Le 22ème régiment de bombardement
de Luxeuil et de Chartres
Les insignes métalliques des escadrilles du 22ème régiment d'aviation de bombardement de nuit de Luxeuil et de Chartres de la période allant du 1er août 1920 au 1er janvier 1932 - Faute de datation précise, les insignes présentés couvrent plus ou moins la période concernée - La numérotation des escadrilles est celle de la période en question - Insignes issus des collections de Mrs Philippe Bartlett, Olivier Baillon, Jean-Laurent Truc que je remercie pour leur aide.
Création de 22ème RABN :
Le 1er août 1920, la numérotation des régiments d'aviation étant trop complexe, l'état-major renumérote les unités. Le 2ème régiment de bombardement (RB), stationné sur les terrains d'aviation de Malzéville et Luxeuil, donne naissance au 21ème régiment d'aviation de bombardement de nuit (RABN) de Malzéville et le 22ème régiment d'aviation de bombardement de nuit (RABN) de Luxeuil. La répartition des escadrilles au sein des groupes de bombardement ne change pas.
1ère organisation :
Valable pour la période allant du 1er août 1920 au 1er janvier 1932.
Six escadrilles, numérotées de 1 à 6, réparties en 2 groupes de bombardement. Ces unités seront équipées chronologiquement de Breguet 14 B2, de Farman F 50 Bn 2, de Farman F 60 Bn 2, de Farman F 63 Bn 4, de Leo 20 Bn 3 et de Breguet 19 Cn 2.
3ème groupe de bombardement
1ère escadrille ---> trad de la VB 109
2ème escadrille ---> trad de la VB 125
3ème escadrille ---> trad de la VB 101
- - - - -
4ème groupe de bombardement
4ème escadrille ---> trad de la VB 113
5ème escadrille ---> trad de la CAP 130
6ème escadrille ---> trad de la CAP 115
Cdt Jules Roux, commandant du régiment :
Le 1er août 1920, le Chef de bataillon Jules Roux prend le commandement du 22ème RABN. Il restera à ce poste jusqu'au 6 février 1922.
Les officiers du 22ème RABN :
Le 22ème régiment d'aviation de bombardement de nuit est stationné à Luxeuil (Haute-Saône) et placé sous le commandement du 7ème corps d'armée. Au 1er août 1920, ses officiers sont :
> Etat-major :
* Chef de bataillon (Cdt) RLJF Roux, commandant le régiment.
* Chef de bataillon major Henri Plouzey,
* Ltt Henri Alfred Ernest Deruez, trésorier,
* Cne Charles Joseph Stéphan Rigaud, chef du matériel,
* Cne Cadaux et Ltt Largeault, officiers adjoints.
> Groupes et escadrilles :
Cne Jean Louis Mechaussie, Cne AJJAL Baras,
Ltt LNJ Boudillet, Ltt Camille Isidore Roussin, Ltt Albert Paul François Lehérissier, Ltt Adolphe François Miège, Ltt J Sayous, Ltt Maurice Henri Mathieu, Ltt Lucien Stéphan Fay, Ltt Léon Louis Schmitter, Ltt Charles Henri Léon Hanipaux, Ltt CAL Narbey, Ltt Louis Barde Joseph Marie Bourdier, Ltt JEG Bletry, Ltt Alfred Jules Gindre, Ltt FJC Geille, Ltt LA Bogard, Ltt Jean Edouard De Lenfant,
Slt Fernand Pierre Biret, Slt Numa Victor Castelain
> Ajouter les prénoms.
Le feu dans un hangar :
Le 5 août 1920, vers 17 heures, un incendie de grande ampleur s'est déclaré dans un des hangars d'aviation du camp d'aviation de Baudoncourt. Le grand hangar de marque Schmitt est parti en fumée. Les mécaniciens, présents sur place, ont réussi à sortir plusieurs avions avant l'embrasement final mais trois bombardiers n'ont pu être dégagé à temps et ont été détruits par le feu. L'incendie s'est ensuite propagé à trois baraques provoquant des dégâts importants. Heureusement, cet accident n'a pas fait de victime.
Arrestation d'un déserteur :
Le 18 mars 1920, le Sol Séraphin Wintersheim, né à Gergy (Saône-et-Loire) et appartenant à la classe 1920 (année de naissance + 20 ans), a été affecté au 2ème régiment de bombardement de Luxeuil. Ne s'étant pas présenté pour son enrôlement, il a été porté déserteur. Le 13 février 1921, il a finalement été arrêté par la gendarmerie de Verdun (Meuse) et mis à la disposition de l'autorité militaire. Mais son parcours militaire bien chaotique ne s'arrête pas là - Voir sa biographie dans la rubrique "Les Hommes".
> FM Saône-et-Loire - Classe 1920 recrutement de Auxonne-Mâcon sous le matricule n° 423.
Stage à l'école de perfectionnement :
Deux stages d'instruction technique ont eu lieu à l'école des spécialistes de l'aviation à Bordeaux (Gironde).
Pour l'instruction technique du personnel navigant, les officiers désignés sont chargés ensuite de diriger l'instruction technique de leur régiment. Leur stage a eu lieu du 18 avril au 20 mars. Le 22ème régiment d'aviation a envoyé 2 officiers et un homme de troupe pour cette formation.
Pour l'instruction technique des personnels non navigant, les stagiaires ont été choisis parmi les engagés de trois ans, les rengagés et engagés de long terme. L'effectif a été complété par des appelés de la 2ème portion de la classe 1920 ayant la capacité de servir d'instructeur. Leur stage a duré du 18 avril au 30 mars. Le 22ème RABN a envoyé 6 hommes.
Meeting du terrain d'aviation de Chartres :
Le 19 juin 1921, à l'occasion du meeting organisé par la Société de Développement de l'Aviation, plusieurs vols en formation ont été effectués par les Farman F-60 BN 2 Goliath, le nouveau bombardier récemment mis en service au sein des régiments de bombardement. Le bombardier fait 26,50 m d'envergure, 14,77 m de longueur et 4,92 m de hauteur. Motorisé par deux Salmson 9Zm de 260 ch, il fait un poids à vide de 2,7 tonnes et un poids en charge de 5,2 tonnes. Construit à 210 exemplaires pour le compte de l'aéronautique militaire et l'aéronautique navale, il volait à la moyenne de 150 km/h et pouvait atteindre le plafond de 4.000 mètres.
Le Col Michaud nommé commandant du 22ème RABN :
Le 9 septembre 1921, le Col Henry Gabriel Louis Michaud est nommé commandant du 22ème RABN. Voir sa biographie dans la rubrique "Les Hommes".
Nouveau incendie d'un hangar d'aviation :
Le 19 septembre 1921, vers 21 heures, un incendie s'est déclaré dans un grand hangar appartenant au 22ème RABN sur le terrain d'aviation de Baudoncourt, près de Luxeuil. En raison du manque d'eau, il a été impossible de combattre le feu qui s'est très rapidemnt propagé aux petites hangars à proximité. Huit avions Farman, la réserve d'essence du régiment, du matériel aéronautique, des conserves, des munitions, un grand nombre d'équipements ont été détruits. En outre, deux magasins d'habillement ont été également la proie des flammes. Les dégâts ont été évalué à plusieurs millions de francs. Le 5 août 1920, la même unité avait déjà perdu trois bombardiers lors d'un autre incendie. A cette époque, le prépositionnement de réservoirs d'eau n'était pas de mise.
Deux morts dans un accident à Vesoul :
Le 31 octobre 1921, l'équipage d'un Farman F 50 du 22ème RABN en mission sur Lure, égagé par le brouillard qui couvrait toute la région et par la nuit tombante, a tenté d'atterrir. Malheureusement, le gros bombardier a capoté en se retournant, face aux magasins à fourrages, à l'extrémité de la rue Didon à Vesoul. Les occupants de cet avion étaient les caporaux Gaston Adolphe Stalder (pilote), Marcel Lucien Edmond Gros (observateur), Lelong et le Sol Rognier. Les secours arrivés sur place dégagèrent les corps des caporaux Stalder et Gros qui avait été tués sur le coup, écrasés par l'avion qui s'était retourné sur eux. Le Sol Rognier fut évacué avec les deux jambes brisées, mais il est décédé des suites de ses blessures. Seul le Cal Lelong, qui avait sauté de l'avion d'une hauteur de plusieurs dizaines de mètres, a survécu malgré des contusions multiples.
* Citation à l'ordre du 22ème régiment d'aviation, à titre posthume, du Cal Gaston Adolphe Stalder, en date du 12 juin 1922 : "Excellent caporal, d'une brillante conduite, a toujours accompli les missions sérieuses qui lui étaient confiées, avec un allant incomparable. Mort en service commandé, par chute d'avion, le 31 octobre 1921. A été cité."
* Citation à l'ordre du 22ème régiment d'aviation, à titre posthume, du Cal Marcel-Lucien-Edmond Gros, en date du 12 juin 1922 : "Caporal possédant les plus belles qualités militaires. S'est toujours dépensé sans compter au service de l'escadrille. Mort en service commandé, par chute d'avion, le 31 octobre 1921. A été cité."
> Nota : Actes de décès n° 227 et 228 de la ville de Vesoul (Haute-Saône).
Deux morts pendant la coupe Michelin :
Le 19 novembre 1921, un équipage du 22ème RABN, composé du Ltt Gaston Damelincourt (pilote de la 1ère escadrille, tradition de l'escadrille VB 109) et du Ltt Camille Largeau (obs), est parti pour concourir à la Coupe Michelin, à bord d'un Spad 20 à moteur Hispano-Suiza de 300 Hp avec 6 heures d'autonomie en carburant. Ayant décollé de Buc à 6h30, ils ont fait une escale à Amiens. Ayant redécollé, un feu s'est déclaré à bord, ce qui les a contraints à atterrir près du village de Bussy, au nord-est de Noyon (Oise). Le choc à l'impact fut très violent. Les secours trouvèrent le corps du pilote broyé dans son poste de pilotage et celui de l'observateur, à une centaine de mètres des restes de l'appareil. Il avait évacué l'avion avant l'écrasement final et s'était tué en s'écrasant au sol. Le Ltt Damelincourt avait participé à la Grande Guerre et avait accompli plus 300 missions de corps d'armée avec reconnaissances de nuit. Il avait commandé les escadrilles VR 291 et F 110. Il repose dans le cimetière de Camphin-en-Carembault (Nord), son village natal. Le Ltt Camille Largeau était le fils du général Victor Emmanuel Largeau qui joua un rôle décisif lors de la colonisation du Tchad. Il a été tué au combat par des éclats obus aux environs du bois d'Avocourt, le 26 mars 1916.
Prise de commandement du Lcl Henry Michaud :
Le 7 février 1922, le LcL Henry Michaud succède au Lcl Jules Roux à la tête du 22ème RABN. Il restera à ce poste jusqu'au 10 mars 1924.
Annonce du transfert de 22ème RABN sur Chartres :
Le 24 mai 1922, le déménagement du 22ème régiment d'aviation de bombardement de nuit est officiellement annoncé. Le régiment fera mouvement de Luxeuil vers Chartres entre la fin novembre et le début décembre 1922. Jusqu'au dernier moment, une âpre opposion s'est faite à la chambre des députés pour annuler ce déplacment du régiment car sur le camp d'aviation de Chartres tout est à construire et rien n'est prêt pour accueillir les avions et les hommes. Luxeuil sera conservé comme terrain de passage.
Les Farman "Goliath" et "Super Goliath" :
L'aéronautique militaire a mis en oeuvre plusieurs types d'avions Farman, dits "Goliath" et "Super-Goliath". Il s'agissait des types suivants :
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Farman F 60 BN 2 "Goliath" équipé de deux moteurs Salmson 9 Zm de 520 ch doté d'un avant à décrochement inversé. Livrés en 1922. Il coûtait 250.000 fr.
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Farman F 60 BN 4 "Goliath" équipé de deux moteurs Lorraine 12 Db de 800 ch. Livrés en 1923.
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Farman F 63 BN 4 "Goliath" équipé de deux moteurs Jupiter 9 Aa de 760 ch. Livrés en 1923.
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Farman F 64 BN 4 "Goliath" équipé de deux moteurs Salmson 9 Zm de 520 ch, destinés à l'instruction au bombardement. Livrés en 1925.
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Farman F 160 BN 4 "Super Goliath" équipé de quatre moteurs Farman 12 We de 1.000 ch. Livrés en 1928.
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Farman F 161 BN 4 "Super Goliath" équipé de quatre moteurs à compresseur Farman 12 Wers de 1.000 ch. Livrés en 1928.
Les Farman F 60 BN 2 à moteurs Salmson 9 Zm de 520 ch, perçus à partir du début de l'année 1923, n'ont pas été appréciés par les équipages en raison de leur faible vitesse et de la puissance modeste de leurs moteurs. En 1927, ils seront remplacés par les Farman F 63 BN 4 "Goliath" à moteurs Jupiter 9Aa de 760 ch. Toutefois, ces modèles bien plus rapides, ont été victimes de séries de rupture en vol qui ont causé, la plupart du temps, la mort de leurs équipages. Il a été prouvé que les moteurs étaient trop puissants, pour une cellule insiffisamment rigide. Les F 63 ont eu leur utilisation en plein puissance formellement interdite.
Les officiers du 22ème RABN :
A la date du 1er juin 1922, la liste des officiers du 22ème régiment d'aviation de bombardement de nuit :
Col Henri Gabriel Louis Michaud, commandant du 22ème RABN, Cdt Maurice Henry Valentin Fleury, Cdt Jules Frédéric Louis René Roux, Cne Henri Plouzey, Cne Jean Adolphe Escudier, commandant du parc d'aviation n° 22, Cne Louis Albert Joseph Bourguignon, Cne Marcel Pierre Pélissier, Cne Jean Louis Mechaussie, Cne Adolphe François Miège, Ltt Camille Isidore Roussin, Ltt Albert Paul François Lehérissier, Ltt Augustin Emile Patoiseau, Ltt Julien Eugène Marie Boutillier, Ltt Charles Joseph Stéphan Rigaud, Ltt Arthur Roger Marie Le Monies de Sagazan, Ltt Pierre Narcisse Marc Mongin, Ltt Maurice Henri Mathieu, Ltt Léon Louis Schmitter, Ltt Charles Henri Léon Hanipaux, Ltt Lucien Stéphan Fay du parc d'aviation n° 22, Ltt Charles Berthelon, Ltt Louis Barde Joseph Marie Bourdier, Ltt Marcel Paul Armand Ecarot, Ltt Pierre Dominique Costantini, Ltt Alfred Jules Gindre, Ltt Marie Paul Maurice Conil, Ltt Jean Edouard De Lenfant, Ltt Robert Charles Jean Lausi, Ltt Marcel Marius Charles Thibon, Ltt Fernand Pierre Biret, Ltt Numa Victor Castelain, Slt Henri Alfred Ernest Deruez.
Six Goliath F 60 Bn 2 sur 2.000 km :
Du 17 au 20 août 1922, six Farman F 60 BN 2 "Goliath" de la 5ème escadrille (traditions de la CAP 130) , sous la direction du Ltt de Lenfant, commandant de l'unité, ont effectué un vol en groupe de 2.000 km sur trois journées. Pour cette mission sur une longue distance, ils ont relié Luxeuil à Istres, soit 525 km le premier jour, Istres à Cazaux, soit 520 km et finalement Cazaux à Luxeuil, soit 900 km. Les équipages ont volé une moyenne de 7 heures par jour. Ces six avions pouvaient emporter individuellement 1 tonne de bombes.
11.400 km parcourus :
De mai à octobre 1922, les avions du 22ème RABN ont effectué 11.400 km.
Déménagement du 22ème RABN de Luxeuil vers Chartres :
Entre la fin novembre et de début décembre 1922, le 22ème RABN a transféré ses moyens aériens, humains et techniques de Luxeuil vers Chartres. Plusieurs trains ont été nécessaires pour assurer cette grande migration.
Accident de locomotive au cours du transfert :
Le 26 novembre 1922, vers 16 heures, une locomotive venant de remorquer une rame de matériel vide, nécessaire au transfert du 22ème RABN de Luxeuil à Chartres, a déraillé en sortant du raccordement situé à Saint-Sauveur, à proximité du terrain d'aviation. Le brig Joly, employé de la Compagnie des Chemins de fer de l'Est, qui pilotait la machine, sauta dans le remblai et se cassa une jambe en trois endroits. Pendant les travaux de consolidation, les calages cédèrent et un ouvrier se trouva coincé entre la machine et le sol. Heureusement, il put être dégagé. Le docteur Cugnier de Luxeuil, médecin de la compagnie, fit transporter les deux blessés vers l'hôpital de Luxeuil. Le brig Joly n'a pu reprendre son service qu'après 4 mois de soins et de convalescence, l'autre blessé a été absent deux mois. La locomotive n'a été remise sur rail que le lendemain vers 21 heures.
Arrivée des bombardiers du 22ème RABN sur Chartres :
Au début décembre 1922, les moyens aériens du 22ème RABN déménagent du terrain d'aviation de Luxeuil sur celui de Chartres. Ce terrain était occupée par une école militaire d'aviation pendant la Grande Guerre. Le régiment compte six escadrilles réparties en 2 groupes de bombardement. Ces six escadrilles comptent chacune 10 à 12 bombardiers de nuit, des types suivants : Farman F 50, Farman Goliath F 60 Bn 2 et Breguet 16 B 2. A l'arrivée des avions, les travaux de construction d'installations ne sont pas terminés. Il s'agit de la construction des hangars, des ateliers nécessaires à l'entretien et à la réparation des appareils, des garages pour les véhicules automobiles et des stockages du matériel roulant de la mobilisation. En plus des ateliers et des garages, le terrain accueillera une école de spécialités et un banc d'essai moteur. Une voie de chemin de fer est prévue pour relier le terrain d'aviation à la ligne Chartres-Paris, par Gallardon.
Un moteur s'arrête, atterrissage dans un champ :
Le 11 décembre 1922, un Farman Goliath F 60 Bn 2, prit dans le brouillard, a été contraint d'atterrir sur le parc de la Belle-Idée à Romilly. Le lendemain, le Ltt Charles Narbey (pilote / Brevet de pilote militaire n° 15.129 obtenu à l'école militaire d'aviation d'Ambérieu, le 11 août 1918) reprenait sa mission vers Chartres. Il faisait équipage avec un sergent et un soldat mécanicien. Arrivé dans les environs de Nogent, le moteur droit eut des ratés et cala subitement. Survolant à cet instant des champs, il put atterrir sans casse, ce qui était quand même rare à cette époque. L'avion resta sur place plusieurs jours, le temps que la mécanique change le moteur récalcitrant. Il put repartir de lui-même sans être démonté.
De nombreux vols sur le terrain d'aviation de Luxeuil :
Le 13 décembre 1922, suite à une série d'importants vols de matériels et d'essence qui durait depuis plusieurs mois sur le camp d'aviation de Luxeuil, une enquête rapidement menée par la police mobile de Dijon a permis l'arrestation de huit militaires, tous du 22ème RABN. Il s'agit des Sol Marcel Favier, Albert Gonin, Louis Maviet, André Dubuit, Jean-Pierre Magne, Jean-Baptiste Vial, Jean Drevet et Robert Louis. Ils ont tous été incarcérés dans les locux disciplinaires du 4ème DCA à Lure, avant d'être dirigés sur Besançon. En complément à cette enquête, quatre civils ont été inculpés de complicité et de recel. Civils et militaires ont été jugés par le tribunal correctionnel de Lure, le 6 avril 1923. Les soldats Roger Louis et Marcel Favier ont écopé des plus lourdes peines avec 4 mois de prison fermes et 100 fr d'amende. Les autres militaires ont été condamnés à des peines de deux ou trois mois de prison avec sursis et des amendes allant de 50 à 100 fr. Les civils, Jules Demouchy, garagiste à Metz, Georges Ferry, épicier à Baudoncourt, Emile Bataille, cafetier à Belfort à trois mois de prison et Georges Vuillequez, forain à Montbéliard à un mois de prison.
Fin d'atterrissage contre un mur :
Le 8 février 1923, l'équipage d'un bombardier appartenant au 22ème RABN, ayant décolle de Luxeuil à destination de Chartres, a été victime d'une panne moteur et a été contraint d'atterrir en campagne, dans les environs de Chaumont (Haute-Marne). Malheureusement, l'avion a terminé sa course contre un mur et a été gravement endommagé. Le Cal (Philippe) Fèvre (pilote) a été grièvement blessé à la tête et transporté de toutes urgences sur l'hôpital militaire de Chaumont. Le Ltt Castelin, l'observateur, n'a été que légèrement blessé.
Atterrissage près de Chaumont qui se termine mal :
Le 8 mars 1923, un Farman F 60 Bn 2 du 22ème RABN a décollé de Luxeuil pour rejoindre Chartres mais au cours du vol, suite à une panne moteur, son équipage choisit d'atterrir sur un terrain à la Vendue (Haute-Marne). Après avoir procédé à la réparation, ils décollèrent pour continuer leur mission vers Romilly-sur-Seine. Alors qu'ils étaient à 70 mètres d'altitude, le moteur s'arrêta net, ce qui provoqua la chute du gros biplan. L'atterrissage ne fut pas optimal et le Farman F 60 fut très gravement endommagé. Le Sgt (Jalein) (pilote) fut retiré des débris souffrant de la fracture d'un péroné et le Sgt Vinson (mécanicien) avec des contusions multiples et souffrant de douleurs internes. Ils furent tous deux évacués sur l'hôpital militaire de Chaumont. Les deux autres occupants de l'avion n'ont pas été blessés.
Trois morts suite à une perte de vitesse au décollage :
Le 26 mai 1923, au cours d'un vol matinal réunissant six Farman F 50 du 1er groupe du 22ème RABN, en préparation d'un vol de reconnaissance de nuit, un bombardier s'est écrasé pendant la phase de décollage sur le terrain de Chartres. Après un virage brusque, il a fait une chute d'une soixantaine de mètres. Dans les débris, les secours ont dégagé, avec beaucoup de difficultés, le corps du Sgt Aimé Emile Roeckel (pilote) qui a été tué sur le coup, dans l'avant de l'avion complétement disloqué. Ils ont évacué les deux autres membres d'équipage, très grièvement blessés, qui occupaient des places plus en arrière. Le Brig Marcel Louis Paul Louatre (élève mitrailleur-bombardier de la classe 1922) est décédé pendant son transfert à l'hôpital militaire de Chartres et son camarade, le Sol Marcel François Sandre (mécanicien de la classe 1921) n'a pas survécu et est mort le lendemain. Les obsèques des trois aviateurs ont été célébrées à la cathédrale de Chartres, le 29. L'enquête a imputé l'accident à un virage trop brusque qui a provoqué une perte de vitesse fatale. Les trois hommes ont été cités à l'ordre du 22ème RABN. La citation du pilote est visible dans la rubrique "Les Hommes".
* Citation à l'ordre du 22ème régiment d'aviation de bombardement du Sol Marcel Louis Paul Louatre, élève mitrailleur, en date du 8 novembre 1923 : "Elève-mitrailleur, toujours volontaire pour toutes les missions. A trouvé la mort, le 26 mal 1923, à Chartres, au cours d'un vol en service commandé. A été cité."
* Citation à l'ordre du 22ème régiment d'aviation de bombardement du Sol de 1ère classe Marcel François Sandre, mécanicien, en date du 8 novembre 1923 : "Mécanicien de choix, constamment cité à son escadrille comme modèle d'entrain et de dévouement. Décédé le 27 mai 1923, à Chartres, à la suite d'un vol exécuté en service commandé. A été cité."
Vente aux enchères :
Le 8 juin 1923, a eu lieu une vente aux enchères au parc d'aviation du 22ème RABN. C'est un total de huit camions, deux remorqueurs à deux roues, 2 tracteurs agricoles, 4 moteurs d'avions incomplets, 25 radiateurs d'avions, deux démarreurs d'hélices (Rodier) et plusieurs tonnes de déchets métalliques divers qui ont été adjugés.
Composition de la 1ère brigade d'aéronautique :
Le 22ème RABN ayant déménagé sur Chartres, il est affecté à la 1ère brigade d'aéronautique de la 2ème division aérienne. Le 1er août 1923, la 1ère brigade est composée de la manière suivante :
* 1ère brigade d'aéronautique : Etat-major au Bourget-Dugny.
* 22ème régiment d'aviation de bombardement de nuit à Chartres-Champhol,
* 34ème régiment d'aviation d'observation au Bourget-Dugny,
* 1er régiment d'aérostation à Versailles (état-major et 3ème bataillon), Compiègne (2ème bataillon),
* 403ème régiment de DCA à Toul (état-major et 2 groupes), Metz (2 groupes).
Chantier de construction de 32 cuves :
Le 18 septembre 1923, la Chefferie du Génie du Mans a chargé une entreprise de construire 32 cuves cylindriques en tôles et 16 gouttières destinées à recueillir les eaux de pluie provenant des huit hangars du terrain d'aviation, pour un total de 120.000 fr.
Le meeting de Rouen :
Le 23 septembre 1923, la Société de Propagande Aéronautique a organisé un meeting. Le 22ème RABN a été représenté par une escadrille équipée de Farman F 50 et F 60 "Goliath".
Grave accident d'avion :
Le 31 octobre 1923, après un vol de reconnaissance au-dessus de la ville, un Goliath F 60, avec un équipage de trois hommes, s'est présenté pour l'atterrissage. Après quelques mètres de course, l'avion capota. Le Sol Albert Hervé Muller (mécanicien), à cet instant, qui se tenait debout dans la carlingue, perdit l'équilibre, tomba sur le terrain et fut écrasé par l'avion. Les deux autres occupants, le Ltt Henri Simon et un civil eurent plus de chance. L'officier a été évacué sur l'hôpital avec des blessures graves mais qui ne mettaient pas sa vie en danger. Le civil ne fut pas blessé. Le soldat Muller était originaire de Paris où ses parents tenaient un garage.
Périodes d'exercices d'observateurs de complément :
En 1924, le 22ème RABN convoquera, dans chacune de ses six escadrilles, quatre officiers observateurs de complément pour accomplir une période d'exercices volontaires. La durée de ces périodes sera de 15 jours consécutifs. Les avions suivants pourront être utilisés : Caudron C 59, Salsmon 2A2, SPAD XIII et XX, Gourdou-Lesseurre 2 C 1 et Potez IV.
Commandant de la 2ème brigade aéronaitique :
Le 13 mars 1924, le Col Henry Michaud, commandant du 22ème RABN, est nommé commandant, par intérim, de la 2ème brigade aéronautique à Thionville.
Un départ de feu en cabine :
Le 24 avril 1924, à 22 heures, un Farman F 60 Goliath a quitté Chartres pour effectuer une mission d'entraînement dans les environs de Dijon. Moins de 10 minutes plus tard, alors qu'il montait à une hauteur de 500 mètres, un départ de feu s'est déclaré, suite à un court circuit, dans le panneau d'instruments de vol du cockpit. Immédiatement, le pilote a fait un virage serré et a choisi de rentrer au terrain. Le feu s'est éteint de lui-même en 30 secondes, mais la fumée, présente dans la cabine, a gêné le pilote à localiser la piste. À l'approche finale, l'avion a heurté le toit d'un hangar et s'est écrasé. Seul, le Ltt Henri Levêque (pilote) a été blessé avec une fracture d'une jambe. Les trois autres membres d'équipage n'ont pas été blessés. Il s'agissait des Ltt Mathieu (obs), Cal Hérail et Sol Montboussier. L'appareil a été gravement endommagé.
Tué par une hélice :
Le 16 mai 1924, à 2 heures du matin, le Sol Jacques Numès, mécanicien affecté au 22ème RABN, devait enlever les cales des roues d'un avion qui partait en mission. Dans le bruit et l'obscurité, il s'est trop avancé, distinguant mal l'hélice en rotation, il a été happé par celle-ci et broyé. Sa mort a été instantanée. Il a été inhumé au cimetière Montparnasse à Paris, le 18 mai.
La revue de Longchamp du 14 juillet :
Le 14 juillet 1924, les unités de l'aéronautique militaire ont clos le traditionnel défilé des troupes au sol. Cette année, il s'agissait du 1er régiment d'aérostation (Lcl Patard), du 34ème régiment d'aviation du Bourget-Dugny (Lcl Poli-Marchetti) et du 22ème régiment d'aviation de bombardement de nuit de Chartres-Champhol (Lcl Ménard). Après avoir passé sur le front des troupes, le président de la République a remis les drapeaux des 38ème et 39ème régiments d'aviation. Pendant les mouvements préparatoires pour le défilé, les escadrilles des 22ème et 34ème régiments d'aviation ont défilé en formation.
Prise de commandement du Lcl Dominique Berdalle :
Le 8 octobre 1924, le LcL Dominique Berdalle succède au LcL Henry Michaud à la tête du 22ème RABN. Il restera à ce poste jusqu'au 22 mars 1925.
Atterrissage en campagne en nuit :
Le 18 octobre 1924, un bombardier, après avoir décollé de Chartres pour effectuer un tour de France, s'est brisé en atterrissant en pleine nuit, dans les champs aux environs d'Auteville (Ain). Son équipage était composé d'un lieutenant, un adjudant, un sergent et deux mécaniciens, tous du 22ème RABN. Tous les aviateurs sont sortis indemnes de cet accident.
Baptème de l'Air mortel :
Le 28 novembre 1924, vers 16h30, un Caudron C 59 à moteur Hispano-Suiza 8Ab de 180 ch, un avion d'entrainement biplace à double commandes, appartenant à la section d'entrainenemt, décollait pour effectuer un vol d'essai au-dessus du terrain. Il s'agissait pour le pilote de valider la sortie de l'atelier de réparations. Le pilote était le Sgt Louis Henry (pilote-moniteur de la classe 1921 / Brevet de pilote militaire n° 18.787 obtenu à l'école d'aviation Hanriot, le 25 février 1921) qui était qualifié pour ce type de mission. Malheureusement et sans en avoir l'autorisation, il a emmené avec lui le Sol Charles Forget, un infirmier, probablement pour lui offrir un baptème de l'air. Alors que l'avion arrivait à 200 mètres d'altitude, les témoins ont vu l'avion brusquement piquer du nez, descendre en vrille avant de s'écraser au sol, à seulement 100 mètres des premières maisons du village de Champhol. Les secours, arrivés sur place, trouvèrent le Sol Forget tué sur place. Il serrait encore une des commandes de vol de l'avion. Le Sgt Henry rendit son dernier soupir alors qu'on le dégagait des débris de l'appareil. L'enquête conclut que le passager, probablement effrayé et non formé, s'est cramponné au manche à balai de sa place passager. Comme les manches à balai des deux places sont reliés ensemble, le blocage de l'un, a entrainé le blocage de l'autre. Ce qui a provoqué la chute fatale.
Prise de commandement du Lcl Marcel Jauneaud :
Le 23 mars 1925, le LcL Marcel Jauneaud succède au LcL Dominique Berdalle à la tête du 22ème RABN. Il restera à ce poste jusqu'au 9 avril 1925.
Un lieutenant se tue lors d'une évolution :
Le 13 mai 1925, un Dewoitine D 1 C 1 de présérie (D 1 bis n° 2) à moteur Gnôme & Rhone 9Ab de 420 ch, entièrement métallique, piloté par le Ltt Henri Simon de la 3ème escadrille (traditions de la VB 101) du 22ème RABN, actuellement détaché sur Villacoublay, avait décollé de Villacoublay pour relier Chartres. En route, le pilote habile et expérimenté, se livra à des acrobaties. Il avait été victime, il y a un an, d'un accident d'avion qui avait coûté le vie à son mécanicien. Arrivé au-dessus de la ville de Chartres, il exécuta un looping, suivi d'une descente à la verticale. Arrivé trop près du sol, le pilote tira de toutes ses forces sur le manche. Le chasseur fit un bond et son aile se tordit en faisant entendre un bruit de métal que l'on brise. L'avion désemparé, les ailes repliées le long du fuselage, parti sur sa lancée, continua sa descente folle, frôla les maisons qui longent la place de la Poissonnerie à Chartres. Il s'écrasa finalement sur un trottoir de cette place, près de la maison dite "du Chaumont". Le pilote a été tué sur le coup et son corps a été retrouvé complétement écrasé. Il était originaire d'Avranches.
Seize avions déployés au Bourget :
Le 2 septembre 1925, vers 19h45, seize bombardiers bimoteurs, appartenant au 22ème RABN, ont quitté le terrain du Bourget où ils avaient été déployés. Parmi ces 16 avions, on comptait huit appareils de la 3ème escadrille (traditions de la VB 101). Ce dispositif était sous les ordres du Col Jouaunaud. Ils participaient à un exercice de bombardement de nuit, en rapport avec les manoeuvres que dirige le Gal Gouraud dans la région de Reims. Chaque avion emportait un équipage de quatre hommes. Ils ont survolé successivement Fismes, Montcornet, Clermont, Les Fermes. Ils sont rentrés vers 13h30 après un vol de 350 km. Dans la nuit du 2 au 3 septembre 1925, trois escadrilles du 22ème RABN ont harcelé la division automobile rouge, en particulier les auto-chenilles qui renforçaient l'avant-garde et les flancs. Ils ont été guidés par TSF par le commandant du parti bleu. De son côté, l'avion adverse (rouge) a bombardé de nuit la guerre de Laon). Durant cet exercice, la collaboration étroite entre l'aviation, l'infanterie et l'artillerie a parfaitement fonctionné. Le 9 septembre 1925, les avions détachés au Bourget sont rentrés à Chartres.
Atterrissage dans un cimetière :
Le 15 octobre 1925, le pilote d'un bombardier du 22ème RABN a été contraint d'atterrir, suite à une panne moteur. Le gros appareil a terminé sa course dans un cimetière, où il a endommagé une dizaine de tombes. Son équipage était composé de cinq hommes qui n'ont pas été blessés.
Travaux de construction :
Le 4 décembre 1925, a eu lieu l'adjudication de travaux pour la construction de canalisations d'eau et d'organes de puisage au parc d'aviation du 22ème RABN. Ces travaux représentent 310.000 Fr.
Arrivée des Farman F 140 :
Au début de l'année 1926, le Farman F 140 et deux exemplaires à l'avant modifié, numérotés 1 bis et 2 bis, sont mis en expérimentation à la 6ème escadrille (traditions de la CAP 115) du 22ème RABN. Cette unité utilisait alors des Goliath F 63. Au début de 1930, une version modernisée, le Farman F 141 doté d'un fuselage allongé dans sa partie avant dotée d'un balcon, est réalisée en six exemplaires et livré au régiment.
Construction de canalisations d'eau :
Le 20 juin 1926, la Chefferie du Génie de Chartres a abjudiqué un marché pour la construction de canalisations d'eau et d'organes de puisage du terrain d'aviation de Champhol pour un total de 380.000 fr.
Manoeuvres aériennes :
Le 24 juin 1926, au cours de manoeuvres aériennes, le Gal Girod, président de la commission de l'armée, a pris part aux vols de nuit, en compagnie du Col Jaunaud. Deux groupes du 22ème RABN ont décollé respectivement de Chartres et d'Avord à 22 heures. Arrivés sur leurs objectifs, ils ont lançé des fusées éclairantes, des signaux et des bombes éclairantes, simulant des bombes réelles. La manoeuvre a parfaitement réussi car sur 25 avions engagés, un seul a été contraint d'atterrir, sur panne, en campagne vers minuit. L'officier général a constaté le haut degré d'instruction des personnels navigants qui parviennent à se diriger uniquement au compas. Il a été sensibilité aux nombreux problèmes des moteurs qui rendent certaines missions dangereuses.
Un obus de la 1ère GM explose sous un feu :
Le 10 août 1926, vers 20 heures, les soldats Tétu, Gaudin et Herrier du 22ème RABN, actuellement en manoeuvres au camp de Châlons, faisaient cuire un lapin sur le terrain d'aviation. Un obus datant de la 1ère guerre mondiale, enfoui dans le sol à proxilité du foyer, a fait explosion. Le sol Tétu de l'Orne a été tué sur le coup, le Sol Gaudin des Côtes-d'Armor, très grièvement blessé, est décédé des suites de ses blessures en arrivant à l'hôpital. Seul le Sol Herrier n'a été que légèrement blessé.
La coupe Military Zenith des avions de bombardement :
Le 28 août 1926, l'Adj Guilbaud a terminé son parcours dans le cadre de la Military Zenith des avions de bombardement. Il prend provisoirement la première place. Le 27 août à 9h52, il a décollé, en équipage avec le Cne Boudillet (observateur) et les soldats Audel et Pitru (mécaniciens) de Villacoublay. Ils ont rejoint le même terrain le lendemain à 17h56 en parcourant les 2.810 km comportant 14 atterrissages obligatoires en 32h04mn, pour une moyenne de 87 km/h.
Cinq morts dans un accident de nuit :
Le 29 septembre 1926, six bombardiers de la 3ème escadrille (traditions de la VB 101) avaient décollé de nuit de Champhol pour réaliser une mission sur le quadrilatère Chartres, Etampes, Orléans et Châteaudun. Au retour, vers minuit, un des avions passait la rivière du Loir, à 30 km au Sud de Chartres quand un témoin au sol vit des flammes autour de l'avion. Le pilote prit la décision d'atterrir au plus vite et entama sa descente. Alors qu'il était encore à une soixantaine de mètres, le Farman Goliath F 62 Bn 5 codé "A 5" s'écrasa en produisant une violente explosion au nord de Bonneval (Eure-et-Loir). Puis, plus rien, le silence ! Le témoin, M. Cornilleau, aidé de M. Billard qui habitait la ferme de la Jacotterie, partit vers le point de chute, en direction du moulin du Croteau. Arrivés sur place, ils ne purent constater qu'il n'y avait plus rien à faire, l'avion s'était pulvérisé et les débris, tout autour, étaient en flammes. Les quatre membres d'équipage, le Ltt Alfred Jules Gindre (pilote) et les sergents Pierre Pacaud (observateur), Raymond Rigault (mécanicien), Sgt Roger Duchatelle (mitrailleur), Sol Jean Frémont (radiotélégraphiste), ont été tués à l'impact et leurs corps carbonisés. Le Ltt Gindre qui avait fait la Grande Guerre au sein du groupe de bombardement du Col Chabert, était considéré comme le meilleur pilote du 22ème RABN. Sa nomination au grade de capitaine, en date du 25 septembre 1926, est arrivée après sa mort.
La maison du chef de la Sécurité-Incendie :
Le 20 octobre 1926, la chefferie du Génie de Chartres a abjudiqué un marché pour la remise en état de la maison destinée à servir de logement au chef de la Sécurité-Incendie du 22ème RABN pour un total de 19.500 fr.
Tour de France de trois Goliath :
Le Gal Barès, commandant de la division aérienne de Paris, a prescrit aux élèves de l'école de navigation aérienne de Brest un tour de France d'instruction. Le 26 février 1927, les élèves et instructeurs ont pris place à bord de trois Farman Goliath à moteurs Salmson 230 ch, avec leurs instruments de navigation. Les pilotes étaient les Adc Hay, Terrien et Machie. Les chefs mécaniciens, les Adc Portet, Cellier et Coulais, assuraient le service des avions. Le LV Serpette et le Cdt Weiss assuraient le commandement de cette demi-escadrille. Partis le samedi de Champhol, ils ont fait escales à Lyon-Bron puis à Istres, le dimanche, à Toulouse, Pau et Bordeaux avant de rentrer sur Chartres.
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Un soldat électrocuté :
Le 8 mai 1927, sur le terrain d'aviation de Champhol, la foudre tombe sur un fil électrique au moment où le Sol Etienne Gaumaudie du 22ème RABN, originaire d'Orly, passait à proximité. Il a été électrocuté.
Nouvel atterrissage en campagne :
Le 18 mai 1927, l'équipage d'un Farman F 60 Goliath codé "25" de la 3ème escadrille (traditions de la VB 101) effectue une mission au départ du terrain de Champhol. En vol, le pilote a été victime d'un habituel problème de moteur et a été contraint de tenter un atterrissage d'urgence en campagne sur un terrain dans les environs de Mâle, à environ 8 km au sud-ouest de Nogent-le-Rotrou, (Orne). Les cinq membres de l'équipage n'ont pas été blessés mais l'avion a été gravement endommagé.
Résultats de la Military Zenith des avions de bombardement :
Le 8 juillet 1927, la commission sportive de l'Aéro-club de France a prononcé les homologations suivantes au sujet de la coupe Military Zénith des avions de bombardement 1927 :
* 1er prix de 8.000 fr pour le Sgt Etienne, pilote de l'école pratique d'Avord. Son équipage était composé du Ltt Lefort (navigateur), Adj Fouche et Sol Chlezal.
* 2ème prix de 5.000 fr pour l'Adj Fouche, pilote de l'école pratique d'Avord. Son équipage était composé du Ltt Lefort (navigateur), Sgt Etienne et Sol Chlezal.
* 3ème prix de
2.500 fr pour l'Adj Cantiner, pilote du 21ème régiment d'aviation de bombardement de nuit de Nancy-Essey. Son équipage était composé du Cne Gerdaud, Cne Houpert et du Sgt Gein.
* 4ème prix de 2.000 fr pour l'Adc Hay, pilote du 22ème régiment d'aviation de bombardement de nuit de Chartres-Champhol. Son équipage était composé du Ltt Blamont (navigateur), Sgt Portet et Cal Reymond.
* 5ème prix de 1.500 fr pour l'Adc Guilbaud, pilote du 22ème régiment d'aviation de bombardement de nuit de Chartres-Champhol. Son équipage était composé du Ltt Dumas (navigateur), Sgt Morel et Sgt Bertholli.
Un mort lors d'un capotage :
Le 14 juillet 1927, au cours d'un vol mettant en oeuvre trois avions, un bombardier de la 6ème escadrille traditions de la CAP 115) du 22ème RABN avait été contraint d'atterrir sur panne à Foucarnont, dans les environs de Blangy-sur-Bresle. Dans la soirée, un autre bimoteur de la même escadrille a atterri à Campneuseville. Après remise en oeuvre et probablement réparations, l'équipage a voulu décoller. Pendant la prise de vitesse, le train est passé dans un fossé, provoquant un capotage. Quatre des membres d'équipage purent sortir de l'appareil d'eux même et n'ont pas été blessés. Malheureusement, le Ltt Jacques Guémard (pilote) n'a pas eu cette chance et a été tué. Il était issu de l'école Polytechnique et originaire de Marseille (Bouches-du-Rhône).
Un ancien pilote du 22ème, second pilote de l'Oiseau Bleu :
Le 18 juillet 1927, M. Pierre Corbu a été désigné comme second pilote-navigateur pour accompagner Givon, à bord de l'Oiseau bleu dans une prochaine traversée de l'Atlantique. Agé de 26 ans, il a fait ses preuves comme pilote de l'armée d'Orient où il a reçu une citation au cours d'un bombardement et comme pilote du 22ème RABN de Chartres, où il effectua de nombreux vols de nuit. Après avoir quitté l'aéronautique militaire, il a été engagé dans une compagnie d'aviation comme pilote de la ligne Paris-Berlin.
Construction d'aires dallées :
Le 16 aout 1927, la chefferie du Génie de Chartres a abjudiqué un marché pour la construction d'aires dallées, de pistes empierrées et d'un réseau de drainage sur le terrain de Champhol pour un total dee 700.000 fr. Le marché a été adjugé à M. Eloi Auffève de Nesle (Somme), pour un prix de 531.300 fr. Six autres sociétés avaient participé pour un montant allant de 618.000 à 974.000 fr.
Des manoeuvres combinées :
Le soir du 6 octobre 1927, des manoeuvres combinées de cavalerie, d'aviation et d'artillerie de défense aérienne ont commencé dans la région parisienne. Elles ont duré trois jours et ont été placées sous le commandement des généraux Barrès et Huet. Les forces engagées étaient les suivantes, la 1ère division de cavalerie, en garnison à Paris, le 34ème régiment d'aviation du Bourget-Dugny, le 22ème régiment d'aviation de bombardement de nuit de Chartres-Champhol et toutes les unités de DCA. La zone des manoeuvres était comprise dans une secteur triangulaire ayant Paris comme sommet, Arcis-sur-Aube et Mourmelon-le-Grand, comme base, en passant par Romilly-sur-Seine. Les unités d'aviation étaient prépositionnées de la manière suivante : deux groupes de chasse du 34ème régiment d'aviation mixte étaient déployés sur Romilly et sur La Perthe, une partie de la cavalerie était en attente au camp de Mailly et deux groupes de bombardemnt de nuit du 22ème RABN sur Mourmelond-le-Grand et au Bourget.
Collision mortelle à moto :
Le 5 février 1928, deux sergents du 22ème RABN montaient une motocyclette quand ils sont entrés en collision, dans les environs de Magny, avec une autre moto piloté par M. Aubry, un puisatier à Bréville-le-Comte. Le Sgt Louis Debenet a été tué et l'autre pilote, M. Aubry, grièvement blessé.
Les officiers du 22ème RABN :
A la date du 1er juin 1928, la liste des officiers du 22ème régiment d'aviation de bombardement de nuit. Entre parenthèses, la date de leur mise en position "Hors cadre", c'est à dire la date de leur détachement au sein de l'aéronautique militaire.
Le 1er juin 1928, les officiers du 22ème RABN sont : Lcl Raoul Louis Marcel Garde, commandant du 22ème RABN, Lcl Franck Albert Gustave Delanney, Lcl Benjamin Louis Lefort, commandant en second du 22èmer RABN, Cdt Camille Marie Louis De Séguin, Cdt Maurice Gond, Cdt Pierre Jean Marie Cadaux, commandant du parc d'aviation n° 22, Cdt Marcel Pierre Pélissier, Cdt Henri Marie Etienne Duhil de Benazé, Cne Marie Maurice Galouzeau de Villepin, Cne Raoul Marie Jean Georges Villetard de Laguerie, Cne Richard Adrien Eudes, Cne Louis Marcel Daulny, Cne Antoine Rouchon, matériel , Cne Camille Isidore Roussin, Cne Charles Joseph Stéphane Rigaud, matériel, Cne Marie Jules Henri Jacques de Sommyèvre, Cne Adolphe François Miège, Cne Charles Henri Léon Hanipaux, Cne Charles Berthelon, Cne Pol Raymond Labbé, Cne Xavier Marcellin Monnier, Cne Victor Noël Agaccio au parc d'aviation n° 22, Cne Numa Victor Castelain, Cne Cyprien Joseph Raymond en disponibilité, Ltt Emile Jouannic en disponibilité, Ltt Georges Aloïse Westrich, Ltt Bernard Antoine Dumas, Ltt Amaury Léon Eugène Baury, Ltt Raoul Léon Louis Noir, Ltt Albert Emile Marrec, Ltt Georges Eugène Higel, Ltt Hubert Marie Joseph Jean Gaston Chassande-Patron, Ltt Marcel Léonce Icard, Ltt Pierre Grenet, Ltt Emile Marie Sébastien Louis Madelin, Ltt Jean Crestey, Ltt Antoine Marie Philippe Bolzinger, en congé sans solde du 15 juin 1925, Ltt Pierre Dominique Costantini, en congé sans solde du 5 décembre 1925, Ltt Jean Emile Creissels, en congé sans solde du 1er janvier 1926, Slt Auguste Jean Joseph Blamont, trésorier adjoint, Slt Robert Louis Ducommun, Slt Albert François Yves Marie Plusquellec, Slt Edmond René Armand Verconter, Slt Christian Robert Rousseaux, Slt Jean Cassagon, Slt Gaston Etienne Adolphe Venot, Slt Alcide Philibert Mauffrey,
Collision avec un câble haute-tension :
Le 9 juin 1928, un bombardier bimoteur du 22ème RABN, venant de Mayence, a heurté en plein vol un câble de haute tension. En urgence, le pilote a réussi à atterrir à proximité du puit Armand de la mine d'Angevilliers. Le contact avec la terre ferme ne s'est pas déroulé de manière optimale, l'avion a été endommagé. Les quatre membres d'équipage ont été blessés, le Ltt Albert Louis Orphée au crâne, le Slt Castey a eu le bras gauche fracturé et les deux autre sous-officiers contusionnés.
Equipages engagés dans la Military Zénith de 1928 :
Le Lcl Garde, commandant du 22ème RABN, a fait connaitre la liste des cinq équipages d'une escadrille de son régiment qui concoureront dans le cadre de la Military Zénith des avions de bombardement de nuit, à partir du 2 juillet 1928. Le parcours imposé mesure 850 km et doit être effectué de nuit. Il relie les aérodromes de Chartres-Champhol - Avord - Nancy-Essey - Chartres-Champhol. Tous les avions engagés sont des Farman F 63 à moteurs Gnome et Rhône-Jupiter.
Composition des équipages :
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1er avion : Cne Monnier, Adc Gombaud, Sgt Riotte, Sgc Morel,
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2ème avion : Slt Bouisset, Adc Guilbaud, Sgt Lemoine, Cal Daniel.,
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3ème avion : Ltt Grenet, Sgt Mottier, Sgt Renaud, Sgt Bertolli,
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4ème avion : Slt Lamboley, Sgt Ligreau, Sgt Fraisnier, Sgt Gargantiel,
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5ème avion : Slt Martin, Sgc Gaye, Sgt Fouilhe, Sgt Piot.
Hélas, l'escadrille désignée n'a pas terminé le parcours réglementairement car deux de ses Farman F 63 ne sont pas rentrés à Chartres.
Un avion s'écrase sur une tonnelle :
Le 13 juillet 1928, en revenant de Châteauroux, un Farman F 63 bis Goliath de la 5ème escadrille (traditions de la CAP 130) du 22ème RABN, occupé par un équipage de deux hommes et quatre passagers, a été victime d'une panne du moteur droit. Le pilote, le Sgt Jean-Yves Le Bail, n'a pas voulu faire un atterrissage en campagne, malgré le conseil du Ltt Baquier, un pilote de chasse, passager de l'avion, et a préféré rentrer sur Chartres, situé à seulement 20 km, sur un moteur. Malheureusement, en finale d'atterrissage, son avion n'avait plus la puissance nécessaire. Il a rasé trois maisonnettes de jardins avant de terminer sa course sur une tonnelle au faubourg Saint-Chéron, sous laquelle M. Manceau, ajusteur dans une fonderie, déjeunait avec sa famille. M. Manceau a eu le bassin écrasé et est décédé des suites de ses blessures à l'hôpital. Sa femme a été grièvement blessée et leurs enfants sont sortis indemnes de cet accident. Les occupants de l'avion n'ont pas été blessés. Le 9 novembre 1928, le pilote a été jugé par le conseil de guerre de la 4ème région militaire au Mans et a été acquitté. Il n'a pas été reconnu responsable de cet accident malgré qu'il n'avait pas procédé à une inspection avant le vol. Le moteur droit s'est arrêté en raison d'un manque de carburant, le pilote n'était pas au courant que la quantité de carburant disponible. Le ministère de la Guerre versa une pension annuelle de 4.200 fr pour réparation des préjudices subit. Mme Manceau, qui avait été grièvement blessée, n'étant pas satisfaite du montant de cette pension et déposa un recours auprès du Conseil d'état. Demandant une indemnité de 100.000 fr avec intérêts de droits, elle fut déboutée de sa demande, le 26 octobre 1932.
Un avion part en fumée après avoir atterri en campagne :
Le 5 août 1928, un avion de la 5ème escadrille (traditions de la CAP 130), actuellement en manoeuvres à Avord, survolait de nuit la région d'Avord. Il évoluait à 800 mètres d'altitude. Tout à coup, un incendie s'est déclaré, suite à un retour de flamme d'un carburateur. L'équipage a actionné les extincteurs de bord, mais rien n'y a fait, le feu a redoublé de vigueur. Heureusement le pilote, le Sgt Lauthier, a gardé son sang-froid et a réussi à faire atterrir son gros bombardier sans dommage. Les aviateurs ont eu le temps d'évacuer leur avion avant qu'il ne parte en fumée. Ils n'ont pas été blessés.
Un Goliath s'écrase de nuit :
Le 7 août 1928, à 14 heures, un Goliath (F 63 Bn 4) du 22ème RABN, équipé de deux moteurs Salmson de 420 ch décollait pour effectuer une mission d'observation. A deux heures du matin, les habitants du secteur de Lucy (Nièvre) entendirent un bruit de moteurs, suivies d'un choc épouvantable. L'avion venait de s'écraser sur une prairie, à proximité d'une ferme. L'équipage était composé de l'Adc Louis Le Bourhis (pilote), Cne Raymond Labbé (chef de bord et observateur), Sgt Picard (radiotélégraphiste), Sgt Henri Bodin (mécanicien). Les habitants arrivèrent sur place pour porter secours aux aviateurs. Ils trouvèrent en premier le corps du Cne Labbé qui se trouvaient à 60 mètres des débris principaux. Dans la carlingue qui n'était plus qu'un amas de ferraille, ils découvrirent les corps des trois autres membres d'équipage, complétement mutilés. Tous avaient été tués lors de l'impact avec le sol. La cause de l'accident a été déterminée par une rupture d'aile, consécutive à un travail intensif dû aux fortes chaleurs. Les avions de ce type sont d'abord sortis avec des moteurs Salmson de 230 ch, qui ont été remplacés par des moteurs de la même marque mais de 420 ch. Il est probable que cette puissance plus importante ait provoqué la rupture d'aile lors d'une évolution serrée. C'était un avion neuf qui n'avait que 30 heures de vol.
* Grade de Chevalier de la Légion d'Honneur et citation à l'ordre du 22ème régiment d'aviation de bombardement de nuit, à titre posthume, de l'Adjudant-chef Louis François Le Bourhis, pilote, en date du 5 juin 1930 : "Sous-officier possédant les plus hautes vertus morales et militaires, pilote hors pair, choisi entre tous dans le régiment pour exécuter, en 1927, le raid Chartres-Bucarest et retour, toujours volontaire pour les missions les plus périlleuses. A trouvé une mort glorieuse en voyage aérien, dans la nuit du 6 au 7 août 1923. A été cité."
Construction de trois pavillons :
Le 28 août 1928, la Chefferie du Génie de Chartres a abjudiqué un marché pour la construction de trois pavillons pour le logement des sous-officiers mariés du 22ème RABN pour un montant avoisinant 570.000 fr.
Des grandes manoeuvres aériennes :
Le 14 septembre 1928, des grandes manoeuvres aériennes ont eu lieu au sud-ouest de la région parisienne. Les différents groupes de chasse et de bombardement ont été disperseés sur Orly, Villacoublay et Buc pour l'armée "Est" et Etampes, Ablis et Chartres pour l'armée "Ouest". Le 13 septembre, les premiers avions ont quitté Le Bourget et à partir de là, les matériels, tracteurs d'aviation, fourgons et camions ont été dirigés vers le terrain qui leur avait été assigné. C'est un total de 350 avions et 2.000 hommes qui ont été engagés lors de ces manoeuvres d'ampleur. En voici, le détail :
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l'état-major du général Joseph Edouard Barès, commandant de la division aérienne, commandant des manoeuvres a établi son quartier général à la ferme de Presles à Ablis.
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pour l'armée "Ouest" (général de Goys, commandant la 6ème brigade aérienne) avec les 31ème RAO de Tours, 32ème RAC de Dijon-Longvic, le 1er groupe de bombardement, le 11ème régiment d'aviation de bombardement de Metz-Frescaty et trois batteries du 401ème régiment de DCA.
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Pour l'armée "Est" (général Huet, commandant la 1ère brigade aérienne) avec le 34ème régiment d'aviation mixte du Bourget-Dugny, déplacé sur Villacoublay (1er et 2ème groupe de chasse), Buc (4ème groupe d'observation) Orly (5ème groupe de bombardement), le 22ème régiment d'aviation de bombardement de nuit de Chartres-Champhol, une escadrille du 3ème RAC de Châteauroux-la-Martinerie, trois batteries du 401ème régiment de DCA. La 1ère division de cavalerie lui est adjointe (6ème, 10ème, 11ème, 12ème, 13ème régiments de dragons, 4ème régiment de Hussards, 1er volant d'artillerie, une compagnie du 8ème régiment du génie) car c'est cette armée qui est chargée d'attaquer lors de ces exercices.
Le thème de l'exercice était qu'une division de cavalerie, venant du nord, progresse vers le Sud, travaillant en liaison avec son aviation, qui la protège et la renseigne. Ses éléments vont entrer en contact avec l'armée adverse sur une ligne située entre Chartres et Rambouillet. La Royal Air Force britannique était représentée par le Air Vice-marshal Lamb, commandant la défense aérienne des côtes, l'aide-marshal Steel, commandant des escadrilles de bombardement de la métropole et l'Air Commodore Felton, chef d'état-major de l'Air Defense.
Le 14 septembre, il fait beau, le temps est clair et ensoleillé, bref l'idéal pour des exercices aériens. A 8 heures, les lourds convois d'artillerie de campagne et les unités de cavalerie de l'armée "Est" font mouvement. Pour l'instant, les unités d'aviation réparties sur les terrains d'aviation d'Orly, Villacoublay et Saint-Cyr sont en attente. Dans les champs, les sapeurs du Génie dressent les longues perches de bambou des antennes TSF. Les gendarmes des casernes de la banlieue Sud de Paris sont en place pour barrer les routes stratégiques, imposer un sens unique sur les voies de communication les plus importantes et accessoirement faire circuler les curieux.
Dans la matinée, les permiers vols de reconnaissance sont effectués. Les pelotons de cavalerie se dispersent dans la plaine, dissimulés sous les bosquets d'arbres. Le premier fait significatif a été l'apparition d'un avion ennemi volant à 200 mètres d'altitude. Des mitrailleuses, positionnées près du cimetière de Gonetz-la-Ville, tirent sur l'appareil qui est considéré comme abattu car volant tellement bas qu'il était une cible facile. C'est le début des affrontements. L'armée "Est" passe à l'attaque sur la ligne Limours-Montfort l'Amaury, le cours de l'Eure, en aval d'Ivry-la-Bataille. A 9h30, à 1.200 mètres d'altitude, trois pelotons de bombardiers de Metz-Frescaty sont envoyés pour neutraliser les avances de la division de cavalerie. Ils sont immédiatement pris à partie par les avions de chasse du 34ème RAM. Ces bombardiers avaient pour but l'attaque du GQG installé à Gontez-la-Ville. Seul un peloton aurait pu accomplir sa mission, les deux autres auraient été abattus. A 10 heures, l'attaque aérienne de l'armée "Ouest" est plus organisée, cette fois les bombardiers sont escortés par la chasse et ils arrivent beaucoup plus bas, vers 500 mètres d'altitude. Quatre chasseurs de l'Ouest ont survolé et mitraillé le groupe formé par le général Barès et les officiers britanniques a une altitude de 30 mètres. L'arbitrage a considéré que l'état-major de l'Est avait été détruit et était désormais hors jeu.
La division de cavalerie continue sa progression pour arriver au contact des forces adverses positionnées sur le plateau Nord de Dourdan. La division a été renforcée par un bataillon d'infanterie porté sur camions. Ce convoi arrive sur Orsay à 14 heures, dans la direction de Jeuvry. L'armée "Ouest", avertie de ce renforcement, envoie 48 bombardiers du 11ème RAB de Frescaty pour neutralier cette unité qui vient d'être engagée. Le gros dispositif de bombardement se heurte frontalement au groupe de chasse du 34ème RAM et aux unités de DCA qui ont été positionnées. Seuls cinq bombardiers peuvent passer et bombardent le terrain autour du convoi d'infanterie. Cette attaque est complétée par un mitraillage au sol des troupes. L'arbitrage a déclaré que l'avance ennemie avait été retardée de deux heures par cette attaque.
De son côté, l'armée "Est" envoie 30 bombardiers du 22ème RABN attaquer les positions de l'armée adverses. Le bombardement fictif a été considéré très réussi et s'il avait eu lieu dans la réalité, toutes les installations auraient beaucoup souffert de cette pilonnage. La manoeuvre a été arrêtée à 16 heures.
Bombardement de nuit du terrain de Champhol :
Vers 21 heures, une simulation de bombardement de nuit du terrain d'aviation de Chartres-Champhol a eu lieu. Quatre projecteurs, préposionnés autour du terrain, étaient en fonction et barraient la nuit de larges traits de lumière. Ils travaillaient de concert avec les mitrailleuses et canons de DCA. Des sept avions engagés dans cet exercice, deux ont été pris dans les faisceaux lumineux et considérés abattus. Les cinq autres passent et larguent des fusées lumineuses qui représentent le largage de bombes. A 20h30, les manoeuvres sont terminées.
Atterrissage dans un verger :
Le 8 mai 1929, suite à la panne d'un moteur, un Goliath du 22ème RABN a atterri en campagne dans un verger à la Mihoue. Il a fauché une dizaine de pommiers avant de s'immobiliser. L'avion a été détruit. Le Sgt Alphonse Guérin (pilote / brevet de pilote militaire n° 21.177 obtenu à l'école d'aviation Farman, le 28 septembre 1926) et les quatre membres d'équipage ont été passablement secoués mais s'en sont tirés avec quelques bleus.
Travaux sur la terrain d'aviation de Champhol :
Le 15 mai 1929, la chefferie du Génie de Chartres a adjudiqué la construction d'un bâtiment destiné au logement des sous-officiers célibataires pour un total de 400.000 frs. et la construction d'aires dallées en avant des hangars définitifs sur le groupe Nord-Ouest du terrain d'aviation de Chartres-Champhol pour un montant de 180.000 fr.
Concours de bombardement :
Le 20 mai 1929, lors des journées des fêtes de Vincennes, 200 avions militaires ont défilé par escadrilles. Lors du concours de bombardement, le 2ème équipage du 21ème RABN de Nancy-Essey a remporté la 1ère place devant le 1er équipage du 22ème RABN de Chartres-Champhol.
La coupe Military des avions de bombardement :
Le ministère de la Guerre a désigné les unités suivantes pour concourir la coupe Military des avions de bombardement de nuit 1929 :
* 1ère escadrille (traditions de la F 25) du 21ème RABN de Nancy-Essey - L'équipage désigné est composé du Ltt Archambault, Sgc Houet, Adc Canneter, Sgt Maigret et Sgt Grall.
* 2ème escadrille (traditions de la VB 125) du 22ème RABN de Chartres-Champhol - L'équipage désigné est composé du Sgc Jules Minard, Sgt Goichot Sgt Devos, Sgt Bridonneau et Sgt Marchal.
Pour mémoire, à cette époque, il existe deux régiment d'aviation de bombardement de nuit à Nancy-Essey (21ème RABN) et Chartres-Champhol (22ème RABN). Les deux régiments comportaient chacun 6 escadrilles. Chaque année, une escadrille de chaque régiment était désigné par le ministère de la guerre et un équipage de cette unité tirée au sort au sein du régiment.
Un mort au cours d'un capotage :
Le 17 juillet 1929, un Farman F 63 bis Goliath du 22ème RABN, revenant du camp d'Avord, a capoté pendant l'atterrissage sur le terrain de Champhol. Après le choc, un incendie s'est déclaré et s'est très vite propagé. Les quatre membres d'équipage ont pu évacuer leur avion avant l'embrasement total. Malheureusement, avant sa sortie de la carlingue, le Sgt Marcel Riotte a été très grièvement brûlé. Ses camarades, les Ltt Claude, Sgt Lemoine, Sgt Fage sont sortis indemnes. Le Sgt Riotte est décédé des suites de ses blessures à l'hôpital où il avait été évacué.
La coupe Military Zenith 1929 :
Le 26 juillet 1929, la 2ème escadrille (traditions de la VB 125) du 22ème RABN a averti la commission d'aviation de l'Aéro-Club de France qu'elle avait terminé le parcours de la coupe Zénith des avions de bombardement de nuit avec cinq avions. Voici le détail des cinq équipages, ce qui permet de reconstituer partiellement l'effectif de la 2ème escadrille.
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1er avion : Sgc Raymond Goichot (pilote), Cne de Sommyevre (cdmt de bord), Cal Grimaud (radiotélégraphiste), Sgt Chenièvre (mécanicien).
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2ème avion : Sgc Jules Minard (pilote), Ltt Lanson (cdmt de bord), Sgt Delaveau (radiotélégraphiste), Sgt Cédrino (mécanicien).
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3ème avion : Sgt Paul de Vos (pilote), Adj Escourou (navigateur), Sgt Lambert (radiotélégraphiste), Sgt Canac (mécanicien).
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4ème avion : Sgt Marchal (pilote), Sgt Boissier (cdmt de bord), Sgt de Cannes (radiotélégraphiste), Sgt Amiot (mécanicien).
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5ème avion : Sgt Emile Bridonneau (pilote), Cne Bernard (cdmt de bord), Sgt Richard (radiotélégraphiste), Sgt Caristan (mécanicien).
Ces équipages volaient sur Lioré et Olivier LeO 20 BN 3 à moteurs Jupiter de 420 cv. Cette année là, la coupe Military Zenith 1929 a été remportée par la 1ère escadrille du 21ème RABN de Nancy-Essey.
Quatre morts au cours d'un accident de nuit :
Le 13 septembre 1929, vers 21 heures, douze Goliath du 22ème RABN avaient décollé du terrain de Champhol pour effectuer des exercicies avec les projecteurs du 401ème régiment de DCA. Seuls 11 avions rentreront au terrain. Vers 22 heures, un des moteurs d'un Goliath a eu des ratés alors qu'il survolait le village de Frunce, aux environs de Courville-sur-Eure. Cette situation n'ayant pas beaucoup d'avenir, le pilote a décidé d'atterrir. Son équipage a lancé une fusée éclairante pour trouver un terrain propice à un atterrissage en campagne. C'est à cet instant qu'un témoin a vu l'avion tomber en flammes à la verticale avant de s'écraser. Le pilote a été éjecté, mais comme l'anneau qui le retenait à son parachute, a été brisé, il tomba jusqu'au sol où il s'écrasa à 150 mètres des débris principaux. Dans les décombres pulvérisés de l'appareil, les secours ont retrouvé trois corps calcinés. Cet équipage était composé du Cal Jacques Guénot (pilote / Brevet de pilote militaire n° 21.920 obtenu à l'école civile Blériot, l e8 août 1928), Slt Henri Spech (chef de bord / navigateur), Sgt Picry (mitrailleur), Sol Comborieux (radiotélégraphiste). L'enquête, qui a suivi, a prouvé que le pilote n'avait pas quitté son avion volontairement mais avait bien été éjecté, le poids de son corps ayant brisé l'anneau qui le reliait à son parachute.
Arrivée des Farman F 141 :
Au début de 1930, une version modernisée, le Farman F 141, doté d'un fuselage allongé dans sa partie avant dotée d'un balcon, est réalisée en six exemplaires et livré au régiment.
Nouveau capotage en campagne :
Le 4 février 1930, un Goliath du 22ème RABN a été victime d'une nouvelle panne moteur. Heureusement, cette fois, c'était en plein jour vers 14h15. Le pilote a choisi un champ qui semblait propice pour une atterrissage en campagne dans les environs de Martot (Seine-Maritime). Comme souvent sur un terrain non préparé, le gros avion a capoté. L'équipage était composé des Ltt Marcel Icard (pilote / brevet de pilote militaire n° 21.359 obtenu à l'école militaire d'aviation d'Avord, le 28 février 1927), Sgt Lefebvre, Sgt Darlevelde, Sgt Papin. Deux sous-officiers ont été blessés mais seul le Sgt Dartevelde a été évacué sur l'hôpital d'Elbeuf. Les autres occupants n'ont pas été blessés.
Resté dans l'avion, il survit à l'écrasement de l'avion :
Le 16 mai 1930, un Goliath, piloté par le Sgt Paul de Vos (brevet de pilote militaire n° 20.683 obtenu à l'école d'aviation civile Farman, le 10 septembre 1925), a décollé du terrain de Lyon-Bron vers 15h25. Il emportait à son bord le Sgt Louis Delhomme (mécanicien) et le Sgt André Caristan (mécanicien). Pour une raison qui n'est pas précisée, l'avion a fait une chute de 3500 mètres avant de s'écraser au lieu-dit "Les Aiguillons" sur le territoire de la commune de Saint-Cléments-sous-Valonne (Rhône). Au cours de la descente infernale, les sergents de Voss et Delhomme ont sauté en parachute et ont atterri sans mal à Saint-Clément, pour le premier et Valsonne, pour le second. Seul le Sgt Caristan est resté à bord car il avait laissé tombé son parachute. Par une chance extraordinaire, il a été évacué par les secours avec une jambe cassée après qu'ils aient dû scier l'appareil en deux pour le sortir des débris. Il a été évacué sur l'hôpital militaire des Genettes à Lyon.
Les premiers Farman Super Goliath :
Le 19 mai 1930, le Ministre de l'Air, Laurent Eynac, a inspecté le 22ème régiment d'aviation de bombardement de nuit. La visite s'est particulièrement concentrée sur les hangars des nouveaux Farman F 141 Super Goliath dotés de 4 moteurs Farman 14 We de 500 ch, dont le régiment vient d'être doté.
Epreuves de passage à la verticale :
Le 5 juin 1930, 200 avions appartenant du 34ème RAM (Le Bourget-Dugny), 11ème RABJ (Metz-Frescaty), 12ème RBJ (Reims-Courcy), 22ème RABN (Chartres-Champhol) et des éléments des 2ème RAC (Strasbourg-Neuhof), 3ème RAC (Châteauroux-La-Martinière), 21ème RABN (Reims-Courcy), 31ème RAO (Tours-Parçay-Meslay), 32ème RAM (Dijon-Longvic), 35ème RAM (Lyon-Bron) et 38ème RAM (Thionville-Basse-Yutz), stationnés sur le terrains d'Orly, Villacoublay et du Bourget, ont procédé à une répétition générale du défilé de Vincennes.
Les 8 et 9 juin 1930, au cours des journées de l'aviation organisées par l'Aéro-club de France à Vincennes, des épreuves de passage à la verticale d'un objectif ont opposé les différentes escadrilles des régiments d'aviation de bombardement. A cette occasion, cinq avions de chaque escadrille des 11ème (Metz-Frescaty) et 12ème (Reims-Courcy) de bombardement de jour ont pris part aux épreuves. Les 21ème (Nancy-Essey) et 22ème (Chartres-Champhol) de bombardement de nuit ont fait de même dans leur catégorie.
Deux morts à l'atterrissage :
Le 23 juin 1930, l'équipage d'un Farman F 60 Goliath codé "29" effectue un vol d'entrainement local dans les environs du terrain d'aviation de Champhol. Après avoir terminé son programme de vol, le pilote a présenté son avion pour l'atterrissage. En finale, le bombardier a percuté le sol et s'est écrasé. Le Cne Louis de Murard de Saint-Romain (pilote / Brevet de pilote militaire n° 2247 obtenu le 4 janvier 1916) et le Sol André Charles Held (mitrailleur) ont été tués. Les deux autres occupants, dont le Sgt Dupleix, ont été blessés.
* Médaille Militaire et citation à titre posthume du Sgt André Charles Held, mitrailleur du 22ème régiment d'aviation de bombardement de nuit, en date du 24 octobre 1930 : "Jeune sous-officier. mitrailleur, animé de l'esprit du devoir et de l'amour de son métier. Toujours désireux de se perfectionner, cherchant toutes les occasions, pour exécuter des missions aériennes. A trouvé la mort, le 23 juin 1930, en service aérien commandé."
Brûlé au cours d'une explosion :
Le 24 juin 1930, sur l'aérodrome de Saran (Loiret), une explosion a détruit un groupe électrogène qui servait à l'éclairage du terrain. Le Sol André Guigal, appartenant au 22ème RABN, a été grièvement brûlé au visage, aux mains et aux jambes. Il a été évacué sur l'hôpital d'Orléans.
Un avion de la section d'entrainement s'écrase :
Le 30 juin 1930, vers 17 heures, un Caudron biplace, affecté à la section d'entrainement du 22ème RABN, venait de décoller du terrain de Champhol. Son équipage était composé du Cne Emile Jouannic (pilote / brevet n° 12.828 obtenu à l'école militaire d'aviation de Vineuil, le 21 avril 1918) commandant de la section d'entrainement et du Cne Joseph Trignolet, le commandant du Parc du régiment. A peine arrivé à 100 mètres d'altitude, l'avion vire par la gauche, tombe en perte de vitesse à la verticale avant de s'écraser à la limite des communes de Chartres et de Champhol. Les deux officiers ont été tués sur le coup et l'avion pulvérisé. Le Cne Jouannic, originaire de Lorient, était affecté au régiment depuis 1923 et le Cne Trignolet, originaire du Jura, était arrivé du 37ème régiment d'aviation de Rabat depuis seulement trois semaines.
Construction d'un égout :
Le 28 août 1930, la chefferie du Génie a adjudiqué la construction d'un égout d'évacuation d'eaux pluviales des installations techniques et du drainage de la piste du 22ème RABN de Chartres pour 268.790 fr. C'est la société des Voisin Frères à Marcey, près d'Avranches qui a remporté le marché.
Dix morts au cours de la même nuit :
En quelques jours, le 22ème régiment d'aviation de bombardement de nuit perd 10 personnels navigants, quatre blessés et cinq avions détruits
Le 26 août 1930, au cours de manoeuvres de nuit, un Farman Goliath du 22ème RABN avait décollé du terrain de Champhol. Après avoir effectué sa mission, l'avion survolait le hameau de Chavannes, à trois kilomètres de Chartres. Soudain, le bombardier glisse sur l'aile puis tombe verticalement, en perte de vitesse, avant de s'écraser dans une des rues du village, endommageant gravement trois maisons, qui étaient heureusement vides au moment de l'accident. Il ne restait que l'extrémité du fuselage et l'empennage arrière en équilibre sur un mur. Les six corps ont été retrouvés dans les restes. Un piquet de garde est arrivé en automobile depuis le régiment et avait assuré la garde auprès des débris, en attendant l'arrivée des experts chargés de l'enquête. L'équipage était composé du Sgt Bernard Charles Victor Turgis (pilote), Slt Ernest Frédéric Pierre Ehrmann (obs), Slt Guy Grégoire Jules Savelli (obs), Sgt Victor Georges Merlet (mitrailleur), Sgt Albert André Sirey (mitrailleur), Sgt René Haspe (mécanicien). L'enquête a conclu que l'arrêt d'un des moteurs, peu après le décollage, a causé une chute en perte de vitesse, alors qu'il était encore en basse altitude.
Au cours d'un autre vol de nuit, vers 23h30, un Super Goliath F 140 quadrimoteur a décollé du terrain d'aviation de Dijon-Longvic pour rejoindre Champhol. Vers une heure du matin, l'équipage entendit un claquement sec, la commande de profondeur se rabat sur la poitrine du pilote et l'avion passe en position cabrée jusqu'à la verticale. A cet instant, une partie de la voilure se brise et un incendie se déclare. Un des membres d'équipage, qui se trouvait à l'arrière du fuselage, a réussi à s'échapper par une trappe d'accès et à ouvrir son parachute. Juste après, le bombardier fait une abatée vers l'avant. Un second aviateur, qui s'appuyait sur la partie extrême avant de la cabine de pilotage, est projeté à l'extérieur à travers l'habitacle. Là encore, il peut ouvrir son parachute et atterrir sans trop de dommage. Les autres membres sont tous projetés à l'extérieur, mais aucun n'avait eu le temps d'enfiler son parachute. Ils sont tous tués. Le Super Goliath, qui est passé brusquement à la position verticale, provoque la rupture d'attache du haubannage du plan fixe du stabilisateur. Ces efforts, beaucoup trop violents que ceux habituellement prévus, ont causé la perte d'une partie de la voilure et un incendie causé par l'arrachement des canalisations d'ennsence et l'enfoncement des réservoirs de carburant. Le F 140 s'est écrasé en flammes, en tombant d'une hauteur de 800 mètres au Nord-Est de Corcelles-les-Monts, près de Dijon. L'équipage était composé du Sgc André Henri Maillefaud (1er pilote / brevet de pilote militaire n° 21.047 obtenu au 33ème régiment d'aviation, le 26 juillet 1926), Adj Marcel Reiniche (2ème pilote / brevet de pilote militaire n° 19.950 obtenu au 22ème RABN, le 6 juillet 1923 / Insigne métallique de pilote militaire n° B 16.794), Adj Marc (navigateur), Adj Edouard Victor Guillaume Peccatte (mécanicien), Sgc Florentin Robert Vieillot (radiotélégraphiste), Sgt Baruquand (mitrailleur). Seuls l'Adj Marc et le Sgt Baruquand, qui ont sauté en parachute, ont été légèrement blessés lors de leur extraction difficile et leur réception au sol. Les vols sur ce type d'appareil ont été interdits jusqu'à nouvel ordre. L'entretien des avions au sein du parc d'aviation n° 22 a été mis en cause. Il fait préciser que tous ces spécialistes, metteurs au point et régleurs d'avions, avaient tous entre 5 à 7 ans d'expérience. L'avion, qui s'est écrasé près de Dijon, avait été livré au régiment à la fin 1929 et réglé par les spécialistes de la société Farman. L'enquête a montré que certaines équipes envoyées par Farman n'étaient pas à la hauteur de leur tâche. Ces quatre aviateurs ont été décorés de la Médaille Militaire, à titre posthume.
Un troisième accident est survenu de nuit sur le terrain de Chartres-Champhol. Le Cdt Richard Adrien Eude (brevet de pilote militaire n° 18.083 obtenu à la RGA, le 26 mai 1919), qui pilotait un bimoteur sur le terrain de Champhol, a défoncé la porte d'un hangar. Il s'agit d'une erreur de sa part car il s'est trompé de manette, voulant faire virer son avion, il l'a fait tourner dans le sens inverse et entra en plein gaz dans la porte du hangar. Le Sgt Guillemin, qui était à bord, a été blessé.
La série n'est pas terminé, un 4ème bombardier du même régiment a pris feu sur le terrain de Nancy-Essey alors que le plein était effectué par les mécaniciens. Cette fois, personne n'a été blessé.
> Citations des personnels de l'avion tombé à Chavannes :
* Médaille Militaire et citation à titre posthume du Sgt Bernard Charles Victor Turgis, pilote du 22ème régiment d'aviation de bombardement de nuit, en date du 24 octobre 1930 : "Pilote plein d'allant, prudent, modeste, d'une énergie et d'un-sang-froid à toute épreuve. Passionné pour son métier, toujours prêt à voler pour n'importe quelle mission. A trouvé une mort glorieuse, le 26 août 1930, faisant preuve jusqu'au bout d'un calme qui lui a permis, en coupant à temps ses moteurs, d'éviter une catastrophe au village qu'il survolait à ce moment."
* Grade de Chevalier de la Légion d'Honneur et citation à titre posthume du Slt Ernest Frédéric Pierre Ehrmann, navigateur du 22ème régiment d'aviation de bombardement de nuit, en date du 24 octobre 1930 : "Jeune officier provenant des élèves officiers de réserve. A fait preuve, au cours des six derniers mois de service, d'un esprit de devoir, d'un allant et d'un amour du métier qui lui ont conquis au plus haut degré l'estime et l'affection de ses chefs et de ses subordonnés, Passionné pour l'aviation, cherchant sans cesse une raison de voler, ne négligeant aucune occasion de se perfectionner comme pilote ou comme observateur, a trouvé une mort glorieuse en service commandé le 26 août 1930."
* Grade de Chevalier de la Légion d'Honneur et citation à titre posthume du Slt Guy Grégoire Jules Savelli, navigateur du 22ème régiment d'aviation de bombardement de nuit, en date du 24 octobre 1930 : "Jeune officier arrivé récemment on escadrille, aprèa avoir été brillamment noté dam les écoles. où il est passé. S'est imposé dès lo premier jour par l'ardeur apportée à accomplir le travail aérien, cachant sous des dehors froids et modestes, une âme ardente d'aviateur-né."
* Médaille Militaire et citation à titre posthume du Sgt Victor Georges Merlet mitrailleur du 22ème régiment d'aviation de bombardement de nuit, en date du 24 octobre 1930 : "Sergent mitrailleur dévoué et fanatique de son métier. Toujours prêt à voler et apportant toute son énergie à se perfectionner sans cesse. Tombé glorieusement en service aérien commandé, le 26 août 1930."
* Médaille Militaire et citation à titre posthume du Sgc Albert André Sirey du 22ème régiment d'aviation de bombardement de nuit, en date du 24 octobre 1930 : "Excellent sous-officîer, sachant allier ensemble l'enthousiasme pour tout ce qui était service aérien et l'ardeur au travail dans le service intérieur de l'unité, Animé d'un grand esprit de devoir et aimant son métier avec passion. Tombé en service aérien commandé, le 26 août 1930."
* Médaille Militaire et citation à titre posthume du Sgt René Haspe, mécanicien du 22ème régiment d'aviation de bombardement de nuit, en date du 24 octobre 1930 : "Mécanicien modeste et sûr. Travailleur consciencieux, aimant à voler à chaque occasion et ayant toujours fait preuve de cran en toutes circonstances. Tombé glorieusement en service aérien commandé, le 26 août 1930."
> Citations des personnels de l'avion tombé près de Dijon :
* Médaille Militaire et citation à titre posthume du Sgc André Henri Maillefaud, pilote du 22ème régiment d'aviation de bombardement de nuit, en date du 24 octobre 1930 : "Excellent sous-officier mécanicien, intelligent et travailleur, d'une conscience et d'Une valeur professionnelles hors de pair, excellent esprit militaire. Tué en service aérien commandé lo 26 août 1930."
* Médaille Militaire et citation à titre posthume de l'Adj Marcel Louis Adolphe Emile Reiniche, pilote du 22ème régiment d'aviation de bombardement de nuit, en date du 24 octobre 1930 : "Excellent sous-officier, intelligent, actif, modèle du devoir et de la conscience, pilote remarquable, apte à toutes les missions de jour et de nuit, a etë pendant de longues années, à tous égards, un auxiliaire précieux pour son commandant d'unité. Tué en service aérien commandé le 26 août 1930."
* Médaille Militaire et citation à titre posthume de l'Adj Edouard Victor Guillaume Peccatte, mécanicien du 22ème régiment d'aviation de bombardement de nuit, en date du 24 octobre 1930 : "Excellent sous-officier mécanicien, intelligent et travailleur, d'une conscience et d'une valeur professionnelles hors de pair, excellent esprit militaire. Tué en service aérien commandé lo 26 août 1930."
* Médaille Militaire et citation à titre posthume du Sgc Florentin Robert Vieillot, radiotélégraphiste du 22ème régiment d'aviation de bombardement de nuit, en date du 24 octobre 1930 : "Excellent sous-officier radio. Très intelligent, actif, très compétent et très documente cn tout ce qui concerne la radio et l'électricité, cherchant incessamment à apporter des améliorations techniques à son matériel. Très bel esprit militaire. Tué en service aérien commandé, le 26 août 1930."
La 4ème escadrille remporte la Military Zénith :
Le 19 septembre 1930, la commission sportive de l'Aéro-club de France a attribué une plaquette d'argent grand modèle à la 4ème escadrille (traditions de la VB 113) du 22ème RABN de Chartres. C'est cette escadrille qui a remporté la Coupe Zenith des avions de bombardement de nuit.
Une médaille souvenir en argent a été décernée au Cne Noir, commandant de la 4ème escadrille et des médailles en bronze pour le Sgc Thiébaut, Ltt Fournier, Sgt Tissot, Ltt Rousseau, Adj Poulain, Slt Cornette, Sgt Forget, Sgc Perrin, Sgt Maugin, soit les équipages des deux avions vainqueurs.
Interdiction de vol des Farman "Goliath" et "Super Goliath" :
Le 28 octobre 1930, le ministère de l'Air, par la DM 244/2-SGL-I, interdit définitivement de vol les Farman F 60, F 63, F 140, F 141, F 160, F 161. Les escadrilles du 22ème RABN passent sur Lioré et Olivier LeO 20.
Atterrissage en campagne :
Le 10 décembre 1930, un avion de la section d'entrainement du 22ème RABN s'est écrasé au sol suite à un atterrissage forcé en pleine campagne, près de Lucé (Haute-Saône). L'avion a été détruit mais pour une fois, le pilote s'est est tiré sans une égratignure.
Les journées de l'aviation à Vincennes :
Les 24 et 25 mai 1931, au cours des journées de l'aviation organisées par l'Aéro-club de France à Vincennes, des épreuves de passage à la verticale d'un objectif ont opposé les quatre régiments de bombardement de jour et de nuit. Plusieurs nouveaux avions ont été présentés comme le Potez 39, Blériot BL 111, Blériot BL 117, Lioré-Olivier quadriplace, le Farman Goliath, le Dewoitine et le Hanriot à moteur Lorraine.
Quatres avions se posent à Milan :
Le 2 juin 1931, six bombardiers du 22ème RABN quittent de Champhol à destination de Bucarest. Cette mission a été placée sous les ordres du LcL Delanney. Les pilotes sont le Cne Berthelon, Ltt Godard, Ltt Bernard, Ltt Icart, Adj Thiébault, Adj Combaud.
Le 11 juin 1931, à midi, un groupe de trois bombardiers, appartenant à une escadrille du 22ème RABN, commandé par le LcL Delanney, effectuant un raid entre Chartres, Milan, Belgrade, Bucarest, Sofia et retour, s'est posé sur le terrain d'aviation de Milan (Italie). Un 4ème avion de la même unité est arrivé à 14h30.
Un soldat tente de se suicider en gare :
Le 24 juillet 1931, le Sol Marcel Crison du 22ème RABN a tenté de se suicider
dans le hall de départ de la gare Montparnasse à Paris. Après une permission de 48 heures, il s'est tiré une balle de revolver dans l'oreille droite et a été grièvement blessé. Il a été évacué sur l'hôpital militaire du Val-de-Grâce.
Manques en personnels au sein du 22ème RABN :
En date du 27 août 1931, au niveau des sous-officiers spécialistes, il manque 6 mitrailleurs, 6 radiotélégraphistes et 60 spécialistes mécaniciens au régiment.
Les grandes manoeuvres de l'Est :
Du 10 au 16 septembre 1931, les grandes manoeuvres de l'Est ont eu lieu dans une région comprise entre Laon à l'Ouest, Rethel à l'Est et Reims, au Sud, avec au centre le cours de la rivière Aisne, pour diviser la zone d'exercices en deux parties sensiblement égales. Elles ont opposé l'armée rouge du Gal Maître, commandant du 2ème corps d'armée, à Amiens et l'armée bleue du Gal Lacapelle, commandant du 6ème corps d'armée à Metz.
Le Gal Gérard, commandant la 4ème division aérienne à Tours, commandait l'aéronautique d'armée. Le Gal Picard, commandant la 5ème brigade d'aéronautique, commandanit l'aviation de l'armée rouge et le Gal Rolland, commandant la 1ère brigade d'aéronautique, l'aviation de l'armée bleue. Le QG des directeurs des grandes manoeuvres était implanté sur le terrain d'aviation de Reims-Courcy. Ces manoeuvres de grande envergure réunissait 60.000 hommes.
Les unités aéronautiques suivantes ont participé à cet exercice de grande ampleur :
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la 12ème brigade de bombardement (Général Massenet de Marancourt / QG à Reims-Courcy) : 12ème RABJ de Reims-Courcy et 22ème RABN de Chartres-Champhol,
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des détachements des 32ème (Dijon-Longvic) et 38ème régiment d'aviation (Thionville-Basse-Yutz),
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un groupe du 11ème RABJ de Metz-Frescaty,
un groupe du 2ème régiment d'aviation de chasse de Strasbourg-Neuhof,
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un bataillon du 2ème régiment d'aérostation.
- des escadrilles du 33ème régiment d'aviation d'observation de Nancy-Essey.
L'armée bleue, qui occupe la ligne comprise de la ferme de Bauvois, Sissonne, Amifontaine, Guignicourt, Brimont, est attaquée par des éléments de l'armée rouge qui veut arrêter ou gêner l'adversaire de s'installer en défensive. Les reconnaissances des Bleus sont refoulées au delà de Saint-Fergeux, harcelées par les Rouges. Au Sud de l'Aisne, la brigade de cavalerie des bleus, renforcée d'artillerie, attaque en direction de Neufchâtel, cherchant à s'emparer des passages de l'Aisne. Le soir à 22 heures, les camions gazogènes du 150ème RI de Verdun ont franchi les ponts de Rethel, pour petre dans le région de Serincourt vers deux heures du matin. Cette fois, l'exercice ne s'arrête pas à la nuit tombée et se prolonge sur plusieurs jours, une manière d'approcher au mieux les conditions d'une vraie offensive.
Seconde de la Military Zénith :
Le 8 octobre 1931, la commission sportive de l'Aéro-club de France a attribué la coupe Military Zénith des avions des bombardement de nuit pour l'année 1931. C'est la 3ème escadrille (traditions de la F 110) du 21ème RABN de Nancy-Essey qui a remporté l'épreuve. Les équipages concernés étaient les suivants : Cne Ferio (cdmt l'escadrille), Sgt Villemin, Ltt Degurse, Adj Laurent, Sgt Vautrin, Adj Delmarre, Sgt Poirot, Sgt Guillaume, Ltt Britsch, Adc Béhéty.
La 3ème escadrille (traditions de la VB 101) du 22ème RABN s'est classée seconde. Les équipages concernés étaient les suivants : Cne Castelain (cdmt l'escadrille), Ltt de Carne, Ltt Icard, Slt Decante, Adc Trontin (commandants de bord des avions), Adj Bouvresse (pilote), Sgt Guéron (pilote), Adj Barbzanges (pilote).
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