasseurs à cheval, le 25 avril 1908 - Brevet de pilote militaire n° 881 en date du 1er mai 1915 - Pilote de l'escadrille MF 98 T - Pilote de l'escadrille N 62 du 16 juin 1916 au 8 avril 1917 - 4 victoires homologuées et 7 probables pendant son séjour à l'escadrille N 62 - Pilote de l'escadrille N 3 du 8 avril au 10 mai 1917 - Tué au combat, aux commandes d'un Spad VII, dans les environs de Brimont et Juvincourt, le 10 mai 1917 - Son adversaire était probablement le Ltn Heinrich Gontermann du Jasta 15 (sa 18ème victoire)Photo SHD de Vincennes.
MdL Célestin Eugène Jules Sanglier, pilote de l'escadrille N 62, pose devant son Nieuport 16 n° N 983 sur le terrain de Cachy, en juillet 1916 - 4 victoires homologuées et 7 probables pendant son séjour à l'escadrille N 62 - Né le 30 mars 1889 à Paris - Fils de M. Célestin Sanglier et de Mme Marie Bonmarchand - Avant guerre mécanicien d'aviation - Appelé au 7ème régiment de chasseurs à cheval, le 25 avril 1908 - Brevet de pilote militaire n° 881 en date du 1er mai 1915 - Pilote de l'escadrille MF 98 T - Pilote de l'escadrille MF 59 - Pilote de l'escadrille N 62 - Pilote de l'escadrille N 3 - Tué au combat, aux commandes d'un Spad VII, dans les environs de Brimont et Juvincourt, le 10 mai 1917 - Son adversaire était probablement le Ltn Heinrich Gontermann du Jasta 15 (sa 18ème victoire) - Photo famille de Guibert transmise par Patrick Chevillotte que je remercie pour son aide.
L'Adj Paul Tarascon est abattu :
Deux jours plus tard, le Sopwith 1 A2 de l'équipage Ltt Lesort / Ltt Borzecki (obs) part en reconnaissance photo sur le secteur de Nurlu. Comme toujours, le biplace est couvert par un gros dispositif des “Coqs”. Ils rencontrent alors trois avions adverses qui venaient photographier les lignes françaises. L'Adj Tarascon livre combat et en abat un qui tombe entre Herly et Rethonville. Tout occupé à suivre la chute de l'appareil ennemi, il aperçoit trop tardivement deux Aviatik qui surgissent derrière lui. Son Nieuport, criblé de balles explosives, rend l'âme et s'abat disloqué dans un champ de blé après les deuxièmes lignes françaises près de le Quesnel. Le combat est suivi en direct par les observateurs des ballons qui transmettent à terre toutes les péripéties du drame, de sorte que plus de cent personnes assistent à son crash. On relèvera cent vingt et un impacts de balles dans son avion avec surtout trois projectiles dans son pied articulé, cinq dans le réservoir, la commande de gauchissement et quatre longerons coupés. Heureusement le valeureux pilote est indemne et cet engagement qui a failli lui coûter la vie lui apporte sa 3ème citation. De son coté, le MdL Célestin Sanglier engage un avion ennemi et l'abat. Il ne sera pas homologué car tombé sans témoin en zone adverse. Le 16 août 1916, la mission de reconnaissance réalisée au profit de la VIème Armée met en œuvre un Sopwith 1 A2 équipé d'un appareil de 0,26 m et escorté de quatre Nieuport de chasse. Cette fois, c'est la zone de Aizecourt le Haut - L'Epinette - Longavesnes - Roisel - Tincourt qui est passée au crible.
Adj Paul Alban Pierre Tarascon - Né le 8 décembre 1882 à le Thor (Vaucluse) - Fils d'Alfred Tarascon et de Claire Gaguou - Avant guerre Minotier - Se forme seul à l'aviation dès 1911 en achetant un Blériot - Titulaire du brevet civil n° 1741 du 14 décembre 1914 - Victime d'un grave accident lors du crash de son Blériot à moteur Anzani consécutif à la rupture d'un câble de commande - Dix mois d'hôpital et amputation de son pied droit - Réformé à titre définitif, il s'engage au 4ème régiment d'infanterie coloniale, le 16 août 1914 - Muté comme moniteur de l'école d'aviation de Pau - Pilote de l'escadrille N 31 du 11 octobre 1915 au 21 avril 1916 - Nommé Adjudant, le 11 mars 1916 - Détaché à la RGA du 2 au 18 avril 1916 - Affecté comme pilote convoyeur de la RGA du 31 mars au 1er mai 1916 - Pilote de l'escadrille N 3 du 4 au 25 mai 1916 - Pilote de l'escadrille N 62 puis SPA 62 du 25 mai 1916 à la fin de la Guerre - 12 victoires homologuées toutes remportées à l'escadrille 62 - Paul Tarascon est décédé le 11 juin 1977 - Il repose au cimetière de Châteauneuf-de-Gadane (Vaucluse) - Cette photo date de 1917 avant le passage de l'As sur Spad VII - Il tient une canne, souvenir de son accident d'aviation d'avant guerre et de sa chute d'avion du 9 août 1916 - Photo famille de Guibert transmise par Patrick Chevillotte que je remercie pour son aide.
Mort de Pierre Besnier :
Le 19 août 1916, au cours d'une mission d'entraînement, l'Adj Pierre Besnier est grièvement blessé après que son Nieuport 17 soit parti en glissade sur l'aile et s'écrase. Il est transporté à l'hôpital avec plusieurs fractures dont une grave du crâne. Il décédera de ses blessures à Cayeux-en-Santerre, le 2 septembre. Il était l’auteur de plusieurs missions de reconnaissance à longue portée, de protection et de chasse. Les missions de chasse se succèdent de jour en jour sans faiblir. Le secteur Maurepas - Roy - Peronne - Combles - Nurlu est passé au peigne fin.
Adj Pierre Marie Charles Besnier - Né le 24 mars 1891 à Paris (75) - Entré en service actif au 1er groupe d'aviation de Dijon, le 1er octobre 1912 - Brevet de pilote militaire n° 1455 en date du 27 août 1915 - Pilote de l'escadrille N 62 du 19 septembre 1915 au 2 septembre 1916, date de sa mort - Détaché à l'escadrille C 51 du 1er avril au 12 avril 1916 - Décédé des suites de ses blessures, le 2 septembre 1916, après un accident aérien, aux commandes d'un Nieuport 17, survenu dans les environs de Cayeux-en-Santerre (Somme), le 19 août 1916 - Deux citations à l'ordre de l'armée.Photo famille de Guibert transmise par Patrick Chevillotte que je remercie pour son aide.
Adj Pierre Besnier pose à coté de son Nieuport 17 n° N 1430 sur le terrain de Cachy, le 14 juillet 1916. Victime d'un très grave accident d'avion, le 19 août, il décédera de ses blessures à l'hôpital de Cayeux-en-Santerre, le 2 septembre 1916 - Photo famille de Guibert transmise par Patrick Chevillotte que je remercie pour son aide.
Le Nieuport 17 n° N 1430 piloté par l'Adj Pierre Besnier s'est écrasé dans un champs après une glissade sur l'aile, consécutive à une perte de vitesse, le 19 août 1916 - Photo P. Sautour transmise par la famille Michon que je remercie pour son aide.
Les frères de Guibert au combat :
Le 22 août 1916, le Sgt Plessier et les deux frères de Guibert font une ronde de chasse dans la région de Roye. Ils aperçoivent un avion allemand sur lequel les fantassins tiraient et foncent dessus. Le Ltt Charles de Guibert bifurque et prend la direction d'un second appareil ennemi qui assurait la couverture du premier, 400 mètres plus haut. Son frère, de son coté, est victime d'un enrayage au 3ème coup. Il se fait copieusement arroser par son adversaire qui ne réussit pas à le toucher. La série continue, Plessier a enrayé également. Charles, qui a poursuivi son adversaire jusqu'à Ham en lui expédiant 47 balles, n’a pu le rattraper.
Adj Henri de Guibert pose aux commandes du Nieuport 17 n° N 1501 de l'escadrille N 62 sur le terrain de Cachy en août 1916. Son chasseur, camouflé en deux tons de vert et de marron, porte le coq blanc - Photo famille de Guibert transmise par Patrick Chevillotte que je remercie pour son aide.
Photo de reconnaissance du bois d'Hem, le 31 juillet 1916 - Les missions réalisées dans le secteur ont été faites par les Caudron G 4 de l'escadrille C 43, escortés par les chasseurs de Cachy, dont les Nieuport de la N 62 - Photo famille Moineville que je remercie pour son aide.
Le 23 août 1916, la ronde de chasse (Ltt Charles de Guibert, Adj Henri de Guibert, Sgt Plessier, MdL Célestin Sanglier, Sgt Robert Destot) emmène les cinq aviateurs sur Roye et Combles. Une forte brume est omniprésente pendant le début de la mission. Les avions sont copieusement canonnés sur Péronne et entre Chaulnes et Roye. Le Ltt Charles de Guibert est légèrement blessé à la lèvre par un éclat d'obus. Le réservoir de son avion est crevé en fin de mission. Il est contraint de se poser d'urgence dans les anciennes tranchées britanniques près de Combles. L'avion capote violemment. Son frère, complètement mortifié, tourne autour de l'épave le plus bas possible. Il voit alors un mouchoir blanc qui s'agite et rentre au terrain un peu moins inquiet. Ce seront finalement les Anglais du terrain de Chippilly qui ramèneront Charles, très fatigué. Le 24 août 1916, l'Adj Henri de Guibert ajoute un avion à son tableau de chasse. Le Sgt John Huffer amène au terrain un Nieuport 14 à moteur Hispano de 150 cv. On parle de plus en plus d'une transformation de l'escadrille sur un type unique d'avion : les biplaces.
Le Nieuport 17 n° N 1398 (codé "7") de l'Adj Henri de Guibert posé dans un champ de betteraves, non loin de Cachy - Photo famille de Guibert transmise par Patrick Chevillotte que je remercie pour son aide.
Voir la suite de l'étude dans la colonne de droite
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L'Adj Borzecki en reconnaissance :
Le 26 août 1916, l'Adj Borzecki poursuit les relevés méthodiques des tranchées allemandes du secteur. Cette fois, ce sont les tranchées ennemies qui font face aux 1er et 7ème Corps d'Armées français. Le 29 août 1916, l'aviation allemande change de tactique, elle est renforcée par des escadrilles de chasse qui ont plus d'audace et de pratique du combat. Les avions de réglage d'artillerie sont maintenant fortement protégés et leurs incursions dans les lignes françaises s'accentuent. Le service de radiotélégraphie est mis en alerte, les postes de guet des VI et Xème Armées signalent alors par TSF, l'incursion des avions hostiles au groupe de chasse de Cachy. De cette façon, les aviateurs français peuvent envoyer des patrouilles supplémentaires sur les points sensibles et avec des chances d'arriver à temps.
Slt Charles Alexandre Bronislas Borzecki - Né le 4 novembre 1881 à Paris - Fils d'Alexandre Borzecki et de Caroline Lorch - Appelé au 15ème bataillon d'artillerie à pied, le 15 octobre 1901 - Nommé brigadier, le 15 mars 1902 - Nommé chef des postes de photos électriques, le 15 mars 1902 - Fin du service militaire, le 1er novembre 1903 - Mobilisé au 3ème régiment d'artillerie, le 2 août 1914 - Nommé Maréchal des Logis, le 15 septembre 1914 - Passé à l'aviation comme opérateur section photo, le 1er novembre 1914 - 14ème escadron du Train des Equipages jusqu'au 28 juin 1916 - Observateur de l'escadrille C 43 du 28 juin 1916 au 3ème trimestre 1916 - Nommé Adjudant, le 30 novembre 1916 - Observateur de l'escadrille N 62 / SPA 62 du 3ème trimestre 1916 au 1er trimestre 1918 - Brevet de pilote militaire n° 12082 obtenu au GDE, le 10 mars 1918 - Il est le plus titré des observateurs de l'aéronautique militaire française - Titulaire de 5 victoires homologuées, une à l'escadrille C 43 et 4 à l'escadrille N 62 / SPA 62 - Après guerre Chef de la section photographique du service aéronautique de l'Indochine en 1929 - Commandant de l'aéroport de Hanoi en 1942 - Chevalier de la Légion d'Honneur en février 1917 - Médaille Militaire, le 4 août 1916 - Croix de Guerre 14-18 - 7 citations à l'ordre de l'armée dont septembre 1915, le 4 août 1916, octobre 1916, janvier 1917, février 1917, mars 1917 - 2 blessures pendant la Grande Guerre - Commandeur de la Légion d'Honneur en 1938 - Croix de Guerre 39-45 - Décédé à la Flèche (Sarthe), le 30 mai 1959 - Photo collection Daniel Porret que je remercie pour son aide.
Nieuport 14 n° N 724 de l'escadrille N 62 - Le premier Nieuport de ce modèle a été livré à l'unité sur le terrain de Cachy, en fin août 1916 - Photo Musée de l'Air et de l'Espace du Bourget.
Autre vue du Nieuport 14 n° N 724 sur le terrain de Cachy - Cet avion a été un modèle de transition au sein de la 62 et sera vite remplacé - Photo SHD de Vincennes.
Autre vue du Nieuport 14 n° N 724 sur le terrain de Cachy - Photo SHD de Vincennes.
Ferme de Monacu photographiée par l'escadrille C 43, le 31 juillet 1916 - Photo Famille Moineville que je remercie pour son aide.
Les combats sans homologation de Célestin Sanglier : Le MdL Célestin Sanglier livre six combats en deux heures. Il en abat deux malgré qu'un troisième avion place plusieurs dizaines de balles dans son chasseur. Encore ici, pas d'homologation. De son coté, l'Adj Henri de Guibert patrouille près de Villers Carbonnel et croise un avion qui ressemble à un Spad. Il lui dit bonjour de la main et se fait mitrailler. Immédiatement, il part en renversement pour lui tirer dessus mais l'hostile est déjà loin. Il tentera de le rattraper pendant 1/2 d'heure sans résultat entre Roye et Villers Carbonnel. Le 31 août 1916, pendant une patrouille sur Péronne, l'Adj Paul Tarascon aperçoit deux biplaces Albatros qui passent la Somme. Bénéficiant de l'altitude, il pique et attaque le premier. Le biplace ennemi tombe près de Epenancourt (Nord de Nesle). Le second appareil a pris la poudre d'escampette. Vingt minutes plus tard, il aperçoit deux nouveaux avions qu'il attaque. Sa mitrailleuse, peu coopératrice, s'enraye au premier coup. Les deux avions peuvent regagner leurs lignes sans être inquiétés. Le 1er septembre 1916, mission de reconnaissance lointaine menée par l'équipage du Ltt Charles Borzecki sur le secteur Nurlu - Roizel. L'escorte, pour protéger le biplace, attaque un chasseur allemand au nord de Roye. Le 2 septembre 1916, l'Adj Paul Tarascon et l'Adj Henri de Guibert s'accrochent à neuf reprises avec les aviateurs ennemis. Tous les combats ont lieu en basse altitude et au-dessus du territoire contrôlé par les Allemands. L'Adj Tarascon abat un avion qui ne sera pas homologué car tombé en territoire occupé par l'ennemi. Bataille de la Somme : Du 3 au 7 septembre 1916, début de la bataille de la Somme. La VIème Armée prend la 1ère ligne allemande. Le 3 septembre 1916, les pilotes de la 62 vont s'illustrer dans plusieurs combats : le Sgt Bloch abat un nouveau Drachen seulement deux jours après son retour de convalescence, le Sgt Robert Destot, par sa hargne à poursuivre son adversaire, oblige un appareil adverse à se poser dans ses lignes. L'Adj Henri de Guibert attaque un LVG au-dessus du Mont-St-Quentin, il est tout prêt, presque à bout portant. Il va pouvoir venger la mort de son ami Pierre Besnier mort la veille de ses blessures. Malheureusement le sort en décide autrement, c'est l'enrayage au premier coup. Le gibier se transforme en chasseur et arrose sérieusement le français qui n'a d'autre solution que de rompre l'engagement et rentrer. Le 4 septembre 1916, la VIème conquiert les hauteurs de-Tortille. Elle s'empare de Rancourt, Combles et aborde les bois de Saint-Pierre-Vaast. A chaque fois, les attaques sont repoussées par manque de coordination. Le 6 septembre 1916, l'Adj Tarascon livre combat contre un avion ennemi qu'il endommage. Il ne sera pas homologué.
Le terrain de Cachy était une vraie ruche avec ses nombreuses escadrilles de chasse stationnées sur place - Sur ce cliché daté du 30 septembre 1916, on voit des Nieuport 16 et 17 des escadrilles N 3 et N 62 - Photo famille de Guibert transmise par Patrick Chevillotte que je remercie pour son aide.
Le 7 septembre 1916, la mission de protection du Sopwith 1 A2, piloté par le Sgt Gabriel Hébert, amène les avions sur Sailly et Nurlu. Les pilotes français peuvent apercevoir un grand nombre d'appareils ennemis mais croisant beaucoup plus bas qu'eux. L'escorte de la mission de reconnaissance photo étant prioritaire, les chasseurs d'escorte ne bougent pas. Le 8 septembre 1916, ronde de chasse sur le secteur Bapaume - Combles - Péronne - Chaulnes. Le 9 septembre 1916, le commandement envisageant d'engager deux corps de cavalerie sur le secteur de la Somme, deux escadrilles sont désignées pour assurer les reconnaissances. Le N 62 est détachée auprès du 2ème Corps de Cavalerie tandis que la N 69 est rattachée au 1er C.C. La 62 compte à cette époque six observateurs de cavalerie et trois observateurs d'artillerie dans ses rangs. Les reconnaissances profondes sont toujours dirigées par du personnel aguerri à ce type de mission. Il a donc été nécessaire d'affecter des observateurs issus de la cavalerie et particulièrement compétents pour ces missions difficiles. Ces observateurs sont toujours affectés aux grandes unités de type corps d'armées ou divisions. On garde toujours un noyau dur pour couvrir le même secteur. Ces personnels suivent les unités aériennes tant que celles-ci restent dans la zone définie mais changent d'unité à chaque fois que cela est nécessaire pour rester dans leur zone d'affectation. La N 62 n'échappera pas à cette règle et verra de très nombreux observateurs se succéder dans ses rangs.
Village de Bouchavesnes, le 15 septembre 1916 - Photo transmise par la famille Schlickin que je remercie pour son aide.
Le village de Bouchavesnes de nos jours - Photo Goggle Earth que je remercie pour mettre de telles photos sur le Net.
Tranchées de la sortie Est de Bouchavesnes, le 23 septembre 1916 - Photo prise avec un appareil de 0,26 m de focale à 2000 mètres d'altitude - Ce cliché met en évidence les tranchées de premières lignes des deux belligérants, ainsi que les positions des anciennes batteries d'artillerie allemandes identifiées par les Français (2051 - 2150 - 2252) - Photo transmise par la famille Tourangin que je remercie pour son aide.
Vue des tranchées du bois Madame, à l'Ouest de Vermandovillers (Somme), le 7 septembre 1916 - Cette photo, prise avec un appareil de 0,50 m de foyer, détaille les réseaux de barbelés encore en place et qui gênerait une attaque d'infanterie - Plusieurs abris d'infanterie creusés dans la tranchée sont visibles dans la partie droite - Photo transmise par la famille Tourangin que je remercie pour son aide.
Vue aérienne du village de Cléry, le 1er septembre 1916 - Toutes les maisons ont été détruites - Photo avec un appareil de 0,26 m de foyer - Photo transmise par la famille Moineville que je remercie pour son aide.
Vue actuelle du village de Cléry - Photo Goggle Earth que je remercie pour mettre de telles photos sur le Net.
Du 7 au 14 septembre 1916, la VIème Armée enlève la 2ème ligne de défense ennemie et prend Bouchavesnes. Dans toute la zone des combats, les avions de la 62 sont envoyés pour vérifier que la préparation d'artillerie fait bien son travail. Les aviateurs, comme d'habitude, remplissent leur tâche avec abnégation malgré des conditions météorologiques très défavorables. Malheureusement, les Allemands se reprennent et défendent le terrain mètre par mètre. Le 12 septembre 1916, les rondes de chasse se succèdent dans la brume et les nuages. Le 13 septembre 1916, les Farman 40 et Nieuport des escadrilles du secteur couvrent toute la zone de Bouchavesnes. L'Adj Henri de Guibert effectue plusieurs passages à 200 puis 100 mètres au-dessus de la ville détruite. Le plafond, alors de 300 mètres, ne permet pas de faire grand chose d'autre.
Photo montrant la séparation des lignes au niveau de la trouée du bois de Saint-Vaast - Cette photo a été prise avec un appareil de 0,26 m de focale à 3000 mètres d'altitude, le 30 septembre 1916 - L'observateur a marqué sur son cliché la 1ère ligne de tranchée qui est intacte, la zone à surveiller et un secteur bien couvert par l'artillerie française - Photo Famille Tourangin que je remercie pour son aide.
Le 14 septembre 1916, le MdL Célestin Sanglier se voit encore refuser une homologation sur Rancourt (Nord de Péronne). L'Adj Paul Tarascon abat un avion, qui ne sera pas homologué, près de Gizancourt. Un autre accrochage ne donnera rien, l'Adj Henri de Guibert tire sur un LVG au Sud de Péronne sans résultat. A partir du 15 septembre 1916, l'avance des troupes françaises est stoppée partout avec des pertes effroyables. La 6ème Armée se trouve dans l'obligation de continuer l'attaque en raison de l'offensive britannique qui débute. Les Anglais s'enfonce de 9 km dans le dispositif ennemi.
Nieuport 17 n° N 1501 codé "7" de l'Adj Henri de Guibert, pilote de l'escadrille N 62 posé sur le terrain d'aviation de Treux (Somme) probablement le 15 septembre 1916 - L'avion porte sur le côté du fuselage un lance-grenades GABA - Il s'agit d'un dispositif anti-drachen qui permettait, sur commande du pilote, à larguer une grenade en passant à la verticale du ballon d'observation ennemi - Le capot et la casserole d'hélice sont grises - A cette époque, l'escadrille N 62 était stationnée sur le terrain d'aviation de Cachy (Somme) - Autochrome Lumière pris par Philippe Chavanne de Dalmassy, transmise par Bernard Carmouze, son petit-fils que je remercie pour son aide.
Les 15 et 16 septembre 1916, le Sgt Robert Destot force, à deux reprises, des avions ennemis à se poser pour échapper à ses coups. Le 16 septembre 1916, l'Adj Borzecki continue son inventaire systématique des installations ennemies et photographie avec un appareil de 0,50 m la zone de Moislans - Templeux la Fosse - Driencourt - Bussu. Comme toujours, sa mission est encadrée par quatre Nieuport 17 de chasse. Le lendemain, l'équipage du Ltt Charles Borzecki (obs.) fait une reconnaissance à longue portée de 350 km avec une pénétration de 100 km dans les lignes ennemies. Il recevra pour cette mission d'éclat une citation à l'ordre de l'Armée. De leur coté, les chasseurs sont opposés à six avions. L'Adj Paul Tarascon tire 450 cartouches et abat un adversaire au-dessus de Deniecourt et le MdL Célestin Sanglier se voit encore refuser une homologation, cette fois au-dessus du secteur britannique. Le même jour, l'Adj Henri de Guibert touche le premier Spad VII de 140 cv (n° 130) de la N 62 au Bourget. Deux jours après, il passe à la société Spad pour réclamer un système désenrayeur Delage pour extraire les cartouches de Vickers et faire tourner la bande.
Ltt Jean-Marie Louis de la Motte Rouge - Observateur de l'escadrille N 62 - Né le 22 avril 1881 à Cherbourg - Fils de M. Alphonse de la Motte Rouge et de Mme Elise de Bourris - Avant guerre militaire de carrière - Engagé au 24ème régiment de Dragons, le 30 janvier 1902 - Mobilisé au 3ème régiment de Cuirassiers, le 9 août 1914 - 9ème régiment de Cuirassiers - Passé à l'aviation comme observateur, en septembre 1916 - Observateur de l'escadrille N 62 - R 210 - N 31 - F 24 - Brevet de pilote militaire n° 7473 à l'école de Chartres, le 13 juillet 1917 - Ecole d'Avord (stage de perfectionnement) - Ecole de Pau (stage de haute école) - Pilote de l'escadrille N 96 du 20 octobre 1917 au 4 janvier 1918 - Pilote de l'escadrille SPA 161 à partir du 4 janvier 1918 - Photo famille de la Motte Rouge que je remercie pour son aide.
Arrivée du premier Spad VII à la 62 : Le 20 septembre 1916, contre attaque allemande. Le premier Spad de la N 62 arrive sur le terrain de Cachy. Le lendemain, l'Adj de Guibert fait peindre une bande tricolore autour du fuselage de son Spad VII. Un peu plus tard, l’escadrille, entièrement passée sur Spad, va adopter la bande tricolore comme signe de reconnaissance. Elle sera cette fois inclinée alors que la bande initiale est droite.
Le 22 septembre 1916, la N 62 lance douze avions en mission de chasse et trois autres avions en mission de protection. Le MdL Célestin Sanglier attaque un biplace Fokker et tue l'observateur à la première passe. Il persiste dans ses attaques et s'approche presque à bout portant pour neutraliser le pilote. Celui-ci, atteint, redresse brutalement au point de frôler le chasseur français qui le suit à quelques mètres. Le biplace s'écrase près de Hyencourt-le-Petit mais sera compté à un autre pilote qui a participé à l'engagement. Un autre avion surgit à cet instant, le MdL attaque et l'abat en quelques rafales. Il tombe entre Misery et Villers Carbonnel (Sud de Péronne). Il sera homologué.
Le premier Spad VII n° S 130 a été percu par l'Adj Henri de Guibert pour le compte de l'escadrille N 62, le 20 septembre 1916 - Cet avion porte une bande tricolore droite et une bande rouge d'identification - Le Spad, qui vient d'arriver, ne porte pas encore le coq de l'escadrille - Il sera utilisé au combat par Célestin Sanglier - Photo famille de Guibert transmise par Patrick Chevillotte que je remercie pour son aide.
Nombreuses missions de reconnaissance : Le même jour, l'Adj Paul Tarascon (Ni 17 n° 1662) abat un LVG qui tombe au Nord-Ouest d'Horgny et une mission de reconnaissance photo à longue portée est accomplie par l'équipage Sgt Gabriel Hebert et Ltt Jean Thobie. Leur Sopwith 1 A2 (n° 6) va jusqu'à Maubeuge et rentre en 4 h 25 de vol dans une zone infestée d'avions de chasse adverses. Le 24 septembre 1916, le Caporal John Huffer rentre d'une longue mission de reconnaissance. Réalisée par mauvais temps et en basse altitude au-dessus des lignes adverses, il regagne le terrain avec un avion criblé d’impacts. C’est un habitué aux missions de ce type. Le 26 septembre 1916, le vol de protection de la mission photo sur Nurlu est exécuté par un vol mixte Nieuport et Spad VII. Le 28 septembre 1916, deux Sopwith 1 A2 de la 62 sont envoyés avec des appareils de 0,50 m de focale. Ils travaillent respectivement sur les secteurs des 1er, 32ème C.A et 5ème, 6ème, 33ème C.A. Pour ces deux missions, les biplaces sont montés par des équipages mixtes comprenant un observateur de corps d'Armée.
La section photo de la 6ème armée pose en compagnie de son chef, le lieutenant Louis Blamoutier. Cet officier prendra le commandement de la SPA 62 du 20 août 1918 à mai 1919 - A l'extrême droite, on peut voir le Slt Charles Borzecki, observateur et As des escadrilles N 3 et N 62 - Photo famille Blamoutier que je remercie pour son aide.
Le 30 septembre, le Sgt Robert Destot rentre de mission avec un avion criblé d'impacts et d'éclats de toutes sortes. Au sol, l'attaque des 25 au 27 septembre 1916 permet la prise de Rancourt mais aussi la perte de Combles le 26.
Spad VII baptisé "Fantasio II" de l'Adj Marcel Bloch de l'escadrille N 62. A son retour de convalescence, il perçoit un avion de ce type et remporte deux nouvelles victoires contre des Drachen - Photo famille de Guibert transmise par Patrick Chevillotte que je remercie pour son aide.
Le même avion mais portant cette fois le coq dit de boutin - Le Slt Marcel Bloch, l'As aux 5 victoires homologuées (+ 3 non homologuées), toutes remportées contre des Drachen pose à côté de son Spad VII baptisé "Fantasio II" - Cette photo date du retour de convalescence de Marcel Bloch après ses blessures du 3 juillet 1916 (un doigt coupé par une balle, une balle dans la cuisse) - Bien qu'il n'est pas sûr que ce soit cet avion, Marcel Bloch a perçu un Spad VII à moteur 150 ch, le 26 octobre 1916 - Voir les cocardes de gouvernes et la bande tricolore de fuselage - Photo Collection Michel Caplet que je remercie pour son aide.
Le 1er octobre 1916, maintenant équipé d’un Spad VII, le Sgt Bloch ajoute un Drachen à sa collection. L’engin tombe près de Louguevesnes. Le lendemain, il abat son 8ème Drachen à l'Est de Bapaume. Il est d'ailleurs consacré "AS" ce même jour pour cinq victoires homologuées.
Ltt Pierre Marie Robert Bladinières - Né le 25 janvier 1883 à Bordeaux - Fils de Louis Bladinières et Adrienne Augieras - Engagé au 20ème régiment de Dragons, le 6 février 1901 - Affecté au 2ème escadron du 31ème régiment de Dragons lors de la mobilisation du 2 août 1914 - Passé à l'aviation comme observateur en juillet 1916 - Observateur de l'escadrille VB 109 - Observateur de l'escadrille N 62 du (3ème trimestre 1916) au 13 décembre 1916 - Observateur de l'escadrille R 210 du 13 décembre 1916 au 20 janvier 1917 - Observateur de l'escadrille N 31 du XXX au 18 mai 1917 - Observateur de l'escadrille F 24 du 18 mai au 6 juin 1917 - Brevet de pilote militaire n° 7472 obtenu à l'école d'aviation militaire de Chartres, le 13 juillet 1917 - Stage de transformation à l'école d'aviation militaire d'Avord - Stage de Haute Ecole à l'école d'aviation militaire de Pau - Pilote de l'escadrille N 75 du 22 décembre 1917 au 19 février 1919 - Nommé Capitaine à titre temporaire, le 2 janvier 1918 - Légion d'Honneur - Croix de Guerre - Une citation à l'ordre du corps d'armée, le 9 janvier 1917 - Une citation à l'ordre de la Division, le 17 août 1914 - Une citation à l'ordre de la Brigade, le 19 juillet 1915 - Commandant de la 2ème escadre d'aviation légère de défense à compter du 1er janvier 1934 - Commandant la 31ème demi-brigade du 31ème RAO de Tours jusqu'au 23 janvier 1936 - Chef d'état-major de la 3ème région aérienne - Photo Collection Daniel Porret que je remercie pour son aide.
Le personnel navigant de l'escadrille N 62 pose devant un Nieuport 14 de l'escadrille sur le terrain de Chippilly, le 5 octobre 1916. Assis de gauche à droite : Caporal Legrand (pilote) - MdL Pinot (pilote) - Sgt Emmanuel du Lac de Fugères (pilote) - MdL Clérisse (pilote) - MdL Louis de Ginestet de Puivert (pilote) - 1er rang : Slt Mordelet (observateur) - Ltt Bladinières (observateur photo) - Slt Charles Borzecki (observateur 5 victoires homologuées en 1918) - Slt Paul Tarascon (pilote 12 victoires homologuées en 1918) - Ltt Gérard Amanrich (pilote) - Cne François Coli (pilote et commandant en second) - Cne Horment (pilote et commandant de l'escadrille - Il rentre de convalescence) - Ltt Thobie (observateur) - Ltt Lhuillier (pilote 1 victoire) - Ltt Lemaignen (observateur et officier de renseignement) - Ltt de la Motte de la Motte Rouge (observateur) - Slt Debouc (pilote) - Ltt Baju (observateur) - Slt Audry (observateur) - Caporal Gerbault (pilote) - 2ème rang : Sgt Hébert (pilote 5 victoires en 1918) - Adj Destot (pilote) - Adj Célestin Sanglier (pilote 4 victoires en 1918) - Sgt John Huffer (pilote américain) - MdL du Roland (pilote) - Ltt Gabaldo (observateur) - Ltt Sammartin (observateur) - Slt Thiéry (observateur) - Les Ltt Dambon et de Jumellac observateurs sont absents, ils étaient en permission le jour de la photo - Photo légendée par le Cne François Coli - Cliquez sur l'image pour l'agrandir - Je remercie M. Yves Peytavin de Garam pour la communication des archives de la famille Coli.
Une nouvelle offensive est lancée le 7 octobre 1916. Le 10 octobre 1916, en mission de reconnaissance lointaine au sud de Péronne, le dispositif de la 62 est attaqué par quatre avions ennemis. L'équipage Sgt John Huffer / Ltt Charles Borzecki (obs.), qui arme l'avion photo, abat un des avions qui attaque leur appareil. Celui-ci tombe près du village de Doingt (Sud-Est de Péronne). Par la précision de son tir, l'observateur réussit l'exploit de mettre en fuite les autres assaillants. Le groupe d'avions qui devait protéger la mission photo s'étant dispersé au cours du combat, les deux hommes n'hésitent pas à pénétrer en solitaires, très loin, dans les lignes allemandes pour ramener les photos et les renseignements nécessaires.
Tracés sur photos d'après reconnaissance du secteur du Sud du bois de Saint-Waast en octobre 1916 - L'observateur a inscrit sur son cliché les renseignements qu'il a pu observer - Photo famille Schlickin que je remercie pour son aide.
Après avoir pris des photos et observé sur le terrain, les batteries allemandes capturées, les observateurs donnaient des consignes aux dessinateurs de la section photo de la 6ème armée. Ceux-ci produisaient un dessin explicatif reprenant les principales données chiffrées, les points particuliers, éventuellement les points faibles des installations adverses - Ce dessin était ensuite diffusé au niveau des batteries d'artillerie chargées de contrebattre ces positions ennemies - Photo famille Schlickin que je remercie pour son aide.
Disparition de l'Adj Thuau et du Ltt Billon :
Le même jour, accroché par plusieurs avions ennemis, l'équipage composé de l'Adj Roger Thuau (N 62) / Ltt Jean Billon (obs C 43) disparait en mission à bord d'un Nieuport 12 bis. L'Adj Thuau est fait prisonnier. Grièvement blessé par deux balles, il a posé son avion en catastrophe dans les lignes allemandes. Son observateur, le Ltt Billon a été tué lors de l'attaque des chasseurs adverses. En treize mois de présence, l'Adj Thuau avait réalisé environ 200 heures de vol de guerre au-dessus du territoire tenu par l'ennemi.
L'Adj Roger Thuau nous a laissé le compte-rendu de cet engagement meurtrier : "Le 10 au matin avec le Ltt Billon comme observateur, nous avions été chargé d'une mission importante sur les lignes allemandes; le temps très peu favorable ne nous permit de partir que vers 11 heures. Nous avons pris notre altitude entre l'escadrille et Amiens. Après environ 1h15 de vol, voyant qu'il était impossible de monter plus haut, je suis venu tourner, comme il était convenu au-dessus de l'escadrille; altitude 3.200 m. Là, le lieutenant Billon a lancé des signaux pour rassembler nos camarades, et moi ayant vu seulement 4 ou 5 avions de notre reconnaissance, j'ai demandé à mon observateur : " Que dois-je faire ? " Il me répondit " Faites encore un ou deux tours au-dessus de l'escadrille et nous passerons les lignes. "
Pendant que j'exécutais cet ordre le lieutenant Billon lançait encore des signaux et quoique tous les autres avions n'étaient pas autour de nous, nous décidâmes de franchir les lignes. Nous avons dû passer les tranchées vers Biaches-Barleux à peine à quelques kilomètres dans les lignes, nous avons rencontré un avion de la N 62 qui m'a semblé être un 30 m2. Comme nous nous croyions escortés par plusieurs camarades et de plus ayant rencontré ce dernier avion, j'avais entière confiance; nous volions vent arrière dans la direction de Roisel; altitude 3.200 mètres.
A peine y avait-il 1 minute ou deux que nous avions rencontré le 30 m2 que le lieutenant Billon se levant de son siège, me cria " Mais ce sont des boches. " Je me retournai aussitôt et je vis 3 petits avions de couleur crême, par leur forme rappelant beaucoup le SPAD qui marchant perpendiculairement à nous, se trouvaient à une distance de 80 m au plus et au moins 100 mètres plus haut que nous. Le lieutenant Billon, debout dans le fuselage ouvrit immédiatement le feu sur nos adversaires qui, se séparant, firent pleuvoir sur nous une grêle de balles; c'est à ce moment qu'une balle vient se loger dans mon pied gauche.
Comme je pilotais, la tête tournée du côté de mon observateur, attentif à son moindre commandement et geste, je vis le lieutenant Billon porter ses mains à sa figure, faire un 1/4 de tour sur lui-même et s'écrouler dans le fuselage, sans dire un mot; il était tué !
Pendant cette première phase du combat, je ne sais pas dans quelle direction j'ai volé, car j'ai surtout fait mon possible pour mettre le lieutenant Billon dans la position la plus favorable pour atteindre nos adversaires. Mon observateur mort, moi blessé et mon appareil atteint par de nombreuses balles, j'ai cherché à regagner le plus rapidement possible les lignes françaises; j'ai donc mis mon moteur à pleins gaz et utilisant toutes les acrobaties que je savais faire, je me suis dirigé vers Péronne. Rencontrant un gros nuage sur ma route, je m'y suis caché espèrant que mes adversaires me perdraient; malheureusement, en sortant de ce nuage, les Allemands qui me serraient de très près, me mitraillèrent de plus belle. Je me souviens faisant une volte-face rapide, avoir achevé de tirer ma bande de mitrailleuse avant sur celui de mes ennemis qui était le plus proche; malheureusement une balle vint me brise l'épaule droite. Recevant ce projectile, j'ai éprouvé une très vive douleur et j'ai perdu connaissance; je ne sais à quelle altitude, je me trouvais à ce moment. Je suis revenu à moi quelques minutes plus tard alors que mon appareil volait dans je ne sais quelle direction; mon bras me refusant tout service, instinctivement j'ai repris le manche à balai dans la main gauche et mettant les commandes au milieu, mon moteur tirant encore, mon appareil reprit sa ligne de vol vers l'Ouest et les lignes françaises.
Je me souviens être passé à très faible altitude au-dessus d'un village qui m'a semblé tout noir et en ruines; l'essence coulait abondamment sur mes pieds, mon moteur avait de nombreux ratés et les aviateurs ennemis me mitraillaient toujours. C'est à ce moment que je me suis vu voler pour la dernière fois que j'ai vu mon appareil; de gros morceaux de toile flottaient derrière mes ailes et dans la cellule droite un des gros câbles était coupé. Ne voulant naturellement à aucun prix tomber entre les mains des Allemands et ne pouvant plus diriger à la carte, je volais plein Ouest en me servant de ma boussole; les aviateurs allemands me mitraillaient plus que jamais, altitude environ 25 mètres. Ensuite, je ne sais plus ce qui s'est passé car j'ai complétement perdu connaissance. Je suppose que mon moteur ne tirant plus, je me suis approché insensiblement du sol et suis entré violemment en contact avec la terre.
Le Nieuport 12 bis n° N 1596 baptisé "Toc-Toc" de l'équipage composé de l'Adj Roger Thuau (N 62) et du Ltt Jean Billon (obs C 43) de l'escadrille N 62 a été capturé dans les environs de Villers-Carbonnel (80), le 10 octobre 1916 - Le pilote a été blessé de deux balles au pied gauche et à l'épaule droite et l'observateur tué d'une balle à la tête - Au moment où cette photo a été prise, le pilote a été évacué pour recevoir des soins et l'observateur, sorti de la carlingue par les Allemands, git dans l'herbe - Son corps est marqué d'une croix - Notez les marquages de cet appareil, entoilage argenté, le coq de la pièce de 20 fr or dans sa variante multicolore, le nom de baptéme "Toc-Toc" et la casserole d'hélice - Le numéro d'identification est soit le "3" ou le "7" - Il ne s'agit donc pas de l'appareil normalement affecté à l'Adj Thuau - Cliquez sur l'image pour l'agrandir - Photo collection Albin Denis.
Autre photo du Nieuport 12 bis n° N 1596 baptisé "Toc-Toc" de l'équipage composé de l'Adj Roger Thuau (N 62) et du Ltt Jean Billon (obs C 43) de l'escadrille N 62 a été capturé dans les environs de Villers-Carbonnel (80), le 10 octobre 1916 - Le pilote a été blessé de deux balles au pied gauche et à l'épaule droite et l'observateur tué d'une balle à la tête - Au moment où cette photo a été prise, le pilote a été évacué pour recevoir des soins et l'observateur, sorti de la carlingue par les Allemands, git dans l'herbe, à droite - Notez les marquages de cet appareil, entoilage argenté, le coq de la pièce de 20 fr or dans sa variante multicolore, le nom de baptéme "Toc-Toc" et la casserole d'hélice - Cliquez sur l'image pour l'agrandir - Photo collection Gregory VanWyngarden que je remercie pour son aide.
Quand je suis revenu à moi, j'étais étendu sur le sol, des soldats allemands autour de moi et l'un d'eux qui avait un fusil, me tenant en joue, me demande brutalement si j'étais anglais. Je me suis retrouvé dans un poste de secours aux tranchées, presque complétement déshabillé, un grand pansement autour de la poitrine et de l'épaule et un autre au pied. Mes premières paroles furent pour demander ce qu'était devenu le lieutenant Billon et ou j'étais; l'on me répondit que j'étais; l'on me répondit que j'étais près de Villers-Carbonnel et c'est seulement longtemps après qu'un médecin vint me dire : " Monsieur, votre camarade est tué."
Pendant ce combat, je n'ai donc vu que 3 avions allemands, beaucoup plus rapides et plus maniables que mon appareil. J'ai été terriblement gêné par le vent contraire et par les nuages; je me croyais escorté alors que je ne l'étais pas. Malheureusement, j'ai perdu connaissance quelques instants trop tôt et, comme j'ai été continuellement sous le feu de mes ennemis sans presque pouvoir riposter, je ne dois ma vie qu'à mes acrobaties. Trois ou quatre jours après que j'avais été abattu, alors que je me trouvais à l'ambulance de Vermand, je ne fus pas peu surpris de voir trois aviateurs allemands, debout et casquette à la main, au pied de mon lit, qui venaient prendre de mes nouvelles; parmi eux se trouvaient le lieutenant Wilhelm Frankl, chef d'escadrille, dont j'étais la 14ème victoire. Il m'exprima ses félicitations d'avoir lutté si longtemps un contre trois; me disant qu'il regrettait la mort du lieutenant Billon, et se retirant, il laissa sur une table près de mon lit, son portrait avec ces quelques mots signés de sa main : "A mon brave adversaire, en souvenir du combat du 10 octobre 1916." "
Adj Roger Jean Thuau - Né le 1er juin 1895 à Enghien - Fils de Victor Thuau et de Marie Howwellette - Domiciliés 9 boulevard d'Engheim, à Enghien - Profession avant guerre Etudiant - Mobilisé au 2ème groupe d'aviation, dépot de Lyon-Bron, le 20 décembre 1914 - Brevet de pilote militaire n° 1402 obtenu à l'école d'aviation militaire d'Etampes, le 21 août 1915 - Pilote de l'escadrille MF 62 / N 62 du 12 septembre 1915 au 10 octobre 1916 - Il fait partie des pilotes affectés à l'escadrille MF 62 lors de sa création - Nommé Sergent, le 28 décembre 1915 - Le 2 avril 1916, le Sgt Roger Thuau a déjà plus de 100 heures de vol en territoire ennemi, s'est spécialisé sur les missions de reconnaissance en basse altitude - Le 8 mai 1916, le Nieuport 12 n° 465 est affecté au Sgt Thuau - Le 10 octobre 1916, accroché par quatre avions ennemis, l'équipage Adj Roger Thuau (N 62) / Ltt Jean Billon (obs C43) disparait en mission, à bord du Nieuport 12 bis n° 1596, dans la région de Villers-Carbonnel (80) - L'Adj Thuau est fait prisonnier - Grièvement blessé, il a posé son avion en catastrophe dans les lignes allemandes - L'observateur, le Ltt Billon a été tué lors de l'attaque des chasseurs adverses - En treize mois de présence, l'Adj Thuau avait réalisé environ 170 heures de vol de guerre au-dessus du territoire tenu par l'ennemi - Leur adversaire était vraisemblablement le Ltn Wilhelm Frankl du Jasta 4 (sa 14ème victoire) - Médaille Militaire - Croix de Guerre 14-18 - Trois citations à l'ordre de l'armée - Après 18 mois de captivité, il est rapatrié comme grand blessé - Ayant demandé de retourner au front, il ne pu le faire en raison des conventions de Berne qui stipulait qu'un blessé libéré ne pouvait reprendre le combat, il fut affecté comme moniteur à l'école d'aviation militaire d'Avord - Pilote de ligne de la Franco-Roumaine - Chef pilote et moniteur PSV (pilotage sans visibilité) - A assuré le service de la ligne Paris - Constantinople - Angora - A assuré le convoyage d'avions jusqu'en Indochine - En 1939, il totalise 8370 heures de vol - Photo Roger Thuau transmise par M. Jean-Yves Justeau, son neveu.
Ltt Jean Léopold Delphin Billon - Né le 14 novembre 1891 à St Hyppolyte-du-Fort (30) - Entré en service actif au 17ème régiment d'artillerie, le 6 octobre 1912 - Mobilisé au 17ème RA - Appartient à cette unité jusqu'au 16 août 1915 - Observateur de l'escadrille N 62 du 23 septembre 1915 au 24 juin 1916 - Observateur de l'escadrille C 43 du 24 juin 1916 au 10 octobre 1916 - Tué au cours d'un combat aérien d'une balle à la tête, dans les environs de Villers-Carbonel, le 10 octobre 1916 - Il faisait équipage, à bord du Nieuport 12 bis n° 1596, avec l'Adj Roger Thuau qui a été blessé de deux balles - Photo Paul Cottave-Claudet transmise par son petit-fils Jean-Paul Milliand que je remercie pour son aide.
Déménagement sur le terrain de Chippilly :
Du 12 au 21 octobre 1916, attaque de Sailly qui sera prise le 15. La bataille de la Somme prend fin et les Britanniques relèvent la 6ème Armée. Le 15 octobre 1916, l'escadrille fait mouvement sur Chippilly (Somme). Le Cne Horment reprend le commandement de l’escadrille. Son intérim a été successivement assuré par l’Adj Paul Tarascon, le Ltt Pierre l’Huillier et le Cne François Coli. Les officiers sont logés chez l'habitant, les sous-officiers en baraques Adrian et les hommes de troupe en baraques et chez l'habitant.
Photo prise à la verticale du terrain de Chippilly en août 1916 - Les avions, que l'on voit, appartiennent en grande partie à l'escadrille C 43 - La N62 a stationné sur ce terrain de 15 octobre au 15 décembre 1915 - Photo Famille Moineville que je remercie pour son aide.
Terrain de Chippilly en août 1916 - Les tentes sont alignées en bordure du terrain, le long d'un bosquet - Photo Famille Moineville que je remercie pour son aide.
Tentes de la mécanique sur le terrain de Chippilly - Chaque spécialité possède ses tentes en arrière des hangars Bessonneau - Tous les travaux dangereux en raison des risques de feu, d'explosion, pouvaient être effectués à une certaine distance (toute relative quand même) des lieux de stationnements des avions. On limitait ainsi les risques de propagation d'incendie ou d'explosion en chaîne - Photo Famille Moineville que je remercie pour son aide.
Le MdL Célestin Sanglier attaque un monoplace Halberstadt. Le combat est acharné et dure sept minutes. L'avion allemand tombe entre Bouchavesnes et Moislans (Nord de Péronne). Il est la 3ème homologation de Sanglier. Le 21 octobre 1916, le Sgt Robert Destot est blessé au cours d'un vol de chasse de nuit sur Nieuport 17.
Joli cheval de bois du Nieuport 12 n° N 1299 portant un coq noir ou rouge de l'escadrille N 62 à l'automne 1916 - Il est difficile de dater avec précision cet accident car il n'a pas fait de victime et n'est pas mentionné dans les archives - La tourelle arrière est armée de sa mitrailleuse Lewis, il s'agissait bien d'une mission de guerre - Photo famille Detraz que je remercie pour son aide.
Vue du Nieuport 12 piloté par le Sgt de Ginestet accidenté sur le terrain de Chippilly en octobre 1916 - Cet avion, récemment livré par l'escadrille N 103, porte encore le numéro d'identification "XII" au sein de cette escadrille - Sur le tirage très dégradé, on aperçoit à peine le coq peint sur le fuselage - A la fin 1916, les missions lointaines de la N 62, très en profondeur dans le dispositif allemand, étaient réservées aux Sopwith 1A2 doté d'une solide autonomie et d'une bonne vitesse de croisière. Les Nieuport 12 étaient alors relégués aux missions sur la ligne de front - Photo transmise par la famille Moineville que je remercie pour son aide.
Gros plan du nez du Nieuport 12 piloté par le Sgt de Ginestet accidenté sur le terrain de Chippilly en octobre 1916 - Photo transmise par la famille Moineville que je remercie pour son aide.
LV le Prieur, l'inventeur des fusées anti-Drachen portant son nom et bien plus tard, le scaphandre autonome pendant l'hiver 1916-1917 - Il pose devant le Nieuport 17 codé "9" portant le coq dit "de Boutin", du nom du dessinateur de l'escadrille qui l'a dessiné - L'avion est peint en aluminium et porte 8 rails support des fusées anti-ballons d'observation - Photo Maurice Barbey, transmise par Dominique Barbey, son fils que je remercie pour son aide.
Le 22 octobre, pendant une mission de reconnaissance photo sur Roye - St-Quentin - Péronne, Hébert, en équipage avec le Ltt Alexandre Thobie, livre un violent combat contre 6 biplaces (Roland) dans les environs de Gricourt. Un des assaillants est touché et s'échappe en piquant. Soudain, quatre Albatros se mêlent à la bagarre et c'est maintenant contre 9 adversaires que l'équipage de la N 62 combat pour survivre. Thobie touche un Albatros qui glisse sur l'aile et ne se rétablit qu'à très basse altitude. Au-dessus de Cartigny, deux Albatros supplémentaires s'invitent à la bagarre. Dix contre un ! Par chance, ils soutiennent le combat jusqu'à Péronne. Quand les Allemands quittent la zone, le Sopwith 1A2 de la N 62 a été touché par 15 balles. Une traverse et une hauban ont été tranchées, 2 cordes à piano coupées. Un des projectiles a coupé le bout du nez de Hébert. Ce n'est pas passé loin cette fois ! Pour en rajouter, leur avion est mitraillé par les troupes au sol quand ils passent les lignes à 1000 m d'altitude. Après 1h30 de vol, ils rentrent au terrain de Chipilly sains et saufs. Il faudra 4 jours à la mécanique pour remettre en état de vol le Sopwith. Le 27 octobre 1916, le MdL Célestin Sanglier (Spad VII n° 130) livre combat contre un avion qui n'est pas homologué faute de témoins. Le 31 octobre 1916, il abat son 4ème avion à la verticale de Rocquigny (Nord de Peronne). Le 1er novembre 1916, l'Adj Paul Tarascon (Ni 17 n° 1662) abat un LVG près de Moislans (Nord de Péronne). L'équipage Brig Emmanuel Dulac - Ltt Dambon (obs) est blessé au cours d'un accident à bord d'un Sopwith 1 A2. Le 5 novembre 1916, les Anglais n'étant plus en état pour reprendre l'offensive, la VIème Armée attaque seule. L'engagement se termine vite et s'épuise avec la prise de Sailly- Sallisel.
Accident d'un Sopwith 1A2 de l'escadrille N 62 sur le terrain de Mont-Saint-Martin (02) en juin 1917 - L'insigne de l'escadrille, le coq de "Boutin" est doublé d'un insigne personnel, un coeur perçé d'une flèche - Photo collection SHD de Vincennes.
Remise de Croix de Guerre :
Le 12 novembre 1916, les pilotes suivants reçoivent la croix de guerre : Ltt Charles Borzecki, Ltt Pierre l'Huillier, Ltt Jean Thobie, Slt John Huffer, Adj Paul Tarascon, Sgt Gabriel Hebert, MdL Adolphe Clerisse.
De gauche à droite, Ltt Charles Borzecki (observateur) et le Cne Gérard Amanrich (pilote), des anciens de l'escadrille N 62, photographiés en 1918 lors de leur affectation au CIACB de Perthes - Photo famille Amanrich que je remercie pour son aide.
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Ltt Charles Alexandre Bronislas Borzecki, observateur de l'escadrille N 62 - Né le 4 novembre 1880 à Paris (75) - Il est titulaire de 5 victoires homologuées - Brevet de pilote militaire n° 12082 obtenu au GDE, le 10 mars 1918 - Instructeur au CIACB de Perthes en 1918 - Brevet d'observateur en avion, le 14 novembre 1918 - Après guerre commandant de l'aéroport de Hanoi en 1942 - Grand officier de la Légion d'Honneur - Médaille Militaire - Croix de Guerre 14-18 - Croix de Guerre 39-45 - Décédé à la Flèche (Sarthe), le 30 mai 1959.
* Cne Gérard Albert Amanrich - Passé à l'aéronautique militaire comme observateur, le 15 mars 1915 - Observateur de l'escadrille MF 40 du 27 mars au 5 août 1915 - Observateur de l'escadrille N 38 du 5 août au 1er décembre 1915 - Passé élève pilote de l'école militaire du Crotoy, le 1er décembre 1915 - Brevet de pilote militaire n° 2824 à l'école du Crotoy, le 5 mars 1916 - Pilote de l'escadrille N 62 du 9 novembre 1916 au 2 juillet 1917 - - Commandant de l'escadrille N 151 / SPA 151 du 2 juillet 1917 au 21 mai 1918 - Affecté, comme instructeur, au CIACB de Perthes, le 21 mai 1918.
Le 17 novembre 1916, l'Adj Paul Tarascon abat son 9ème avion près de Manancourt. Le 23 novembre, au cours d'une mission de reconnaissance photo sur Allaines - Aizecourt-le-Haut - Templeur-la-Fosse - Hurlu - Ytres, le Sopwith 1A2 n° 6 piloté par Gabriel Hébert est attaqué par huit avions allemands. Un des adversaires, un biplace, est abattu par le Ltt Charles Borzecki dans les environs d'Ytres (Péronne). Cette victoire a été homologuée à l'équipage, c'est la première de Gabriel Hébert. Les documents très importants seront livrés à bon port. Le Ltt Pierre l'Huillier (Ni 17 n° 1665), en protection, a engagé lui aussi les huit allemands pour tenter de déserrer la tenaille. Un biplace adverse va rejoindre son camarade dans les environs de Bus (Nord de Péronne).
Ltt Pierre Marie l'Huillier - pilote de l'escadrille N 62 - Cet officier succéda à l'Adj Paul Tarascon à la tête de l'escadrille comme commandant par intérim - Né le 3 février 1891 à Moumelon-le-Grand (51) - Fils de M. Henri l'Huillier et de Mme Elisabeth Salmon - Avant guerre militaire de Carrière - Engagé à l'école de Saint-Cyr, le 8 octobre 1910 - 5ème régiment de Hussards jusqu'en mars 1915 - Passé à l'aviation comme observateur, le 15 mars 1915 - Observateur de l'escadrille N 49 - Brevet de pilote militaire n° 3281, le 25 avril 1916 - Pilote de l'escadrille N 62 - Pilote et commandant l'escadrille SPA 150 du 1er juillet 1917 au 11 avril 1918 - Tué au cours d'un accident d'atterrissage sur le terrain de Beauvais (Oise), le 11 avril 1918 - Chevalier de la Légion d'Honneur, le 31 décembre 1916 - Croix de Guerre 14-18 - 2 citations à l'ordre de l'armée en novembre 1915 et le 31 décembre 1916 - une citation à l'ordre du régiment , le 3 octobre 1914 - une citation à l'ordre de l'aéronautique, le 22 août 1915 - Photo le tableau d'honneur de l'Illustration.
Le 15 décembre 1916, la N 62 part pour Grivennes (Nord-Ouest de Montdidier) dans la Somme. Le 30 décembre 1916, le Sgt Robert Destot est blessé très grièvement en combat. Ce valeureux pilote a livré en six mois plusieurs durs combats contre les avions adverses et forcé ses adversaires à se poser dans leurs lignes par trois fois. De plus il a multiplié les missions de protection et de chasse de jour comme de nuit. Il avait déjà été blessé au combat, le 21 octobre. Au cours de l'hiver 1916-1917, le commandement français prépare une grande offensive dans l'Aisne. Des moyens extrêmement importants vont être engagés pour cette bataille. Elle est en effet opportune en raison de l'affaiblissement général des troupes allemandes sur le secteur français. Le secteur d'attaque de la VIème Armée est compris entre Conde-Laffaux et la région Nord de Reims. Il est prévu que les VIème et Vème Armées se rejoignent sur le Chemin des Dames près de Craonne. La VIème est alors composée de dix-sept divisions d'infanterie, d'une de cavalerie, d'une territoriale et de 1588 pièces d'artillerie. Elle occupe le front qui va de Pernant (Est de Soissons) à Oulches (Nord de Fismes). L'armée attaquera d'Hurtebise à Vauxaillon (Nord-Est de Soissons), poussera vers Laon et sur le cours inférieur de la Serre en aval de Barenton (Nord de Laon).
De gauche à droite, quatre pilotes et observateurs de l'escadrille N 62 posent avec l'un des quatre Nieuport 14 qu'à compté cette unité : Sgt Edouard Pinot (pilote et un des anciens mécaniciens de Georges Guynemer) - Slt Jean (John) Huffer (pilote USA) - Ltt Charles Borzecki (observateur) - Sgt Gabriel Hébert (pilote) - En haut du document daté du 28 décembre 1916, les signatures des personnels navigants de gauche à droite : Ltt Charles Borzecki, Sgt Gabriel Hébert, Slt Jean Huffer, Adj Célestin Sanglier - Cliquez sur l'image pour l'agrandir - Photo collection Philippe Guillermin que je remercie our son aide.
Ltt Charles Eugène de Guibert pose avec son mécanicien, devant le Spad VII qu'il vient de prendre en compte - Né le 14 février 1890 à Cannes - Fils de M. Charles de Guibert et de Mme Eugénie Lucas - Entré en service au 12ème régiment de Cuirassiers, le 30 septembre 1909 - Brevet de pilote militaire n° 899 à l'école d'aviation de Chartres, en date du 5 mai 1915 - Pilote du CRP - Pilote de l'escadrille C 10 - Pilote de l'escadrille N 62 - Pilote de l'escadrille N 73 / SPA 73 - 2 citations à l'ordre de l'armée et une à l'ordre du corps d'armée - Chevalier de la Légion d'Honneur, le 8 mai 1916 - Croix de Guerre 14-18 - 3 victoires homologuées. - Photo famille de Guibert transmise par Patrick Chevillotte que je remercie pour son aide.
Nieuport 17 n° N 2331 de l'escadrille N 62 armé de 8 fusées le Prieur contre les Drachen, les ballons de réglage d'artillerie allemand. Cet avion porte la version du coq batailleur, dit de Boutin - Ces armes seront remplacées par des mitrailleuses Vickers rechambrées au calibre 11 mm et exclusivement réservées aux attaques de Drachen - La vitesse initiale de ces gros projectiles était insuffisante pour son utilisation dans la chasse libre - Dans ce cas, une munition beaucoup plus véloce était recherchée - Photo ECPA du fort d'Ivry-sur-Seine.
Remise de la Médaille Militaire au MdL Gabriel Hébert par le Cne Horment, commandant l'escadrille N 62 sur le terrain de Chipilly, le 31 décembre 1916 - Les récipendiaires, de gauche à droite : Ltt Emile Thiry (obs) - Slt Paul Tarascon (pilote) - Slt Alexandre Borzecki (obs) - Sgt Gabriel Hébert (pilote) - un aviateur caché - Cne François Coli (pilote) de dos, remettant la décoration de Gabriel Hébert - Sgt John Huffer (pilote USA) - Cne Henri Horment (pilote et commandant la N 62) de profil - un lieutenant non identifié (peut-être le Ltt Jacques Lebouc) - Photo Gabriel Hébert transmise par son arrière petit-fils Xavier Hébert que je remercie pour son aide.
Pilotes et observateur de l'escadrille N 62 très certainement en début 1917 - Cliquez sur l'image pour l'agrandir - Je remercie M. Yves Peytavin de Garam pour la communication des archives de la famille Coli.
Le 13 janvier 1917, l'escadrille reçoit une citation à l'ordre de la VIème Armée pour sa brillante conduite au cours de la bataille. Le 15 janvier 1917, la N 62 se déplace sur le terrain de la Cense, près de Fismes, à proximité immédiate du QG de la VIème Armée (Gal Mangin). Le 23 janvier 1917, la mission photo met en œuvre deux dispositifs. D'abord, deux Bréguet XIVA2 de la Br 213 prêté à la 62 survolent l'itinéraire Burelles - Housset - Vincy - St Pierre - Thierny - Sons puis suivent deux monoplaces de reconnaissance photo sur la zone Lislet - Erlon - la Ville aux Bois - Dercy. Chaque paire d’avions est escortée par trois monoplaces. Au cours de cette mission, le Ltt Charles de Guibert abat son 3ème avion. L'escadrille reprend aussitôt ses vols de reconnaissance en préparation de l'offensive qui s'annonce contre le Chemin des Dames.
Baraquements utilisés par les personnels de l'escadrille N 62 sur le terrain de Fismes, en janvier 1917 - Photo famille Detraz que je remercie pour son aide.
La dotation de l'escadrille est portée à vingt appareils dont huit monoplaces et douze biplaces. Le 4 février 1917, le Cne Laurent succède au Cne Horment à la tête de l'escadrille.
Arrivée du Président de la République Raymond Poincaré sur le terrain occupé par la N 62 - Photo famille Peytavin de Garam / Coli que je remercie pour son aide précieuse.
Visite d'Etat-Major à l'escadrille N 62 - Quelques avions de l'unité sont présentés aux officiels : au premier plan, le Nieuport 17 n° N 1661 baptisé "Zigomar 3" du Slt Paul Tarascon et en arrière plan, à gauche, l'un des Sopwith de la 62 - Photo SHD de Vincennes.
L'escadrille réalise les missions de reconnaissances en vue de la préparation de l'offensive. En février et début mars 1917, le Haut Commandement allemand ne pouvant maintenir un front aussi étendu, replie l'ensemble des unités au nord de l'Aisne sur la ligne Hindenburg. Le 5 février 1917, le Slt Emile Thiry est blessé dans un accident. Le 7 février 1917, le Sgt Jean Huffer abat son 2ème avion dans la région de Cernay (Est de Reims).
Photo aérienne de la ville de Laon prise par un équipage de l'escadrille N 62, le 10 février 1917 - Cliquez sur l'image pour l'agrandir - Photo collection Jean-Luc Borderelle.
Le 10 février 1917, au cours d'une reconnaissance photo lointaine au Nord de Laon, l'équipage composé par Gabriel Hébert / Charles Borzecki est attaqué par 3 avions allemands. Un des belligérants adverses est abattu dans les environs d'Etouvelles, au Sud de Laon, et les deux autres rompent le combat. Le Sopwith 1A2 n° 22 de la N 62 a été touché de 5 balles, dont l'une a coupé la commande de profondeur. Cette victoire a été homologuée, c'est la seconde de Gabriel Hébert. L'équipage victorieux ne rentre qu'après sa mission accomplie.
MdL Gabriel René Emile Hébert - Né le 3 février 1890 à Courcelles-lès-Gisors (Oise) - Fils d'Auguste Eugène Hébert et de Marie Louise Legrand - Profession avant guerre Mécanicien conducteur d'auto - Engagé volontaire pour 4 ans au 1er Chasseurs d'Afrique du 14 avril 1908 au 28 mai 1909 - Affecté au 12ème régiment de Hussards du 28 mai 1909 au 13 avril 1912 - Marié avec Marie Isabelle Ziégler, le 3 avril 1911 - Domicilés au n° 15 avenue des Capucins à Gray - Affecté spécial complémentaires des chemins de fer de l'Est, comme ajusteur à Cholindrey, le 20 juin 1914 - Remis à la disposition de l'autorité militaire et affecté au 1er groupe d'aviation de Dijon comme mécanicien à partir du 30 novembre 1914 - Arrivé dans l'unité, le 5 décembre 1914 - Mécanicien de l'escadrille N 37 du 4 février 1915 au 1er juillet 1916 - Passe élève pilote à l'école d'aviation militaire de Pau du 6 août 1915 au 31 mars 1916 - Premier essai de Blériot rouleur, le 14 septembre 1915 - A réalisé les différentes épreuves du brevet de pilote militaire du 26 novembre au 3 décembre 1915 - Nommé Brigadier en novembre 1915 - Brevet de pilote militaire n° 2039 obtenu à l'école d'aviation de Pau sur Blériot 60 HP, le 3 décembre 1915 - A cette date, il cumule 26h45 de vol pour 558 km parcourus - Affecté à la division Morane-Saulnier de l'école de Pau du 26 février au 9 mars 1916 - Affecté à la division Nieuport de l'école de Pau, le 9 au 31 mars 1916 - Totalise 12h25 de vol sur Morane-Saulnier et Nieuport - Stage de perfectionnement à la division des vols de nuit de l'école d'aviation militaire d'Avord du 30 mars au 19 avril 1916 - Stage du tir aérien à l'école de Cazaux du 20 avril au 7 mai 1916 - Une seule sortie aérienne pendant ce stage - Stage à la division d'application de combat (DAC) à l'école d'aviation militaire de Pau du 8 au 26 mai 1916 - Il comprend des vols de protection d'avion de réglage, de tir à la mitrailleuse - Nommé Maréchal des Logis en mai 1916 - Pilote de l'escadrille N 95 du CRP (Camp retranché de Paris) (future escadrille 461) du 26 mai au 16 juin 1916 - Entrainement au tir des fusées Le Prieur - Pilote de l'escadrille N 62 du 16 juin 1916 au 23 mars 1917 - Perçu un Nieuport 23 m² à moteur Clerget de 110 HP - Une citation à l'ordre de l'armée, le 24 août 1917 - Une citation à l'ordre de l'armée, le 17 octobre 1916 - Médaille Militaire, le 31 novembre 1916 - Une citation à l'ordre de l'armée, le 31 décembre 1916 - Une citation à l'ordre de l'armée, le 15 février 1917 - Transfert par Fismes, Lyon-Bron, Marseille, Tarente - Dirigé vers l'armée d'Orient, le 27 mars 1917 au 22 février 1918 - Embarquement à bord du Duc d'Aumale, le 25 avril 1917 - Débarquement à Salonique, le 30 avril 1917 - Pilote de l'escadrille 506 du 18 mai 1917 au 30 décembre 1917 - Chevalier de la Légion d'Honneur, le 24 août 1917 - Pilote de l'escadrille 507 du 30 décembre 1917 au 25 juillet 1918 - Pilote de l'escadrille 531 du 25 juillet au 15 août 1918 - Affecté au 3ème groupe d'aviation de Bordeaux - STAé de Paris à compter du 16 décembre 1918 - Domicilé 22 rue de l'Amiral Mouchez dans le 14ème arrondissement de Paris (75) - Décédé à l'hôpital Saint-Antoine de Paris, le 7 juillet 1954 - Photo Gabriel Hébert transmise par son arrière petit-fils Xavier Hébert que je remercie pour son aide.
Photographie aérienne des épis d'artillerie lourde sur voie ferrée de Courcelles - Escadrille N 62 - 14 février 1917 - Cliquez sur l'image pour voir les épis - Photo famille Detraz que je remercie pour son aide.
Le 17 février 1917, toute l'escadrille est mobilisée pour déterminer la position exacte de la ligne Hindenburg entre Saint-Quentin et Laffaux et l'état des organisations défensives sur l'Ailette et le chemin des dames. Cette mission primordiale va mettre en œuvre des moyens considérables avec deux patrouilles de Sopwith 1 A2 accompagnée chacune de cinq Nieuport monoplaces en couverture. De plus, la surveillance du réseau de voies ferrées de la région de Laon fait l'objet d'une mission à trois Nieuport. Ces missions, et celles qui vont suivre, permettront à l'état-major français de déterminer avec précision l'emplacement des positions adverses. Pour la 1ère fois, le tracé exact des fortifications de campagne de la Ligne Hindenburg est relevé entre Saint quentin et le plateau de Craonne.
Voiture photo de l'escadrille N 62 - Elle est principalement destinée au tirage des pellicules sur le terrain - Photo Famille Blamoutier que je remercie pour son aide.
Prise de commandement du Cne François Coli : Le 20 février 1917, le Cne François Coli, qui est pilote à la 62 depuis novembre 1916, prend le commandement de l'escadrille. Pour l’histoire, c'est lui qui disparaîtra avec Charles Nungesser lors de la tentative de traversée de l'Atlantique de 1927. Ancien capitaine au long cours, il revient d’Argentine où il sert, pour s’engager dès le début de la guerre. Ayant conquis ses galons dans l’infanterie comme simple soldat, il arrive avec le grade de Capitaine à la N 62.
Cne François Coli, pilote de l'escadrille N 62, pose à coté de son Nieuport 17 n° 2040 pendant l'hiver 1916-1917 - Le capitaine était un ardant défenseur du coq batailleur qui semble avoir été peint sur son avion bien avant les autres avions de l'escadrille - Il y a fort à penser que le coq de combat sera systématiquement peint après la prise de commandement du Cne Coli, en date du 28 février 1917 - Photo famille Peytavin de Garam / Coli que je remercie pour son aide précieuse.
Autre vue du Nieuport 17 n° 2040 du Cne François Coli, à cette époque, commandant en second de l'escadrille N 62 - Cette photo date de l'hiver 1916-1917 - Photo famille Peytavin de Garam / Coli que je remercie pour son aide précieuse.
Cne François Coli pose à côté du SPAD VII codé "6" de l'escadrille N 62 pendant l'automne-hiver 1916-1917 - Il est vraisemblable que ce soit l'avion qui lui ait été affecté avant qu'il prenne le commandement de l'unité, le 20 février 1917 - L'insigne peint sur le fuselage est le second emblème adopté par l'unité, le coq dit de "Boutin", du nom du dessinateur de l'escadrille qui l'a dessiné - Remarquez le chiffre code "6" rappelé sur le dos de l'appareil - Photo collection Peytavin de Garam que je remercie pour son aide.
Un des quatre Nieuport 14 de l'escadrille N 62 - Cet avion porte le coq batailleur dit de Boutin, ce qui permet d'identifier un avion pendant l'hiver 1916-1917 - Cet exemplaire était certainement un des survivants de ce type de Nieuport au sein de la 62 et n'effectait plus que des missions de reconnaissance sur les lignes ou des missions d'entrainement au profit des navigants nouvellement mutés chez les "Coqs" - Photo Famille Thobie via Collection Colonel François Blech (+) que je remercie pour son aide.
Le 25 février 1917, l'avion du Caporal Frédéric Fournier / Ltt Charles Borzecki (obs) est attaqué par 3 biplaces ennemis. Le lieutenant abat un des assaillants qui tomba au sud de Pinon et oblige les deux autres à rompre le combat. C'est sa cinquième victoire. Il est cité à l'ordre de la VIème Armée le 19 mars 1917. Son pilote effectuait une de ses premières reconnaissances.
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Pilotes : Cne François Coli commandant l'escadrille, Ltt Pierre l'Huillier, Ltt Gérard Amanrich, Ltt Paul Tarascon, Ltt Jacques Favre de Thierrens, Ltt Eugène Lavidalie, Slt Robert de Francq, Slt John Huffer, Adj Victor Jung, Adj Abel Dupond, MdL Adolphe Clérisse, MdL Célestin Sanglier, Sgt Jean Luling, Sgt Frédéric Fournier, Sgt Charles Talenton, Mdl Gérard Peyter de Montcabrier, Sgt Gabriel Hebert.
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Observateurs : Ltt Charles Borzecki, Ltt Hubert Petry, Ltt Paul Dupont, Ltt Lemaignen, Slt Emile Thiry.
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Mitrailleurs : Sgt Alfred Petit, Soldat de 2ème classe Lhomme, Soldat de 2ème classe Marchand.
Officiers pilotes et observateurs de l'escadrille N 62 posent devant un Sopwith 1A2 de leur unité sur le terrain de Fismes en mars 1917 - De droite à gauche : Ltt Pierre l'Huillier (pilote) - Slt Robert de Francq (pilote) - Slt Paul Favre de Thierrens (pilote avec son écharpe) - Slt Paul Tarascon (pilote) - Cne François Coli (pilote et commandant de l'unité) - un officier de la Royal Navy britannique - Ltt Charles Borzecki (obs) - X - Derrière, debout sur une roue Ltt Paul Dupont (pilote) - Cliquez sur l'image pour l'agrandir - Photo famille Detraz que je remercie pour son aide.
Une visite féminine en escadrille donnait lieu à de grands moments pour ces hommes loin de leur famille et de leur épouse ou petite amie - De gauche à droite : Slt Hubert Pétry (obs) - Ltt X - Ltt Charles Borzecki (obs) - identifié comme Lecocq mais ce n'est pas possible car cet officier a été tué avec le grade de Lieutenant, et sur la photo il s'agit d'un capitaine -- Cne François Coli (cdmt SPA 62) - M. Fujeon (civil) - Mlle Yvonne Tack (civile) - Slt Emile Thiry (obs) - M. Custet (civil) - Ltt Paul Tarascon (pilote) - Photo de 1917 - Cliquez sur l'image pour l'agrandir - Photo transmise par Evelyne que je remercie pour son aide.
Une photo souvenir de Mlle Yvonne Tack en tenue de vol - Six pilotes et observateurs présents ce jour ont signés cette photo - L'avion est un SPAD VII - Photo transmise par Evelyne que je remercie pour son aide.
Installation pour appareil photo de 0,50 m de foyer développée par le Ltt Charles Borzecki pour le Sopwith 1A2 en 1916 - Il a conçu un système identique pour le Nieuport 12 - Dessin extrait d'un bulletin de section technique de l'aéronautique militaire.
Le 11 mars 1917, le Cne François Coli réalise une mission délicate et périlleuse en basse altitude dans des conditions météorologiques très dégradées. Les jours précédents, il avait accompli de la même manière plusieurs autres sorties de reconnaissance. Sur tous les terrains de la VIème Armée, des abris de bombardement pour le personnel sont créés ou remis en état. De plus, on crée un abri couvert éloigné des hangars pour stocker les artifices et les combustibles. La défense des terrains est assurée par des mitrailleuses Colt, FM Hotchkiss, Lewis ou Vickers.
Nieuport 17 n° N 1662 "Zigomar 4" du Slt Paul Tarascon - Son avion porte la dernière version du coq de la pièce de 20 fr or en rouge - La fuselage est orné d'une bande rouge verticale - Bientôt, avec l'apparition des Spad VII et XI, cette bande laissera la place à une large bande tricolore - Photo SHD de Vincennes.
Départ en mission du Slt Paul Tarascon à bord du Nieuport 17 n° N 1662 "Zigomar 4". Cet avion était codé "2" - Photo SHD section Air de Vincennes.
Les 16 et 17 mars 1917, l'escadrille envoie plusieurs missions de reconnaissance pour repérer les mouvements adverses sur les routes et voies ferrées dans la région Laon, Crécy-sur-Serre, La Fère, Coucy, Chauny. C'est d'ailleurs le 17, que le Sgt John Huffer remporte sa 3ème victoire en coopération avec un équipage de l'escadrille C 47. Le triplace allemand tombe près de Cernay, à l'Est de Reims. Le 24 mars 1917, le Sopwith 1 A2 de l'équipage Ltt Paul Dupont et Slt Emile Thiry (obs) est surpris par le mauvais temps en pleine mission de reconnaissance photo. Dans les bourrasques de neige, ils auront toutes les peines du monde à retrouver le terrain et tournent deux heures dans le froid glacial. Ils souffrent tous deux de gelures au visage et aux mains. Le Cne François Coli, dans le cadre d'une étude au sein de la VIème Armée sur les formations et procédés de combat aériens daté du 25 mars 1917, propose l'installation sur chaque avion d'un appareil sémaphorique à deux bras horizontaux manœuvrés par des commandes métalliques actionnées par le pilote. Cet appareil serait placé sur la partie supérieure du fuselage. Il permettrait ainsi de communiquer entre les avions d'une même formation. Ce système ne sera pas adopté.
Photo aérienne de la ville de Fismes prise par un équipage de l'escadrille N 62, le 24 mars 1917 - Cliquez sur l'image pour l'agrandir - Photo collection Jean-Luc Borderelle.
Mort du MdL Clérisse : Le 6 avril 1917, le Slt Paul Tarascon abat un Albatros près de Marchelepot (Sud-Ouest de Péronne) et le MdL Adolphe Clérisse est tué au combat pendant une mission à bord d'un Sopwith 1A2. Le 9 avril 1917, le Slt Paul Tarascon livre combat à un LVG et l'abat à l'Est de Trucy (au Sud de Laon). Un détachement d'escadrille : Le 10 avril 1917, un détachement d'escadrille est formé et placé sous le commandement du Ltt Amanrich. Il est doté de quatre avions Sopwith 1 A2 avec TSF et renforcée de quatre observateurs issus de la cavalerie. Ce groupe est plus particulièrement chargé de recueillir les renseignements nécessaires à la Vème division de cavalerie pour déboucher sur le front adverse. Les avions d'escorte sont fournis par la 62. Le 11 avril 1917, malgré des rafales de vent à 100 km/h, le Ltt Lemaignen (obs) part en reconnaissance à basse altitude au-dessus d'une position ennemie. Son avion, touché par l'infanterie ennemie, s'écrase entre les lignes pendant un violent tir d'artillerie. Il réussit néanmoins à regagner les lignes françaises avec ses renseignements et en sauvant son armement. Il sera cité à l'ordre de l'Armée, le 20 avril 1917. Le 16 avril 1917, début de la 2ème bataille de l'Aisne : la VIème Armée donne l'assaut sur un terrain détrempé et sous les giboulées. L'attaque est arrêtée le 6 mai en raison des trop grandes pertes et une avance insuffisante de 4 à 7 km. Les Allemands résistent et passent même à la contre-attaque sur le flanc Sud du Chemin des Dames. La N 62, avec les escadrilles du secteur, multiplie les missions d'appui et de recueil de renseignements permettant ainsi à l'artillerie de bloquer la résistance ennemie. Sur ce front, dix escadrilles allemandes travaillent et le nombre de Drachen a été multiplié par trois. Dix de ces engins ont été repérés de façon certaine. Le 21 avril 1917, le Ltt Gérard Amanrich voyant la mission qu'il a la charge de protéger, menacée par trois chasseurs ennemis, les attaque et les repousse, permettant ainsi la réussite de la mission photo. Ce pilote a déjà livré plusieurs combats depuis qu'il est au sein de la 62 et a exécuté en mars et avril une série de reconnaissances importantes. Au cours de cette bataille, l'aviation n'a pu remplir convenablement ses principales missions car l'adversaire, possédant la maîtrise de l'air, a entravé la tâche journalière des avions de corps d'armées qui ont fait des réglages incomplets et établi des liaisons insuffisantes. L'infériorité de l'aviation de chasse n'a pas permis d'interdire à l'adversaire la surveillance du dispositif français et la destruction de ses Drachen. Ce manque s'est surtout fait sentir lors de l'attaque des 3ème et 4ème lignes adverses souvent à la limite de portée des canons. Le 6 mai 1917, la 62 est chargée d'envoyer une reconnaissance en monoplace sur Laon pour repérer les mouvements de trains et les déplacements de troupes en gares. Les routes reliant Laon - Eppes - l'Aillette sont également survolées.
Exemple du travail des interprétateurs photo de la 62 - Sur cette zone du bois de la casemate, le dessinateur a souligné le réseau des tranchées allemands à l'encre de chine pour le rendre plus visible - Il a également dessiné les zones de barbelés et les abris enterrés observés - Photo famille Schlickin que je remercie pour son aide.
La N 62 s'installe sur le terrain de la Ferme de Saint-Amant : Le 8 mai 1917, le N 62 s'installe sur un terrain jouxtant la ferme de Saint-Amant prés de Saconin-et-Breuil (Ouest de Soissons). L'enjeu des combats est maintenant la prise des observatoires du Chemin des Dames.
Vue aérienne du village de Saconin-et-Breuil et de la ferme de Saint-Amant - Photo Google Map.
Une des creutes des environs du terrain de la ferme Saint-Amant sur le territoire de la commune de Saconin-et-Breuil où étaient logés les sous-officiers et hommes de troupe de l'escadrille SPA 62 pendant l'été 1917.
Les photographes de l'escadrille N 62 sur le terrain de la ferme Saint Amant à Saconin-Breuil, le 8 mai 1917 - Cliquez sur l'image pour l'agrandir - Photo collection Borderelle que je remercie pour son aide.
Les VIème et Xème Armées deviennent solidaires. Elles visent par une action simultanée à conquérir les hauteurs au nord de l'Aisne. En main secteur, la ligne Hinderburg, dont le tracé épouse les contours des éperons Sud du Chemin des Dames, a été entamé. Suite aux reconnaissances aériennes, on démontre vite que les installations allemandes sont toujours complètes et très rapidement installées même si c’est une zone nouvellement conquise. Ce n'est pas le cas des troupes françaises où les aviateurs observent des tranchées non continues, des profondeurs insuffisantes et des réseaux barbelés inexistants. Les Allemands mettent très peu de temps à organiser les nouvelles positions qu'ils occupent, les travaux sont incessants et coordonnés. Les Français, quant à eux, n'améliorent guère l'aménagement du terrain qu'ils occupent. C'est toujours la priorité à l'offensive qui est donnée.
Vue aérienne du terrain de Saconin-et-Breuil pendant l'été 1917 - Photo Famille Detraz que je remercie pour son aide.
Le 10 mai 1917, la reconnaissance de la 62 a repéré une animation inaccoutumée à l'arrière du front allemand de la zone Veslud - Bruyeres - Etouvelles. Le lendemain, sa mission est de repérer l'activité ennemie sur le plateau de Bove, la voie ferrée de Festieux à Arrancy et la ligne Etouvelles - Bruyeres - Veslud. La mission nécessite l'emploi d'un appareil de 1,20 m de foyer pour obtenir des détails fins. Le 26 mai 1917 et les jours suivants, la 62 réalise plusieurs missions photos pour identifier toutes les installations ennemies du secteur Clary - Thierry - Fillain. Le 28 mai, le Slt Paul Tarascon (Nie 23 bis n° 3588) abat un LVG au-dessus de Pinon, au Sud d'Anizy le Chateau. Le 5 juin 1917, les observateurs dénotent tous des préparatifs pour une offensive allemande sur le Mont des Singes - Moulin de Lauffaux. La N 62 renforce le GC 13 sur place avec des missions d'attaque d'avions, de Drachen et neutralise autant qu'il est possible l'aviation de réglage d'artillerie. Les 17 et 18 juin 1917, plusieurs missions photo sont lancées sur le front, dont l'une en monoplace sur l'itinéraire Chailvet - Etoupelles - Vorges - Cheret. La surveillance porte surtout sur les mouvements de colonnes de troupes. Les 23 et 24 juin 1917, 128 et 150 avions ennemis sont signalés sur le secteur de la VIème Armée. Ces chiffres n'avaient jamais été atteints. Pour ces deux journées, le groupe de chasse de l'armée, renforcé par l'escadrille d'armée N 62 et le groupe de chasse n° 13, ont été employés intégralement. Grave accident pour le Cne François Coli :
Le Spad VII n° S 1389 (codé "9"), piloté par le Cne François Coli et en panne moteur, a terminé sa course d'atterrissage contre des tentes aux abords du terrain de Saconin-Breuil, le 21 juin 1917. Blessé d'une légère commotion cérébrale, il reprendra son commandement - Photo famille Peytavin de Garam / Coli que je remercie pour son aide précieuse.
Le 21 juin 1917, le Cne François Coli est victime d'un accident qui aurait pu se terminer de manière dramatique. Son Spad VII (n° 1389), en panne moteur, termine sa course contre des tentes. L'avion est complètement détruit et le pilote blessé avec une légère commotion cérébrale consécutive à une blessure à la face. Le 29 juin 1917, sur renseignements donnés par des prisonniers, l'escadrille est chargée de repérer, à vue et par photographies, d'importants travaux souterrains sur Cerny et la sortie sud du tunnel du Canal. En juillet 1917, la VIème Armée occupe le secteur allant de Braye-en-Laonnois et Quincy-Basse. L'aviation sur son secteur est renforcée et portée à huit escadrilles. L'aéronautique d'Armée comprend en plus de la N 62, une escadrille d'artillerie lourde. Le 6 juillet 1917, après un bref combat tournoyant, le Sgt Blanc abat un chasseur adverse dans la région du Réservoir (région de Laon). Cet avion ne sera pas homologué par manque de témoin. Le 7 juillet 1917, la mission photo est de rendre compte des résultats des tirs de contre- batteries réalisés à l'Est d'Urcel. De plus, un monoplace avec appareil photo automatique survole la zone Laon - la vallée de la Serre pour déceler les constructions de campagne en cours d'élaboration. Le 10 juillet 1917, trois reconnaissances réalisées pour le compte de la VIéme Armée permettent de vérifier à la fois l'activité des gares de Capignolle - Clacy et Thierrey - Laon et des mouvements de troupes aux alentours de Suzy - Chavignon - Urcel - Laon - Crépy. Les deux premières sont réalisées par les équipages de Sopwith 1 A2 à une altitude de 600 mètres et la dernière, la plus dangereuse, avec un Spad VII photo piloté par le Ltt Lecocq qui remonte jusqu'au nord de Laon. Du 8 au 14 juillet 1917, la N 62, aidée des N 88 et N 95 vient renforcer le GC 13 en place. Deux tiers de ses effectifs de monoplaces est engagé. Elle se voit plus particulièrement confier le barrage bas à 4000 mètres et les autres escadrilles se voyant confier le secteur haut à 6000 mètres.
Le Slt Paul Tarascon a remporté ses 12 victoires homologuées à la 62. Le dernier Nieuport baptisé de la série de "Zigomar" a été le Nieuport 24 bis n° N 3588 "Zigomar 5" codé "2" - Après cet avion, ce grand pilote a adopté un Spad VII à contre-coeur. Ayant fait des essais à bord d'un Nieuport 28, il restait persuadé que les Nieuport étaient beaucoup plus maniables et que seul la valeur du pilote faisait la différence en combat aérien. Il ne fera pas les mêmes étincelles au combat aux commandes de son Spad VII - Photo SHD de Vincennes.
Le 12 juillet 1917, le Slt Tarascon est pris à partie par trois chasseurs allemands au-dessus de la région de Vaucresson. Un des assaillants est touché et probablement abattu. Cette victoire ne sera pas homologuée. Le 16 juillet 1917, en panne moteur, le Spad VII (n° 1046) piloté par le Ltt Serge André s'écrase. Le pilote s'en tire avec des contusions multiples. A partir du 18 juillet, l'escadrille est engagée dans l'attaque d'un groupement d'artillerie ennemi situé entre Chavignon, Monampteuil et Urcel. Il est nécessaire que les avions de réglage d'artillerie s'avancent assez loin dans les lignes allemandes. Le dispositif suivant est donc défini : l'avion de réglage volera à une altitude constante de 3000 mètres sur zone et sera escorté par trois Nieuport de la N 62. De plus, trois patrouilles de protection de la même unité couvriront les abords 500 mètres devant. Ce dispositif complémentaire croisera à 4000 mètres pour être en position favorable en cas d'attaque ennemie.
Le 22 juillet, l'Adj Etienne Mougeot et la Caporal Alfred Quette abattent un avion adverse après un très rude combat tournoyant. L'avion adverse tombe entre Lierval et Laval-en-Laonnois. Malheureusement le même jour, le Sopwith 1 A2 n° 4029 de la 62 s'écrase au décollage, victime d'une vrille consécutive à une perte de vitesse. Le pilote, le MdL Gérard de Peytes de Montcabrier, qui était arrivé à l'unité, le 14 juillet, est tué et l'observateur, le Slt André Mamy, blessé au visage. Le 26 juillet, au cours d'un combat où il a probablement abattu son adversaire, l'Adj Etienne Mougeot est blessé grièvement en combat aérien de deux balles au bras et au ventre. Le lendemain, les biplaces de l'escadrille sont envoyés pour empêcher les avions allemands de réglage d'artillerie de passer au-dessus des lignes françaises. Le 30 juillet, la N 62 réalise une mission de reconnaissance de première importance sur la région des batteries du secteur Chavignon - Urcel - Laval en Laonnois - Bruyeres - Montberault - Lierval - Trucy. Les photos ont été livrées moins de trois heures après le posé de l'avion photo. Le lendemain, une mission similaire est réalisée au Sud et à l'Est de Bruyères et de Montbérault.
Sopwith 1A2 n° SOP 4029 de l'équipage composé du MdL Gérard de Peytes de Montcabrier (pilote) et du Slt André Mamy (observateur) de l'escadrille N 62 tombé en perte de vitesse sur le terrain de Saconin-et-Breuil (Aisne), le 22 juillet 1917 - Le pilote a été tué et l'observateur blessé au visage - Photo famille Detraz que je remercie pour son aide.
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