Menu
Cliquez sur la bande titre pour revenir sur le menu

Si vous avez des documents écrits ou photographiques pouvant corriger ou compléter les données de cette page, veuillez contacter l'auteur du site.

Les photos de cette colonne sont classées chronologiquement

Stage observateur au sein de l'escadrille MF 55, pour le Ltt Jules Brunswick et le Slt Marcel Plateau avant de rejoindre la SAL V 210, le 28 février 1916 - Cette unité est alors stationnée à Vinets. L'avion est le MF 11 n° 900 à moteur 80 ch - Photo Jules Brunswick transmise par son petit-fils Jean-Michel Roche
que je remercie pour son aide. Photo d'origine Stéréo 4,3 x 4,3.

Terrain de Vinets occupé par l'escadrille MF 55 du 21 novembre 1915 au 8 mars 1916 - Ltt Jules Brunswick et le Slt Marcel Plateau rejoignent la SAL V 210, le 28 février 1916, après un stage à l'escadrille MF 55, alors au repos à Vinets, où ils reçurent l'instruction d'observateurs - Photo Jules Brunswick transmise par son petit-fils Jean-Michel Roche que je remercie pour son aide - Photo d'origine Stéréo 4,5 x 4,5.

Stage observateur au sein de l'escadrille MF 55, pour le Ltt Jules Brunswick et le Slt Marcel Plateau avant de rejoindre la SAL V 210, le 28 février 1916 - Cette unité est alors stationnée à Vinets - L'avion est le MF 11 bis - Photo Jules Brunswick transmise par son petit-fils Jean-Michel Roche que je remercie pour son aide - Photo d'origine Stéréo 4,3 x 4,3.

Ltt Jules Brunswick, observateur d'artillerie issu du 107ème RA - Cet officier prendra le commandement de la 210 du 23 juillet au 3 septembre 1918 - Autochrome d'époque non retouché - Photo Jules Brunswick transmise par son petit fils Jean-Michel Roche que je remercie pour son aide.

Terrain de Rosnay en mars 1916 - Photo Jules Brunswick transmise par son petit-fils Jean-Michel Roche que je remercie pour son aide - Photo d'origine Stéréo 4,3 x 4,3.

Vue aérienne du terrain de Rosnay en mars 1916 - Photo Jules Brunswick transmise par son petit-fils Jean-Michel Roche que je remercie pour son aide - Photo d'origine Stéréo 4,5 x 4,5.

Positionnement du terrain de Rosnay de 1916 sur une carte Google Earth de 2008 - Cliquez sur l'image pour l'agrandir - Origine des documents photo 1916 de Jules Brunswick et de 2008 Google Earth.

Vue aérienne du village de Rosnay prise par le Ltt Marcel Plateau en avril 1916 - L'avion a fait un quart de cercle à gauche pour prendre la photo inférieure - Photo Jules Brunswick transmise par son petit-fils Jean-Michel Roche que je remercie pour son aide - Photo d'origine Stéréo 4,5 x 4,5.

Vue aérienne du village de Rosnay prise par le Ltt Marcel Plateau en avril 1916 - Cette photo est la suite de la photo supérieure - L'avion venant d'effectuer un quart de cercle - Photo Jules Brunswick transmise par son petit-fils Jean-Michel Roche que je remercie pour son aide - Photo d'origine Stéréo 4,5 x 4,5.

Positionnement du village de 1916 sur une carte Google Earth de 2008 - Cliquez sur l'image pour l'agrandir - Origine des documents photo 1916 de Jules Brunswick et de 2008 Google Earth.

Village de Rosnay (51) - La section 210 a stationné sur le terrain proche du village du 1er janvier au 8 septembre 1916 - Photo Jules Brunswick transmise par son petit-fils Jean-Michel Roche que je remercie pour son aide - Photo d'origine Stéréo 5,4 x 8. Cliquez sur l'image Cliquez sur l'image

Détachement de 2 avions à Villemontoire du 8 au 18 mars 1916 - Verticale du village de Villemontoire - Altitude 400 m - Photo Jules Brunswick transmise par son petit-fils Jean-Michel Roche que je remercie pour son aide.Photo d'origine Stéréo 7 x 8.

Détachement de 2 avions à Villemontoire du 8 au 18 mars 1916 - Verticale du terrain Villemontoire - Altitude 400 m - Photo Jules Brunswick transmise par son petit-fils Jean-Michel Roche que je remercie pour son aide - Photo d'origine Stéréo 7 x 8.

Positionnement du village de 1916 sur une carte Google Earth de 2008 - Cliquez sur l'image pour l'agrandir - Origine des documents photos 1916 de Jules Brunswick et de 2008 Google Earth.

Un des deux projecteur de guidage avion et de DCA du terrain de Rosnay - Il n'appartenait pas au terrain mais au Génie du Corps d'Armée qui le mettait à disposition des unités qui en faisait la demande - Il servait surtout à indiquer le terrain aux avions qui rentraient de mission de nuit et qui se guidaient uniquement à la boussole - La lunette supérieure servait à pointer le projecteur sur une cible (un avion) - Photo Jules Brunswick transmise par son petit-fils Jean-Michel Roche que je remercie pour son aide - Photo d'origine Stéréo 4,3 x 4,3.

Projecteur de balisage du terrain de Rosnay - Photo Jules Brunswick transmise par son petit-fils Jean-Michel Roche que je remercie pour son aide - Photo d'origine Stéréo 4,3 x 4,3.

Ltt Jules Brunswick posant un des Voisin LA de la section V 210 - Cet avion présente la particularité d'avoir été modifié par l'adjonction d'une éolienne permettant d'alimenter une installation TSF - Photo Jules Brunswick transmise par son petit-fils Jean-Michel Roche que je remercie pour son aide - Photo d'origine Stéréo 4,3 x 4,3.

Cne André Couder, chef de la section photographique de la 5ème armée - Photo Jules Brunswick transmise par son petit-fils Jean-Michel Roche que je remercie pour son aide.

Voisin LA n° 1273 de la section d'artillerie lourde 210 sur le terrain de Rosnay en 1916 - A l'arrière plan, les autres avions de la section - Photo Jules Brunswick transmise par son petit-fils Jean-Michel Roche que je remercie pour son aide. Photo d'origine Stéréo 4,3 x 4,3.

Le Slt Marcel Plateau pose devant un Voisin LA de la section d'artillerie lourde V 210 - Terrain de Rosnay - Photo du début de l'année 1916 - Photo Jules Brunswick transmise par son petit-fils Jean-Michel Roche que je remercie pour son aide. Photo d'origine Stéréo 4,3 x 4,3.

Préparatifs avant le départ d'un Voisin LA de la section V 210 - De gauche à droite : Asp Roger Buvry (obs) - Ltt Louis Thébault (pilote et chef de la 210) - Ltt Jules Brunswick (obs) - Photo Collection Louis Thébault.

Un autre Voisin LA de la section d'artillerie lourde V 210 sur le terrain de Rosnay - La section a été stationnée sur ce terrain, du 1er janvier au 8 septembre 1916 - Photo Jules Brunswick transmise par son petit-fils Jean-Michel Roche que je remercie pour son aide - Photo d'origine Stéréo 4,3 x 4,3.

Voisin LA de la section d'artillerie lourde V 210 sur le terrain de Rosnay - Photo Jules Brunswick transmise par son petit-fils Jean-Michel Roche que je remercie pour son aide - Photo d'origine Stéréo 4,3 x 4,3.

Voisin LA n° 1460 du Ltt André Girier appartenant à la Section d'artillerie lourde V 210 - Cet officier a été muté à la 210 à partir du 8 mars 1916 - Avant son passage dans l'aviation, il avait été blessé à Hartmannwillerskopf alors qu'il était affecté au 13ème bataillon de chasseurs à pied - Son avion porte l'insigne de la section (escargot bleu) et du cor de chasse pour rappeler son appartenance au 13ème BCP - L'autre avion porte un escargot rouge et un rond rouge - Ces insignes personnels sont détaillés dans la partie insignes - Détails sur l'autochrome : Le ciel de cet exemplaire a été retouché car il avait passablement jauni, les autres couleurs sont d'époque - Photo Jules Brunswick transmise par son petit fils Jean-Michel Roche que je remercie pour son aide.

Voisin LA de la Section d'artillerie lourde V 210 - Version de l'emblème de couleur bleue - Le ciel de cet exemplaire a été éclairci - Photo Jules Brunswick transmise par son petit fils Jean-Michel Roche que je remercie pour son aide.

Voisin LA à moteur Canton-Unné de 150 ch - Avril 1916 - De gauche à droite : Fernandez - photographe photographié - Slt Lucien Girier - Asp Roger Buvry - W - Sgt Jean Denechaud - Photo Jules Brunswick transmise par son petit-fils Jean-Michel Roche que je remercie pour son aide - Photo d'origine Stéréo 4,5 x 4,5.

Vue rapprochée d'un moteur Salmson Canton-Unné de 150 ch d'un Voisin LA équipant la section d'aviation d'artillerie lourde V 210 - Photo Jules Brunswick transmise par son petit-fils Jean-Michel Roche que je remercie pour son aide - Photo d'origine stéréo 5 x 5.

Moteur Salmson Canton-Unné de 150 ch équipant un des Voisin LA de la section d'aviation d'artillerie lourde V 210 - Photo Jules Brunswick transmise par son petit-fils Jean-Michel Roche que je remercie pour son aide - Photo d'origine Stéréo 5 x 5.

Armement de bord d'un Voisin LA de la section d'artillerie lourde V 210 - La section effectue une série de bombardements nocturnes les 2 et 21 juillet 1916 - Au-dessus de l'habitacle, en position sur un trépied, une mitrailleuse Hotchkiss de 8 mm équipée d'un chargeur cirulaire - Le chargement offensif consiste en 4 obus de 155 mm qui sont encore dépourvus de leurs fusées d'ogive - Ils seront armés juste avant d'être jetés par dessus bord - Terrain de Rosnay en juillet 1916 - Photo Jules Brunswick transmise par son petit-fils Jean-Michel Roche que je remercie pour son aide - Photo Stéréo 7 x 8.

Le même Voisin LA de la section d'artillerie lourde V 210 - Terrain de Rosnay en juillet 1916 - Photo Jules Brunswick transmise par son petit-fils Jean-Michel Roche que je remercie pour son aide - Photo d'origine Stéréo 7 x 8.

Voisin LA de la section d'artillerie lourde V 210 photographié depuis un MF 11 - Photo Collection Louis Thébault

Le soldat Louis Laniepce, photographe de l'escadrille F 210, enfile un pull avant de mettre sa combinaison de vol - Il a été affecté à la F 210 du 18 juin 1916 au 24 mars 1917 - La dame présente est probablement l'épouse de l'officier immédiatement à sa gauche - Si un lecteur de cette page peut identifier ces personnages, qu'il veuille bien prendre contact avec l'auteur du site - Cliquez sur l'image pour l'agrandir - Photo Louis Laniepce transmise par Richard Laniepce, son arrière-petit-fils, que je remercie pour son aide.

Le soldat Louis Laniepce (2ème en partant de la droite), photographe de l'escadrille F 210 du 18 juin 1916 au 24 mars 1917, est maintenant prêt pour effectuer sa mission - Ses camarades posent devant un Farman F 40 de leur unité décoré d'une femme entièrement nue en train de courir - Si un lecteur de cette page peut identifier ces hommes, qu'il veuille bien prendre contact avec l'auteur du site - Cliquez sur l'image pour l'agrandir - Photo Louis Laniepce transmise par Richard Laniepce, son arrière-petit-fils, que je remercie pour son aide.

Cliquez sur l'image pour l'agrandir

Le soldat Louis Laniepce, photographe de l'unité du 18 juin 1916 au 24 mars 1917, est maintenant à son poste, à bord d'un des Farman F 40 - Il va effectuer la mission de reconnaissance photographique à l'aide d'un appareil de prise de vues de 0,50 m de focale qu'il présente - Le pilote et les deux mécaniciens restent à identifier - Si un lecteur de cette page peut identifier un de ces hommes, qu'il veuille bien prendre contact avec l'auteur du site - Cliquez sur l'image pour l'agrandir - Photo Louis Laniepce transmise par Richard Laniepce, son arrière-petit-fils, que je remercie pour son aide.

Cliquez sur l'image

Farman F 41 ou F 42 piloté par le Sgt Jean-Baptiste Berger tombé dans un fossé au cours d'un vol de nuit sur le terrain de Rosnay, le 12 juillet 1916 - L'avion venait être livré à l'unité qui n' en a pas profité longtemps - Photo Collection Louis Thébault.

Cliquez sur l'image pour l'agrandir

Accident d'un Farman F 42 sur le terrain de Rosnay - Photo Jules Brunswick transmise par son petit-fils Jean-Michel Roche que je remercie pour son aide - Photo d'origine Stéréo 4,3 x 4,3.

Accident d'atterrissage d'un Farman F 42 sur le terrain de Rosnay - Photo Jules Brunswick transmise par son petit-fils Jean-Michel Roche que je remercie pour son aide - Photo d'origine Stéréo 4,3 x 4,3.

Caudron R IV de l'escadrille R 210 - Un gros avion, défendu par deux tourelles armées d'une mitrailleuse Lewis, qui constituait une cible de choix pour la chasse allemande - Photo Jules Brunswick transmise par son petit-fils Jean-Michel Roche que je remercie pour son aide - Photo d'origine Stéréo 5,4 x 8.

Caudron R IV semblable à ceux qu'équipaient l'escadrille R 210 en août 1916 - Photo famille de Guibert transmise par M. Patrick Chevillotte que je remercie pour leur aide.

Caudron R IV de l'escadrille R 210 - Photo Jules Brunswick transmise par son petit-fils Jean-Michel Roche que je remercie pour son aide - Photo d'origine plaque verre 13 x 18.

Gros plan sur le nez d'un Caudron R IV de l'escadrille R 210 - Photo Jules Brunswick transmise par son petit-fils Jean-Michel Roche.

Pilote et mitrailleur arrière d'un Caudron R IV de l'escadrille R 210 photographié par l'observateur Jules Brunswick, en position avant - Photo Jules Brunswick transmise par son petit-fils Jean-Michel Roche que je remercie pour son aide - Photo d'origine Stéréo 5,4 x 8.

Quand la N 12 est envoyée dans la région de Verdun, le 12 avril 1916, elle laisse à Rosnay un Spad A 1 biplace à moteur de 110 ch - Il avait été amené sur place par l'Adj Georges Pelletier d'Oisy - Cet appareil, très mal équilibré, ne convenait à aucun pilote - Le Ltt Louis Thébault l'obtient sans peine du commandant de l'aéronautique - Après un vol qui se termine par un capotage, l'avion sera de nouveau abandonné - Type de la photo d'origine Stéréo 5,4 x 8 - Photo Jules Brunswick transmise par son petit-fils Jean-Michel Roche que je remercie pour son aide.

Pilote d'un Farman F 41 ou F 42 de l'escadrille F 210 photographié en vol par le Ltt Jules Brunswick, observateur de cette unité - Photo Jules Brunswick transmise par son petit-fils Jean-Michel Roche que je remercie pour son aide - Photo d'origine Stéréo 4,3 x 4,3.

Accident d'atterrissage du Farman F 42 n° 2239 du Sgt André Menant (pilote) et du Slt André Cazier (obs), le 8 août 1916 sur le terrain de Rosnay - Le Slt Cazier, commotionné, a été évacué sur l'hôpital de Sapicourt pour quelques jours - Le Sgt Menant est indemne - Quand on voit l'état de l'avion, on se dit vraiment qu'ils ont eu de la chance - Photo Jules Brunswick transmise par son petit-fils Jean-Michel Roche que je remercie pour son aide - Photo d'origine Stéréo 7 x 8.

Autre vue de l'accident d'atterrissage du Farman F 42 n° 2239 du Sgt André Menant (pilote) et du Slt André Cazier (obs), le 8 août 1916 sur le terrain de Rosnay - Photo Jules Brunswick transmise par son petit-fils Jean-Michel Roche que je remercie pour son aide - Photo d'origine Stéréo 7 x 8.

Le personnel navigant de la 210 en visite à André Cazier hospitalisé à Sapicourt - De gauche à droite : Slt Georges Moro - Sgt Jules Romanet - Caporal Jean-Baptiste Berger - Sgt Aimé Guérin - Slt Jules Plateau - Sgt André Menant - Slt André Girier - Slt Roger Buvry - Photo Collection Louis Thébault.

Terrain de Rosnay en août 1916 - Photo Jules Brunswick transmise par son petit-fils Jean-Michel Roche que je remercie pour son aide - Photo d'origine Stéréo 4,5 x 4,5.

Cinq navigants de la section d'artillerie lourde V 210 à Rosnay - L'escadrille 210 a stationné sur ce terrain du 1er janvier au 8 septembre 1916 - De gauche à droite : Asp Roger Buvry (obs) - Slt Emile Jansen (obs) - Caporal Jean Denéchaud (pilote) - Slt Jules Plateau (obs) - Ltt Louis Thébault (pilote) - Photo Collection Louis Thébault.

Slt André Cazier - Observateur - Tué au combat près de Reims, le 6 avril 1917 - Photo Jules Brunswick transmise par son petit-fils Jean-Michel Roche que je remercie pour son aide.

Crash F 41 ou F 42 de la 210 à identifier en avril 1916 - Photo Jules Brunswick transmise par son petit-fils Jean-Michel Roche que je remercie pour son aide - Photo d'origine Stéréo 4,3 x 4,3

Alignement de Caudron G 4 de l'Escadrille C 30 - Pendant son séjour à Rosnay, du 1er janvier au 8 septembre 1916, la section d'artillerie lourde F 210 a partagé le terrain avec les escadrilles MF 24 puis F 24 - C 30 - MF 55 puis F 55 - C 39 - Photo Jules Brunswick transmise par son petit-fils Jean-Michel Roche que je remercie pour son aide - Photo d'origine Stéréo 4,3 x 4,3.

Personnels navigants de l'escadrille C 30 posant devant un des Caudron G 4 - Pendant son séjour à Rosnay, du 1er janvier au 8 septembre 1916, la section d'artillerie lourde F 210 a longtemps partagé le terrain avec C 30 - Voir les deux mitrailleuses et l'éolienne fixée sur la face avant de l'aile supérieure - L'éolienne sert à alimenter l'installation TSF présente à bord de l'avion - Remarquez les lions peints sur les faces avant des capots moteur - Détails sur l'autochrome : Le ciel de cet exemplaire a été retouché car il avait passablement jauni, les autres couleurs sont d'époque - Photo Jules Brunswick transmise par son petit fils Jean-Michel Roche que je remercie pour son aide.

Les officiers pilotes et observateurs de la 210 prennent contact avec leurs homologues de l'ALGP - De gauche à droite : un Slt Artilleur du 161ème RA - Cne Louis Thébault - LV Robert de la Tullaye - Ltt André Girier prend la photo - Photo Jules Brunswick transmise par son petit-fils Jean-Michel Roche que je remercie pour son aide.

Farman F 42 photographié sur le terrain de Souilly ou celui de Lemmes-Vadelaincourt pendant le stage de photographie réalisé par Jules Brunswick en octobre 1916 - Cet avion n'appartient pas à la F 210 - Photo Jules Brunswick transmise par son petit-fils Jean-Michel Roche que je remercie pour son aide - Photo d'origine Stéréo 4,3 x 4,3.

Ltt Jules Brunswick, observateur de la section d'artillerie lourde V 210 posant devant un Farman F 40 QC (fuselage de F 40 avec empennage MF 11) pendant un stage photo en mars 1916 - Ce stage se déroulait à Souilly mais en raison de la proximité immédiate des terrains suivants : Souilly - Vadelaincourt - Lemmes - Cette photo a très bien pu être prise sur l'un des trois endroits nommés - Cet appareil n'appartient pas à la 210 qui n'utilisait pas de lettre code - Photo Jules Brunswick transmise par son petit-fils Jean-Michel Roche que je remercie pour son aide - Photo d'origine Stéréo 4,3 x 4,3.

Slt Gaston Eugène Trochery - Né le 8 décembre 1895 à Alençon (Orne) - Fils d'Eugène Trochery et de Mathilde Louvel - Domiciliés 140, rue de Reuner à Paris 6ème arrondissement (75) - Classe 1915 - Recrutement du 1er bureau de la Seine sous le n° matricule ?? - Mobilisé au 116ème régiment d'infanterie, le 20 décembre 1914 - Affecté au 51ème régiment d'infanterie - Nommé Aspirant, le 15 avril 1915 - Passé à l'aéronautique militaire comme élève pilote, le 10 juillet 1916 - Brevet de pilote militaire n° 5929 obtenu à l'école d'aviation militaire de Tours, le 13 mars 1917 - Stage de perfectionnement à l'école d'aviation militaire de Châteauroux jusqu'au 26 mars 1917 - GDE du 26 mars au 20 avril 1917 - Pilote de l'escadrille R 210 / BR 210 du 20 avril 1917 au 7 janvier 1919 - Détaché à l'escadrille SOP 207 du 12 au 17 février 1918 - Détaché à Coincy du 29 mars au 1er avril 1918 - Nommé Sous-lieutenant à titre temporaire, le 31 mai 1918 - Pilote de l'escadrille BR 229 du 7 janvier 1919 au 22 mars 1919 - Photo transmise par Monique Gallais que je remercie pour son aide.

Farman F 42 de l'escadrille F 210 - Cet avion est l'avion personnel du Ltt Louis Thébault - Il a été spécialement équipé pour la chasse aux Zeppelin et
doté d'un projecteur alimenté par une éolienne et de tubes lance-fusées Le Prieur - Cet avion ne sera jamais utilisé dans ce rôle à la F 210 - Le mécanicien est en train de peidre l'insigne de l'unité - Derrière, on peut apercevoir deux autres avions de la 210 - A gauche, la première monture, un Voisin LA (escargot bleu) et à droite un Farman F 41 qui se caractèrise par une carlingue de MF 11 bis et d'ailes et d'une queue de Farman F 40 - Le ciel de cet autochrome a été éclairci - Photo Jules Brunswick transmise par son petit fils Jean-Michel Roche que je remercie pour son aide.

Farman F 42 de l'escadrille F 210 sur le terrain de Rosnay - L'avion porte la variante blanche simplifiée de l'escargot volant, emblème de l'escadrille - C'est aussi l'avion du chef de la 210, le Ltt Louis Thébault car c'est le seul qui ait été équipé de rails pour fusées le Prieur pour l'attaque des Drachen allemands - Photo Jules Brunswick transmise par son petit-fils Jean-Michel Roche que je remercie pour son aide.

Départ pour une mission à bord d'un Farman F 42 de l'escadrille F 210 - De gauche à droite : Ltt André Girier - Sgt André Guérin - Slt Roger Buvry - Sgt André Ménant - Sgt Evremont Lentrain - Photo Collection Louis Thébault.

L'escadrille F 210 sur le terrain d'Arcy-Sainte-Restitue - L'escadrille a stationné sur ce terrain du 8 septembre 1916 au 19 janvier 1917 - L'insigne personnel de cet avion est détaillé dans la partie insigne - Après recherches, il s'agit des armes de la ville de Bordeaux et un seul navigant était originaire de cette ville pendant la période Farman F 41 et F 42 de l'unité - Nous avons donc le Farman F 42 du MdL Jean Bosc né à Bordeaux et muté à la F 210, le 8 août 1916 - De droite à gauche : Caporal Jean-Baptiste Berger - Sgt Jean Bosc - Ltt Jean Navarre - Sgt Aimé Guérin - Sgt André Ménant - Ltt Jules Plateau - Slt Georges Moro - Ltt Jean Aymonier - Sgt Jean Denéchaud - Ltt Emile Jansen - Adj Octave Proust - Sgt Francisco Térry - Photo Jules Brunswick transmise par son petit-fils Jean-Michel Roche que je remercie pour son aide.

Farman F 42 n° 2235 de l'escadrille F 210 - Cliquez sur l'image pour l'agrandir - Photo droits réservés.

Quatre Farman F 42 de l'escadrille F 210 - Photo Collection Louis Thébault.

Farman F 42 de l'escadrille SAL F 210 photographié en vol depuis un Farman F 41 de la même unité. Pour mémoire, un Farman F 41 possédait une carlingue de MF 11 bis mais disposait d'ailes et d'une queue de Farman F 40 - Photo Jules Brunswick transmise par son petit-fils Jean-Michel Roche que je remercie pour son aide - Photo d'origine Stéréo 4,3 x 4,3.

Terrain de Vadelaincourt où est stationné l'escadrille N 12 à partir le 5 octobre 1916 - Jules Brunswick effectua un stage photo sur Souilly en octobre de la même année - Photo Jules Brunswick transmise par son petit-fils Jean-Michel Roche que je remercie pour son aide - Photo d'origine Stéréo 4,3 x 4,3.

Baraques en fibro-ciment du terrain de Lemmes-Vadelaincourt - Ces deux terrains avaient été réunis et contituaient un vaste dispositif où il fallait loger
un nombre très important de personnel - Le Ltt Jules Brunswick, qui a pris cette photo, était en stage photo sur le terrain de Souilly. Lemmes et Souilly n'étaient séparés que par quelques kilomètres - Il a peut-être logé dans ces batiments qui sortaient de l'ordinaire à cette époque. Photo d'origine Stéréo 4,3 x 4,3 - Photo Jules Brunswick transmise par son petit-fils Jean-Michel Roche que je remercie pour son aide.

Vue du terrain de Lemmes-Vadelaincourt en octobre 1916 - Photo Jules Brunswick transmise par son petit-fils Jean-Michel Roche que je remercie pour son aide - Photo d'origine Stéréo 4,3 x 4,3.

Un des alignements de hangars Bessonneau du terrain de Lemmes-Vadelaincourt en octobre 1916 - Photo Jules Brunswick transmise par son petit-fils Jean-Michel Roche que je remercie pour son aide - Photo d'origine Stéréo 4,3 x 4,3.

Exercice de tir à la mitrailleuse Hotckhiss de 8 mm au stand de tir de Courcelles - De gauche à droite : Asp André Cazier - Caporal Léon Corot (armurier) - Ltt Louis Thébault à la mitrailleuse - Slt Jules Plateau - X - Sgt Jules Romanet - Photo Collection Louis Thébault datant d'avant août 1916.

Cabane faite avec les moyens du bord dans le sous-bois à proximité du terrain de Rosnay - Cette photo est certainement à associer avec la tente peinte et la cabane - Cette série de photo date de l''automne 1916 - Photo Jules Brunswick transmise par son petit-fils Jean-Michel Roche que je remercie pour son aide. - Photo d'origine Stéréo 4,3 x 4,3.

Barraque en bois aménagée dans le sous-bois à proximité du terrain de Rosnay à l'automne 1916 - Photo Jules Brunswick transmise par son petit-fils Jean-Michel Roche que je remercie pour son aide - Photo d'origine Stéréo 4,3 x 4,3.

Sous-bois bordant le terrain de Rosnay à l'automne 1916 - Cette photo est particulièrement intéressante car elle montre une tente peinte, ce qui est rare - On peut y voir une infirmière au milieu de deux autres personnages masculins - Remarquer le tuyau du poële qui sort du coté droit de la tente et le panneau fixé à l'arbre au premier plan qui indique "Bureaux SAL F 216" - Cette unité , qui avait la même mission que la 210, était également stationnée à Rosnay - Elle y restera jusqu'en novembre 1916 - On retrouve l'inscription "SAL F 216" entre les personnages - Photo Jules Brunswick transmise par son petit-fils Jean-Michel Roche que je remercie pour son aide - Photo d'origine Stéréo 4,3 x 4,3.

Détails de la tente peinte de la section d'artillerie lourde V 216, qui était dressée dans le sous-bois bordant le terrain de Rosnay en automne 1916 - Photo Jules Brunswick transmise par son petit-fils Jean-Michel Roche que je remercie pour son aide. Photo d'origine Stéréo 4,3 x 4,3.

Farman F 42 après un atterissage difficile - Déterminer la date et le nom de l'équipage - Photo d'origine Stéréo 4,3 x 4,3 - Photo Jules Brunswick transmise par son petit-fils Jean-Michel Roche que je remercie pour son aide.

Farman F 41 ou F 42 après un capotage ou un retour de mission difficile - Déterminer la date et le nom de l'équipage - Photo d'origine Stéréo 4,3 x 4,3 - Photo Jules Brunswick transmise par son petit-fils Jean-Michel Roche que je remercie pour son aide.

Les pilotes prennent le soleil en attendant de repartir en mission sur le terrain de Rosnay en août 1916 - Photo Jules Brunswick transmise par son petit-fils Jean-Michel Roche que je remercie pour son aide.

Appareil photo de 1,20 m de focale - Il s'agit du plus grand appareil photo emporté par les avions français de la Grande Guerre - Il servait à photographier les détails d'installations et était surtout utilisé lors de missions par beau temps - Photo Jules Brunswick transmise par son petit-fils Jean-Michel Roche que je remercie pour son aide.

Slt Georges Moro photographié pendant son séjour en Italie alors qu'il a été détaché à l'escadrille Lespinasse du 15 mai au 6 juillet 1917 - Photo Collection Jules Brunswick transmise par son petit-fils Jean-Michel Roche que je remercie pour son aide.

Tir d'un 32 cm Mle 1870-81 du 8ème Groupe de 32 cm du Cne Laurent en Champagne, avril 1917 - Photo collection du Général Guy François que je remercie pour son aide.

Pièce de 19 cm Mle 1870-93 affût tous-azimuths - Somme-Suippes en 1917 - Photo collection du Général Guy François.

Pièce de 19 cm Mle 1890-93 - Photo Ebay France.

Historique détaillé adapté du livre de Louis Thébault,
corrigé et complété par les archives détenues
par le SHD sections Air et Terre de Vincennes.

Page 1

1 ) - Terrain de Rosnay du 1er janvier au 8 septembre 1916 :

Création de la Section d'Artillerie Lourde V 210 : Le 1er janvier 1916, la Section d'Aviation d'Artillerie lourde V 210 fut une des premières unités de ce genre créée (décision du général commandant en chef, télégramme n° 18920 du 31 décembre 1915).
Elle fut attachée à la 5ème Armée et se forma sur le terrain de Rosnay (Sud-Ouest de Reims) par dédoublement de l'escadrille V 24, alors commandée par le Ltt Henry Paumier, pilote de premier ordre et l'un des créateurs de la photographié aérienne.
Le commandement de la SAL V 210 fut confié par le chef d'escadrons (Cdt) Charles Tricornot de Rose, commandant l'Aéronautique de la 5ème Armée au lieutenant d'artillerie Louis Thébault, observateur à l'escadrille C 53 du 1er CA, escadrille également cantonnée sur le terrain de Rosnay. Il était depuis peu titulaire du brevet de pilote aviateur militaire (n° 1625 du 21 septembre 1915), qualité requise pour un commandant d'unité d'aviation. C'est le Ltt René Mesguich de l'escadrille N 12 cantonnée sur le terrain de Rosnay, qui enseigna au Ltt Thébault, ainsi qu'à de nombreux observateurs, sur le front même, l'art du pilotage. Le Ltt Mesguich sera tué en mer entre Sète et Port-Vendres, à bord d'un hydravion, alors qu'il portait secours à un camarade en danger, le 10 octobre 1917.

A l'origine, la composition de la section était le suivante :

1 ) Personnel navigant :

  • Pilotes : Ltt Louis Thébault, commandant la section qui provient de l'escadrille C53 - Sgt Gastien Ouillié arrivant de l'escadrille V 24 - Caporal Jean Denéchaud arrivant de la RGAé (Réserve générale d'aéronautique) - Caporal Aimé Guérin arrivant de la RGAé.
  • Observateurs : Slt Emile Jansen (artillerie) provenant de l'escadrille C 39 - Asp Roger Buvry arrivant de l'escadrille C 53.

Ce premier noyau avait été constitué au moyen d'éléments entraînés, empruntés à d'autres unités d'aviation. En outre, pour cimenter l'union entre la section et son régiment, deux observateurs furent désignés par le 107ème régiment d'artillerie lourde (commandé par le Lcl Debarre) à la disposition duquel était mise, en principe, le SAL V 210. Nous verra qu'en fait, par suites des opérations militaires et de la dispersion du régiment, ses différents groupes eurent affaire à plusieurs escadrilles, et que, d'autre part, la section d'artillerie 210 sera souvent utilisée pour des missions autres que celles de l'artillerie lourde, comme la photographié aérienne, les reconnaissances à longue distance et les bombardements de jour et de nuit.

  • Officiers observateurs du 107ème RA : Ltt Jules Brunswick et le Slt Marcel Plateau rejoingnent la SAL V 210, le 28 février 1916, après un stage à l'escadrille MF 55, alors au repos à Vinets, où ils reçurent l'instruction d'observateurs.
  • Personnels non navigants : Ce personnel se composait des sous-officiers Jules Romanet et Emile Wasmer, des caporaux Antonin Albrecht, Maurice Bastien et Henri Mille, de 12 mécaniciens, 6 conducteurs d'auto (VL et tracteurs d'aviation), 1 voilier, 1 armurier, 1 secrétaire, 2 ordonnances.

Contituée peu à peu, la section ne pouvait, au début, s'administrer elle-même et fut rattachée pour la subsistance à l'escadrille V 24. Le bureau et la popote commune des officiers et pilotes furent installés dans un modeste logement abandonné du village de Rosnay, personnel et appareils sur le plateau, à la ferme de Rosnay. Sur ce terrain, on trouvait les unités suivantes :

  • Escadrille de chasse de l'armée N 12.
  • Escadrille d'armée V 24.
  • Escadrille du 1er corps d'armée C 53.

2 ) Le matériel roulant :

Il se composait de :

  • 2 camions.
  • un tracteur d'aviation.
  • une voiture légère.
  • une remorque-cuisine.
  • une motocyclette.
  • une bicyclette.

3 ) Les avions :

Les quatre avions Voisin type LA à moteur Salmson, dont la section était dotée, au début de la guerre les meilleurs de l'armée française, n'avaient pas été depuis perfectionnés. Ils étaient maintenant trop lourds et trop lents. Ils plafonnaient à 2000 mètres, leur vitesse ne dépassait pas 130 km/h et ils étaient relativement peu maniables en vol. Ces défauts leur faisaient préférer le nouveau Caudron G 4 bimoteur ou le Farman F 40 à moteur de 130 HP. Les anciens Voisin furent réservés aux unités de bombardement de nuit où la rapidité avait moins d'importance qu'en plein jour. Les sections d'artillerie lourde nouvellement créées seront équipées de ces avions dépassés.

Choix de l'insigne : Un peu désappointés par l'infériorité de leurs appareils, pilotes et observateurs de la section, dont certains avaient dû abandonner des avions meilleurs, firent néanmoins contre mauvaise fortune bon coeur et rappelèrent humoristiquement la modestie des débuts de la nouvelle unité en lui choississant comme insigne un escargot ailé dont le modèle, dessiné par le Ltt Marcel Plateau, fut reproduit en rouge ou en bleu sur tous les avions, le long de la carlingue et sur le plan supérieur.

Les mois de janvier et février se passent en réceptions du matériel roulant et volant, mise au point des avions neufs amenés de la RGAé (Réserve générale de l'Aéronautique) du Bourget, soit par leurs propres pilotes, soit par des pilotes convoyeurs, adaptation de la TSF à bord, entraînement du personnel. Une prise d'armes a lieu un des premiers jours, à la ferme de Rosnay, pour le remise, par le lieutenant commandant, de la croix de guerre, au mécanicien Marcel Allardin qui l'a récemment gagnée, dans l'infanterie. Le front de la Vème armée est alors assez calme et le restera pendant que va se dérouler à l'Est, la grande bataille de Verdun, et ensuite au Nord, celle de la Somme. La 210 n'y participera pas et poursuivra l'instruction et l'entraînement de ses personnels.
Dès que la section 210 est en possession de ses appareils, elle effectue de nombreux vols de reconnaissance du front entre Reims et Soissons ainsi que des exercices de liaison avec le 107ème RA, l'unité à laquelle elle est rattachée, alors cantonné à Crugny, non loin de Rosnay. Des postes de réception de TSF et de projecteurs électriques ont été livrés aux batteries qui reçoivent les émissions des avions et leur répondent au moyen de panneaux blancs disposés sur le sol, et de leurs projecteurs.
Pilotes et observateurs s'habituent à travailler ensemble. leur coopération doit être très étroite. Le pilote s'employant par des évolutions adroites à faciliter sa tâche à l'observateur, celui-ci guidant le premier sans hésitation, et par simple geste vers son objectif. Cette entente fut vite acquise, d'une part en confiant aux vieux pilotes, les jeunes observateurs, ce qui se fait sans difficulté , et d'autre part en faisant guider les jeunes pilotes par des observateurs expérimentés, précaution qui attira de leurs part une vive résistance. Un observateur dans ce cas, après une centaine d'heures de vol, était déjà familiarisé au maniement du manche à balai et rien n'était plus désagréable pour lui d'être pris en charge par une jeune recrue, brevetée à la hâte dans les écoles, à qui il pouvait peut-être en remontrer. Ceci explique le grand désir qu'eurent beaucoup d'observateurs de devenir pilotes.

Accident mortel à l'école Mesguisch :

Parmi les événements qui survinrent à Rosnay pendant la période de formation et d'entraînement de la 210, nous devons signaler, le 23 janvier 1916, la mort d'un jeune élève pilote de l'école Mesguisch, le mécanicien Bronier de l'escadrille N 12, tombé en vrille de 200 mètres.

Le lendemain, un Voisin de la V 24 de l'équipage Sgt Henri Berlot (pilote) et Ltt Bernard Cristiani (observateur) s'envole en pleine nuit. Les deux hommes ont pour mission de bombarder la gare de Laon. On s'attend en effet à l'attaque des allemands dans la région de Verdun, et quelques obus tombant sur un train de troupes ou de munitions seraient opportuns. Mais les conditions météorologiques ne sont pas du coté des aviateurs, la brume, trop épaisse ne leur permet pas d'apercevoir leur objectif. Quand ils se présentent au-dessus de Rosnay, le terrain est éclairé par une série de petits projecteurs électriques. Alors qu'ils effectuent un atterrissage sans problème, un autre avion largue plusieurs bombes sur le terrain. Le lendemain, après enquête, il est évident que c'est l'appareil d'une autre escadrille de l'armée, égaré dans la brume, qui a largué plusieurs obus de 75 mm sur ce terrain qu'il croyait ennemi. Heureusement, ce bombardement n'a pas été précis et n'a fait aucune victime.

Renise de décorations par général Guillaumat, commandant du 1er CA : :

Le 25 janvier 1916 à Prouilly, le général Guillaumat, commandant le 1er Corps d'armée, remet la croix de guerre au Ltt Louis Thébault et à son camarade le Ltt Désiré Dubois de la Sablonnière, de l'escadrille C 53, cités à l'ordre du CA, tous deux observateurs en avion du 1er CA depuis septembre 1914.
Le Ltt Dubois de la Sablonnière se distinguera lors des combats de Verdun où il sera fait chevalier de la Légion d'Honneur. En 1918, devenu commandant de l'escadrille SPA 255, il sera tué au combat au cours d'une mission d'infanterie, à basse altitude, par un obus français qui atteindra de plein fouet son avion près de Villers-Cotterets (02), le 20 août 1918.

Le 1er CA avec son aviation est envoyé à Verdun :

Le 1er Corps, qui est relevé ainsi que son escadrille (la C 53), est envoyé à Verdun pour soutenir l'attaque attendue, déclenchée le 21 février. Elle est remplacée par la C 30 du 37ème CA. Le Cdt Charles Tricornot de Rose, commandant de l'aéronautique de la Vème armée, y prend part ainsi que les meilleurs pilotes de la N 12 commandée par le Cne Raymond de Bernis. La section 210 reste à Rosnay et prend part à des missions de diversion sur le front de l'armée.

La V 210 détache 2 avions à Villemontoire :

Du 8 au 18 mars 1916, deux avions sont détachés à Villemontoire dans la région de Soissons, avec pilotes, observateurs et mécaniciens pour assurer les réglages de tirs d'un groupement d'artillerie lourde (AL) constitué sous les ordres du Cdt Olive du 107ème RA, et comprenant 2 batteries de 155 mm Long du 107ème, une batterie de 120 mm et une batterie de 95 mm. Le PC du commandant se situe à Saconin-Breuil. Ce groupement d'artillerie est mis à la disposition du 16ème CA du Général Paul-François Grossetti, dont l'artillerie est commandée par le Colonel Beyel (PC à Ecuiry).
Les observateurs désignés, le Ltt Jules Brunswick et Asp Roger Buvry, après avoir pris contact avec les unités d'artillerie, ont exécuté différents réglages sur des points de repèrage du plateau de Nouvron, mais aucune attaque n'a eu lieu. Partagée entre Rosnay et Villemontoire, la 210 établit la liaison entre ses deux stationnements par de nombreux vols de reconnaissances le long du front, et au cours desquels des batteries contre avions (DCA), sont repérées au Nord de Pommiers et de Condé.

Lourdes pertes à Verdun :

Les avions de reconnaissance subissent des pertes graves du fait de l'aviation de chasse ennemie qui est très agressive, les Fokker E III nouvellement apparus, font de nombreuses victimes. L'escadrille C 11 déplore 3 tués le même jour, le Sgt Charles Maillet (pilote), Ltt André Roussel (obs), Slt Charles Picard (obs) sur Moulainville. Le 4 mars 1916, un observateur de la C 53, le Slt Louis Lacam, que la section 210 avait connu à Rosnay, a été tué au cours d'une reconnaissance photographique. Son pilote, le Sgt Georges Tréca, blessé au pied, a été amputé. Le 14 mars, le Cdt Alphonse Roisin, commandant l'aviation de l'armée de Verdun, et son mitrailleur, le soldat Pierre Gousset sont tués lorsque leur avion est abattu par la DCA ennemie.
Ces tristes nouvelles tempèrent l'impatience des équipages de participer eux aussi à cette bataille, où se joue le sort du pays. Ils déplorent en effet l'infériorité trop grande de leurs appareils qui sont opposés aux avions de chasse allemands.
Cependant, la section d'aviation d'artillerie 216, également formée à Rosnay, sous le commandement du Ltt Bernard Cristiani, le 16 février 1916, issue elle-aussi de l'escadrille V 24, est envoyée à Verdun, le 13 mars, où elle rejoint le 85ème RAL, son régiment. Un mois avant son départ, elle avait été doté de MF 11 bis.

Le bois des Buttes est perdu :

Les adversaires ayant massé l'essentiel de leurs forces dans la région de Verdun, les autres fronts sont relativement calmes et peu défendus. Excellente occasion pour l'un des belligérants de se procurer un avantage local après une préparation qu'il a réussi à tenir secrète. C'est ainsi que les Allemands s'emparent du bois de Buttes en une nuit, petit bois au Nord de l'Aisne, à la lisière duquel se trouve la Ville-aux-Bois, entre Craonne et Berry-au-Bac. Le général Franchet d'Esperey, commandant l'armée, décide que le 37ème CA reprendra le bois qu'il avait perdu. L'action préparée dans la région de Soissons est suspendue, les avions de la 210 détachés à la MF 50 à Villemontoire, sont rappelés, et cette fois, c'est la MF 50 qui détache 3 appareils à Rosnay pour renforcer l'escadrille du 37ème corps et la section 210.
Le 17 mars, la section 210 reçoit pour mission de régler et observer le tir d'un groupement d'artillerie lourde (Cdt de Viry du 37ème CA), et du groupement du 107ème RA (Cdt Olive). L'ensemble de ces deux groupes étant placés sous les ordres du colonel Debarre du 107ème RA.
Les réglages commencent aussitôt sur les batteries allemandes repérées, après des visites dans les groupes qui bénéficieront du travail de la section et entente sur les procédés de signalisation.
Au cours d'un de ces réglages sur la batterie 82-28*, le Ltt Louis Thébault, pilote et le Ltt Marcel Plateau, observateur, sont entraînés vers l'ennemi par un fort vent du Sud, à l'altitude de 2000 mètres. Impossible de rentrer, l'appareil reste sur place et est bientôt soumis à un violent tir d'une batterie contre avions. Après avoir lutté une heure et être descendu jusqu'à 1300 m pour y trouver un vent moins violent, ils parviennent à regagner nos lignes. A l'atterrissage, ils constatent que 3 balles ont atteint leur appareil. C'est avec une fierté légitime que les pilotes en font voir aux visiteurs les cicatrices, sous la forme de petits disques de toile peints d'une cocarde tricolore, ou d'une croix de fer noire, collés sur les plaies de la voilure.

* Les objectifs étaient désignés par leurs deux coordonnées du plan directeur.

Cependant, la contre-attaque du bois des Buttes ne se déclenche pas aussi rapidement qu'il faudrait. Les Allemands ont le temps de renforcer leurs positions et attendent fermement les Français.
Voyons les réglages effectués par la 210 pour la journée du 3 avril 1916 qui sera particulièrement chargée :

  • Deux réglages suivis de tirs d'efficacité de 200 coups sur les batteries 66 et 79, le long de la route 44 (Route nationale de Reims à Laon) par le Caporal Jean-Baptiste Berger (pilote) et le Slt Emile Jansen (observateur).
  • Réglage d'une batterie de 105L sur les batteries 73-82, déterminant l'explosion d'un dépot de munitions par le caporal Aimé Guérin (pilote) et l'Asp Roger Buvry - Plusieurs éclats d'obus dans l'avion.
  • Réglage de la batterie B sur la batterie 85 et repèrage d'une batterie contre-avions par le Ltt Louis Thébault (pilote) et Ltt Jules Brunswick (observateur).

Mission spéciale derrière les lignes ennemies :

Les autres escadrilles du terrain ne chôment pas non plus : le Sgt Edmond Dufaur de Gavardie, jeune pilote de la C 53, et passé sur sa demande à l'escadrille de chasse N 12 est allé faire une mission "spéciale". On appelait ainsi celle qui consistait, pour un pilote, à déposer un volontaire, généralement une personne connaissant bien la région, loin dans les lignes ennemies. A la Vème armée, cette opération a été effectuée de nombreuses fois. L'avion parti à la pointe du jour, atterrissait assez loin en arrière des lignes, sans couper son moteur, dans une région encore endormie, y abandonnait son passager en civil avec ses pigeons voyageurs, et s'envolait aussitôt, avant que les troupes de garde, éveillées par le bruit, n'avait le temps d'accourir. Dufaur de Gavardie terminera la guerre avec 6 victoires homologuées.

L'ennemi s'inquiète de l'activité anormale et son aviation est renforcée. Le 31 mars 1916 à 7h00 du matin, une escadrille de cinq LVG bombarde le terrain d'aviation de Rosnay d'une vingtaine de grosses bombes, sans résultat. L'escadrille N 12 riposte à cette attaque en partant 3 heures plus tard avec 8 appareils, munis de quelques obus de 75 mm poour bombarder l'aérodrome de Laon. Sgt Frédéric Quellennec pilote et le Slt Paul Moinier, observateur, ne reviennent pas de cette mission.
Les avions français de réglage d'artillerie sont gênés sur les lignes par les avions de chasse ennemis. les Fokker E III font leur apparition sur le front. Echange de plusieurs balles avec eux. Un Caudron G 4 de la C 30 (observateur Ltt Léon Bertholle) est obligé d'atterrir un réservoir percé de balles.

Essai d'un Spad A 1 biplace :

C'est à ce moment que le reste de l'escadrille d'armée N 12 et la V 24 transformée en N 24 quittent Rosnay, envoyées dans la région de Verdun. La N 12 laisse un Spad biplace 110 ch, d'un modèle nouveau, amené par l'Adj Georges Pelletier d'Oisy avec le moteur et surtout l'hélice entre le pilote et l'observateur. Cette solution a été adoptée pour dégager totalement vers l'avant le champ de vision de l'observateur, mais le met en très mauvaise posture en cas de capotage. De plus, l'appareil est très mal équilibré. Abandonné pour cette raison, le Ltt Louis Thébault l'obtient sans peine du commandant de l'aéronautique, mais au retour d'un vol d'essai, gêné par un autre appareil qui atterrit également, il capote sans se faire mal. Le passager avait heureusement été remplacé par des sacs de sable, le pilote étant resté sourd à la prière du mitrailleur Antonin Albrecht, avide déjà d'abattre un avion ennemi.

Arrivée du Slt Lucien Girier :

Un nouveau pilote arrive à la section. Le Slt Lucien Girier, du 13ème bataillon de chasseurs à pied, blessé à l'Hartmannwillerskopf, puis passé dans l'aviation sur sa demande. Il se présente, le 8 mars, en compagnie de son fidèle ordonnance Métayer, qui deviendra son mitrailleur, et son compagnon au cours de ses périlleuses missions. Le Slt Lucien Girier remplace comme pilote, le Sgt Gastien Ouillié désigné comme convoyeur d'avions du RGAé au front. Le Slt Emile Jansen, ayant poursuivi ses cours de pilotage à l'école Masguisch, passe avec succès les épreuves du brevet, qui au front, consistent en un bombardement, en lançant quelques obus sur Brimont.

Tentative de reprise du bois des Buttes :

Le 25 avril 1916, a eu lieu l'attaque tant attendue du bois des Buttes. Entre tous les avions de Rosnay, est organisé un service d'observation permanente. Les Voisin LA de la 210, pour la plupart vieux et fatigués par de longs séjours sur le terrain, sous la pluie ou la neige, car il n'y avait pas assez de hangars pour loger tous les appareils, plafonnent lamentablement entre 800 et 1500 mètres. Celui de Girier est atteint d'une balle d'infanterie. Les Caudron G 4 de la C 30 volent beaucoup plus haut, ce qui leur vaut de rencontrer des Fokker E III et des LVG. Le Slt Edmond l'Huillier, observateur, rentre une première fois avec son avion sérieusement endommagé au cours d'un combat. Reparti avec un autre appareil pour continuer sa mission, il est attaqué de nouveau, blessé ainsi que son pilote, l'Adj Pierre Pauthe et obligé d'atterrir en campagne.
Au cours d'un vol de surveillance, le Ltt Louis Thébault et le Slt Emile Jansen, de la 210, ont une panne de moteur au-dessus du bois des Buttes. Ils parviennent à se poser sans dommage près de Baslieux-les-Fimes, auprès d'une section d'auto-canons (DCA), commandée par le Ltt Laisné. Le bois des Buttes n'a pas été repris entièrement, mais seulement une partie dite "Bois franco-allemand". Au cours de cette journée, les cinq avions de la 210 ont tenu l'air pendant 16 heures de vol, repérant 25 batteries en action et effectuant 12 contrôles de tir.

Les premières citations sont décernées :

Bien que l'opération n'ait pas été un gros succès, plusieurs citations sont accordées aux navigants de la 210 décernées au titre de l'aéronautique et de l'artillerie.Le Slt Emile Jansen, l'Asp Roger Buvry et le Sgt Aimé Guérin sont cités à l'ordre du 37ème CA. Le Lcl Debarre remet les croix de guerre, à la popote de la 210 qui, depuis le départ de la N 12, a été transférée de sa mesure au château de Rosnay, occupé jusqu'alors par cette unité.

Violente tempête le 5 mai 1916 :

Une violente et soudaine tempête rompt sur tout le front, les câbles d'un grand nombre de ballons captifs qui sont entraînés chez l'ennemi avec leurs observateurs. Le Ltt Alexis Bouzereau (plus tard, il sera tué dans la Somme, le 10 octobre 1916), un observateur du début de la guerre, commandant la section d'artillerie 210, qui partageait alors avec la 210 le cantonnement du château de Rosnay, se disposait à regagner le terrain, après un vol d'entraînement sur Farman F 40, quand il fut pris dans la bourrasque et chassé vers les lignes. On le retrouvera aux environs de Trigny, où il avait tenté d'atterrir, fortement contusionné, auprès de son appareil démoli.

Le 1er corps, revenu de Verdun, a repris un secteur sur le front de l'armée dans la région de Craonne. La 210 est mise à sa disposition le 24 mai. Il y retrouve l'escadrille C 53, à Baslieu-les-Fismes. Elle est bientôt mise à la disposition du 38ème CA (QG à Villers-Allerand) et spécialement affectée au Groupement Guérin (GG) dont le quartier général est à Chenay, et qui occupe un secteur à l'Ouest de Reims; l'artillerie est à Chenay, Merfy, Saint-Thierry.

Mort du Commandant Tricornot de Rose :

Le Commandant Charles Tricornot de Rose, de retour de Verdun, se tue à Villemontoire en exécutant un vol de démonstration devant le général Paul-François Grossetti, commandant le 16ème CA. La Vème armée perd en lui un chef estimé et admiré. Le commandant est remplacé par son adjoint, le Cne Louis Morisson, nommé commandant.

Vols de liaison au profit du groupement Guérin :

Les différents groupes du 107ème régiment d'artillerie se sont dispersés petit à petit, envoyés vers des secteurs plus actifs. Restés seuls dans la région, le colonel Debarre et son état-major. La 210, séparée de son régiment, n'a plus de section d'artillerie lourde, que de titre. Elle exécute à l'arrière, avec l'infanterie du groupement Guérin, des vols de liaison, dont l'importance s'est révélée à Verdun, où c'est par avion que des troupes complétement isolés ont été repérées et ravitaillées. Des exercices fructueux avec emploi de fusées, jet de messages lestés, démontrent aux fantassins et aux aviateurs , les résultats efficaces que l'on peut attendre de ce nouveau mode de liaison pendant la bataille.

Transformation sur Farman 40 et ses dérivés :

L'insuffisance des avions Voisin La pour les missions demandées à la 210 a été reconnue, et à partir du 9 juin 1916, sa transformation sur Farman F 40 est décidée.
Le 15 juin 1916, le premier avion, un Farman type 42 à moteur 130 chevaux est amené à Rosnay par un pilote convoyeur du RGAé.

Détail des livraisons à la 210 :

  • un F 42 (moteur 130 HP), le 15 juin 1916.
  • un F 41 (moteur 80 HP), le 20 juin.
  • deux F 42 (moteur 130 HP), le 24 juin.
  • un F 42 (moteur 130 HP), le 1er juillet.

Premier bombardement nocture :

Avant de se séparer de ses vieux Voisin LA, la 210 a reçu l'ordre de préparer des bombardements de nuit. Dans la nuit du 1er au 2 juillet, tous les pilotes présents tiennent à participer à la mission. Pour tous, c'est la premier vol de nuit, chaque équipage emportera 5 bombes qui seront lancées sur les gares de Laon et de Saint-Erme. Les équipages sont ainsi constitués :

  • Ltt Louis Thébault (pilote) - Slt Marcel Plateau (observateur)
  • Slt Lucien Girier (pilote) - Caporal Pierre Lauqué (pilote)
  • Sgt Jean Denéchaud (pilote) - Asp Roger Buvry (observateur)
  • Sgt Jean-Baptiste Berger (pilote) - Ltt Jules Brunswick (observateur)

Le caporal Pierre Lauqué (brevet de pilote militaire n° 1596 du 18 septembre 1915), récemment arrivé et insuffisamment préparé pour une telle mission, occupe le poste de bombardier disponible. Le décollage se fait en pleine nuit, à 22 h. Le terrain est éclairé simplement par deux projecteurs du génie, la voiture photo-électrique de l'armée n'étant pas disponible. Les avions se perdent aussitôt dans la nuit très noire, et s'orientent avec difficulté. Cependant, la Vesle et l'Aisne sont repérées au passage et le bois des Buttes bien connu des aviateur, survolé. Le franchissement des lignes est constaté par le tir de fusées éclairantes venues du sol. Puis de nouveau la nuit noire jusqu'à l'approche de Laon, où de puissants projecteurs s'allument et balayent le ciel de leurs grands faisceaux croisés. Les lumières de la ville et de la gare qui indiquaient de loin le but à atteindre, s'éteignent. Des trains éclairés, tels des vers luisants, sont observés, dont un entrant en gare, sur laquelle, au petit bonheur la chance, sont jetées les bombes. Les avions ne sont pas munis de lance-bombes et d'appareils de visées perfectionnés. L'observateur a installé dans la carlingue, à portée de main, ses 5 obus Gros de 120 mm chargé d'Anilite. Il libère le moment venu, la fusée d'ogive qui s'armera automatiquement dans la chute au moyen d'une petite éolienne. Malgré l'imprécision du tir, la gare est suffisamment grande et visible pour que les obus tombent dans l'enceinte de la gare et ne touchent pas les maisons aux alentours. Les Allemands, pour repérer les avions qui arrivent, tirent de grosses fusées éclairantes qui laissent dans le ciel de vastes arcs lumineux. L'effet est très impressionnant pour les équipages qui courbent instinctivement la tête en passant dessous.
Pour le retour, il a été convenu que le retour serait guidé par les faisceaux des deux projecteurs du terrains de Rosnay. Hélas, il faut bien reconnaître que les équipements français sont bien moins puissants que leurs homologues allemands. Les Français ne retrouvent le terrain qu'après un long trajet à la boussole, dans une nuit noire. Les projecteurs sont néanmoins suffisants pour l'atterrissage des 4 avions qui se fait sur la bande éclairée par leur double faisceau ramené au sol.

Nouvelles citations :

Pour son premier vol de nuit, la 210 a réalisé une mission difficile et reçoit à cette occasion, les félicitations du commandant de l'aéronautique. Le Ltt Jules Brunswick, observateur et le Sgt Jean Denéchaud, sont cités à l'ordre de l'aéronautique de la Vème armée du 8 juillet 1916 : "Ont mené à bien, à très basse altitude, de nombreux réglages à l'intérieur des lignes ennemies, sans souci des mitrailleuses et de la cannonade. le 1er juillet, ont exécuté leur premier vol de nuit en faisant un bombardement à 15 km à l'intérieur des lignes ennemies".

Le lendemain, l'opération est complétée en plein jour par un bombardement exécuté par tous les Caudron G 4 de l'armée, le commandant Morisson en tête. La 210 n'y participe pas, ses vieux Voisin LA étant incapables d'atteindre, même de loin, l'altitude prescrite, 3000 mètres et les pilotes n'étant pas encore lachés sur Farman F 41 et 42. Au cours de ce bombardement, un des équipages de la C 30, le Sgt Charles Hardouin, pilote et le Sgt L. M Schwander, mécanicien-mitrailleur, est abattu près du Juvincourt. Le pilote est tué et le mitrailleur blessé.

Section d'artillerie lourde F 210 :

La 210 maintenant équipée de Farman F 41 et F 42, prend la dénomination de SAL F 210 (SAL pour Section d'Artillerie Lourde). L'entraînement sur les nouveaux avions commence aussitôt. Bien que les Voisin et les Farman se pilotent assez différemment, les aviateurs ont vite fait de prendre en mains leurs nouvel appareil. Cependant, le Sgt Jean-Baptiste Berger, au cours d'un vol d'entraînement, casse son appareil à l'atterrisage, le 12 juillet 1916.

Le départ du dernier Voisin LA pour le Plessis-Belleville, centre d'instruction des pilotes et observateurs, est vivement regretté. Ces avions avaient été aménagés en double commande, à l'intention des observateurs. Le soir, quand les missions étaient terminées, ils recevaient une instruction élémentaire pour leur permettre de ramener l'avion en cas de blessure ou de mort du pilote. Cette précaution ne fut jamais négligée et on le verra plus tard, deux observateurs lui devront la vie.

Second bombardement nocture :

Dès que les pilotes ont bien en mains leurs nouveaux Farman, la 210 reprend les bombardements de nuit. Il s'agit de multiplier les missions de nuit pour faire croire à l'ennemi que la Vème Armée se prépare à une attaque. Des attaques de Drachen, des patrouilles de chasse, des reconnaissances de secteur sont également exécutées. Il s'agit de donner le change à l'ennemi pendant que se prépare la bataille de la Somme. Le 21 juillet, 4 appareils de la 210 décollent successivement du terrain de Rosnay, de 20 h à 22 h. Les départs sont échelonnés pour donner l'impression à l'ennemi que le nombre d'avions engagés est plus grand. Les équipages suivants sont engagés :

  • Slt Lucien Girier (pilote) - Ltt Jules Brunswick (observateur)
  • Sgt Jean-Baptiste Berger (pilote) - Asp Roger Buvry (observateur
  • Sgt Jean Denéchaud (pilote) - Caporal Pierre Lauqué (pilote)
  • Ltt Louis Thébault (pilote) - Asp André Cazier (observateur)

Le Sgt Jean-Baptiste Berger ayant cassé son Farman, le 12 juillet, part avec le Voisin LA du Cne Jules Bruncher (brevet de pilote militaire n° 82 en date du 16 février 1912), commandant du Parc n° 1, confié à la garde de la 210. L'avion du Slt Lucien Girier, parti le premier, subi un très violent barrage par l'artillerie anti-aérienne au passage des ligne et au-dessus de Laon. Cette fois la nuit est assez claire, l'équipage Thébault / Cazier repère tous feux allumés, un train arrivant en gare de Saint-Erme. Alertés par le bruit du moteur, les Allemands éteignent immédiatement les feux de la gare, mais le train est encore suffisamment visible pour être bombardé. Les 3 premiers obus tombent sur un croisement de voies, et le quatrième et dernier, directement sur la voie, à quelques mètres en avant de la locomotive. Cette nuit, 17 obus Gros ont été lancés. Comme la première fois, des projecteurs et des fusées éclairantes ont accueilli les avions au-dessus de Laon.
A la suite de ces opérations, le chef de la 210 reçoit une citation à l'ordre de l'aéronautique de la Vème armée, ordre n° 22 en date du 25 juillet 1916.
En voilà le texte : Lieutenant Thébault. - "Très bon pilote, observateur remarquable, excellent commandant d'unité. A fait d'une section de formation récente, une unité homogène et plein d'allant. Toujours en tête, a exécuté lui-même,avec un éclairage de fortune, plusieurs bombardement de nuit dans des circonstances délicates, et sur un point particulièrement bien gardé."

Outre les bombardements de nuit,, la 210 est chargée également de s'opposer aux incursions nocturnes des Zeppelin. A cet effet, fixés sur les mats de l'appareil du Ltt Louis Thébault, les mécaniciens ont installés des tubes lance-fusées du système Le Prieur. Un projecteur électrique Lamazière, qui reçoit le courant d'une dynamo actionnée par une éolienne. Ces dispositifs sont expérimentés mais ne seront jamais utilisés à la section en raison de l'absence de Zeppelin dans le secteur.

Entraînement sur Caudron R IV :

Un nouvel avion, le Caudron R IV a fait son apparition sur le front, dans la Somme. C'est le premier triplace de combat avec lequel l'escadrille C 46 commandée par le Cne Lecour-Grandmaison, sème la terreur dans l'aviation ennemie. En plus de l'équipage habituel composé d'un pilote et un observateur, prend place un mitrailleur qui couvre le secteur arrière de l'appareil. Il dispose d'un jumelage de 2 mitrailleuses Lewis en tourelle. L'observateur, à l'avant, met en oeuvre le même armement double. Cet avion, équipé de 2 moteurs Renault de 130 HP, avait posé des graves problèmes pendant les essais, et avait même provoqué la mort de son constructeur, Gaston Caudron, et d'un excellent pilote, Paul Chaussée (brevet de pilote militaire n° 315 du 11 juillet 1913). Renforcé et par conséquence alourdi, il avait perdu une bonne partie de ses qualités de vol initiales, mais n'en restait pas moins, pour l'époque, un engin très redoutable.
Il fut décidé que la section 210 serait équipée de cet avion, juste après la C 46. A peu près en même temps, l'état-major prescrit que la section serait renforcée en personnel et en matériel et deviendrait, par la même, une escadrille autonome.
Le 5 août 1916, le Ltt Louis Thébault est le premier pilote à partir au GDE (Groupe de division d'entraînement) pour effectuer le stage de prise en mains du Caudron R 4. Pendant son absence, c'est le Slt Lucien Girier qui prend le commandement par intérim.

La mission photo est ajoutée :

Des appareils photographiques sont confiés à l'escadrille F 210. Des suspensions amortissant les vibrations dues au moteur, ont été aménagées dans les avions par les soins du Ltt Jules Brunswick, ingénieur et photographe émérite. Après les missions de réglage d'artillerie, celles de bombardements nocturnes, la F 210 va maintenant pouvoir réaliser des reconnaissances pour mettre à jour les plans directeurs pour le service du canevas de tir. Développées et tirées à de nombreux exemplaires par la section photographique de la 5ème armée, sous les ordres du Cne André Couder, puis interprétées, ces clichés sont immédiatement distribués aux artilleurs et fantassins qu'elles intéressent. Les nouvelles tranchées, les batteries découvertes par l'oeil exercé des observateurs y sont indiqués clairement.

D'autres bombardements :

Les missions de bombardement se succèdent de jour, comme de nuit. Le 7 août, en plein jour, le Sgt Aimé Guérin et le Caporal Pierre Lauqué, accompagnés de leurs mécaniciens, larguent chacun 2 obus de 120 mm sur la batterie "du cran de Brimont".

Le 9 août, les pilotes suivant : Slt Lucien Girier, Sgt Aimé Guérin, Sgt Jean-Baptiste Berger et les observateurs : Ltt Marcel Plateau, Slt Georges Moro, Ltt Jules Brunswick lancent 16 obus de 120 mm sur la gare et l'embranchement de Bazancourt. Cette fois, les avions ont décollé à la tombée de la nuit, vers 20 heures. Ils se réunissent au-dessus du terrain, à 2000 mètres d'altitude, et arrivent en groupe au-dessus de l'objectif, après avoir été sévérement pris à parti par l'artillerie antiaérienne et des grosses fusées éclairantes. Une batterie est repérée au Sud-Ouest d'Auménancourt-le-Petit, ainsi que le point d'où est tiré les fusées éclairantes contre avions, à l'Est de Bazancourt. Plusieurs obus ont été vus, éclatant à l'embranchement de chemin de fer vosin de cette localité.
Le 21 août 1916, le Slt Lucien Girier et le Slt Roger Buvry, génés par des nuages pendant d'une mission photo, descendent survoler les tranchées à seulement 800 mètres et subissent un violent tir d'infanterie. Heureusement pour eux, seulement 4 balles toucheront leur avion sans faire de dégats.
Le 22 août, bombardement de la gare et des baraquements Nord-Ouest d'Amifontaine. Une brume épaisse rend la mission très difficile. Seul l'équipage Slt Lucien Girier et Ltt Marcel Plateau l'exécute entièrement, à basse altitude pour ne pas s'égarer et lance 2 bombes à l'ouest du village, puis 4 autres dans les baraquements de la gare. Les autres équipages : Jean Denéchaud / Georges Moro et Jean-Baptiste Berger / Jules Brunswick, n'ayant pu atteindre l'objectif, jettent leurs bombes, les premiers dans la région de Bourgogne, les autres au Sud-Ouest d'Aguilcourt.

Plusieurs accidents pendant le mois d'août :

Le 8 août 1916, le Sgt André Menant, avec le Slt André Cazier, capote à l'atterrissage. L'observateur, contutionné, est évacué sur l'hôpital de Sapicourt, d'où il ressortira quelques jours plus tard, complètement remis.
Le 11 août 1916, le Caporal Pierre Lauqué, lors d'un vol d'entraînement, est victime d'une panne, au décollage, à seulement 50 mètre d'altitude. Il fait un court virage pour rentrer au terrain, faute de tous les débutants, et s'écrase en perte de vitesse. Les Farman n'étant pas réputés pour leur solidité, sont tous les deux réformés.
Le 29 août, le Caporal Pierre Lauqué, décidément suivi par la malchance, est victime d'un nouvel accident, mais cette fois se blesse et doit être évacué sur l'hôpital de Sapicourt. Dirigé ensuite sur la maison de convalescence de Viry-Chatillon, il quittera définitivement l'escadrille 210.

2 ) - Terrain de Arcis-Sainte-Restitue du 8 sept 1916 au 19 janvier 1917 :

La 210 est mise à disposition du groupement Baquet :

Par ordre du général Mazel, qui a remplacé le général Franchet d'Espérey à la tête de la 5ème armée, la 210ème section d'artillerie lourde est mise à la disposition du Groupement Baquet, groupement Territorial qui tient le secteur très calme de Soissons. Le 8 septembre 1916, la section quitte Rosnay pour s'installer sur le terrain de Arcis-Sainte-Restitue.

Déménagement pour le terrain d'Arcis-Sainte-Restitue :

Une partie du personnel, les pilotes et leurs mécaniciens, fait le voyage par la voie des airs avec leurs avions. Les observateurs s'entassent dans la voiture légère, le reste du personnel et du matériel, dans les tracteurs d'aviation et les camions. Heureusement que ces moyens motorisés sont vastes car il s'agit d'emporter, en plus des rechanges aéronautiques et de l'outillage spécialisé, tout le bric à brac accumulé par les hommes à Rosnay et qu'ils désirent ne pas laisser sur place, ne savant pas ce qu'ils vont trouver à Arcis.

Le cantonnement et le terrain d'Arcis-Sainte-Restitue :

Les hommes de la 210 vont trouver à Arcis-Sainte-Restitue un cantonnement très acceptable. Officiers et pilotes sont logés dans une grande maison dont les meubles, bien que passablement fatigués par les précédents occupants, offrent encore un confort relatif. Un piano permettra d'agrémenter les logues soirées d'hiver. Entre deux parties de bridge ou de Poker, Emile Jansen accompagné par Georges Moro, chantera quelques vieilles chansons de Béranger, retrouvées par Marcel Plateau, dans la maison de ses grands-parents, à Artennes.
Le terrain d'aviation est à 2 km du village, bien dégagé, couvert d'un gazon court et dru. Il est très apprécié des pilotes et offre les meilleures facilités d'atterrissage. Ils y firent, sur le Farman F 40 qu'ils considéraient tous comme un déplorable appareil de guerre mais excellent planeur, des concours de descentes, moteur calé, très réussis. Les pilotes, en rivalisant d'adresse lors de ces joutes aéronautiques, s'entraînent sans le savoir et cette expérience servira à plus d'un dans le futur. Nous le verrons bientôt.

Vue de la maison où étaient logés les officiers et les pilotes de la section 210 à Arcis-Sainte-Restitue du 8 septembre 1916 au 19 janvier 1917 - De gauche à droite : Ltt Navarre - LttJean Aymonier - Slt Georges Moro - Ltt Louis Thébault - Ltt Emile Jansen - Slt André Cazier - Photo Jules Brunswick transmise par son petit fils Jean-Michel Roche que je remercie pour son aide - Photo d'origine Stéréo 5,4 x 8.

Vue de la maison où étaient logés les officiers et les pilotes de la section 210 à Arcis-Sainte-Restitue du 8 septembre 1916 au 19 janvier 1917 - Ltt Emile Jansen pose avec l'un des chiens mascottes - Photo Jules Brunswick transmise par son petit fils Jean-Michel Roche que je remercie pour son aide - Photo d'origine Stéréo 4,3 x 4,3.

Accident du Sgt Robert Chasles et de l'Adj de Laval :

Le Sgt Robert Chasles, pilote arrivé du GDE depuis 10 jours, avait emmené comme passager l'Adj de Laval du 315ème RIT, ancien pilote lui-même, au-dessus de la Fère-en-Tardenois, quand leur avion se brisa en vol. Complétement hors contrôle, le Farman s'écrasa dans un champ. Des débris de l'aéronef ont retira deux dépouilles sans vie. Le Sgt Chasles, blessé dans l'infanterie, était passé dans l'aviation sur sa demande. Malheureusement, sitôt sa formation terminée, il se tuait dans ces circonstances. Le Sgt Robert Chasles et l'Adj de Laval furent conduits à l'église puis au cimetière de la Fère-en-Tradenois, le 23 septembre 1916.

Accident de Jean-Baptiste Berger et du Caporal Antoine Albrecht :

Le soir de la cérémonie funèbre, la 210 est chargée d'un nouveau bombardement de nuit. Le temps étant assez brumeux, il fut décidé qu'un premier avion décollerait pour vérifier les conditions météorologiques autour du terrain. C'est le Sgt Jean-Baptiste Berger, accompagné du caporal Antoine Albrecht, qui effectue ce vol et teste l'éclairage du terrain qui est réalisé par une voiture photo-électrique. Après quelques minutes de vol, le pilote, ayant reconnu les alentours du terrain, vire et se présente pour atterrir. Toutefois, il dépasse largement la zone éclairée et se pose en toute fin de terrain. L'avion roulant encore à vive alalure, tombe dans un fossé profond. Les deux membres d'équipage sont éjectés de leur cockpit et retombent lourdement au sol, mais sans se blesser. L'avion, quant à lui, est totalement détruit et sera réformé sur place. C'est le second accident grave du Sgt Berger. (Voir le 12 juillet 1916)

Le bombardement projeté n'eut lieu que le lendemain. Le commandant de l'aéronautique de l'Armée, le Cdt Morisson s'étant blessé lors d'un atterrissage, c'est son adjoint le Chef de bataillon Fougeroux qui demande à participer à cette mission. Quatre Farman (type F 40) prirent part à la mission et larguèrent 22 obus Gros de 120 mm sur la gare de Laon. Les équipages étaient les suivants :

  • Ltt Louis Thébault (pilote) - Cdt Fougeroux (Cdt en second de l'aéro) .
  • MdL Jean Bosc (pilote) - Ltt Jules Brunswick (obs)
  • Sgt Aimé Guérin (pilote) - Slt Georges Moro (obs)
  • Sgt Jean Dénéchaud (pilote) - Ltt Jean Aymonier (obs)

La section d'artillerie lourde F 210 devient l'escadrille F 210 :

Le 1er octobre 1916, la section 210, ainsi que les sections d'aviation d'artillerie n° 216, 220, 221, 222, 223, 224 , 228, est transformée, par ordre du général en chef (n° 17.965), en escadrille autonome. Peu à peu, elle avait été renforcée en personnels comme le Ltt Jean Aymonier, observateur arrivant de la MF 50, le MdL Jean Samalen pilote de Farman F 40 provenant du GDE et le Sgt René Bazin, premier nouveau pilote de Caudron R IV.

Période de stages :

Le secteur étant calme, les personnels vont être envoyés en stages, les uns pour complèter leur instruction, les autres, en particulier les pilotes et les mitrailleurs sur le nouvel Caudron R IV. Le premier exemplaire de ce gros bimoteur a été livré le 9 septembre de la RGAé. L'escadrille est maintenant dotée d'un nombreux matériel électrique pour la TSF et l'éclairage des avions, qui nécessite un personnel compétent. Elle est aussi équipée d'une section photographique avec voiture automobile, sous la direction du Ltt Jules Brunswick, qui rentre tout juste du stage photo. Le Ltt Marcel Plateau est chargé d'un stage pour enseigner aux officiers de batteries d'artillerie l'interprétation des messages radiotélégraphiques par les avions.

Les premiers Caudron R 4 arrivent :

Dès le début d'octobre 1916, la 210 possède, outre ses 5 Farman de type F 40 (41 et 42), 5 Caudron R IV, affectés au Ltt Louis Thébault, Slt Lucien Girier et les Sgt René Bazin, Jean Dénéchaud et Aimé Guérin.

Des mitrailleurs sont formés :

L'arrivée d'avions triplaces va nécessiter l'emploi de mitrailleurs. Le Sgt Evremond Lentrain est affecté dans cet emploi et les ordonnances du Ltt Louis Thébault et du Slt Lucien Girier, Jules Huleux et François Métayer, depuis longtemps à leur service, se portent volontaires pour accompagner en vol leurs chefs. Il faut ajouter à ces 3 hommes, le caporal Antoine Albrecht, premier mitrailleur de la section, et deux mécaniciens volontaires, les caporaux Henri Monin et Léon Charréard. L'équipe des mitrailleurs est maintenant complète. Ils iront s'instruite, à tour de rôle, à Cazaux.

Les premières missions sur Caudron R IV :

Le 20 octobre 1916, en plein jour, l'équipage : Slt Lucien Girier, Slt Roger Buvry et le Ltt Marcel Plateau, largue 8 obus de 120 mm sur la gare d'Anizy-le-Château. L'appareil n'étant muni de lance-bombes, chacun des observateurs emportait 4 obus qu'il doit armer et lancer par dessus bord. L'un d'eux, au moment où il est amorcé, dégage d'abondantes vapeurs nitreuses qui incommodent le Slt Buvry. Au retour de la mission, l'avion est vivement pris à parti par la DCA allemande, deux éclats d'obus traversent l'appareil.
A la suite de cette mission, les Ltt Marcel Plateau et Lucien Girier sont cités à l'ordre du Groupement Baquet (ordre 183) avec le motif suivant :
Ltt Marcel
Plateau observateur à l'escadrille F 210 - Slt Lucien Girier pilote à l'escadrille F 210 : " Excellent équipage d'un courage et d'un dévouement au-dessus de tout éloge, a effectué, outre son service normal, quatre bombardements de nuit sur un point particulièrement défendu. le 20 octobre, dans des conditions atmosphériques défavorables, s'est offert pour aller seul et sans escorte bombarder une gare importante défendue par des batteries très dangereuses et a accompli sa mission, bien que son appareil ait été atteint par l'artillerie ennemie."
Le 10 novembre 1916, l'escadrille exécute une autre mission en engageant 3 avions. Cette fois, c'est la gare de Saint-Erme qui sera l'objectif des avions.

  • Ltt Louis Thébault (pilote) - Ltt Emile Jansen (observateur) - Soldat Jules Huleux (mitrailleur).
  • Ltt Lucien Girier (pilote) - Ltt Marcel Plateau (observateur) - Caporal Antoine Albrecht (mitrailleur).
  • Sgt Aimé Guérin (pilote) - Slt Roger Buvry (observateur) - Soldat Léon Charréard (mitrailleur).

Une longue mission au-dessus des lignes ennemies depuis Reims jusqu'à Soissons. Au lieu d'opérer en pleine nuit, les Caudron R IV, mieux armés que leurs prédécesseurs, peuvent maintenant s'aventurer dans les lignes adverses.

Le Ltt Marcel Plateau quitte la 210 :

Le 30 novembre 1916, le Ltt Marcel Plateau quitte la 210 pour donner des cours aux "officiers d'antenne" à Vandoeuil. Affecté par la suite à l'état-major de l'aéronautique du 38ème corps d'armée, il fut victime d'un grave accident aérien qui faillit lui coûter le vie, le 25 juillet 1917. En s'entraînant pour devenir pilote seul à bord, son avion s'écrasa. On le relévera avec une fracture du crâne et d'un bras. Bien que son état ait donné peu d'espoir, il réussit, après une longue convalescence, a être sauvé, grâce aux bons soins de son père docteur.

Arrivée de deux nouveaux Caudron R IV :

Le 30 novembre 1916, un nouvel Caudron R IV arrive du GDE avec aux commandes le Caporal Paul Lesec (pilote nouvellement affecté), le Slt André Cazier (obs) et le Sgt Evremond Lentrain (mitrailleur). Auparavant, les hommes ont été formés aux missions de reconnaissance et d'observation ainsi qu'à la défense de bord à bord du Caudron R IV.
Le 1er décembre 19165, arrivée d'un autre Caudron R IV avec l'Adj Charles Gantès (pilote nouvellement affecté) accompagné du Caporal Antoine Albrecht (mitrailleur).
Le 6 décembre, plusieurs observateurs sont mutés à la F 210 : Ltt Pierre Debect (18ème escadron du train des équipages), Slt Jean Ousset (76ème RI). Ces officiers, dit "de toutes armes", c'est à dire non artilleurs, sont plus spécialement destinés à mener des reconnaissances photographiques. Le Slt Ousset sera ensuite muté à l'escadrille C 39 et sera remplacé par le Slt Marcel Blanc issu des Chasseurs Alpins.
Un troisième Caudron R IV, le 8ème de la F 210, sera livré par un pilote convoyeur de la RGAé et affecté au MdL Jean Samalens.

Le 6 décembre 1916, l'unité prend la dénomination d'escadrille R 210 :

La 210 est maintenant dotée des huit Caudron R IV prévus. Elle change donc de dénomination pour prendre l'appellation de R 210. Toutefois, elle conserve ses Farman 41 et 42, qui lui seront utiles, nous le verrons bientôt.
Sa dotation est donc la suivante : 8 Caudron R IV et 5 Farman 41 et 42.

La 210 est affectée au service du 2ème Corps de Cavalerie :

Le 6 décembre 1916, le groupement Baquet quitte le secteur de la 5ème Armée et est remplacée par le 2ème Corps de Cavalerie.

Le chef de la 210 reçoit l'ordre suivant de l'Etat-Major de la 5ème armée, 3ème Bureau :
"A partir du 10 décembre, l'escadrille d'Armée R 210, renforcée par le Grand Quartier Général de 4 avions Caudron G 4 ou MF assurera :

  • le service de secteur du 2ème CC.
  • le service du cours de tir.
  • le service normal d'une escadrille d'armée.

Les biplaces (Caudron G 4 ou Farman) seront particulièrement réservés pour le service du secteur et du cours de tir, les triplaces Caudron R IV au service d'armée.
Les observateurs du 2ème Corps de Cavalerie, qui seront mis en subsistance à la R 210, assureront le service du secteur. Ils participeront au service d'armée dans la mesure où le service de secteur le leur permettra et où le général commandant le 2ème Corps de Cavalerie le jugera utile.
En dehors du service de secteur qu'elle doit assurer, l'escadrille R 210 reste un éléments d'armée dépendant directement de l'armée pour tout ce qui concerne le commandement et l'emploi.
"

En exécution de cet ordre, les officiers observateurs du 2ème CC, Ltt Raoul de la Motte-Rouge, Ltt Lemaignen, Ltt Pierre Bladinières, Ltt Baju, Ltt Dambon, Slt Audry passent en subsistance à l'escadrille 210, le 13 décembre. Ils assureront leur mission jusqu'au 20 janvier 1917, date à laquelle ils regagneront leur unité à Arcis-Sainte-Restitue.

Nouvelles missions en Caudron R 4 :

Le 11 décembre 1916, l'équipage : Adj Charles Gantès (pilote), Slt Georges Moro (observateur), Soldat Jules Huleux (mitrailleur), se risque par mauvais temps, à l'altitude de 700 mètres, dans les lignes ennemies pour contrôler un réglage de tir par la SRS (section de repérage par le son).

Poste de détection par le son.
Photo La guerre aérienne illustrée

Pour la journée du 20 décembre, l'escadrille réalise 2 reconnaissances, deux missions photographiques, deux bombardements dont l'objectif est la gare d'Anizy-le-Château. Le premier est exécuté par 5 Caudron R IV. Entre 11 h et 12 h 45, 28 obus de 120 mm sont lancés sur les voies et les abords de la gare par les équipages suivants :

  • Sgt Aimé Guérin (pilote) - Ltt Dambon (observateur) - Sgt Evremond Lentrain (mitrailleur).
  • Sgt Jean-Baptiste Berger (pilote) - Ltt Lemaignen (observateur) - Caporal Antoine Albrecht (mitrailleur).
  • Adj Charles Gantès (pilote) - Slt Georges Moro (observateur) - Soldat Célestin Carron (mitrailleur).
  • Slt Lucien Girier (pilote) - Slt Roger Buvry (observateur) - Soldat Jules Huleux (mitrailleur).
  • Sgt René Bazin (pilote) - Ltt Jules Brunswick (observateur) - Soldat Léon Charréard (mitrailleur).

Un violent tir de DCA est essuyé par les avions. Celui du Sgt Berger est atteint par un éclat d'obus qui traverse l'aile inférieure et brise une pale d'hélice. Il parvient néanmoins à rentrer, mais il ne peut participer à la seconde mission qui a lieu de 14 h 30 à 15 h 45, et au cours de laquelle sont lancés à nouveau 20 obus de 120 mm par les 4 équipages suivants :

  • Sgt Aimé Guérin (pilote) - Ltt Dambon (observateur) - Caporal Antoine Albrecht (mitrailleur).
  • Adj Charles Gantès (pilote) - Slt Georges Moro (observateur) - Soldat Célestin Carron (mitrailleur).
  • Slt Lucien Girier (pilote) - Slt Roger Buvry (observateur) - Soldat Jules Huleux (mitrailleur).
  • Sgt René Bazin (pilote) - Ltt Jules Brunswick (observateur) - Sgt Evremond Lentrain (mitrailleur).

Plusieurs obus éclatent dans les batiments où ils occasionnent des incendies. Sur les voies, de nombreux trains en mouvement sont observés, un avion ennemi aperçu s'empresse de prendre la fuite. Si les avions adverses sont rares, les batteries de DCA se multiplient et marquent leur présence à chaque fois que les avions de la 210 passent au-dessus d'elles. Les Caudron R IV, avec leur envergure, leur faible maniabilité et surtout leur plafond trop bas, offrent des cibles de choix qui se repèrent de loin.

Le 24 décembre, celui des Ltt Lucien Girier (pilote), Ltt Lemaignen (observateur), François Métayer (mitrailleur) reçoit 3 éclats d'obus.
Le 26 décembre, le R IV des Sgt André Menant (pilote), Ltt Bladinières (observateur) recoit dans leur appareil des balles de mitrailleuses.
Le 27 décembre, le Caudron R IV des Sgt André Menant (pilote), Ltt Raoul de la Motte-Rouge est traversé par plusieurs éclats d'obus. Celui de l'Adj Charles Gantès (pilote), Ltt Lemaignen (observateur), Soldat François Métayer (mitrailleur) en reçoit 47 au cours d'une reconnaissance dans la région du Moulin-de-Laffaux. Malgré le réservoir d'essence percé et l'avion gravement touché, l'Adj Gantès réussit à le ramener au terrain.

Le Colonel Madelin, chef d'Etat-major de la 5ème Armée, cite à l'ordre du régiment (ordre n° 31) :
Le Sgt Jean-Baptiste Berger, pilote à l'escadrille R 210 : " Excellent pilote, volontaire pour toutes les missions périlleuses, a accompli, outre son service normal d'escadrille, plusieurs bombardements de nuit sur un point spécialement défendu. Le 20 décembre 1916 a eu, en exécutant un bombardement à très basse altitude, une hélice brisée par un éclats d'obus, à 12 kilomètres dans les lignes ennemies, et a réussi, à force de sang-froid à ramener son appareil dans nos lignes."
Le Slt Georges Moro, observateur à l'escadrille R 210 et l'Adj Charles Gantès, pilote de l'escadrille R 210 : " Excellent équipage, spécialiste des bombardements à basse altitude. Le 11 décembre 1916, par un temps très favorable, s'est risqué à moins de 700 mètres d'altitude dans les lignes ennemies, à proximité d'une batterie spéciale non contre-battue pour y rechercher un renseignement important."

Arrivée de la 6ème Armée :

L'escadrille pensait terminer la période hivernale à Arcis-Sainte-Restitue et s'était installée aussi confortablement que possible. D'excellentes relations s'étaient établies avec la compagnie d'aérostiers voisine, la 92ème, dont le joyeux médecin assurait le service médical de la R 210 et les batteries contre avions qu'il était toujours bon de connaître pour éviter de devenir leur cible.

Le 6 janvier 1917, l'arrivée de la 6ème Armée, sous les ordres du général Mangin, qui s'établit entre le ravin de Pernant et la ferme Hurtebise. L'escadrille R 210 lui est rattachée au point de vue emploi et provisoirement. La 6ème Armée est accompagnée de ses unités d'aviation auxquelles il faut faire place, et d'autre part, la 5ème Armée ne veut pas lui abandonner son escadrille de Caudron R IV. La R 210 ne tarde pas être rappelée par celui-ci. Le 19 janvier 1917, par un froid intense et d'abondantes chutes de neige, l'escadrille au complet se transporte d'Arcis-Sainte-Restitue à Bouleuse, revenant près de Rosnay, où elle était partie quatre mois plus tôt. Elle laisse à Arcis-Sainte-Restitue, les observateurs du 2èmeCC qui rejoignent la F 30, leur escadrille.

3 ) - Terrain de Bouleuse du 19 janvier au 23 juillet 1917 :

Le plateau de Bouleuse n'est séparé de celui de Rosnay que par un ravin boisé, et le pays entre Arcis-Sainte-Restitue et Rosnay est bien connu par tous les pilotes. Cependant, le jour de la migration, la couche de neige est si épaisse que l'itinéraire est reconnu avec difficulté. D'autre part, les hangars Bessonneau, qui d'habitude se repèrent si facilement de très loin, sont invisibles, et pour cause, ils n'ont pas encore été montés. Pour toutes installations, seule une barraque Adrian inachevée attend l'escadrille.
Les avions arrivent cependant au complet, à l'exeption de celui de Jean-Baptiste Berger qui s'est égaré, a atterri d'abord à Bouvancourt, puis à Rosnay, où le Caudron a été endommagé. Son mécanicien, le soldat Antonin Condomine, qui l'accompagnait pour cette liaison entre les terrains, a été légèrement contusionné. Officiers et hommes de troupe campent sur le terrain même par un froid intense. Les tentes sont montées à la hâte, les cuisines installées, et on s'organise pour passer la nuit dans les conditions les moins mauvaises possibles. Les hommes, roulés dans les couvertures, et les navigants, plus favorisés, profitent de leurs combinaisons et chaussons de vol fourrés. Fini le bien-être et le presque confort des précédentes installations d'Arcis-Sainte-Restitue et de Rosnay, c'est la vie en baraques ou sous la tente qui va commencer, en plein coeur d'un hiver rigoureux.

Le commandant de l'aéronautique de la 5ème armée félicite l'escadrille pour son déplacement qui n'a pas été facile.
Extrait de la décision du 20 janvier 1917 : " Le commandant de l'aéronautique exprime sa satisfaction à l'escadrille R 210 pour la façon dont elle a accompli son déménagement y compris celui de ses appareils, malgré un temps très défavorable."

L'équipement du terrain de Bouleuse ne se fera pas sans difficultés. Après la neige, c'est la boue qui, formant devant les hangars de vrais marécages, rend très pénible la rentrée ou la sortie des Caudron R IV pesant plus d'une tonne et dont les roues enfoncent jusqu'au moyeu.
Pour péréniser ce terrain, il faudra construire des plate-formes de rondins, niveler le champ d'atterrissage, établir de véritables routes empierrées pour le passage de lourds camions qui amènent les matériaux de construction, le ravitaillement et mailler les lignes téléphoniques au réseau de l'armée. Le départ précipité de l'escadrille par un temps défavorable, la mise en place de nouveaux terrains d'aviation et l'arrivée d'escadrilles avec leur activité inaccoutumée dans la région vont donner aux Allemands les signes d'une prochaine offensive. Ils ne s'y tromperont pas et concentreront de leur coté leurs meilleures unités pour l'attaque qui va bientôt avoir lieu.

Photo verticale du Nord du vieux Laon, prise par un équipage de l'escadrille R 210, le 26 janvier 1917 - Altitude de prise de vue 300 mètres - Focale de l'appareil 0,50 m - Cliquez sur l'image pour l'agrandir - Photo Georges Kohn, transmise par Jacques Beilin, son arrière petit-neveu, que je remercie pour son aide.

Des missions photographiques sont réalisées avant l'offensive :

Pour préparer l'offensive, il faut connaître parfaitement le dispositif adverse, non seulement sur les premières lignes du front mais aussi son dispositif en profondeur. C'est l'escadrille R210 qui est chargée de cette mission. Dès le 23 janvier 1917, une série de reconnaissances photo à grande distance, commandée par le Ltt Jules Brunswick, va être réalisée et permettra de ramener une abondante série de clichés, qui furent pour le commandement du plus haut intérêt. Ces photographies prises à intervalles déterminés, sur un parcours fixé à l'avance, et dont le pilote ne devait pas dévier, raccordées l'une à l'autre, restituaient la zone survolée. A chaque sortie, le photographe rapportait 35 clichés 18 X 24 qui étaient développés directement sur le terrain ou à la section photographique de l'armée dirigée par le Cne André Couder. Celui-ci sera tué au cours d'un accident d'atterrissage avec un Caudron G 4, le 25 février 1917. Des centaines d'épreuves sont tiées sur papier et distribuées dans l'heure à tous les intéressés. Au moyen de ses photographies, le service du canevas de tir de l'ingénieur hydrographe Volma mettait à jour ses plans directeurs et le service des renseignements du Cne Daum les utilisait pour ses bulletins.

Remise de décorations par le général Franchet d'Esperay sur le terrain de XX, en 1916 - De gauche à droite : Cdt Louis Morisson, chef de l'aéronautique de la Vème armée - le général Franchet d'Esperay - Cne Shigeno - LV Volma chef de service des plans directeur - X - Ltt André Couder, chef de la section photo de la Vème armée - Photo Jules Brunswick transmise par son petit-fils Jean-Michel Roche que je remercie pour son aide.

Le Ltt Jules Brunswick, observateur et le Sgt René Bazin, pilote, pour leurs reconnaissances photographiques sont bientôt cités à l'ordre de l'Aéronautique de la 5ème armée : "Ont assuré, entre le 25 janvier et le 9 février 1917, dans des circonstances atmosphériques très défavorables (froid exceptionnel et fortes rafales), une série de missions photographiques à grandes distances, sans se soucier des avions allemands et des très gros risques qu'ils couraient du fait de moteurs fonctionnant très mal par le froid."

Première victoire homologuée par l'escadrille :

Le 10 février 1917, l'équipage Sgt René Bazin pilote, Slt Marcel Blanc observateur, Sgt Evremond Lentrain mitrailleur exécutant une reconnaissance photographique sur l'itinéraire Witry-les-Reims, Fort-de-Fresnes, Fresnes, Bourgogne est interrompu dans la prise de ses clichés par un monoplace de chasse et mitraillé à profusion, par derrière, à faible distance. C'est sans compter sur Lentrain qui profite d'un rensersement de l'adversaire pour revenir à l'attaque pour lâcher une longue rafale de ses deux Lewis. L'avion ennemi pique aussitôt vers ses lignes, puis s'engage en vrille et tombe en flammes, suivi d'une longue trainée de fumée. Au cours du combat, le Sgt Bazin a eu la main gauche traversée par une balle et a été atteint de quelques éclats dans la figure. Le Ltt Blanc en a reçu aussi deux à la main, un au menton, deux projectiles ont déchiré ses vêtements dans le dos. L'appareil criblé de 65 balles est ramené au terrain même par son pilote blessé qui est aussitôt conduit à l'hôpital tout proche de Gueux.
L'équipage est cité à l'ordre de l'armée, par le général commandant de la 5ème armée : Blanc Marcel, lieutenant observateur à l'escadrille 210, Bazin René, sergent pilote à l'escadrille 210, Lentrain Evremond, sergent mitrailleur à l'escadrille 210 : "Le 10 février, ont abattu en flammes un avion ennemi en vue de nos tranchées, après un dur combat au cours duquel le pilote et l'officier observateur ont été blessés."

Le Sgt René Bazin, à l'occasion de ce combat sera décoré de la Médaille Militaire avec le motif suivant :
Ordre n° 4626D du 6 mars 1917 : "Excellent pilote, ayant donné maintes preuves de courage et de dévouement. A accompli, durant ces derniers mois, au prix des plus grandes difficultés, une série de missions lointaines qui ont donné les plus précieux résultats. le 10 février 1917, a abattu un Fokker à un kilomètre de nos tranchées, et, bien que griévement blessé, a réussi grâce à son énergie, à ramener dans nos lignes son appareil gravement endommagé par les projectiles ennemis. Déjà deux fois cité à l'ordre."

Les avions chargés de missions photo sont souvent attaqués et doivent interrompre leurs missions pour se défendre. Il est décidé que l'avion photo serait escorté par plusieurs autres avions de l'escadrille, chargés de la protéger.

Seconde victoire :

Le 15 février 1917, l'avion (Caporal Paul Lesec, Slt Georges Moro, Caporal Antoine Albrecht) chargé d'une mission photo sur l'itinéraire : Reims, ferme Milan, Lavannes, Fresnes, Fort de Fresnes, Witry-les-Reims, Reims, est accompagné d'un avion de protection (Slt Lucien Girier, Slt Roger Buvry, Sgt Evremond Lentrain). Les deux appareils volent côte à côte et les équipages se couvrent mutuellement. Au-dessus de la ferme Milan, un appareil ennemi passe à leur portée, se dirigeant vers eux, à une altitude inférieure. A 200 mètres, le Slt Buvry ouvre le feu pendant que le pilote se met à la poursuite de l'adversaire. Après un court enrayage au-dessus de Witry-les-Reims, le pilote, gagnant de la vitesse sur l'appareil allemand, pique fortement dans sa direction jusqu'à l'altitude de 1500 mètres. Buvry continue à mitrailler et bientôt l'avion adverse tombe désemparé dans la région de Pomacle.

Le même jour, le Slt Lucien Girier repart avec le Ltt Emile Jansen et le Sgt Evremond Lentrain, et le Ltt Louis Thébault avec les mitrailleurs Jules Huleux et Léon Charréard. Des avions ennemis sont bien aperçus, mais craignant sans doute d'affronter deux équipages décidés, refusent le combat et s'enfuient.

Nouveaux combats aériens :

Le 25 février 1917, le Ltt Louis Thébault et l'Enseigne de Vaisseau Robert de la Tullaye, en mission de reconnaissance avec un Farman type F 42 attaquent un avion ennemi qui s'était aventuré dans les lignes françaises. Celui-ci, plus rapide, se contente de tirer quelques balles et disparaît.
Le même jour, l'équipage Slt Lucien Girier (pilote), Slt Roger Buvry (obs), Caporal Antoine Albrecht (mit) exécute une reconnaissance de la région de Fresnes, Pomacle, Bazancourt, Guignicourt. Après avoir été violemment pris à parti par la DCA, l'avion rencontredeux avions ennemis sur Prosnes, et un troisième au-dessus de Berry-au-Bac. Ce dernier, de type Rumpler, après avoir observé pendant 15 mn, le Caudron R IV, pique sur lui en le prenant de côté, ouvre le feu à 200 mètres environ, et passe imprudemment à 50 mètres devant l'observateur dont la mitrailleuse s'enraye. Girier présente l'ennemi au mitrailleur arrière par un rapide changement de direction. L'Allemand fait un renversement complet pour revenir en position de tir. Albrecht ouvre le feu à 100 mètres. Ses balles tracantes montrent que la rafale a touché. le Caudron R IV est lui aussi touché de 2 balles.

Le 27 février 1917, le même équipage, mais avec le mitrailleur François Métayer, recoit cinq éclats d'obus dans leur appareil, dont un dans l'hélice et un qui casse une nervure d'aile. Les 3 aviateurs effectuaient une reconnaissance dans la même région que le 25. Voulant rejoindre un avion de la 210 qui opérait au-dessus de Guignicourt, ils tombent sur un dispositif de cinq avions de chasse ennemis, dont deux les mitraillent, en passant, à 400 mètres de distance. Heureusement pour les français, l'ennemi n'insiste pas et s'éloigne.

Photo verticale du fort de Witry-les-Reims, prise par un équipage de l'escadrille R 210, le 16 mars 1917 - Altitude de prise de vue 3100 mètres - Focale de l'appareil de prise de vue 0,50 m - Cliquez sur l'image pour l'agrandir - Photo Georges Kohn, transmise par Jacques Beilin, son arrière petit-neveu, que je remercie pour son aide.

Troisième victoire :

Le 16 mars 1917, deux missions photos sont envoyées à chaque fois escortées par 3 avions agissant en couverture. La première, exécutée par le Cne Louis Thébault (pilote), le Ltt Jules Brunswick (obs) et Jules Huleux (mit), est réussie et ramène 34 photographies de la région entre Nogent l'Abbesse et Witry-les-Reims, ainsi que quelques éclats d'obus. La seconde, réalisée par le le Sgt Paul Lesec (pilote), Ltt Pierre Debect (obs) et le caporal Henri Monin (mit), est interrompue par une attaque d'avions ennemis. Debect a la jambe traversée par une balle, Lesec est légèrement blessé, mais un des avions assaillants, atteint par le feu du mitrailleur tombe. Le Caudron R IV a été criblé de balles, moteurs et radiateurs percés. Le pilote reussit, malgré sa blessure, a poser son avion à Tinqueux, près de Reims. Lesec est conduit à l'ambulance 7/10 de Gueux. Le Caudron R IV du Slt Lucien Girier (pilote), Ltt Henry Pierret (obs) et Caporal Antoine Albrecht (mit), qui protégeait l'avion de ses camarades, a également été attaqué par 5 avions qui le touchèrent de 40 balles. Deux longerons d'ailes et des câbles sont coupés, le réservoir d'essence avant est crevé. L'avion peut tout de même rentrer au terrain, et, comme le précédent, hors d'usage.

Le 17 mars 1917, deux missions photo accompagnées de 3 avions de protection et deux missions de reconnaissance.
La première mission photo sur la région de Nognet l'Abbesse, Berru, Nord de Witry, bois de Garenne, par le Slt Lucien Girier (pilote), Ltt Jules Brunswick (obs) et Caporal Antoine Albrecht (mit), est interrompue par un puissant barrage d'artillerie. Trois éclats touchent l'avion et brise une hélice. Malgré les dégats, la mission ramène au terrain 25 clichés. L'avion d'escorte de l'équipage Cne Louis Thébault (pilote), Ltt Emile Jansen (obs), soldat Jules Huleux (mit), est atteint de 4 éclats, dont un coupe le longeron de l'aile droite.
Le seconde mission photo sur la route de Witry, l'Est de Pomacle, Lavannes, Caurel, Berru est réalisée par le même équipage et le même avion que la première mission (Slt Lucien Girier, Ltt Jules Brunswick, Caporal Antoine Albrecht). Juste le temps de remplacer l'hélice, de recharger les chassis photographiques et les 3 hommes repartent. Leur R IV est à nouveau canonné et une hélice de nouveau brisée. De nombreux éclats criblent la voilure et les longerons d'ailes.

Citations pour les missions des 15 et 16 mars 1917 :

Slt Lucien Girier, pilote de l'escadrille R 210 - Citation à l'ordre de l'armée : "Pilote très brave et très allant, venu dans l'aviation après une grave blessure dans l'infanterie. le 15 février, a forcé à atterrir dans les lignes ennemies un avion qu'il avait poursuivi jusqu'à 1500 mètres d'altitude. Le 16 mars, escortant un avion photo attaqué par 6 avions ennemis, a tenu tête à ses adversaires, réussit à dégager son camarade et à regagner nos lignes avec un appareil criblé de balles et hors service."
Ltt Pierre Debect, observateur de l'escadrille R 210 - Citation à l'ordre du Corps d'Armée : "Faisant partie d'un groupe de deux appareils attaqués par 6 avions ennemis, leur a tenu tête malgré une blessure reçue au début de l'action et a permis à son pilote de ramener l'appareil dans nos lignes."
Sgt Paul Lesec, pilote de l'escadrille R 210 - Citation à l'ordre du Corps d'Armée : "Faisant partie d'un groupe de deux appareils attaqués par 6 avions ennemis, leur a tenu tête et, bien que blessé au début du combat, a réussi à ramener dans nos lignes son appareil, moteurs hors d'usage."

Les trois autres membres d'équipage sont cités à l'ordre du Régiment :
Slt Henry Pierret, observateur de l'escadrille R 210,
Caporal Antoine Albrecht, mitrailleur de l'escadrille R 210,
Caporal Henri Monin, mitrailleur de l'escadrille R 210 :
"Le 16 mars 1917, ont fait preuve de courage et de ténacité au cours d'un dur combat dans lequel deux avions français ont résolumenty tenu tête à six avions ennemis."

Nouvelles missions et nouvelles victoires :

Le 24 mars 1917, l'équipage : Sgt André Menant (pilote et débutant sur Caudron R IV) avec le Slt Georges Moro (obs-photographe) et le caporal Albrecht (mit), livre un violent combat contre 3 avions ennemis. l'un d'eux, mitraillé par Antoine Albrecht, se retourne sur lui-même et tombe verticalement. Le Caudron a été sévérement touché avec un moteur traversé, un longeron brisé, la carlingue atteinte, des cordes à piano tranchées. L'appareil était escorté de deux avions de protection; celui du Sgt Georges Gauron (pilote), Slt André Cazier (obs), Sgt Evremond Lentrain (mit) est touché de 3 balles dans un autre combat contre 4 avions ennemis.

Le même jour, au cours d'un vol de surveillance, le Caudron R IV du Slt Lucien Girier (pilote), Slt Roger Buvry (obs), caporal Antoine Albrecht (mit) est touché par 10 balles, ses deux hélices sont brisées par les projectiles.

Le lendemain, deux nouvelles missions photo avec escorte.
Pour la première, l'avion photo de l'équipage MdL Jean Samalens (pilote), Slt Georges Moro (obs-photographe), Caporal Antoine Albrecht (mit), vole sous la protection de deux autres équipages : Slt Lucien Girier (pilote), Ltt Jean Aymonnier (obs), soldat François Métayer (mit) et Sgt Georges Gauron (pilote), Ltt Emile Jansen (obs) et Caporal Alphonse Grudé (mit). Les trois bimoteurs sont attaqués par 5 avions allemands. Au cours de la lutte, le Slt Georges Moro est légèrement blessé et un avion adverse, mitraillé par le caporal Grudé et le Ltt Jansen, est abattu dans la région d'Aubilly. Un autre, visiblement touché par le caporal Albrecht, disparaît en piquant. Le Caudron R IV de Girier est sérieusement touché au gouvernail et un départ de feu se déclare à bord. Il est aussitôt étaint par le pilote qui fait preuve à l'occasion d'un grand sang-froid. Ses compagnons échappent à la mort par miracle; Métayer a son livret militaire en partie brûlé dans sa poche par une balle incendaire, Aymonnier est frappé au ventre par un éclat d'obus qui heureusement ne le blesse pas. Un autre avion a un longeron de commande tranché. Ajoutez entre ces combats, une DCA ennemie très violente qui harcèle les avions français.
La seconde mission est entreprise au moyen des 2 Sopwith 2A2 que l'escadrille vient de percevoir. Le premier, de l'équipage Slt Lucien Girier (pilote) et Ltt Jules Brunswick (observateur), est chargé des photographies et le second, de l'équipage Cne Louis Thébault (pilote), EV Robert de la Tullaye (observateur), d'assurer la couverture de ses camarades. Un avion allemand, qui attaque l'avion photo, est repoussé par l'avion de couverture.

Citations à l'ordre de l'armée :

Cinq citations à l'ordre de l'armée sont décernées pour les derniers combats menés :
Slt Lucien Girier, pilote de l'escadrille R 210 : "Spécialiste des vols de nuit, a exécuté plusieurs missions périlleuses, notamment le 22 mars 1917. Le 25 mars, ayant vu un incendie se déclarer à bord de son appareil, au cours d'une combat contre plusieurs avions ennemis, a réussi, à force de sang-froid, à éteindre le feu, à continuer et à remplir sa mission."
Sgt Georges Gauron, pilote de l'escadrille R 210 : "Le 25 mars, attaqué par plusieurs avions ennemis à 10 kilomètres dans les lignes allemandes, a forcé l'un d'eux à atterrir précipitamment et a réussi à regagner nos ligne bien que contusionné par un éclat d'obus et ayant une commande de profondeur de son apapreil coupée."
Sgt André Menant, pilote de l'escadrille R 210 et
Caporal Antoine Albrecht, mitrailleur de l'escadrille R 210 : "Ont exécuté dans le courant de mars une série de reconnaissance photographiques à longue portée donnant lieu à de nombreux combats. Le 24 mars, ont forcé un avion ennemi à atterrir dans ses lignes et sont rentrés avec un appareil hors d'usage. Le 25 mars, attaqués à 10 kilomètres dans les lignes par 5 avions ennemis, ont abattu l'un d'eux avec l'aide d'un autre appareil et ont rempli leur mission."
Slt Georges Moro, observateur de l'escadrille R 210 : "Légèrement blessé le 24 mars dans un combat au cours duquel il a forcé un avion ennemi à atterrir dans ses lignes, est reparti le lendemain dans une mission dans les lignes ennemies, au cours de laquelle il a livré un nouveau combat victorieux."

Quatre citations à l'ordre du 7ème Corps d'Armée :
Ltt Emile Jansen, observateur de l'escadrille R 210,
Caporal Alphonse Grudé, mitrailleur de l'escadrille R 210,
Soldat François Métayer, mitrailleur de l'escadrille R 210 : "Ont exécuté dans le courant de mars, une série de reconnaissances photographiques à longue portée donnant lieu à de nombreux combats. Le 25 mars, faisant partie de l'équipage de deux appareils attaqués à 10 kilomètres dans les lignes ennemies par 5 avions allemands, ont forcé l'un de ces avions à atterrir et ont rempli leur mission malgré la lutte inégale qu'ils avaient dû soutenir."
Ltt Jean Aymonnier, observateur de l'escadrille R 210 : "Le 25 mars, faisant partie de l'équipage de deux appareils attaqués dans les lignes ennemies par 5 avions allemands, a forcé l'un de ces derniers à atterrir, malgré la lutte inégale qu'il avait dû soutenir."

Missions de nuit sur Farman F 42 :

Plusieurs missions de nuit ont été réalisées au cours de ce début d'année 1917. En particulier, le 11 février, après d'abondantes chutes de neige, le Cne Louis Thébault (pilote) et le Slt André Cazier (obs) exécutent une longue reconnaissance sur un des Farman F 42 conservé dans ce but. Ils survolent l'itinéraire Reims, Witry-les-Reims, Bazancourt, Saint-Etinne-sur-Suippe, Neufchâtel, Proviseux, le camp de Sissonne, Sissonne, Montaigu, Saint-Erme, Berrieux, Amifontaine, Guignicourt et Berry-au-Bac. L'objectif principal de cette mission est de repérer des mouvements de troupes. Nos aviaterurs ne repèrent rien d'anormal. La visibilité a été bonne is l'orientation pendant la mission difficile en raison de la neige qui recouvre les routes. Plus question de se repère avec les accés, les voies ferrées, seuls subsistent les éléments du reliefs comme les rivières et les bois.
Le 22 mars 1917, le Slt Lucien Girier (pilote) et le Slt André Cazier (obs) effectuent une autre mission et lancent 6 obus dans la région de Witry.
Le 10 avril, Le Cne Louis Thébault (pilote) et le Ltt Jules Brunswick repèrent une batterie d'artillerie en action à la lisière du bois Desnoyel.

Perception de Sopwith 2A2 :

Pour remplacer les avions endommagés à la suite des combats et envoyés au parc d'aviation de Crugny pour remise en état, l'escadrille touche quatre Sopwith 2A2, beaucoup plus légers que les gros Caudron R IV de l'unité. Ces derniers sont d'ailleurs progressivement remplacés par des bimoteurs Letord 1. Pour complèter le parc aérien, le Cne Thébault part au Bourget pour percevoir un Nieuport 23, équipé d'une TSF. Avec celui-ci, il tentera de réaliser des réglages de tir. En fait, si les essais en zone calme avaient bien marchés, il n'en a pas été de même au combat car le pilote-observateur était plus préocuppé de surveiller la présence éventuelle de la chasse adverse que de repérer les batteries ennemies. Le Nieuport monoplaces servit surtout aux sorties météo avant le départ des avions d'armes ou à accompagner les autres avions de l'escadrille.
A cette époque, la 210 comptait une grande variété d'avions, ce qui ne devait pas faciliter le travail des mécaniciens. Les moyens aériens étaient abrités sous 3 hangars Bessonneau de 26 x 28 m. Ajoutons à cette panoplie, un Nieuport 14 biplace complétement démodé qui servait à l'entraînement et un biplace Morane Saulnier type P (Parasol) que le Sgt Aimé Guérin ramena un jour de la RGAé du Bourget. Il fut néanmoins affecté à une autre escadrille qui le perdit par accident, un ou deux jours plus tard, tuant son équipage.

De nombreux accident aériens :

En raison des défauts de conception ou de construction de nombreux avions et par le manque d'entraînement des nouveaux pilotes, les accidents mortels seront nombreux dans les différentes unités. Comme par exemple, un appareil construit à la hâte et mal équilibré, le Caudron G 6 tomber en vrille jusqu'au sol, un Salmson Moineau SM 1 monomoteur à deux hélices, décoller péniblement du terrain de Rosnay puis s'écraser sur celui de Bouleuse, tuant son équipage. Puis un Farman en perte de vitesse s'écrasant au sol en tuant pilote et observateur. Il n'était pas bon être navigant dans les escadrilles d'observation et de réglage d'artillerie en cette année 1917 ! Il faudra l'arrivée des Breguet 14 et des Salmson 2A2 pour voir s'aarêter l'hécatombe.
A la 210, seuls de nombreux capotages de Sopwith 2A2 seront à déplorer car les pilotes s'étaient progressivement habitués aux gros Caudron R IV. Les deux avions n'avaient vraiment pas les mêmes comportements à l'atterrissage, c'est le moins que l'on puisse dire !
Les quatres Sopwith ne feront pas long feu et seront tour à tour accidentés.

Missions de réglages d'ALGP :

A l'origine, la R 210 était une escadrille d'artillerie. Elle va reprendre du service dans ce rôle et mise à disposition de l'ALGP. Le 26 mars 1917, le Général Fetter commandant l'artillerie de la 5ème Armée et le Lcl Kaiser, commandant l'ALGP de cette grande unité rendent visite à l'escadrille. Ils se font présenter l'unité et expliquent ce qu'ils attendent des missions qui vont être exécutées. Dans un but d'efficacité, les observateurs ont été intégrés aux différents batteries et se sont entendus avec leurs commandants, les officiers d'antenne, sur les méthodes à emplyer pour les réglages. Il a fallu tenir compte des différents calibres, de la rapidité des tirs, de la facilité de l'observation des coups. Il faut préciser que cette harmonisation n'est pas de tout repos en raison du matériel très disparate qui équipe l'ALGP, celà va du 14 cm de Marine à l'obusier de 400 mm dont on peut suivre l'obus depuis sa sortie du tube jusqu'au point de chute.
L'escadrille sera chargée de régler 27 positions de pièces ou batteries réparties sur un front allant de Craonne à la Pompelle. Ces éléments sont scindés en 2 groupements principaux, Nord et Sud de l'Aisne, eux-même divisés en deux sous-groupements dont les PC sont à Beaurieux et Guyencourt pour le groupement Nord, et Trigny et Reims pour le Sud.

Les batteries dont il faudra régler le tir sont respectivement :

  • les batteries de 240 du groupe Albaret.
  • le groupe de 240 TR du Cne Ridoux.
  • le 6ème groupe de 32 du Cne Rolland.
  • le 8ème groupe de 32 du Cne Laurent.(voir photo)
  • le 5ème groupe de 32 du Cne Albinet.
  • la batterie de 14 du Ltt de Vaisseau de Vogüe.
  • le 31ème groupe de 400 (4 pièces) du chef d'escadron (Cdt) Julien :
    • 77ème batterie du Cne Simonin.
    • 78ème batterie du Cne Boisonnet.
  • une batterie de 19.
  • une batterie de 274.
  • un groupe de 16 du Ltt de Vaisseau Cholet
  • le groupe de 370 du Cne Bourély.

L'utilisation de la TSF lors des offensives :

Des procédures d'emploi de la TSF vont être définies avec les autres escadrilles de l'armée. En effet, pendant l'offensive à venir, un grand nombre d'avions vont opérer sur le front et il est vital qu'ils ne se génent pas eux. Le service de la TSF, commandée par le Cne Franck, met en place, à la 210, les postes les plus puissants car l'unité doit intervenir profondément au-dessus des lignes adverses. ces équipements disposent d'une tonalité différente pour chaque groupement et dans chacun d'eux, 3 longueurs d'onde intercalées entre les fréquences de l'autre groupement, ce qui permet à 6 avions de réglage de l'escadrille d'opérer en même temps sans se gêner mutuellement. De même, disposant d'une tonalité et de fréquences spécifiques, ils n'interféront pas sur les communications des autres escadrilles.
Ce problème était réglé sur le papier, mais comme d'habitude, il y a une grande différence entre ce qui a été prévu et la réalité. Certaines escadrilles opérant sur les premières lignes et donc survolant régulièrement les batteries d'AGLP, vont brouiller en partie les émissions TSF qui sont destinées à l'artillerie lourde. Comme les communications ne sont pas bonnes et la menace de la chasse ennemie vive, les avions de la 210 vont se rapprocher de la ligne de front pour émettre et rajouter du brouillage.
De plus, et c'est cocasse, l'émetteur de la Tour Eiffel va se mettre de la partie, lors de l'émission de son bulletin météorologique, en génant, par sa puissance d'émission, les opérateurs à l'écoute dans les avions. Malgré la liste de ces inconvéniants qui rendent le travail difficile sur les lignes, l'AGLP serait totalement aveugle sans avion de réglage , ni TSF.

Les conditions météorologiques seront la plus grande entrave au travail quotidien des officiers d'artillerie embarqués à bord de avions de la 210. Pendant la période de préparation de l'offensive, du 1er au 16 avril 1917, l'AGLP de l'armée va demander 51 réglages. Seulement 8 seront entièrement réalisés avec leurs objectifs détruits, 11 seront interrompus en raison des conditions atmosphériques, à la suite de combats, de pannes moteur ou de l'équipement TSF et tous les autres, non réalisés.

Nouvelles pertes :

Ce n'est pas parce que l'escadrille n'a pas été exposée que ses résultats ont été moyens. En effet, les conditions climatiques contraires associées à des attaques incessantes de la chasse adverse, vont coûter le prix fort à la C 210. C'est au cours de l'année 1917 que l'unité va déplorer la plus grande partie de ses pertes.

Le 6 avril 1917, l'équipage Sgt Georges Gauron (pilote), Slt André Cazier (obs) et soldat Max Brasseur (mit) exécutait , depuis plus de 3 heures, un réglage des 4 pièces du 3ème groupe de 320 sur une batterie de la région d'Aguilcourt. Tout se passait bien, l'AGLP était passée au tir d'efficacité (dernière étape consistant, après réglage, à détruire la batterie adverse) et une attaque d'avions ennemis repoussée. L'équipage allait rentrer sa mission terminée quand leur avion fut assailli par un groupe de Fokker. Un combat acharné se livra, mais en quelques secondes, le Slt André Cazier fut tué d'une balle à la tête, le mitrailleur Max Brasseur, mortellement blessé au ventre et le pilote, le Sgt Georges Gauron griévement blessé à la cuisse. Alors qu'ils arrivaient à tenir en respect 2 des assaillants, un troisième appareil les a surpris par derrière et les a mitraillé à bout portant. Surmontant sa douleur, Gauron pu poser son avion près de la batterie qu'ils avaient guidé pendant cette mission, à la Garenne-de-Gueux. Les brancardiers de la batterie emmenèrent à l'hôpital proche, la dépouille du Slt Cazier pour lequel on ne pouvait plus rien, le soldat Brasseur qui agonisait et le pilote blessé.
A l'escadrille, l'opérateur TSF avait tout entendu du combat qui venait de se livrer. D'abord un échange d'ordre, suivis des détonations des armes de bord et le silence qui a suivi, très angoissant. Un avion qui ne rentre pas, 3 heures puis 4 s'écoulent sans nouvelles. Un avion d'une autre escadrille, qui rentre de mission, prévient qu'il a vu le Caudron R IV disparu posé près de la batterie qu'il réglait. Aussitôt, les navigants foncent en auto pour avoir des nouvelles de leurs camardes disparus. Le gros R IV est seul, taché de sang, ce qui n'est vraiment pas bon signe !
Le corps du Slt André Cazier a été déposé dans une petite pièce à l'entrée de l'hôpital. Il est mort sans souffrir et il est toujours comme il est parti, revetu de sa combinaison de vol et de son casque. Les deux autres membres d'équipage sont sur la table d'opérations. Brasseur, trop grièvement blessé, ne survivra pas à ses blessures.

Le soir, le capitaine fait le triste inventaire des affaires personnelles des deux aviateurs tués. Brasseur malgré son jeune âge, était déjà père de 2 enfants. Le lendemain, les personnels disponibles conduisent leurs camarades au petit cimetière militaire où la parcelle réservée aux aviateurs est déjà bien remplie. Le général Fetter, commandant de l'artillerie de l'armée et le Cdt Louis Morisson, commandant l'aéronautique, qui avaient déjà conduit au cimetière, le matin même, 4 aviateurs, déposent sur leurs cercueils, la Croix de Guerre.

Sgt Georges Gauron lors de son stage bombardement à l'école du Crotoy en fin 1916 - Ce pilote de Caudron R 4 a été affecté à l'escadrille R 210 du début 1917 au 8 avril 1917 - Grièvement blessé d'une balle à la cuisse lors d'un combat aérien entre 6 Fokker, le 6 avril 1917 - Après sa convalescence, il est successivement affecté au GDE puis à l'annexe SFA de Nanterre - Photo Georges Gauron transmise par Jean Gauron, son petit-fils, que je remercie pour l'aide apportée.

L'escadrille de nouveau endeuillée :

L'offensive est imminente, le soir du 13 avril, la visibilité étant bonne, un réglage des pièces de 240 du groupe Albaret est demandé sur le village de Goudelancourt. L'escadrille vient de recevoir un nouveau appareil, un Letord 1. L'équipage part confiant. Il est composé du Cne Louis Thébault, le chef de la 210 (pilote), de l'enseigne de Vaisseau Robert de la Tullaye, un des spécialistes des réglages d'artillerie de l'ALGP et du Sgt Evremond Lentrain, mitrailleur. Celui-ci, ayant déjà une victoire à son actif, a demandé à participer à cette mission, avec l'espoir d'augmenter son tableau de chasse.

La mission commence parfaitement bien, l'observateur est en liaison par TSF avec la batterie dont il dirige le tir. Doucement, la brume s'épaissit et oblige les aviateurs à se rapprocher de l'objectif pour continuer un guidage efficace. Aucun avion ennemi n'est alors visible. Tout à coup, le mitrailleur, qui est sur ses gardes, signale un avion très haut qui arrive sur eux en piquant. Le Cne Thébault fait immédiatement demi-tour pour livrer combat le plus près possible des lignes françaises. Malheureusement, l'avion adverse est trop rapide et rattrape facilement le gros bimoteur.
De la Tullaye
et Lentrain, servant chacun un jumelage Lewis, se préparent à repousser l'assaut qui va être violent. Le chasseur allemand, armé de deux mitrailleuses, ouvre le feu de loin et tire sans arrêt. L'équipage entend distinctement les balles qui traversent les entoilages d'ailes. Lentrain ouvre le feu avec ses armes mais épuise vite ses deux chargeurs de 100 cartouches. Il se baisse pour réapprovisionner et est touché. Il réussit à prévenir le pilote avant de s'écrouler sur son siège.
L'aviateur, qui a vu qu'il avait mis hors de combat le mitrailleurs arrière, porte une nouvelle attaque dans ce secteur. De la Tullaye, à l'avant, est géné par les ailes et les moteurs. Avec sang-froid, malgré une blessure, il guide le Cne Thébault pour dégager son champ de tir et pouvoir repousser l'ennemi. L'Allemand rompt le combat car un avion de chasse français pilote par le Cdt de Marancourt, qui a vu la scène, arrive à toutes allures. C'est surement son intervention qui a sauvé l'équipage.

Les aviateurs de la 210 ne sont pas encore tirés d'affaire car un des moteurs touché par plusieurs prhjectiles, s'est arrêté. Volant difficilement sur l'autre, le Letord perd peu à peu de l'altitude. Un des réservoirs a été percé par une balle, l'essence s'écoule dans le fuselage au pied du pilote. Lentrain ne bouge plus et l'observateur fait signe qu'il a été blessé. Malgré les risques de prendre feu en vol, Thébault préfère regagner un terrain plutôt que de poser son avion en campagne. Le temps de trouver des secours, son mitrailleur sera peut-être mort.

Le moteur encore en fonctionnement commence à présenter des signes de faiblesses et l'avion est de plus en plus difficile à contrôler. En cherchant une zone dégagée pour se poser si son dernier moteur venait à lâcher définitivement, le capitaine aperçoit enfin le terrain de Rosnay. Il était temps, car le moteur s'arrête et c'est en vol plané que Thébault fait son approche et se pose au milieu du terrain sans problème malgré les pneux crevés par les balles.

Il n'y a plus rien faire pour Evremond Lentrain, qui a été touché par plusieurs balles, dont une explosive lui a tranché l'artère fémorale. Il a succombé à l'hémorragie. De la Tullaye a été blessé au genou et est évacué par le Cne René Doumer, de l'escadrille N 76, à l'ambulance (hôpital de campagne) chirurgicale de Jonchery où il est immédiatement opéré. Il recevra sur son lit d'hôpital la croix de chevalier de la Légion d'Honneur. Sa blessure étant grave, l'EV Robert de la Tullaye ne retrouvera jamais la mobilité de sa jambe et ne pourra plus servir dans l'aviation. Après sa convalescence, il regagnera son arme d'origine, l'ALGP.

Les obsèques du Sgt Evremond Lentrain eurent lieu au cimetière de Prouilly. La bataille faisant rage, seule une petite délégation de la 210 pu assister à la cérémonie. Il eu droit, comme ses camarades morts quelques jours auparavant, une belle tombe entourée de bois et surmontée d'une croix ornée de l'insigne de l'escadrille.

Le bilan aurait pu être plus lourd :

Leur avion est tellement criblé d'impacts qu'il est jugé irréparable et renvoyé à l'arrière. Il a fait ce jour son premier et dernier vol. De plus, ce combat sanglant aurait pu être encore plus dramatique si le pilote n'avait pas été sauvé par sa plaque de blindage. Après coup, le Cne Thébault découvre un projectile qui lui aurait touché les reins, et sa combinaison de vol fourrée, qui dépassait largement, a été traversée de part et d'autre par plusieurs balles. C'est grâce à cette plaque, préconisée par le Cne Didier Lecour-Grandmaison, que le pilote n'a pas été touché et qu'il a pu ramener l'avion au terrain. Lui touché, c'était une mort certaine pour l'observateur qui n'avait pas accès aux commandes de l'appareil. Il est nécessaire de rappeler que des cuirasses portatives avaient été perçues pour les mitrailleurs et les observateurs, mais que celles-ci, beaucoup trop lourdes et emcombrantes, avaient été laissées au sol.

Un Bessonneau part en fumée :

Le 13 avril 1917, un accident mortel vient endeuiller l'aviation militaire du terrain. Un Salmson-Moineau SM 1 de la F 72 s'écrase en entraînant dans la mort son équipage composé du Slt Paul Féquant (pilote), frère du commandant, du Ltt André Locquin (obs) et du Soldat Maurice Hutreau (mit).
Pour la 210, un événement grave marque cette journée. Un mécanicien provoque, par maladresse, un incendie et se brûle les mains en essayant de l'éteindre. Heureusement, grâce à la réaction rapide de ses camarades, les avions en maintenance ou à l'abri du hangar sont sortis. Seul un Sopwith 2A2, dont les roues avaient été enlevées, partit en fumée avec le hangar. Une partie des mécaniciens, qui dormaient dans le hangar, faute de place, voient leur paquetage disparaitre. Malgré ces événements, l'escadrille effectue huit missions de réglages.

Beaucoup de casses avions :

Les 14 et 15 avril 1917, les équipages de la C 210 se consacrent aux dernières missions de réglage. Lors d'un décollage, un Sopwith 2A2 monté par le Ltt Emile Jansen (pilote) et le Sgt André Menant, capote et brise son train d'atterrissage. Les deux hommes sont indemnes mais cet accident arrive au mauvais moment où tous les moyens aériens sont nécessaires. Quelques jours plus tôt, le même Jansen, accompagné du Sgt Baron télégraphiste, avait vécu la même mésaventure. Son Sopwith 2A2, équipé d'un poste TSF qu'il fallait tester, se retourne. La plupart des Sopwith 2A2 étaient maintenant cloués au sol.
Pour les pilotes, c'était principalement en raison de la faiblesse de leur train d'atterrissage mais aussi par la difficulté de passer du Caudron R IV au Sopwith beaucoup plus léger et rapide. C'est d'ailleurs pour cette principale raison que le Sop 2A2 n'eurent pas beaucoup de succès dans l'escadrille.
La situation du coté Letord 1 était semblable avec la plupart des avions endommagés au combat et évacués à l'arrière ou en réparation. Les moyens aériens de la C 210 avaient atteints un niveau très inquiétant.

Un Sopwith 2A2 de l'escadrille C 210 en pylône sur le terrain de Bouleuse - L'escadrille 210 a stationné sur ce terrain du 19 janvier au 24 juillet 1917 - Ce type d'accident a été très courant pour les utilisateurs de Sopwith 1A2 de la 210 - En effet, ses pilotes étaient accoutumés au décollage et à l'atterrissage des gros Caudron R IV et autres Letord 1 - Le Sopwith 1A2, qui demandait plus de souplesse, en a fait les frais, au point qu'il a fallu renvoyer des pilotes en formation complémentaire pour enrayer l'hémorragie - Photo Jules Brunswick transmise par son petit-fils Jean-Michel Roche.

En vue d'augmenter rapidement le parc aérien de l'unité, le Sgt Aimé Guérin est envoyé en urgence à la RGA (réserve générale de l'aviation) du Bourget d'où il ramène un Morane Saulnier type P (Parasol). L'avion est immédiatement équipé d'un poste TSF mais directement transféré à l'escadrille F 206.
Le 15 avril, le Cne Louis Thébault et l'Adj Charles Gantès partent en auto pour l'annexe de la RGA de Matouges, entre Châlons et Epernay. Par un temps détestable, ils en ramènent chacun, en basse altitude, un Letord. Comme d'habitude, les avions, sitôt posés, sont révisés et équipés de postes TSF essentiels à la conduite de la mission principale de l'unité.

La grande offensive Nivelle du 16 avril 1917 :

Dans la nuit, l'heure de déclenchement de l'offensive a été communiquée à toutes les unités. L'attaque portera sur le front des VIème et Vème armées, de Soissons à Reims. La Vème armée, dont dépend la C 210, attaquera entre Craonne et la Pompelle. Les moyens offensifs de l'armée sont répartis d'Ouest en Est de la sorte : le 1er CA, le 5ème CA, le 32ème CA, le 7ème CA, la brigade russe et le 38ème CA.(CA pour Corps d'Armée)
Les observateurs constatèrent vite que l'offensive avait été trop longtemps retardée et que ces reports avaient permis aux Allemands pour consolider leurs positions. L'état-major de Jonchery était franchement optimiste et avait déjà préparé son installation à Laon. La réalité fut toute autre !
Le 1er CA éprouva beaucoup de difficultés à progresser dans la région de Craonne. Le 32ème CA prit les 1ère et 2ème ligne et s'acança jusqu'à Juvincourt. Les Russes prirent Courcy. La 5ème armée, qui avait hérité de la zone la plus difficile, ne put s'emparer que de la 1ère ligne. Les hauteurs de Craonne et le massif de Brimont, objectifs principaux de l'offensive, n'avaient pas été pris.
Les conditions météorologiques ont été mauvaises et les missions de liaison avec l'infanterie rendues difficiles. L'ALGP, qui ne fut pas renseignée comme il l'aurait fallu, ne tira pas beaucoup. Deux réglages furent tentés, un avec le groupe Albaret de 240 sur les villages et un autre avec les pièces de 400 de la 77ème batterie du Cne Simonin (31ème groupe) sur le fort de Witry. Dans les deux cas, ils furent interrompus par les nuages et la brume.

Tous les équipages des avions qui survolèrent le champ de bataille à basse altitude, conservèrent le souvenir d'une multitude de taches en mouvement et des colonnes de fumée noire qui marquaient chacune un char d'assaut français qui brulait.
La seule perte du terrain de Bouleuse ne fut pas à déplorer à la C 210. Le 16 avril 1917, l'équipage composé du Ltt Jean Weith (pilote)et du Ltt André Petit (observateur), de l'escadrille F 72, se tue dans un accident de décollage.

Le lendemain, le vent souffle en rafales et empêche les avions de voler. Une représentation d'officiers de chaque escadrille présentent sur le terrain se rend aux obsèques des deux aviateurs tués hier. Dans la petite chapelle qui a été amenagée dans une barraque de l'hôpital de campagne d'Aubilly, les deux cercueils reposent côte à côte, recouverts du drapeau tricolore. Pour rajouter une note encore plus sinistre à la situation, le sang a coulé entre les planches mal jointes des cercueils. Après une brève cérémonie religieux, les deux hommes unis dans la mort sont emmenés au cimetière, où déjà beaucoup d'hommes reposent.

Arrivée de nouveaux personnels :

Le Sgt Alfred Adam, mitrailleur, arrive en provenance de la C 212. Il va remplacer le Sgt Evremond Lentrain, tué le 13 avril. Le Sgt Jean Dénéchaud (pilote), qui avait été affecté dans une autre unité, revient à la 210 grâce aux demandes répétées du Cne Thébault. Il arrive le même jour que les sergents pilotes René Bazin et Paul Lesec qui rentrent de convalescence suite à leurs blessures au combat. Un nouveau pilote, et de surcroit un boxeur célèbre, est affecté à l'unité, il s'agit du caporal Billy Balzac.
Un observateur stagiaire, en provenance de l'ALGP, va faire un parcours éclair au sein des navigants. Le Ltt Cardot, n'arrivera jamais à encaisser, sans être malade, les mouvements incessants en vol qui étaient particulièrement sensibles sur le Caudron R IV par mauvais temps et lors des heures chaudes de la journée (moindre portance). Après plusieurs essais, il regagnera son unité d'origine, le 17 mai 1917.
Quatre nouveaux pilotes viennent renforcer les rangs, l'Asp Jean Trochery et le Caporal Jean Fabre brevetés et perfectionnés sur Caudron R IV, et les caporaux Jean Porte et Georges Lampe sur Sopwith 2A2. Pour finir, deux observateurs sont détachés provisoirement de leur unité, les Ltt Pierre Croiset et René Flageat. Ces deux officiers regagneront leur escadrilles, le 13 juin 1917, respectivement la F 58 pour le Ltt Croizet et la F 70 pour le Ltt Flageat.

Les accidents de Sopwith 2A2 se multiplient :

La météo étant redevenue plus clémente, les missions de réglage d'artillerie lourde peuvent reprendre. Désormais elles seront toujours confiées à des équipages expérimentés. Plus question d'envoyer sur les lignes des pilotes qui sortent d'école et qui sont insuffisamment formés. Tous les nouveaux devront s'entraîner autour du terrain et une fois qu'ils seront prêts, devront prouver leur valeur au chef de l'escadrille. Les pilotes de Caudron R IV subiront un entraînement plus poussé avant de leur confier la vie d'un observateur. Certains pilotes désirant en découdre rapidement avec l'ennemi, comme l'Asp Jean Trochery, vivront mal cette période de défiance et d'écolage.
Le caporal Jean Lampe, victime d'un accident d'atterrissage avec un Sopwith 2A2, retourne en formation au Plessis-Belleville.

Le 1er mai 1917, le Sopwith 2A2 de l'équipage : Sgt Aimé Guérin (pilote) et Ltt Pierre Croiset (obs) décolle. Arrivé à une altitude de 200 m, une tige de commande de soupape du moteur rotatif se détache et arrache avec la force centrifuge le capot moteur et casse l'hélice. Sans paniquer, le Sgt Guérin réussit à atterrir dans un champ labouré, à la lisière d'un bois, près de Treslon. Son attitude exemplaire lors de ces circonstances lui vaut la levée immédiate d'une punition qu'il venait de recevoir.

Un des nombreux accidents de Sopwith 2A2 de l'escadrille R 210 - Cette unité a fait une consommation accrue de ce type d'avion - Pour cet exemple, le capotage s'est terminé par un retournement complet - Photo Jules Brunswick transmise par son petit-fils Jean-Michel Roche.

Le Sopwith 2A2 ("IV" dans la numérotation escadrille) a de nouveau terminé sur le nez - Photo Jules Brunswick transmise par son petit-fils Jean-Michel Roche.

Nouveaux blessés au combat :

Le 2 mai 1917, un Letord 1 monté par l'équipage : Adj Charles Gantès (pilote), Slt Roger Buvry (obs) et Caporal Antoine Albrecht (mitrailleur) termine le réglage d'une batterie de 14 (LV de Vogué) sur Lavannes. Ayant été obligé de s'approcher de la zone ennemie pour mieux observer les arrivées de salves, il est attaqué par 4 avions Allemands. Buvry et Albrecht se défendent bien et abattent un des assaillants qui tombe dans les lignes adverses. Cependant cette victoire, qui sera homologuée, laisse les deux hommes grièvement blessés. Buvry est touché par une balle qui lui casse le bras droit et Albrecht est criblé d'éclats de balles explosives aux bras et aux jambes. Les deux hommes s'en sortent parce qu'ils portaient la cuirasse de protection, qui avait été remise au goût du jour, depuis la mort de Lentrain.
L'avion a reçu une centaine de projectiles, ses réservoirs sont perçés et les moteurs touchés. Gantès réussit tout de même à rejoindre Bezannes et à s'y poser sans casse. Les deux blessés sont emportés à l'ambulance de Sacy (hôpital de campagne) puis à celle de Bouleuse. Ils seront ensuite évacués sur les hôpitaux parisiens. Buvry dût subir plusueurs opérations et ne retrouvera pas l'usage normal de la main droite, la balle avait fait trop de dégats à l'os. Deux jours plus tard, le Cdt Louis Morisson, chef de l'aéronautique de la 5ème armée, remet, sur leur lit d'hôpital, la Légion d"Honneur au Slt Roger Buvry et la Médaille Militaire au caporal Antoine Albrecht.

Asp Roger Buvry, observateur de l'escadrille R 210 - Photo Jules Brunswick transmise par son petit-fils Jean-Michel Roche que je remercie pour son aide.

Slt Roger Buvry photographié sur son lit d'hôpital après que le Cdt Morisson l'ait décoré de la Légion d'Honneur et d'une seconde palme à sa Croix de Guerre - Photo Jules Brunswick transmise par son petit-fils Jean-Michel Roche que je remercie pour son aide.

Des accident mortels sur le terrain de Bouleuse :

Le 2 mai 1917, l'escadrille C 64, qui est équipée de Caudron G 6 équipés de moteurs rotatifs, perd un avion. Cet appareil, mal équilibré, se met en vrille et le pilote n'arrivera pas à leur sortir. Le Caudron s'écrase à proximité de l'hôpital d'Aubilly, près de l'endroit où un Morane-Saulnier type P de la 206 s'est écrasé quelques jours auparavant. L'équipage, composé du Caporal Marcel Saucier (pilote) et du Slt Pierre de la Brosse (observateur), est tué.
Le même accident est déjà arrivé deux jours avant au Cne Laurent Hugel (pilote et chef de la F 212) et au Slt Jean Dubrulle (observateur). Cet accident s'est là aussi terminé tragiquement.

Le 7 mai 1917, un Salmson-Moineau SM 1 de l'escadrille F 223 stationnée sur le terrain de Rosnay, qui vient de décoller, retombe en perte de vitesse et s'écrase sur le terrain de Bouleuse en prenant feu. Les occupants sont carbonisés avant que l'on puisse leur porter secours. (équipage : MdL Armand Ferrand pilote, Slt Gilbert Berthier observateur et MdL Elie Borel mitrailleur).

Les deux causes principales de ces accidents en rafale sont dûes de l'inexpérience des jeunes pilotes, trop rapidement envoyés au front et aux appareils mis en service au cours de l'année 1917, insuffisamment au point avant d'être envoyés en unité de première ligne. La conjugaison de ces deux facteurs va causer beaucoup de pertes, il faudra attendre le début 1918, avec l'arrivée du Salmson 2A2 pour voir la courbe des pertes redescendre.

Mort du Cne Lecour-Grandmaison :

Le 10 mai 1917, une nouvelle tombe comme un coup de tonnerre ! Le Cne Didier Lecour-Grandmaison, chef de l'escadrille C 46 vient d'être tué au combat. A bord d'un Letord, et au cours d'un dur combat contre des avions de la Jasta 15, le capitaine est tué d'une balle à la tête, un des mitrailleurs, le caporal Joseph Crozet est également tué. Le Sgt Alfred Boyé, le second mitrailleur, bien que blessé, réussit à ramener l'appareil dans les lignes. Il tente un atterrissage qui se termine par un capotage et un incendie. Le Cne Lecour-Grandmaison, l'As des triplaces, avait obtenu 5 victoires toutes homologuées à bord de Caudron R IV.

Missions de nuit :

L'escadrille reçoit la mission d'effectuer le réglage d'une pièce de 274 à Berceau de la 61° batterie du 7° R.A.P sur les gares du Châtelet-sur-Retourne, Vieux-les-Asfeld, Bazancourt. Cette batterie était normalement composée de 4 pièces mais 3 étaient en usine pour réalésage en 285 mm suite à une utilisation intensive en 1916 dans la Somme. Les missions à réaliser seront difficiles car la pièce, qui était en batterie à 1800 m au Sud de Trigny, va tirer à l'extrême limite de portée. L'avion, qui dirigera les tirs, sera donc exposé pendant un long moment dans les lignes allemandes. Ni les Caudron R IV et les Letord, avec leur plafond d'utilisation relativement bas, ne sont pas adaptés à ces missions bien dangeureuses. De plus, l'observateur, qui fait office de mitrailleur avant, sera sans arrêt engagé dans la défense de l'avion et ne pourra se concentrer à la direction efficace des tirs. L'autre solution serait d'employer un Sopwith 2A2, qui peut grimper beaucoup plus haut. Toutefois, ses chances de réussite seront minces en raison de l'activité de la chasse adverse sur ses lignes. Malgré qu'un équipage (Ltt Henry Pierret et EV Robert de la Tullaye) se porte volontaire pour cette mission périlleuse, le Cne Thébault hésite à envoyer ses hommes à une mort presque certaine.
Pour éviter de prendre une décision qu'il pourrait regretter amérement, il réalise, accompagné du Ltt Henry Pierret, une mission de réglage de nuit avec un Farman F 42 sur la gare de Bazancourt. Dans la nuit du 30 avril 1917, ils décollent, passent au-dessus de la pièce à régler, puis se dirigent sur la gare. Pendant une heure, ils vont voler au-dessus de l'objectif et communiquer la position des impacts avec la TSF de bord. Malheureusement, la brume sur zone est trop épaisse et à aucun moment, ils n'aperçoivent un éclatement et doivent rentrer.

Le 4 mai 1917, le Sgt Jean Denéchaud (pilote) et Ltt Emile Jansen (obs) réalisent une mission de reconnaissance lointaine de nuit sur Farman F 42 sur l'itinéraire : Reims, Bazancourt, le Châtelet-sur-Retourne, Neufchâtel, Guignicourt, Berry-au-Bac. En passant à la verticale de la gare de Bazancourt, ils larguent 6 obus de 120. Au dessus de Brimont, les artilleurs allemands tentent de leur barrer le passage. A 22h45, ils peuvent même observer une grosse explosion sur le Châtelet-sur-Retourne, probablement causée par un bombardement d'une autre escadrille du secteur.

Peu à peu, le calme revient sur le front couvert par l'escadrille. Les pièces d'AGLP sont peu à peu retirées de leurs positions et renvoyées au camp de Mailly. La C 210 reste à la disposition de l'aéronautique de la Vème armée et reprend les missions photographiques.

Bilan de la période allant du 1er avril au 10 mai 1917 :

1 ) Situation du parc aéronautique :

Au 1er avril, l'escadrille C 210 comptait :

  • 10 avions de réglage Caudron R IV, Letord 1, Sopwith 2A2, tous équipés d'une TSF.
  • un Nieuport 23 équipé d'une TSF.
  • deux Farman F 42 (réservés aux missions de nuit.)

Du 1er avril au 10 mai 1917, la C 210 a reçu 12 appareils :

  • cinq Sopwith 2A2
  • cinq Letord 1
  • un Nieuport 14
  • un Morane Saulnier type P

Pendant la même période, l'escadrille C 210 a perdu 12 appareils :

  • huit Sopwith 2A2
  • un Morane-Saulnier type P (reversé à une autre escadrille)
  • un Caudron R IV (suite à un combat)
  • deux Letord 1 (suite à des combats)

Nieuport 14 déclassé livré à la R 210 pour les vols de liaison - Photo Jules Brunswick transmise par son petit-fils Jean-Michel Roche.

2 ) Situation des personnel :

Au 1er avril 1917, la C 210 comprend 10 pilotes, 11 observateurs et 6 mitrailleurs.

Elle a perdu :

  • Le 6 avril 1917 : Sgt Georges Gauron (pilote, blessé au combat) - Slt André Cazier (observateur, tué au combat) - Soldat Max Brasseur (mitrailleur, tué au combat).
  • Le 13 avril 1917 : EV Robert de la Tullaye (observateur, blessé au combat) - Sgt Evremond Lentrain (mitrailleur, tué au combat).
  • Le 2 mai 1917 : Slt Roger Buvry (observateur, blessé au combat) - Caporal Antoine Albrecht (mitrailleur, blessé au combat).

3 ) Bilan opérationnel :

  • 211 sorties.
  • 225 heures de vol dont 39 heures d'entraînement.
  • 7 avions abattus : 4 homologués et 3 non homologués.
  • 62 réglages d'artillerie effectués sur 113 demandés :
    • 38 menés à leur terme.
    • 24 inachevés :
      • 8 sur pannes TSF
      • 3 pas de réponse de la batterie à régler
      • 6 sur mauvais fonctionnement de l'avion
      • 7 en raison du mauvais temps.
  • 3 missions photographiques sur les batteries ALGP pour vérifier l'efficacité de leur camouflage.
  • 6 vols d'exercice en liaison avec les batteries.
  • 16 vols d'essai après montage ou changement du poste TSF.
  • 2 vols de reconnaissance de nuit dont un avec bombardement d'un gare.
  • 14 reconnaissance de jour et de surveillance du front.
  • 70 vols d'entraînement pour pilotes nouvellement affectés et observateurs stagiaires.

A la suite des rapports envoyés par les escadrilles de réglage ALGP, il est décidé que leur dotation passe à 15 avions soit 4 Caudron R IV ou Letord et 11 Sopwith 2A2, faute de mieux. L'importance d'avoir du bon matériel de TSF est une nouvelle fois rappelée. C'est dans ce but qu'un officier radiotélégraphiste est détaché à l'escadrille. C'est tout d'abord le Slt Go qui sera affecté à ce poste, remplacé ensuite par le Slt Paul Michoulier qui restera à ce poste jusqu'à la fin de la guerre.

Citations accordées aux personnel de 210 :

Le général commandant la 5ème armée cite à l'ordre de l'armée :
Slt Maurice Cazier, observateur à l'escadrille R 210 : "Observateur de la plus haute valeur qui s'est signalé par des reconnaissances de nuit et des réglages difficiles. Le 6 avril chargé d'un réglage d'ALGP l'a continué pendant 3 heures malgré la présence et l'attaque d'avions ennemis, jusqu'au moment où il a été tué d'une balle au front."
Soldat Max Brasseur, mitrailleur de l'escadrille R 210 : "Blessé dans l'infanterie et inapte à son arme, a demandé, bien qu'il eût pu obtenir un poste à l'abri du danger, à devenir mitrailleur en avion. Tué glorieusement le 6 avril, en tenant tête à 5 avions ennemis."

Légion d'Honneur - Ordre n° 4828 D
EV de 1ère classe Robert de la Tullaye de l'escadrille R 210 a été nommé dans l'ordre de la légion d'Honneur au grade de chevalier : "Officier observateur de premier ordre, d'une bravoure allant jusqu'à la témérité. S'est signalé d'une façon brillante lors de l'offensive de la Somme. Le 13 avril 1917, au cours d'un réglage à grande distance, a été attaqué par plusieurs avions de chasse et blessé grièvement. A donné un bel exemple de sang-froid et d'énergie en supportant ses souffrances avec le plus grand calme. Déjà cité à l'ordre."

Médaille Militaire en date du 23 avril 1917
Sgt Georges Gauron
, pilote de l'escadrille R 210 : "Excellent pilote très courageux, à soutenu contre des avions ennemis plusieurs combats au cours desquels il a eu son appareil gravement endommagé. Le 6 avril 1917 attaqué par 6 avions au cours d'un réglage d'artillerie et très griévement blessé a réussi à force d'énergie à ramener son avion criblé de balles dans nos lignes. Déjà cité à l'ordre de l'armée."

Ordre n° 163 de la 5ème armée en date du 23 avril 1917.
Le général commandant la 5ème armée cite à l'ordre de l'armée :
Cne Louis Thébault, pilote de l'escadrille R 210 (escadrille d'ALGP) : "Chef d'escadrille très brave et très allant, a su par son exemple personnel donner à tous ses pilotes un allant exceptionnel que n'ont pas diminué des pertes sévères. Le 13 avril 1917, au cours de réglage d'ALGP, a subi à deux reprises à grande distance dans les lignes allemandes l'attaque d'avions de chasse ennemis. Ses réservoirs d'essence étant crevés, a laissé ses moteurs en marche au risque de brûler pour ne pas être prisonnier et a pu ramener au terrain d'atterrissage le cadavre de son mitrailleur et son observateur grièvement blessé."
Sgt Evremont Lentrain, mitrailleur de l'escadrille R 210 : "Le 13 avril, au cours d'un combat inégal contre plusieurs avions ennemis a continué à combattre jusqu'à l'épuisement de ses munitions, malgré une blessure grave reçue au début de l'action. A ainsi, grâce à son sang-froid et à son énergie, permis à son pilote de regagner nos lignes. Mort de ses blessures."

Chevalier de la Légion d'Honneur - Ordre 4938D
Slt Roger Buvry
, observateur de l'escadrille R 210 : "Brillant observateur qui a donné maintes preuves de ses qualités militaires. Le 2 mai 1917, s'est avancé sans escorte dans les lignes allemandes pour mieux assurer la fin d'un réglage important. Attaqué par 4 avions de chasse ennemis a abattu l'un d'eux en vue de nos tranchées. A été grièvement blessé."

Médaille Militaire (17 mai 1917)
Caporal Antoine Emile Albrecht, mitrailleur de l'escadrille R 210 : " Le 21 mai 1917, au retour d'un réglage à grande distance, a tenu tête à 4 avions ennemis; a abattu l'un d'eux en vue de nos postes d'observation. A été très grièvement blessé au cours d'un combat. Déjà deux fois cité à l'ordre de l'Armée."

Ordre n° 202 de la 5ème armée en date du 14 mai 1917.
Le général commandant la 5ème armée cite à l'ordre de l'armée :
Adj Charles Maurice Gantès, 26ème bataillon du Génie, pilote de l'escadrille R 210 : " Au cours d'un réglage d'ALGP, s'est avancé seul et à grande distance dans les lignes ennemies pour mieux accomplir sa mission. Attaqué par 4 avions ennemis, en a abattu un en vue de nos premières lignes et a réussi à ramener sans accident son appareil hors d'usage, son observateur et son mitrailleur très grièvement blessé."

Ordre n° 220 de la 5ème armée en date du 21 mai1917.
Le général commandant la 5ème armée cite à l'ordre de l'armée :
Slt Georges Moro, observateur de l'escadrille R 210 : " Très brillant observateur toujours prêt à exécuter les missions les plus dangeureuses. Officier de renseignement de l'escadrille, a rendu dans ses fonctions d'importants services. A effectué de nombreux réglages de tir d'ALGP dans des circonstances très difficiles et conduit avec succès des destructions de batteries ennemies, en particulier le 6 avril malgré les combats qu'il eut à soutenir contre plusieurs avions ennemis."

Ordre n° 222 de la 5ème armée en date du 22 mai 1917.
Le général commandant la 5ème armée cite à l'ordre de l'armée :
Ltt Jules Brunswick, observateur de l'escadrille R 210 : "Officier observateur de premier ordre et d'une rare habileté dans l'éxécution des missions qui lui sont confiées. A coopéré dans une large mesure à la préparation des attaques en prenant de nombreuses photographies des arrières lignes ennemies puis en réglant le tir d'ALGP, en particulier le 4 mai 1917 sur les objectifs qu'avaient révélés ses photographies."
Ltt Jean Aymonier, observateur de l'escadrille R 210 : "A effectué un grand nombre de réglages dans des circonstances souvent difficiles. Pendant la période du 1er avril au 8 mai 1917, et en particulier le 15 avril, a réglé les tirs de l'ALGP sur des objectifs importants et lointains, malgré la présence d'avions ennemis contre lesqueles il n'a jamais hésité à engager des combats sérieux qui se sont terminés à son avantage."
Slt Henri Léon Pierret, observateur de l'escadrille R 210 : " Malgré un état de santé précaire a tenu à participer dans la même mesure que ses camarades au réglage de l'ALGP. Sollicitant les mlissions les plus dansgereuses, s'est offert spontanément pour exécuter un réglage à très grande portée. N'ayant pu réussir de jour, l'a de nouveau tenté de nuit dans des circonstances très difficiles.Le 16 mars 1917, protégeant un avionde l'escadrille, a engagé un combat acharné contre plusieurs avions ennemis qu'il a réussi à mettre en fuite."

Médaille Militaire. Arrêté ministériel du 21 avril 1917.
Est inscrit au tableau spécial de la médaille Militaire :
Adj Octave Proust, de l'escadrille R 210 : "Après avoir brillamment participé dans l'infanterie aux combats du débuts de la guerre au cours desquels il a été blessé deux fois, fait preuve dans l'aviation de beaucoup de courage , d'habilieté et d'énergie. A déjà été cité."

Ordre général n° 175 de la 5ème armée en date du 5 mai 1917.
Le général commandant la 5ème armée cite à l'ordre de l'armée :
Slt Roger Buvry, observateur de l'escadrille R 210 : " Offcier observateur plein d'allant. A réussi pendant la période du 1er avril au 20 mai 1917 de nombreux réglages de tir à grande distance dans des circonstances très difficiles en raison du mauvais temps et de la présence d'avions ennemis, n'hésitant pas à survoler très bas l'objectif et livrant de nombreux combats au cours desquels il força toujours les adversaires à la retraite."
Ltt Emile Jansen, observateur de l'escadrille R 210 : " Officier observateur d'un courage à toute épreuve et d'une sûreté de coup d'oeil remarquable. A réussi parfaitement un très grand nombre de réglages de tir. Pendant la période du 1er au 20 avril 1917, dans des circonstances rendues très difficiles par le mauvais temps et la présence d'avions ennemis, a mené à bien plusieurs tirs à grande distance dont un notammenet sur une batterie de gros calibre qu'il aréduit au silence. A livré de nombreux combats au cours desquels un avion ennemi a été abattu."

Le Général de Division, commandant la RGAL (réserve générale d'artillerie lourde) cite à l'ordre de la RGAL (ordre du Corps d'Armée)
Slt Marcel Honoré Laville, observateur à l'escadrille R 210 : "Jeune officier nouvellement arrivé à l'escadrille et en pleine bataille, a fait preuve aussitôt du plus beau courageet d'une connaissance parfaite du métier d'observateur, réussissant, particulièrement le 30 avril 1917, des réglages d'ALGP très difficiles par suite de la grande distance de tir et de l'aviation ennemie."
MdC Jean Marie Pierre Prosper Samalens, pilote de l'escadrille R 210 : "Pilote ayant donné des preuves d'adresse, de courage et d'énergie au cours des missions dangereuses et pénibles des réglages d'ALGP. Le 25 mars 1917, a pris part, en compagnie d'un autre avion de l'escadrille, à un combat sérieux contre plusieurs avions ennemis au cours duquel l'un d'eux a été abattu."

Médaille Militaire :
Sgt André Menant, du 101ème régiment d'infanterie, pilote de l'escadrille R 210 : "Excellent pilote aviateur, courageux à plein d'entrain. S'est particulièrement distingué au cours de la bataille de l'Aisne, tant par la précision de ses observations que par son endurance et son mépris du danger, tenant l'air plusieurs heures consécutives, malgré les intmpéries et les attaques d'aviateurs ennemis. A abattu un avion allemand. Déjà blessé antérieurement et cité à l'ordre."

Les deux observateurs envoyés en renfort, les lieutenants René Flageat et Pierre Croiset furent cités à l'ordre du régiment par le Col Belhaigue, chef d'Etat-Major de la 5ème armée.

L'escadrille 210 est citée à l'ordre de la 5ème armée -
Ordre général n° 233.
Le général Micheler, commandant de la 5ème armée cite à l'ordre de l'armée : "L'escadrille d'ALGP R 210 : "Unité de premier ordre, qui, grâce à l'exemple donné par deux officiers d'élite, le Cne Thébault et le Ltt Girier, a rendu dans la préparation des attaques d'avril 1917 des services inappréciables. Sans se laisser arrêter par un temps particulièrement mauvais et une aviation ennemie très agressive qui lui a causé en deux mois la perte du quart de son personnel, a battu au cours des dernières opérations sept avions ennemis. A réussi, pendant cette période, à exécuter, en plus de son service d'ALGP, malgré son effectif réduit, de nombreuses missions photographiques et tout le service de reconnaissances de nuit pour le compte de son armée."

Le Cne Louis Thébault du 41ème régiment d'artillerie et commandant de l'escadrille R 210 : "Officier d'une bravoure qui n'a d'égale que sa modestie, ayant au plus haut point le sentiment du devoir et de l'abnégation. Observateur et pilote absolutment de pair, déjà quatre fois cité. A su par son exemple personnel faire de son escadrille de formation récente une unité de premier ordre, qui s'est particulièrement distinguée lors des dernières opérations. Quatre citations."

La vie de tous les jours :

Pour améliorer l'ordinaire, l'escadrille organisait une mission de ravitaillement sur Epernay une fois par semaine. Sur le terrain de Bouleuse, les pilotes disposaient d'une large tente DW à double paroi, aménagée en bar. Un comptoir et des fauteuils de bar avaient été installés par le menuisier Charles Mary, qui gérait la coopérative. Ce "point d'eau" était connu aux alentours par les autres escadrilles qui ne manquaient pas de venir se désaltérer. Mary, qui était décorateur à Reims, avait ramené de sa maison en ruines, un écusson sur lequel il avait fait peindre l'escargot ailé accompagné du "210" de rigueur.
Le responsable de la popote (cuisines et mess) était le Sgt Pierre de Saint-Maur, pilote, qui était dans le civil, chef des cuisines de Rockfeller. Avec son savoir-faire, de Saint-Maur organisera des repas mémorables, mélant officiers et sous-officiers navigants. Ces hommes, qui risquaient leur vie ensemble tous les jours, avaient des rapports très cordiaux.
Les soldats se répartissaient en trois catégories :

  • Les spécialistes :
    • les mécaniciens en premier : chacun d'entre eux étaient responsables de la préparation et de l'entretien d'un avion qui leur était affecté.
    • les mécaniciens en second : n'avaient pas d'avions affectés et secondaient les mécaniciens en premier.
    • Les radios : tous très jeunes.
  • Les armuriers, les ordonnances et les cuisiniers : tous territoriaux des plus vieilles classes ou pères de famille nombreuse. Les jeunes n'étaient plus admis dans le personnel non navigant. Il y avait des exceptions à cette règle comme les inaptes au service armé.
  • Les secrétaires et l'infirmier : un des secrétaires avait reçu la fonction de chronométreur. C'est lui qui remplissait le cahier de vols en y indiquant scupuleusement les numéros d'avions, le nom des équipages, la durée du vol et les heures de décollage et d'atterrissage. Il était très impliqué dans sa mission s'interdisant de porter la mention "franchi les lignes", tou avion qui n'avait pas atteint la hauteur nécessaire, ni volé le temps qu'il jugait suffissant.

Le Slt Moro est détaché à l'escadrille Lespinasse en Italie :

Le 15 mai 1917, le Slt Georges Moro est envoyé en Italie où il a été désigné observateur d'une nouvelle escadrille créée à Villaverla (Italie). Cette unité, dite escadrille Lespinasse, a été constituée à partir d'élèments des escadriilles C 219, C 210 et C 227. Placée sous le commandement du Cne Jean Edmond de Fontenilliat, elle est équipée de 6 Sopwith 1A2 et restera sur place du 23 mai au 15 juillet 1917.
Cette unité assurera les réglages des pièces de la RGAL (réserve générale d'artillerie lourde) qui avaient été envoyées en Itale. Les batteries ALVF et l'escadrille Espinasse appartenaient au "Groupement ALVF d'Italie" aux ordres du LcL Charet, ces unités ont rejoint la France dès juillet 1917 avant la défaite du Caporetto. Moro rentra en France le 9 juillet avec une décoration italienne (Fatica di Guerra) et une citation collective à l'ordre du groupement d'ALVF décernée aux personnels de l'escadrille Lespinasse.

Ordre n° 3 du régiment (RGAL, 1ère division, 1er groupement ALVF) - Italie, le 21 juin 1917 : Escadrille de Fontenilliat : "Appelée à apporter son concours au groupe de la RGAL détaché en Italie (mai-juin 1917) s'est particulièrement distinguée dans toutes les missions qui lui ont été confiées. Sous le commandement éclairé et intrépide de son chef le capitaine de Fontenilliat, par les brillantes et audacieuses reconnaissances de ses énergiques pilotes et observateurs, sous-lieutenant Moro, etc ...., qui ont mis l'ennemi en fuite partout où ils l'ont rencontré, par la prise de nombreuses photographies des régions montagneuses à battre, par les réglages précis exécutés dans le Trentin au prix de mille difficultés, cette remarquable escadrille a suscité chez nos alliés l'admiration la plus vive, et fait le plus grand honneur au pays."

Les combats se succédent :

Le 12 juillet, l'équipage composé du Sgt René Mettetal et le Slt Georges Moro, à bord d'un Sopwith 2A2, est attaqué par deux Albatros de chasse. Le biplace est atteint par 29 balles dont plusieurs touchent le réservoir d'essence, les cordes à piano et les haubans de l'aile supérieure droite qui sont tous tranchés sauf un, qui maintient tout juste l'aile en place. Ce combat vaudra une citation à l'ordre du régiment au Sgt Mettetal.
Sgt René Mettetal, du 228ème RI, pilote de l'escadrille R 210 : "Le 12 juillet 1917, au cours d'un réglage d'ALGP s'est avancé sans escorte dans les lignes ennemies, a été attaqué par deux avions, leur a résolument tenu tête et a réussi par un miracle d'adresse et de sang-froid à atterrir dans nos lignes avec son appareil dont l'aile droite était à demi détachée."

Plusieurs autres affrontements ne se termineront pas aussi difficilement, en particulier, le 26 juin 1917 avec l'équipage Asp Jean Trochery (pilote), Ltt Pierre Debect (obs) et Cap Henri Monin (mit) à bord d'un Caudron R IV et le 29 juin 1917 avec l'équipage Ltt André Girier (pilote), Slt Marcel Laville (obs) et Cap François Métayer ( mit) à bord d'un Letord 1.
Le 7 juillet, un Letord 1 est chargé d'une mission photographique qui l'enmène sur Berru. Son équipage était le suivant : Cne Louis Thébault (pilote), Ltt Jules Brunswick (obs), Sgt Alfred Adam (mitrailleur). Il est couvert par un autre Letord 1 monté par l'équipage : Ltt André Girier (pilote) soldats Henri Monin et François Métayer (mitrailleurs). A la verticale de Berru, les deux avions sont pris pour cibles par une batterie de DCA qui les crible d'éclats. Les dégats sont importants, avec des nervures tranchées, des commandes de direction sectionnées, un radiateur troué et une hélice détruite. Métayer, un des mitrailleur de l'avion de protection, reçoit un choc violent à la poitrine. C'est un gros éclat d'obus qui a frappé la cuirasse d'acier chromé, heureusement imposée à bord des triplaces.

Préparation du brevet de pilotage :

Les Ltt Jules Brunswick et Jean Aymonier, qui sont susceptibles de prendre le commandement d'une escadrille, doivent préparer leur brevet de pilote militaire. En effet, à cette époque, les commandants d'escadrilles étaient obligatoirement titulaires du brevet de pilote militaire. L'escadrille disposant encore deux Farman F 42 double commande, ces deux officiers auront le temps de prendre quelques leçons. Malheureusement pour eux, le 24 septembre 1917, l'escadrille reçoit l'ordre de partir pour Julvécourt. Le brevet et les leçons sont reportées à une date ultérieure.

Le chef de l'aéronautique de la 5ème armée :

Le Cdt Louis Morisson chef de l'aéronautique de la 5ème armée, qui avait pris son commandement après la mort du Cdt de Rose, fait ses débuts sur Letord en double commande. Ses moniteurs désignés sont le Cne Louis Thébault ou le Ltt André Girier qui se seraient bien passés de cet honneur. En effet, le Cdt Morisson n'avait pas la réputation d'être un fin pilote. Il suffisait de compter le nombre de rebonds que son avion faisait à l'atterrissage pour reconnaitre l'aviateur. Les mécaniciens le craignaient car ils considéraient ceux-ci comme des privilégiés qui risquaient moins leur vie que les autres, tout en touchant une prime. Il ne pardonnait aucune faute. D'abord observateur, devenu pilote sur le front même, il était devenu rapidement commandant d'une aéronautique d'armée. Il faisait beaucoup de jaloux parmi les pilotes d'avant guerre, moins vite arrivés, mais aussi moins exposés. Il volait beaucoup, savait payer de sa personne, en un mot, il avait du courage, qualité essentielle pour le successeur de de Rose.

L'escadrille R 210 est mise au repos :

Le 16 juillet, un télégramme chiffré (n° 2738 du 16 juillet 1917) annonce la mise au repos de l'escadrille 210. L'ordre est de préparer son transfert, entre le 20 et 25 juillet. Les observateurs et les officiers radios seront dirigés sur Vadelaincourt. Ils seront mis à la disposition du groupement d'ALGP et placés en subsistance à l'escadrille 213.
Le 18 juillet, les transferts sont donc les suivants :

  • les observateurs à Vadelaincourt : les Ltt Jules Brunswick - Jean Aymonier - Pierre Debect - l'administrateur de la Marine Eugène Piquois - les Slt Marcel Laville - Georges Moro - Joseph Napoly - Henri Pierret - Pierre Causel.
  • les officiers TSF sur Vadelaincourt : Ltt Paul Michoulier - Slt Georges Reufflet.
  • les pilotes au GDE du Plessis-Belleville pour s'entraîner sur Breguet 14A2 : Adj René Bazin - Sgt Aimé Guérin.
  • les pilotes Sgt René Mettetal et Adj Jean Denéchaud détachés temporairement à Rexpoode pour des expérimentations de tirs aériens.

Transformation sur Breguet XIV A2 :

L'escadrille R 210 est désignée pour passer sur Breguet 14A2. Les pilotes seront transformés au GDE par groupe de 2. Les deux premiers seront envoyés sur le plessis-Belleville. Les Breguet 14 seront envoyés par la RGAé au GDE pour être équipés de postes TSF. Les pilotes de la 210 les prendront en compte quand leur entraînement sera terminé et rejoindront l'unité. Ils seront remplacés, nombre pour nombre, au GDE jusqu'à ce que l'unité soient entièrement transformée sur le 14A2.

4 ) - Terrain de Julvécourt du 24 juillet au 9 août 1917 :

La 210 devant Verdun :

Le 20 juillet 1917, le commandant de la 210 décolle avec le Nieuport 23 TSF et atterrit à Bellefontaine, près de Bar-le-Duc où les observateurs attendent les ordres de mouvement. Il se rend, en compagnie du Ltt Jules Brunswick, à l'état-major de l'armée à Souilly pour débloquer la situation. Le terrain affecté à la 210 est Julvécourt. A partir du 23, les pilotes restés à Bouleuse, vont arriver progressivement avec les Sopwith 2A2, Letord 1 et Caudron R IV. L'escadrille laisse derrière elle la région de Reims et découvre celle de Verdun.
Les terrains de la région n'ont pas bonne réputation. Celui de Julvécourt est étroit, bordé de hangars sur deux côtés et la piste en pente accentuée. Toutefois, aucun accident n'est à déplorer lors de l'arrivée des avions de la R 210. Les avions suivants se posent à Julvécourt : 3 Letord 1 (Cne Thébault, Ltt Girier, Sgt Lesec), les 2 Caudron R IV (Asp Trochery, Caporal Fabre) et 2 Sopwith 2A2 (Sgt Menant, Caporal Porte). Le reste du personnel, observtaeurs compris, rejoingnent par la voie routière. Les hommes s'installent rapidement dans les baraques neuves qui viennent d'être construites, les tentes sont dressées, la cuisine roulante mise en service. Il faut dire que le temps est superbe et le soleil éclatant facilite bien les opérations d'installation de la petite troupe. Rien à voir avec le transfert sur Bouleuse en plein hiver et sous la neige !
Dès le lendemain, le Cne Louis Thébault, l'Adm de la Marine Eugène Piquois (obs), le Sgt Huleux (mit) réalisent la première mission de la R 210, sur Letord 1 à partir du terrain de Julvécourt. Ils engagnent un combat contre un avion allemand ce qui laisse augurer de nouvelles rencontres. Les derniers avions de la 210 rejoingnent le terrain. Aux commandes, on trouve le Ltt Girier, les Sgt Lesec et Menant, les caporaux Fabre et Porte. C'est maintenant 12 appareils qui vont être mis à la disposition de la 210. Le Cne Thébault repart à Bellefontaine et revient avec le Nieuport 23 TSF. Presque entièrement reconstituée, l'escadrille le sera complétement après le retour des pilotes en formation sur Breguet 14 au Plessis-Belleville.

Arrivée du Breguet 14A2 :

Le 31 juillet, les 3 premiers Breguet 14A2, affectés à la R 210, se posent à Julvécourt. A leurs commandes, on trouve les Adj Octave Proust et René Bazin et le Sgt Aimé Guérin qui arrivent de la GDE du Plessis-Belleville. Les avions font l'objet de toutes les attentions, pour les pilotes, qui disposent maintenant d'une mitrailleuse Vickers synchronisée, pour les observateurs, d'une tourelle armée de deux Lewis jumelées et pour les mécaniciens d'un gros moteur Renault de 300 HP.

Remise de décorations à Rosnay en 1916-1917 - De gauche à droite : Ltt Désiré Dubois de la Sablonnière - Cdt Louis Morisson chef de l'aéronautique de la 5ème armée (à partir du 14 août 1916) - Ltt André Couder, chef de la section photographique de la 5ème armée - Le Ltt de la Sablonnière sera tué au combat sur Villers-Cotterets, le 20 août 1918, alors qu'il était le commandant de l'escadrille SPA 255 - Le Cne André Couder sera tué au cours d'un accident d'atterrissage avec un Caudron G 4, le 25 février 1917 - Photo Collection Louis Thébault.

 

 

 

Suite du texte page 2

 

Emploi de l'ALGP lors de la bataille de Verdun d'août 1917
par le Général Guy François.

Cliquez sur ce lien

 

Tous mes remerciements à :

- M. Jean-Michel Roche, petit-fils du Cdt Jules Brunswick pour l'envoi de ses archives familiales.
- Mme Roche née Brunswick, fille de Jules Brunswick.
- M. Serge Hoyet pour les photos de la tombe de Georges Moro.
- M. le Général Guy François pour ses précisions sur l'artillerie ALGP de la Vème armée et l'envoi des photos.
- M. Philippe Crozet pour ses photos du cimetière de Cornicy.
- M. Ludovic Spy pour sa photo de la tombe du mitrailleur Max Brasseur.
- M. Jean Gauron, petit-fils de Georges Gauron pour l'envoi de ses photos de famille.
- M. Jacques Beilin pour l'envoi des archives de Georges Kohn, son arrière grand-oncle.
- M. Richard Laniepce pour l'envoi de la photo de Louis Laniepce, son arrière-grand-père.

Bibliographie :

- L'escadrille 210 - 1er janvier 1916 - 11 novembre 1918 par le Capitaine Louis Thébault publié par les éditions Jouve en 1925.
- Carnets de comptabilité en campagne de l'escadrille 210 détenus par la Section Air du SHD de Vincennes - Mis en ligne sur le Site "Mémoire des Hommes".
- Cahier d'enregistrement des heures de vol de l'escadrille BR 210 détenu par la Section Air du SHD de Vincennes - Mis en ligne sur le site "Mémoire des Hommes".
- Journal des Marches et des opérations du 107ème RAL - Conservé au SHD section terre de Vincennes.
- Les escadrilles de l'aéronautique militaire française - Symbolique et histoire - 1912-1920
- Ouvrage collectif publié par le SHAA de Vincennes en 2003.
- Les insignes de l'Aéronautique militaire française jusqu'en 1918 par Philippe Bartlett et le Colonel François Blech (+) publié par Indo éditions en 2002.
- Les Ailes Françaises sous l'uniforme 1912 - 1945 par Bruno Chapelle édité à compte d'auteur en 2004.
- L'aviation française 1914-1940, ses escadrilles, ses insignes - par le Commandant E Moreau-Bérillon - publié à compte d'auteur en 1970.
- Les Armées françaises dans la Grande Guerre publié à partir de 1922 par le Ministère de la Guerre.
- The French Air Service War Chronology 1914-1918 par Frank W.Bailey et Christophe Cony publié par les éditions Grub Street en 2001.
- Le canon de 19 cm modèle 1870-93 par le général Guy François - Tank Zone n° 3 - pages 28 à33 - Février-mars 2009.
- Les "As" français de la Grande Guerre en deux tomes par Daniel Porret publié par le SHAA en 1983.
- Site Internet "Mémoires des Hommes" du Ministère de la Défense - Voir le lien
- Site Internet "Traditions des escadrilles de l'Armée de l'Air" de Henri Guyot - Voir le lien
- Site Internet "La bible des insignes de l'Armée de l'Air" de Yves Genty - Voir le lien

 

Si vous avez des documents écrits ou photographiques pouvant compléter les données de cette page, veuillez contacter l'auteur du site.

Escadrille 210 Escadrille 210 page 1

 

 

pas de fiche > 1918

Cliquez sur l'image pour l'agrandir Cliquez sur l'image pour l'agrandir Cliquez sur l'image pour l'agrandir